Bonjour à tous
Consultant régulièrement le site, j'aimerais aujourd'hui poser une question concernant le parcours de mon grand-père du jour où il a été fait prisonnier jusqu'au camp de prisonniers en Allemagne
Mon Grand-père appartenait au 77e Régiment d'infanterie de Cholet, 7ème compagnie. Il a été porté disparu au plateau de Californie le 22 juillet 1917 et déclaré prisonnier de guerre à Dulmen par un "avis du 27 septembre 1917" (d'après son état signalétique et des services)
D'après ce que j'ai pu retrouver sur différents livres, (entre-autre l'ouvrage sur les poilus Vendéens du Centre vendéen de recherches Historiques), ce 22 juillet 1917, il y aurait eu des combats entre le plateau de Californie et celui des Casemates.
Voilà ce qui est écrit dans cet ouvrage (lettres et souvenirs d'Auguste Baron du 77e RI): "Le 22, à 4h20, les Allemands allongent le tir et attaque notre front avec des liquides enflammés…Nous ne pouvons plus rien faire, nous sommes prisonniers. A Saint-Erme rassemblement de tous les prisonniers et départ pour Sissonne où nous arrivons à 11 heures…Nous partons pour Lappion…Le 10 septembre, nous embarquons à la gare de Tavaux, nous descendons une partie à Fourmies, les autres s'en vont en Allemagne au camp de Dulmen…"Est-ce qu'il est possible de connaître le parcours de ces soldats fait prisonniers au plateau de Californie en juillet 1917 ?
Est-ce qu'un de vous a déjà fait cette recherche et pourrais me donner des informations ou bien doit-on consulter les archives de la Croix-Rouge?
En vous remerciant et félicitation pour le forum qui apporte chaque jour des réponses aux nombreuses demande
Henri Pérocheau
Parcours des prisonniers de guerre
Re: Parcours des prisonniers de guerre
Bonjour à Toutes & Tous
Bonjour Henri
Je profite de cette journée de congé pour vous adresser des extraits des "Carnets de Léopold RETAILLEAU, musicien-brancardier au 77ème RI" (publiés aux Editions ANOVI en 2003)(ISBN n° 2-9513423-7-3):
(...)
1077ème jour: samedi 21 juillet 1917
Nous nous levons à 5h30. Les camarades ont transporté trois morts, nous partons avec un autre. La route est très bonne à l'aller quoique très fatigante. Nous revenons tranquillement et avant d'arriver à Craonne, une marmite éclate à notre gauche à 50m. Nous faisons un plat ventre et nous voici repartis un peu plus vite. Nous nous reposons pendant un quart d'heure et nous faisons nos listes pour les Croix de Guerre. Nous repartons avec un mort qui vient d'arriver. L'aller s'effectue très bien. Nous allons voir les camarades du 3ème bataillon qui sont dans les gourbis près du poste Fillot. Nous revenons juste au moment où les Boches bombardent le Mont Heunel. Les éclats nous reviennent à la figure. Nous enmenons une poussette et un brancard. Les Boches envoient d'autres grosses marmites un peu partout. J'arrive au poste exténué de fatigue.
Nous avons appris que les Boches étaient venus jusqu'à 10m de la sape des musiciens et qu'au 3ème bataillon ilk ne restait que 17 hommes. Je mange deux bouchées et je me repose.
Je dors une grande partie de l'après-midi. Il arrive des blessés du 1er bataillon et les blessures sont terribles. Elles sont faites par des torpilles. Les camarades les portent avec un mort. Nous sommes la première équipe. Nous apprenons que les chasseurs doivent nous attaquer le matin.
Vers le soir, il arrive un blessé et nous le transportons aussitôt. Le voyage s'opère très bien. En revenant, nous rencontrons les autres équipes avec des morts. Nous nous reposons une minute et nous repartons avec un mort. Nous nous servons de la poussette pour faire les voyages. Nous revenons vers 23h30 et nous nous couchons. Très bonne nuit.
