Voici ma question du jour. Elle concerne un petit comparatif entre les baïonnettes Françaises et Allemandes...
De par sa longueur et la forme de sa section, seriez-vous d'accord pour dire que la baïonnette Française Lebel M.1886, la "Rosalie", est plus prompte à embrocher en comparaison à son homologue Allemande plus courte et doté d'une lame effilée, qui elle, a d 'avantage vocation à trancher ? Où cette affirmation vous fait-elle bondir de votre siège ???
Je suis désolé si cette question peu paraître impromptue, mais c'est très important pour le travail de mémoire que je tente d'accomplir
Etant entendu que les vraies "rencontres" à la baïonnette ont été assez rares.....et que peu de gens ont raconté leur expérience de la "perforation" ou même du " perforage" , nous en sommes réduits aux conjectures....
Votre travail de mémoire tient-il compte de la force physique et de la vitesse de course des porteurs du fusil.
Dans ce cas quels paramètres intégrez-vous dans l'équation?
Quid de la qualité du sol et de la visiblité.
Pour combler ce handicap d'informations, je suggére que vous expérimentiez vous même sur une cuisse entière de veau et que vous nous livriez vos résultats d'expérimentation.
J'ajoute que pour être validés les résultats doivent être reproductibles.
Depuis la bataille de Waterloo, première bataille analysée rigoureusement par les Britanniques dans beaucoup de ses aspects,
les études semblent montrer que c'est moins de 1% des morts qui sont tués à l'arme blanche.
Soit pour 1 800 0000 morts, 18000 à l'arme Blanche, et une moyenne de 330 par mois et de 3 par jours, sur la durée de la guerre et pour tout le front français !
L'arme blanche ne comprenant pas que la baillonnette, il est donc probable que le pourcentage réel de tués à la baillonnette "les yeux dans les yeux"
soit encore très en dessous de ce pourcentage et ce, même si, peut-être, pour 14-18 le pourcentage était au dessus de ces 1%.
L'entrainement à la baillonnette, comme le "closed combat" ou la boxe font partie des enseignements destinés à endurcir les combattants,
et en particulier ceux susceptibles d'avoir à réellement combattre au plus près de l'ennemi.
Dans les corvées de ravitaillement, la baillonnette française permettait d'embrocher facilement les pains à ramener en première ligne.
En fait, comme je le disais à Chanteloube. Ma question tourne vraiment autour de la doctrine d'emploi de la baïonnette plus que son usage réel sur le terrain...
Dans les manuels d'instruction Français d'avant-guerre, nous sommes d'accord qu'il est fait l'éloge de la baïonnette et qu'elle est considérée comme un élément décisif de la bataille. En est-il de même dans la théorie Allemande ? Il me semble qu'à la même époque ils y attachaient moins d'importance et se tournaient déjà vers des technologies plus expéditives ? Non ?
Quant à sa physionomie, la "Rosalie" à beaucoup plus vocation à embrocher qu'à trancher, non ? Son homologue Allemande elle, ressemble bien d'avantage à un poignard avec des lames effilés, d'où ma question initiale ? Peut-on affirmer que la baïonnette Française à plus vocation à "clouer" l'ennemi alors que l'Allemande tend plus à le "sabrer" ? Encore une fois je parle bien de principe de maniement et de doctrine d'emploi...
Bonsoir
Est-ce que la baïonnette, avant qu'elle ne devienne un vrai poignard utilisable à la main, n'avait pas en tout premier un rôle psychologique ? Fournir au combattant une arme utilisable après que toute cartouche ait été utilisée, ne pas rester sans défense après la dernière cartouche ? Je me suis posé la question en découvrant ( il y a fort longtemps) le sabre-lance ( déjà tout est dit) d'Arcelin, destiné à s'adapter au bout du canon du fusil. Aux dire du propriétaire, c'était une superbe arme blanche bien équilibrée, en affubler un fusil rendait les deux infiniment peu maniables : la lame faisait 975mm ! On retrouve ce même sabre-lance adaptable au fusil d'essai Chassepot de 1862. Est-ce qu'en dotant le soldat d'une arme d'appoint, et en l'entrainant à s'en servir, on ne luttait pas contre l'envie de tourner les talons une fois tirée cette dernière cartouche ???
Encore aujourd'hui, il y a bien une baïonnette pour le "clairon", que l'on voit briller dans les défilés, je serais surpris de voir un militaire s'entrainer d'estoc avec les 2 !!!
Cordialement
Alain
Il me semble avoir lu quelque part que les pertes par armes blanches représentaient 0.3% du total de la 1e GM. Après-guerre, le futur Gal de Gaulle, blessé d'un coup de baïonnette à Vaux en mars 16, a même tenté en vain de créer une association d'anciens blessés par armes blanches.
Quant à la fréquence des corps à corps, ils doivent être bien rares car le 22/11/16, mon AGO Louis BOUR, caporal au 16e BCP est cité à l'ordre de l'armée et décoré de la MM pour avoir "tué d'un coup de baïonnette un officier allemand qui le menaçait de son revolver". La MM n'étant pas décernée avec trop de libéralité pendant le conflit, son attribution correspond bien ici à un acte qui sort de l'ordinaire.
Les baïonnettes du début de la guerre sont de grande taille car elles avaient été adoptées alors que l'on pensait qu'il y aurait encore des charges de cavalerie à contrer. Dans cette optique, il fallait de longues armes pour donner au fantassin une allonge suffisante face à un lancier par exemple. La taille des baïonnettes diminuera par la suite (sauf en France... toujours cette histoire d'une guerre de retard). Précisons ici que la baïonnette française, d'ailleurs appelée officiellement épée-baïonnette (cours d'escrime à l'appui) ne permet que les estocades puisqu'elle est dépourvue de tranchant.
Dernier point: l'éloge de la baïonnette par les Français doit surtout être vu comme l'éloge de l'offensive, dont elle est un instrument privilégié. Comme toute arme de contact, la baïonnette impressionne, elle inspire davantage de crainte qu'une arme à feu quelconque. La mettre au canon affermit (théoriquement) celui qui va attaquer, et apeure celui qu'elle cherche à atteindre.
Cordialement,
Marc
Sur les traces de mes ancêtres, recherche docs & photos sur 44e RIT, 13e RI et 16e BCP. Merci.
Oui, oui ! Je suis bien conscient que les duels à la baïonnettes furent rares durant la 1ière Guerre Mondiale. Et même ceux qui tentèrent la grande charge héroïque en août 1914 furent vite calmés par le feu des mitrailleuses Allemandes avant de parvenir à embrocher qui que ce soit...
Disons que ma question initiale s'inscrit plus dans un contexte d'avant-guerre, sur la doctrine d'emploi pure et dure de la baïonnette, sur laquelle Marc a apporté un début de réponse. Les Allemands vouaient-ils le même culte à cette arme blanche ? Étaient-ils autant entraîné que les Français à en faire usage ? J'en doute au regard de ce qui s'est passé dés l'ouverture des hostilités ? Et puis, outre le modèle long publié par Johannsen qui ressemble étrangement au notre, nous sommes bien d'accord que leur baïonnettes à eux (les Allemands...) étaient d'avantage étudiés pour trancher ?