Bonjour à tous, le redressement et la contre-attaque de l'armée française qui aboutit à la victoire de La Marne
fut une surprise pour les généraux allemands chez qui le sentiment de leur supériorité était très fort.
Le général Von Kluck l'a bien exprimé: "Que des hommes se fassent tuer sur place est là une chose bien connue
et escomptée dans chaque plan de bataille, mais que des hommes ayant reculés pendant dix jours, à demi-morts
de fatigue aient pu reprendre le fusil et attaquer au son du clairon, c'est une chose avec laquelle nous n'avions
pas appris à compter, une possibilité dont il n'avait jamais été question dans nos écoles de guerre".
Bel hommage d'un adversaire, bien placé pour apprécier les hommes a qui il s'était confronté ! Cordialement.
Quand Von Kluck rend hommage à l'armée française.
Re: Quand Von Kluck rend hommage à l'armée française.
Bonjour,
Mais n'est-ce pas aussi et surtout un moyen de justifier sa défaite, en passant sous silence ses propres erreurs?
Cordialement,
Marc
Mais n'est-ce pas aussi et surtout un moyen de justifier sa défaite, en passant sous silence ses propres erreurs?
Cordialement,
Marc
Sur les traces de mes ancêtres, recherche docs & photos sur 44e RIT, 13e RI et 16e BCP. Merci.
- IM Louis Jean
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- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: Quand Von Kluck rend hommage à l'armée française.
Bonsoir à toutes et à tous,
Donc à mon avis, non, il ne s'agit pas du tout une justification mais bien l'aveu d'une grave faiblesse pour un chef, même s'il l'édulcore avec "nos écoles de guerre". C'est bien humain.
Sans la demande de Messimy d'une troupe d'active pour défendre Paris, sans la vision tactique géniale de Galliéni et, il faut l'admettre (si si) sans l'accord de Joffre donné au ministre alors qu'il aurait pu prétexter de son indépendance réelle, sans son adhésion à la proposition de Galliéni, la victoire de la Marne n'aurait pas été possible ...
Mais, même avec les divisions de Maunoury et la manoeuvre imaginée, jamais cette victoire n'aurait pu avoir lieu sans l'extraordinaire patriotisme du soldat français de 1914.
Cordialement
Étienne
Les erreurs de von Kluck, flanc-garde insuffisante, extension de son front, sont justement directement liées à la sous-estimation de la valeur du soldat français. Ses victoires, la retraite rapide françaises lui ont donné un sentiment de supériorité trompeur (en sus d'autres facteurs, psychologiques, culturels ...).Mais n'est-ce pas aussi et surtout un moyen de justifier sa défaite, en passant sous silence ses propres erreurs?
Donc à mon avis, non, il ne s'agit pas du tout une justification mais bien l'aveu d'une grave faiblesse pour un chef, même s'il l'édulcore avec "nos écoles de guerre". C'est bien humain.
Sans la demande de Messimy d'une troupe d'active pour défendre Paris, sans la vision tactique géniale de Galliéni et, il faut l'admettre (si si) sans l'accord de Joffre donné au ministre alors qu'il aurait pu prétexter de son indépendance réelle, sans son adhésion à la proposition de Galliéni, la victoire de la Marne n'aurait pas été possible ...
Mais, même avec les divisions de Maunoury et la manoeuvre imaginée, jamais cette victoire n'aurait pu avoir lieu sans l'extraordinaire patriotisme du soldat français de 1914.
Cordialement
Étienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Re: Quand Von Kluck rend hommage à l'armée française.
Re,
Loin de moi l'idée de minorer l'héroïsme du soldat français. Disons simplement que cette explication a posteriori est bien arrangeante pour un chef qui porte une lourde responsabilité dans la défaite des armées de son pays...
Cordialement,
Marc
Loin de moi l'idée de minorer l'héroïsme du soldat français. Disons simplement que cette explication a posteriori est bien arrangeante pour un chef qui porte une lourde responsabilité dans la défaite des armées de son pays...
Cordialement,
Marc
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- IM Louis Jean
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Re: Quand Von Kluck rend hommage à l'armée française.
Re
Je persiste donc à partager l'opinion de berry : << Bel hommage d'un adversaire, bien placé pour apprécier les hommes a qui il s'était confronté ! >>
Cordialement
Étienne

Reconnaître avoir commis le crime majeur de sous-estimer l'ennemi, quelque soit la forme, n'est en rien arrangeant.Disons simplement que cette explication a posteriori est bien arrangeante pour un chef qui porte une lourde responsabilité dans la défaite des armées de son pays...