1078ème jour: dimanche 22 juillet 1917
Je suis réveillé par un terrible bombardement sur Craonne et les environs. Je crois que c'est un tir de barrage boche pour arrêter une attaque de chez nous. Après un moment d'attente, nous apprenons que le 2ème bataillon est décimé. Les 6ème et 7ème compagnies sont prisonnières. Nous ne savons que penser mais les tuyaux ne sont pas sûrs.
Je vais à la messe dans une cave à côté et sous un bombardement violent. Les obus tombent sur la cave et dans les environs. On dit qu'un obus a défoncé la cave de la Pompe mais nous n'en sommes pas sûrs. Les blessés arrivent par les tuyaux. Les Boches ont attaqué et en vitesse, ils ont pu faire prisonnier toute la 7ème compagnie et une grande partie de la 6ème. La 5ème qui se portait en renfort a été à moitié décimée mais les explications détaillées manquent.
Nous attendons dans la fièvre car il y aura beaucoup de blessés. Je casse la croûte avec du pain et du sucre. Je fais ma correspondance. Nous ne rions plus car à chaque instant nous nous attendons à voir paraître les Boches dans Craonne. Nous mangeons et les blessés sur brancards commencent à arriver. Le bombardement continue et les obus nous encadrent sans arrêt. Les grosses marmites s'en mêlent. L'équipe Simon qui a voulu partir a été obligée de revenir car le chemin est inaccessible à cause des obusn la piste en est de même. Nous attendons toujours et les blessés s'accumulent.
La nuit commence à tomber et une petite accalmie se fait dans le bombardement. L'équipe Simon part et l'équipe Riallaud la suit de près. Ils ne se sont pas rendus au bas de Craonne qu'une série tombe sur la piste. Nous attendons un petit moment pour partir et juste comme nous arrivons au milieu de la piste, une rafale nous tombe sur le dos. Nous faisons vite au milieu des éclatements, heureusement personne n'est touché.
Arrivé au poste. Nous nous reposons un moment. Nous repartons pour notre 2ème tour et le voyage à l'aller se fait très bien. Nous retournons tranquillement à trois équipes d'un coup. Arrivé à la région des fronts sur les pistes nous recevons une rafale d'une vingtaine de percutants. Personne n'est touché bien que tout le monde court le plus vite possible. Nous mangeons et nous nous couchons. Bonne fin de nuit. Le 3ème est venu relever le 2ème bataillon.
(...)
Bonjour Henri
Je profite de cette journée de congé pour vous adresser des extraits des "Carnets de Léopold RETAILLEAU, musicien-brancardier au 77ème RI" (publiés aux Editions ANOVI en 2003)(ISBN n° 2-9513423-7-3):
(...)
1077ème jour: samedi 21 juillet 1917
Nous nous levons à 5h30. Les camarades ont transporté trois morts, nous partons avec un autre. La route est très bonne à l'aller quoique très fatigante. Nous revenons tranquillement et avant d'arriver à Craonne, une marmite éclate à notre gauche à 50m. Nous faisons un plat ventre et nous voici repartis un peu plus vite. Nous nous reposons pendant un quart d'heure et nous faisons nos listes pour les Croix de Guerre. Nous repartons avec un mort qui vient d'arriver. L'aller s'effectue très bien. Nous allons voir les camarades du 3ème bataillon qui sont dans les gourbis près du poste Fillot. Nous revenons juste au moment où les Boches bombardent le Mont Heunel. Les éclats nous reviennent à la figure. Nous enmenons une poussette et un brancard. Les Boches envoient d'autres grosses marmites un peu partout. J'arrive au poste exténué de fatigue.
Nous avons appris que les Boches étaient venus jusqu'à 10m de la sape des musiciens et qu'au 3ème bataillon ilk ne restait que 17 hommes. Je mange deux bouchées et je me repose.
Je dors une grande partie de l'après-midi. Il arrive des blessés du 1er bataillon et les blessures sont terribles. Elles sont faites par des torpilles. Les camarades les portent avec un mort. Nous sommes la première équipe. Nous apprenons que les chasseurs doivent nous attaquer le matin.
Vers le soir, il arrive un blessé et nous le transportons aussitôt. Le voyage s'opère très bien. En revenant, nous rencontrons les autres équipes avec des morts. Nous nous reposons une minute et nous repartons avec un mort. Nous nous servons de la poussette pour faire les voyages. Nous revenons vers 23h30 et nous nous couchons. Très bonne nuit.
