troubles a l occasion de la conscription indigene

zephyr joyeux
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Re: troubles a l occasion de la conscription indigene

Message par zephyr joyeux »

Note du Ministere de la Guerre du 21 avril 1916:le 5 octobre 1914,l administrateur adjoint de Mascara,faisant une tournee de recensement,avec un peloton d escorte,est assailli a coups de fusil entre Mascara et Perregaux:deux chasseurs d Afrique sont blesses,deux autres tues et mutiles.Plusieurs douars se préparent a la resistance.Une colonne de repression de 1500 hommes se porte sur les douars dissidents et les incendie.Une deuxieme colonne parcourt la region sans incident.
Des djichs attaquent fréquemment nos postes et convois des confins algero-marocains.Le general Lyautey a demande a l Algerie le concours de forces destinees a former deux colonnes mobiles,fortes ensemble de 3000 hommes, afin d assurer la securite dans le sud Oranais et sur le territoire de Bou Denib.
Cordialement.
zephyr joyeux
robin des bois
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Re: troubles a l occasion de la conscription indigene

Message par robin des bois »

Un très grand bonjour à vous

C'est un très vaste sujet que vous abordez ...."quelque peu délicat à manipuler" !!!!..

Il s'en est passé des choses (troubles, émeutes, voire véritables guerres locales):
- tant au titre de la" conscription pure " dans certaines colonies d'AOF, certaines villes précises ,
* non seulement en Afrique du temps de la création de la "Force Noire" de MANGIN, mais en Cochinchine aussi ,
* sans oublier Madagascar et son mouvement VVS

- que pour le recrutement des "engagés volontaires " en tant que soldats, sur tout le territoire de l'Empire Français,
mais aussi pour celui de la "Main d'œuvre dite volontaire "(idem)

Un qui connaissait très bien ce "dossier" s'est appelé Nguyen Van QUOC : çà dit quelque chose ?
Et comme il écrivait très bien en français, il a laissé un bouquin sur ce thème précis ( je ne suis pas sûr qu'il figure parmi les livres cités sur ce forum)
Il y aussi le bouquin "Immigrés de force "de Pierre DAUM, centré sur 39-45, mais qui évoque plusieurs fois la période14-18
zephyr joyeux
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Re: troubles a l occasion de la conscription indigene

Message par zephyr joyeux »

Bonjour,j ai retrouve dans les documents sur les BILA restes en Afrique du Nord-ce sont les bataillons de marche,les BMILA, qui ont servi en France-tous les détails sur les colonnes menees a l interieur des terres contre les petits groupes de rebelles qui tentaient de s opposer a la levee des troupes.Je n ai pas l impression que beaucoup d entre eux aient reussi a s en sortir.Cordialement.
zephyr joyeux
zephyr joyeux
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Re: troubles a l occasion de la conscription indigene

Message par zephyr joyeux »

Note du Ministere de la Guerre:evenements du Sahara(1916):
Notre poste de Djanet est assailli le 6 mars 1916 par une harka de ksouriens.Le 24 mars,avant l arrivee de la colonne de secours,Djanet tombe;la garnison est massacree.Nos forces sahariennes se replient sur Polignac,sans savoir encore s il ne sera pas necessaire d evacuer tout le Sahara oriental pour les concentrer dans les postes du sud algerien,ce qui pourrait avoir la plus facheuse repercussion sur l attitude de nos populations algériennes.Cordialement.
zephyr joyeux
pierreth1
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Re: troubles a l occasion de la conscription indigene

Message par pierreth1 »

Un très grand bonjour à vous

C'est un très vaste sujet que vous abordez ...."quelque peu délicat à manipuler" !!!!..