Je persiste donc à partager l'opinion de berry : << Bel hommage d'un adversaire, bien placé pour apprécier les hommes a qui il s'était confronté ! >>
Cordialement
Étienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Re: Quand Von Kluck rend hommage à l'armée française.
Bonsoir Etienne,
Je crois que nous n'arriverons pas à nous mettre d'accord sur ce sujet.
Je persiste à penser que cette phrase de von Kluck, écrite après la défaite de l'Allemagne, est une justification de son échec. Un échec impardonnable car il entraîne l'Allemagne dans une guerre longue, sur 2 fronts, qui se solde par une défaite humiliante. Car après septembre 1914, jamais plus l'Allemagne ne sera aussi proche de la victoire. Même lors des offensives de 1918.
Je ne dis pas que von Kluck ne pense pas ce qu'il dit, mais il faut reconnaître que mettre ainsi en avant son adversaire - outre l'aspect chevaleresque que chacun reconnait - atténue de fait sa propre responsabilité, écrasante. C'est bien lui qui a dévié de sa trajectoire et a prêté le flanc aux assauts des Français. Prétendre comme il le fait qu'une contre-attaque française, après une si longue retraite, était "une possibilité dont il n'avait jamais été question dans nos écoles de guerre" est un argument fallacieux (et je passe sur son usage du pluriel, qui sous-entend que nul n'aurait fait mieux que lui). En tant que général d'armée, il avait un plan à appliquer (qui tenait compte des troupes parisiennes, lui!), et il ne l'a pas fait. Heureusement pour nous d'ailleurs...
Cordialement,
Marc
Je crois que nous n'arriverons pas à nous mettre d'accord sur ce sujet.
Je persiste à penser que cette phrase de von Kluck, écrite après la défaite de l'Allemagne, est une justification de son échec. Un échec impardonnable car il entraîne l'Allemagne dans une guerre longue, sur 2 fronts, qui se solde par une défaite humiliante. Car après septembre 1914, jamais plus l'Allemagne ne sera aussi proche de la victoire. Même lors des offensives de 1918.
Je ne dis pas que von Kluck ne pense pas ce qu'il dit, mais il faut reconnaître que mettre ainsi en avant son adversaire - outre l'aspect chevaleresque que chacun reconnait - atténue de fait sa propre responsabilité, écrasante. C'est bien lui qui a dévié de sa trajectoire et a prêté le flanc aux assauts des Français. Prétendre comme il le fait qu'une contre-attaque française, après une si longue retraite, était "une possibilité dont il n'avait jamais été question dans nos écoles de guerre" est un argument fallacieux (et je passe sur son usage du pluriel, qui sous-entend que nul n'aurait fait mieux que lui). En tant que général d'armée, il avait un plan à appliquer (qui tenait compte des troupes parisiennes, lui!), et il ne l'a pas fait. Heureusement pour nous d'ailleurs...
Cordialement,
Marc
Sur les traces de mes ancêtres, recherche docs & photos sur 44e RIT, 13e RI et 16e BCP. Merci.
- LABARBE Bernard
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- Localisation : Aix-en-Provence
Re: Quand Von Kluck rend hommage à l'armée française.
Bonjour,
La 1ère armée VK était subordonnée à la 2ème VB début août. VK "avait les boules" ! Il piaffait. Puis la bride fut lâchée et en avant !
Grâce à Lanrezac qui fait retraiter sa Vème armée à temps, toutes les autres sont sauvées.
Facile aujourd'hui de voir que le plan allemand était voué à l'échec dès le début de la retraite. Ils ne pouvaient plus envelopper les armées françaises selon le Plan.
Paris laissé de côté, la 2ème armée VB derrière la Vème, seul VK pouvait la doubler et l'envelopper croyait-il. Immense orgueil, échec.
Cordialement,
Bernard
La 1ère armée VK était subordonnée à la 2ème VB début août. VK "avait les boules" ! Il piaffait. Puis la bride fut lâchée et en avant !
Grâce à Lanrezac qui fait retraiter sa Vème armée à temps, toutes les autres sont sauvées.
Facile aujourd'hui de voir que le plan allemand était voué à l'échec dès le début de la retraite. Ils ne pouvaient plus envelopper les armées françaises selon le Plan.