1078ème jour: dimanche 22 juillet 1917
Je suis réveillé par un terrible bombardement sur Craonne et les environs. Je crois que c'est un tir de barrage boche pour arrêter une attaque de chez nous. Après un moment d'attente, nous apprenons que le 2ème bataillon est décimé. Les 6ème et 7ème compagnies sont prisonnières. Nous ne savons que penser mais les tuyaux ne sont pas sûrs.
Je vais à la messe dans une cave à côté et sous un bombardement violent. Les obus tombent sur la cave et dans les environs. On dit qu'un obus a défoncé la cave de la Pompe mais nous n'en sommes pas sûrs. Les blessés arrivent par les tuyaux. Les Boches ont attaqué et en vitesse, ils ont pu faire prisonnier toute la 7ème compagnie et une grande partie de la 6ème. La 5ème qui se portait en renfort a été à moitié décimée mais les explications détaillées manquent.
Nous attendons dans la fièvre car il y aura beaucoup de blessés. Je casse la croûte avec du pain et du sucre. Je fais ma correspondance. Nous ne rions plus car à chaque instant nous nous attendons à voir paraître les Boches dans Craonne. Nous mangeons et les blessés sur brancards commencent à arriver. Le bombardement continue et les obus nous encadrent sans arrêt. Les grosses marmites s'en mêlent. L'équipe Simon qui a voulu partir a été obligée de revenir car le chemin est inaccessible à cause des obusn la piste en est de même. Nous attendons toujours et les blessés s'accumulent.
La nuit commence à tomber et une petite accalmie se fait dans le bombardement. L'équipe Simon part et l'équipe Riallaud la suit de près. Ils ne se sont pas rendus au bas de Craonne qu'une série tombe sur la piste. Nous attendons un petit moment pour partir et juste comme nous arrivons au milieu de la piste, une rafale nous tombe sur le dos. Nous faisons vite au milieu des éclatements, heureusement personne n'est touché.
Arrivé au poste. Nous nous reposons un moment. Nous repartons pour notre 2ème tour et le voyage à l'aller se fait très bien. Nous retournons tranquillement à trois équipes d'un coup. Arrivé à la région des fronts sur les pistes nous recevons une rafale d'une vingtaine de percutants. Personne n'est touché bien que tout le monde court le plus vite possible. Nous mangeons et nous nous couchons. Bonne fin de nuit. Le 3ème est venu relever le 2ème bataillon.
(...)
Bien cordialement
Paul Pastiels
Paul Pastiels
Re: Parcours des prisonniers de guerre
Bonjour Henri,
Concernant les prisonniers il n'y a que le CICR, avec beaucoup de patience.
Il faut savoir que les prisonniers non blessés partaient en Allemagne (pas toujours tout de suite) et étaient dirigés dans un camp de triage (comme Wahn, Giessen, etc) puis affectés dans un camp dit "définitif". Mais en fait ils connaissaient de nombreux camps, les allemands les "promenaient" d'un camp à l'autre dans un but de propagande. On montrait ainsi à la populace que l'Allemagne faisait de nombreux prisonniers. Vous l'aurez compris les PG sont un de mes thèmes favoris et cette passion m'a pemris d'écrire mon 1er livre sur ce thème.
A votre disposition. JC Auriol.
Concernant les prisonniers il n'y a que le CICR, avec beaucoup de patience.
Il faut savoir que les prisonniers non blessés partaient en Allemagne (pas toujours tout de suite) et étaient dirigés dans un camp de triage (comme Wahn, Giessen, etc) puis affectés dans un camp dit "définitif". Mais en fait ils connaissaient de nombreux camps, les allemands les "promenaient" d'un camp à l'autre dans un but de propagande. On montrait ainsi à la populace que l'Allemagne faisait de nombreux prisonniers. Vous l'aurez compris les PG sont un de mes thèmes favoris et cette passion m'a pemris d'écrire mon 1er livre sur ce thème.
A votre disposition. JC Auriol.