Il s'en est passé des choses (troubles, émeutes, voire véritables guerres locales):
- tant au titre de la" conscription pure " dans certaines colonies d'AOF, certaines villes précises ,
* non seulement en Afrique du temps de la création de la "Force Noire" de MANGIN, mais en Cochinchine aussi ,
* sans oublier Madagascar et son mouvement VVS

- que pour le recrutement des "engagés volontaires " en tant que soldats, sur tout le territoire de l'Empire Français,
mais aussi pour celui de la "Main d'œuvre dite volontaire "(idem)

Un qui connaissait très bien ce "dossier" s'est appelé Nguyen Van QUOC : çà dit quelque chose ?
Et comme il écrivait très bien en français, il a laissé un bouquin sur ce thème précis ( je ne suis pas sûr qu'il figure parmi les livres cités sur ce forum)
Il y aussi le bouquin "Immigrés de force "de Pierre DAUM, centré sur 39-45, mais qui évoque plusieurs fois la période14-18
Bonjour,
Je pense que vous nous faites passer un test? Si oui il me semble que vous avez fait une légère erreur de nom...... :-)

En effet sauf erreur de ma part (je ne connais pas de Nguyen Van Quoc), je pense que vous vouliez parler de Nguyen Ai Quoc auteur de: "le procès de la colonisation française" 1923 ? mais si il s'agit bien de cet auteur de nombreux spécialiste pensent qu'il a pour le moins été aidé par: Nguyen The Truyen (1898-1969) ou par l'avocat Phan Van Truong (1875-1933) avocat au barreau de paris il corrigeait les écrits de Nguyen Ai Quoc car à l'époque contrairement à ce que vous sous entendez il ne maitrisait pas parfaitement le français loin de là (c'est un fait acquis!!!) cet ouvrage était publié à la librairie du travail.

Il y aurait bien un Nguyen Van Co matelot sur le contre torpilleur Mousquet mort pour la France lors du combat de ce batiment contre le croiseur léger Emden le 29 octobre 1914 devant l'ïle de Penang en Malaisie lorsque ce le Mousquet est coulé..avec les élèves mécaniciens Da Van Cu et Phan Van Phi (servant sur le même navire), ce sont là les trois premiers morts indochinois de la grande guerre.

A noter que Nguyen Ai Quoc de son vrai nom Nguyen Sinh Cung à pris le nom d'Ho Chi Min..ne pensez vous pas qu'il eut été plus simple de le présenter sous ce nom ou sous le vrai nom d'auteur???? à Moins que vous n'ayez voulu nous coller....... ;-)
Cordialement
Pierre
Livre interessant argumenté mais aussi manifeste politique anticolonialiste (c'est compréhensible) et socialiste façon komintern

Cordialement
Pierre
pierre
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IM Louis Jean
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Re: troubles a l occasion de la conscription indigene

Message par IM Louis Jean »

Bonsoir à toutes et à tous,

[quotemsg=107094,5,1441][/quotemsg]

Alors là!!!

Sincère et admiratif :jap:

Pour le héros de Sherwood il manque un smiley dans la catalogue du forum mais c'est tout aussi bien. Il serait grossier et contraire à la courtoisie justement exigée par la charte.

Cordialement
Étienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
robin des bois
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Re: troubles a l occasion de la conscription indigene

Message par robin des bois »


Bonjour,
Je pense que vous nous faites passer un test? Si oui il me semble que vous avez fait une légère erreur de nom...... :-)

En effet sauf erreur de ma part (je ne connais pas de Nguyen Van Quoc), je pense que vous vouliez parler de Nguyen Ai Quoc auteur de: "le procès de la colonisation française" 1923 ? mais si il s'agit bien de cet auteur de nombreux spécialiste pensent qu'il a pour le moins été aidé par: Nguyen The Truyen (1898-1969) ou par l'avocat Phan Van Truong (1875-1933) avocat au barreau de paris il corrigeait les écrits de Nguyen Ai Quoc car à l'époque contrairement à ce que vous sous entendez il ne maitrisait pas parfaitement le français loin de là (c'est un fait acquis!!!) cet ouvrage était publié à la librairie du travail.