Paris laissé de côté, la 2ème armée VB derrière la Vème, seul VK pouvait la doubler et l'envelopper croyait-il. Immense orgueil, échec.
Cordialement,
Bernard
Re: Quand Von Kluck rend hommage à l'armée française.
Bonjour à tous, il est en effet vraisemblable que Von Kluck ait cherché à se justifier ( ce qui en soi n'est pas
répréhensible). Il n'en reste pas moins qu'il n'a pu écrire ce qu'il a écrit que parce qu'il a eut en face de lui des
combattants dont l'énergie, la ténacité, le courage, et le patriotisme en effet, l'ont mis en échec. Il y a d'ailleurs du dépit
dans le propos de Von Kluck.
Cela fait écho au texte de Galtier- Boissière que j'ai cité dans un précédent sujet ( La Marne, confiance et héroïsme ).
Cordialement.
répréhensible). Il n'en reste pas moins qu'il n'a pu écrire ce qu'il a écrit que parce qu'il a eut en face de lui des
combattants dont l'énergie, la ténacité, le courage, et le patriotisme en effet, l'ont mis en échec. Il y a d'ailleurs du dépit
dans le propos de Von Kluck.
Cela fait écho au texte de Galtier- Boissière que j'ai cité dans un précédent sujet ( La Marne, confiance et héroïsme ).
Cordialement.
berry
-
- Messages : 1547
- Inscription : mer. nov. 10, 2004 1:00 am
Re: Quand Von Kluck rend hommage à l'armée française.
Bonjour à toutes et à tous,
Une autre analyse:
Il serait piquant d’imaginer que l’infléchissement de l’axe de marche des armées allemandes, infléchissement dont on dit qu’il est à l’origine de la victoire de la Marne, pourrait être du à une compétition entre armées allemandes certaines de la victoire et fonçant en avant pour s’installer les premières dans un secteur bien fourni en champagne et lourdement " rançonnable ".
En effet, à la lecture des mémoires de Von Bülow, on apprend qu'à la date du 30 août 14, les lère et IIème Armées avaient ordre de coopérer avec la IIIème, l’aile gauche de la IIème armée marchant approximativement en direction de Reims.
Le 2 septembre, Von Bülow commandant de la IIème Armée avait chargé la Garde, dés qu’elle aurait franchi la Vesle, de sommer la place de Reims de se rendre et en cas de besoin de l'y contraindre par un bombardement.
Le 3 septembre, la IIIème Armée allemande de Von Hausen atteignit Sept-Saulx et prit possession des forts de Vitry-les-Reims et de Nogent l'Abbesse sans combat. Un Capitaine des hussards saxons mena une reconnaissance avancée dans les rues de Reims et ne rencontrant aucune opposition se présenta au maire. Von Bülow, dans le même temps, avait envoyé, des émissaires en ville pour évaluer la situation et faire connaître l'ultimatum. Accompagnés du maire de la Neuvillette, ils rencontrèrent le Colonel Portenin qui en référa au Général Cassagnade, commandant la défense des places devant Reims. Mais, ayant refusé de discuter avec les dits émissaires, les autorités militaires françaises décidèrent de ne pas les renvoyer dans leurs lignes, car ils n’avaient pas eu les yeux bandés et étaient donc susceptibles de communiquer des renseignements.
En représailles, Von Bülow, le 4 septembre, donna l'ordre à la 2ème division de la Garde d'ouvrir le feu sur la ville.
Rappelons que l’argent des " rançons " allait directement dans les caisses des Généraux commandants d’Armée ! et là il ne s’agissait pas de petits profits !
A bientôt.
CC
Une autre analyse:
Il serait piquant d’imaginer que l’infléchissement de l’axe de marche des armées allemandes, infléchissement dont on dit qu’il est à l’origine de la victoire de la Marne, pourrait être du à une compétition entre armées allemandes certaines de la victoire et fonçant en avant pour s’installer les premières dans un secteur bien fourni en champagne et lourdement " rançonnable ".
En effet, à la lecture des mémoires de Von Bülow, on apprend qu'à la date du 30 août 14, les lère et IIème Armées avaient ordre de coopérer avec la IIIème, l’aile gauche de la IIème armée marchant approximativement en direction de Reims.