Il y aurait bien un Nguyen Van Co matelot sur le contre torpilleur Mousquet mort pour la France lors du combat de ce batiment contre le croiseur léger Emden le 29 octobre 1914 devant l'ïle de Penang en Malaisie lorsque ce le Mousquet est coulé..avec les élèves mécaniciens Da Van Cu et Phan Van Phi (servant sur le même navire), ce sont là les trois premiers morts indochinois de la grande guerre.

A noter que Nguyen Ai Quoc de son vrai nom Nguyen Sinh Cung à pris le nom d'Ho Chi Min..ne pensez vous pas qu'il eut été plus simple de le présenter sous ce nom ou sous le vrai nom d'auteur???? à Moins que vous n'ayez voulu nous coller....... ;-)
Cordialement
Pierre
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Cordialement
Pierre
Un grand bonjour à vous

Vous avez tout à fait raison et sur le nom et sur le bouquin avec mes excuses ; par ailleurs,j e ne cherche à coller personne, mais à "taquiner" un peu .
J'ajoute cependant :
- que lorsqu'il a édité son bouquin en 1925, c'était bien sous le nom Nguyên Ai Quôc et non Ho Chi Minh (nom qu'il a du prendre du côté de la Chine ou lors de son retour au Vietnam dans les années 40/45) ; en 1920 le gouverneur général de l'Indochine le signale au Ministère des Colonies sous le label suivant "l'agitateur annamite Nguyen Ai Quoc"

- je lui connais une autre identité : Nguyên Tat Thanh , mais il est vrai que notamment en France , il a été amené à changer de nombreuses fois d'état-civil

-les § I La guerre et les indigènes et §II Le volontariat
sont en relation directe avec le dossier de la force noire et de la conscription 14-18

Ils sont remarquablement écrits ..bien évidemment par un Annamite qui ne pense pas comme le Colonel MANGIN

Je ne sais pas en 1917 ou 1920 le degré de son français : je suis très étonné de ce que vous dites .. et perso, Je ne serais pas étonné qu'il écrive très bien le français, car :
- il était abonné à un nombre impressionnant de périodiques de l'époque
- il était poète
- il a traduit en vietnamien "L'esprit des lois" de Montesquieu( çà c'est sûr)
- son livre était terminé dès 1920 et devait s'appeler "Les opprimés" préfacés par jean longuet et marcel CACHIN ; il n'a pu sortir qu'en 25
- et surtout en décembre 1920, il a fait un discours assez retentissant au congrès de Tours sur la misère du peuple et les violations des Libertés



Si l'auteur de ce topic et le modérateur m' y autorisent, je veux bien mettre en ligne les § I et II signalés, en rappelant qu'il ya un rapport direct avec le sujet de ce topic : la conscription et le volontariat 14-18 (Papy devient prudent !!!!)

ps : je prends connaissance du post de IM qui visiblement n'a pas l'aire de m'aimer !! La maitrise d'Internet demande au minimum
qu'on en reste au fonds du dossier et non à la personne des gens (qualités , défauts et sous entendus) : NON ?

Par ailleurs , je suis obligé de rappeler que je suis titulaire de laCarte du combattant" , même si j'aime BRASSENS !!!

Bientôt fusillé à l'aube SVP ? Prévenez-moi avant
robin des bois
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IM Louis Jean
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Re: troubles a l occasion de la conscription indigene

Message par IM Louis Jean »

Bonsoir à toutes et à tous,
j e ne cherche à coller personne, mais à "taquiner" un peu
.../...
on en reste au fonds du dossier
Restez-en donc au fond du dossier. Je ne vois pas pourquoi, sauf droits d'auteurs, les §I et II ne seraient pas transcriptibles sur ce forum. Eux ont leur place!

Cordialement
Étienne, d'un peu partout et qui n'a pas sa carte de pêche
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zephyr joyeux
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Re: troubles a l occasion de la conscription indigene

Message par zephyr joyeux »

Bonsoir Messieurs.Je souhaiterais connaitre la liste complete des unites qui ont "traite" l insurrection des Aures en 1916-1917.Je dois quand meme vous prévenir que je ne porte plus l uniforme depuis 2010,et que les bleus ont fusille un des miens au pays des "ventres a choux" en 1794,apres l echec de Charrier en Lozère.Merci de votre comprehension.
zephyr joyeux
robin des bois
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Re: troubles a l occasion de la conscription indigene

Message par robin des bois »


Restez-en donc au fond du dossier. Je ne vois pas pourquoi, sauf droits d'auteurs, les §I et II ne seraient pas transcriptibles sur ce forum. Eux ont leur place!

Cordialement
Étienne, d'un peu partout et qui n'a pas sa carte de pêche
Or donc , voici ces " 2 extraits autorisés "

[ I L'IMPOT DU SANG.

1. La guerre et les "indigènes"

Avant 1914, ils n'étaient que de sales nègres et de sales Annamites, bons tout au plus à tirer le poussepousse et à recevoir des coups de cadouille de nos administrateurs.
La joyeuse et fraîche guerre déclarée, les voilà devenus «chers enfants» et «braves amis » de nos paternels et tendres administrateurs et même de nos gouverneurs plus au moins généraux.
Ils (les indigènes) ont été tout d'un coup promus au grade suprême de « défenseurs du droit et de la liberté ». Cet honneur subit leur a coûté cependant assez cher, car pour défendre ce droit et cette liberté dont eux- mêmes sont dépourvus, ils ont dû quitter brusquement leurs rizières ou leurs moutons, leurs enfants et leurs femmes pour venir, par delà les océans, pourrir sur les champs de bataille de l'Europe.
Pendant la traversée, beaucoup d'indigènes, après avoir été conviés au spectacle merveilleux de la démonstration scientifique du torpillage, sont allés au fond des ondes pour défendre la patrie des monstres marins.
D'autres ont laissé leur peau au désert poétique des Balkans en se demandant si la Mère Patrie avait l'intention d'entrer comme première dans le Harem du Turc; sinon pourquoi les aurait- on fait zigouiller dans ces pays ?
D'autres encore, sur le bord de la Marne ou dans la boue de la Champagne se faisaient massacrer héroïquement pour arroser de leur sang les lauriers des chefs et sculpter avec leurs os les bâtons des maréchaux.
Ceux, enfin, qui trimaient à l'arrière, dans les poudreries monstrueuses, pour n'avoir pas respiré le gaz asphyxiant des «Boches», ont subi les vapeurs rutilantes des Français; ce qui revient au même puisque les pauvres diables crachaient leurs poumons comme s'ils étaient « gazés ».
700.000 indigènes en tout sont venus en France et, sur ce nombre,
80.000 ne reverront plus jamais le soleil de leur pays !

2. Le volontariat

Voici ce que nous dit un confrère : Le prolétariat indigène de l'Indochine pressuré de tous temps sous forme d'impôts, prestations, corvées de toute nature, d'achats, par ordres officiels, d'alcool et d'opium, subit depuis 1915- 16 le supplice du volontariat.
Les événements de ces dernières années ont donné prétexte, sur toute l'étendue du pays, à de grandes rafles de matériel humain encaserné sous les dénominations les plus diverses : tirailleurs, ouvriers spécialisés, ouvriers non spécialisés, etc.
De l'avis de toutes les compétences impartiales qui ont été appelées à utiliser en Europe le matériel humain asiatique, ce matériel n'a pas donné de résultats en rapport avec les énormes dépenses que son transport et son entretien ont occasionnées.
Ensuite, la chasse au dit matériel humain, dénommée pour la circonstance « Volontariat » (mot d'une affreuse ironie), a donné lieu aux plus scandaleux abus.
Voici comment ce recrutement volontaire s'est pratiqué : le « satrape » qu'est chacun des résidents indochinois avise ses mandarins que, dans un délai fixé, il faut que sa province ait fourni tel chiffre d'hommes. Les moyens importent peu. Aux mandarins de se débrouiller. Et pour le système D, ils s'y connaissent, les gaillards, surtout pour monnayer les affaires.
Ils commencent par ramasser des sujets valides, sans ressources, lesquels sont sacrifiés sans recours. Ensuite, ils mandent des fils de famille riche ; s'ils sont récalcitrants, on trouve très facilement l'occasion de leur chercher quelque histoire, à eux ou à leur famille, et, au besoin, de les emprisonner jusqu'à ce qu'ils aient résolu le dilemme suivant : « Volontariat ou finance ».
On conçoit que des gens ramassés dans de pareilles conditions soient dépourvus de tout enthousiasme pour le métier auquel on les destine. A peine encasernés, ils guettent la moindre occasion pour prendre la fuite.
D'autres, ne pouvant se préserver de ce qui constitue pour eux un fâcheux destin, s'inoculent les plus graves maladies, dont la plus commune est la conjonctivite purulente, provenant du frottement des yeux avec divers ingrédients, allant de la chaux vive jusqu'au pus blennorragique.

*
N'empêche que, ayant promis des grades mandarinaux aux volontaires indochinois qui survivraient et des titres posthumes à ceux qui seraient morts « pour la Patrie », le gouvernement général de l'Indochine poursuivait ainsi sa proclamation :
« Vous vous êtes engagés en foule, vous avez quitté sans hésitation votre terre natale à laquelle vous êtes pourtant si attachés ; vous, tirailleurs, pour donner votre sang ; vous, ouvriers, pour offrir vos bras. »
Si les Annamites étaient tellement enchantés d'être soldats, pourquoi les uns étaient- ils emmenés au chef- lieu enchaînés, tandis que d'autres étaient, en attendant l'embarquement, enfermés dans un collège de Saigon sous l'oeil des sentinelles françaises, baïonnette au canon, fusil chargé ?
Les manifestations sanglantes du Cambodge, les émeutes de Saïgon, de Bienhoa
et d'ailleurs, étaient- elles donc les manifestations de cet empressement à s'engager « en foule » et « sans hésitation » ?
Les fuites et les désertions (on en a compté 50 pour cent dans les classes de réservistes) provoquèrent des répressions impitoyables et celles- ci des révoltes qui ont été étouffées dans le sang.
Le gouvernement général a pris soin d'ajouter que, bien entendu, pour mériter la « visible bienveillance » et la « grande bonté » de l'Administration, « il faut que vous (soldats indochinois) vous vous conduisiez bien et que vous ne donniez aucun sujet de mécontentement ».
Le commandant supérieur des troupes de l'Indochine prit une autre précaution : il fit inscrire sur le dos ou le poignet de chaque recrue, un numéro ineffaçable au moyen d'une solution de nitrate d'argent.
Comme en Europe, la grande misère des uns est cause de profit pour les autres : galonnés professionnels, auxquels cette bonne aubaine de recrutement et d'encadrement d'indigènes permet de se tenir le plus longtemps possible éloignés des périlleuses opérations d'Europe, fournisseurs qui s'enrichissent rapidement en faisant crever de faim les malheureuses recrues, détenteurs de marchés, qui tripotent d'accord avec les fonctionnaires.
Ajoutons, à ce propos, qu'il existe un autre genre de volontariat : le volontariat pour les souscriptions aux divers emprunts. Procédés identiques. Quiconque possède est tenu de souscrire. On emploie contre les récalcitrants des moyens persuasifs et coercitifs tels que tous s'exécutent.
Comme la plupart des souscripteurs asiatiques ignorent tout de notre mécanisme financier, ils considèrent les versements aux emprunts comme de nouveaux impôts et n'accordent pas d'autre valeur aux titres que celle de quittances.

*
Voyons maintenant comment le volontariat a été organisé dans les autres colonies.
Prenons, par exemple, l'Afrique Occidentale.
Des commandants, accompagnés de leurs forces armées, se rendaient de village en village pour obliger les notables indigènes à leur fournir immédiatement le nombre d'hommes qu'ils voulaient recruter.
Un commandant n'a- t- il pas jugé ingénieux, pour amener les jeunes Sénégalais qui s'enfuyaient devant lui à quitter leur retraite et à coiffer
la chéchia, de torturer leurs parents ?
N'a- t- il pas arrêté vieillards, femmes enceintes, jeunes filles, en les faisant dépouiller de leurs vêtements qui étaient brûlés devant leurs yeux. Nues et ligotées, les malheureuses victimes, sous les coups de schlague, parcoururent les communes au pas de course, pour « donner l'exemple » !
Une femme qui portait son bébé sur le dos a dû solliciter l'autorisation d'avoir une main libre pour maintenir son enfant en équilibre. Deux vieillards sont tombés d'inanition pendant le parcours ; des jeunes filles, terrorisées par de telles cruautés, ont eu leurs règles pour la première fois ; une femme enceinte accoucha avant terme d'un enfant mort- né ; une autre mit au monde un enfant aveugle.

*
Les procédés de recrutement étaient d'ailleurs très variés. Celui- ci fut particulièrement expéditif.
On tend une ficelle au bout de la rue principale d'un village et une autre ficelle à l'autre bout. Et tous les nègres qui se trouvent entre les deux ficelles sont engagés d'office.
« Le 3 mars 1923, à midi, nous écrit un témoin, les quais de Rufisque et de Dakar ayant été cernés par la maréchaussée, on fit une rafle de tous les indigènes qui y travaillaient. Comme ces bougres ne semblaient pas disposés à s'en aller tout de suite défendre la civilisation, on les invita à monter dans des camions automobiles qui les conduisirent à la prison. De là, et quand ils eurent pris le temps de se raviser, on les mena à la caserne. Là, après des cérémonies patriotiques, 29 volontaires furent proclamés héros éventuels pour la prochaine dernière... Tous brûlent maintenant du désir de rendre la Ruhr à la mère- patrie
Seulement, écrivit le général Mangin qui les connaissait bien, ce sont
des troupes « à consommer avant l'hiver. »

Nous avons en main une lettre d'un indigène du Dahomey, ancien combattant qui a fait son « devoir » dans la guerre du droit.
Quelques extraits de cette lettre vous montreront comment les « Batouala » sont protégés et de quelle façon nos administrateurs coloniaux fabriquent du loyalisme indigène qui décore tous les discours officiels et qui alimente tous les articles des Régismanset et des Hauser de tout calibre.
« En 1915, dit la lettre, lors du recrutement forcé ordonné par M. Noufflard, gouverneur du Dahomey, mon village a été pillé et incendié par les agents de la police et les gardes du Cercle. Au cours de ces pillages et incendies, tout ce que je possédais comme bien m'a été enlevé. Néanmoins, j'ai été enrôlé par force, et, sans tenir compte de cet odieux attentat dont j'ai été la victime, j'ai fait mon devoir au front français. J'ai été blessé à l'Aisne.
Maintenant que la guerre est terminée, je vais rentrer dans mon pays, sans foyer et sans ressources.
Voici ce qui m'a été volé :
1.000 francs en espèces ;
12 porcs ; 15 moutons ; 10 cabris ; 60 poulets ;
8 pagnes ; 5 vestons ; 10 pantalons ; 7 coiffures ; 1 sautoir en argent ; 2 malles contenant divers objets..
Voici les noms des camarades demeurant dans le même quartier que moi et qui ont été enrôlés par force, le même jour que moi, et dont les maisons ont été pillées et incendiées."(Suivent sept noms.)
Nombreuses sont encore les victimes de ces faits d'armes de M. le Gouverneur Noufflard, mais j'ignore leur noms pour vous les donner aujourd'hui… »


Les « Boches » de Guillaume n'auraient pas fait mieux

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