Le 2 septembre, Von Bülow commandant de la IIème Armée avait chargé la Garde, dés qu’elle aurait franchi la Vesle, de sommer la place de Reims de se rendre et en cas de besoin de l'y contraindre par un bombardement.
Le 3 septembre, la IIIème Armée allemande de Von Hausen atteignit Sept-Saulx et prit possession des forts de Vitry-les-Reims et de Nogent l'Abbesse sans combat. Un Capitaine des hussards saxons mena une reconnaissance avancée dans les rues de Reims et ne rencontrant aucune opposition se présenta au maire. Von Bülow, dans le même temps, avait envoyé, des émissaires en ville pour évaluer la situation et faire connaître l'ultimatum. Accompagnés du maire de la Neuvillette, ils rencontrèrent le Colonel Portenin qui en référa au Général Cassagnade, commandant la défense des places devant Reims. Mais, ayant refusé de discuter avec les dits émissaires, les autorités militaires françaises décidèrent de ne pas les renvoyer dans leurs lignes, car ils n’avaient pas eu les yeux bandés et étaient donc susceptibles de communiquer des renseignements.
En représailles, Von Bülow, le 4 septembre, donna l'ordre à la 2ème division de la Garde d'ouvrir le feu sur la ville.
Rappelons que l’argent des " rançons " allait directement dans les caisses des Généraux commandants d’Armée ! et là il ne s’agissait pas de petits profits !
A bientôt.
CC
- IM Louis Jean
- Messages : 2741
- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: Quand Von Kluck rend hommage à l'armée française.
Bonjour à toutes et à tous,
Ne nous égarons pas dans des considérations pillardes, paillardes et pétillantes qui n'ont rien à voir avec le sujet lancé par berry.
Revenons à von Kluck qui, entre parenthèses, aurait trouvé à Paris autant de champagne et bien plus de butin que ses petits camarades ; les considérations précédentes n'étaient donc clairement pas sa motivation profonde.
Le général von Kluck n'a commis des erreurs que parce qu'il a perdu. Il a perdu parce que le soldat français fut capable d'un extraordinaire sursaut moral.
Si l'on fait le parallèle avec la débâcle de mai 1940 on s'aperçoit que Guderian a commis autant de fautes et de désobéissances que von Kluck :
Désobéissance : von Kleist ordonne à Guderian de franchir la Meuse à Flize ... Guderian l'effectuera à Sedan, à 13 kilomètres de là.
Désobéissance : von Kleist estime que 7 kilomètres de profondeur sont suffisants pour assurer la solidité de la tête de pont ... Guderian ira à 20 kilomètres.
Désobéissance : von Kleist donne l'ordre d'attendre les fantassins avant de lancer l'attaque ... Guderian lancera ses chars sans les attendre.
Faute : Guderian lancera ses forces vers la mer dans un couloir rendant une défense de flanc efficace pour le moins illusoire.
Pour les mêmes motifs, von Kluck serait donc un orgueilleux incompétent et Guderian un génie ?
Cordialement
Étienne
Ne nous égarons pas dans des considérations pillardes, paillardes et pétillantes qui n'ont rien à voir avec le sujet lancé par berry.
Revenons à von Kluck qui, entre parenthèses, aurait trouvé à Paris autant de champagne et bien plus de butin que ses petits camarades ; les considérations précédentes n'étaient donc clairement pas sa motivation profonde.
Le général von Kluck n'a commis des erreurs que parce qu'il a perdu. Il a perdu parce que le soldat français fut capable d'un extraordinaire sursaut moral.
Si l'on fait le parallèle avec la débâcle de mai 1940 on s'aperçoit que Guderian a commis autant de fautes et de désobéissances que von Kluck :
Désobéissance : von Kleist ordonne à Guderian de franchir la Meuse à Flize ... Guderian l'effectuera à Sedan, à 13 kilomètres de là.
Désobéissance : von Kleist estime que 7 kilomètres de profondeur sont suffisants pour assurer la solidité de la tête de pont ... Guderian ira à 20 kilomètres.
Désobéissance : von Kleist donne l'ordre d'attendre les fantassins avant de lancer l'attaque ... Guderian lancera ses chars sans les attendre.
Faute : Guderian lancera ses forces vers la mer dans un couloir rendant une défense de flanc efficace pour le moins illusoire.
Pour les mêmes motifs, von Kluck serait donc un orgueilleux incompétent et Guderian un génie ?
Cordialement
Étienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau