Bonjour,
Bien qu'étant hors sujet pour la période qui nous intéresse, les événements que je viens de trouver sur un site que je ne peux mettre en lien (car à caractère politique), m'apprennent que le fait de passer le service militaire à 3 ans dès 1913 aurait entraîné des émeutes dans quelques régiments tels que le 153ème RI de Toul, deux bataillons du 122ème RI de Rodez, ainsi que quelques autres garnisons mais dans une moindre mesure. Ceci se serait déroulé en mai 1913.
Totalement éloigné de toute considération politique, je souhaite savoir si ceci est vrai, afin d'avoir une connaissance complémentaire de l'ambiance qu'il pouvait y avoir dans nos casernes à la veille de l'entrée en guerre, sachant que les "mutins" (le terme est peut être inapproprié) sont ceux qui vont partir au front dès août 1914.
Merci par avance pour toute information.
Cordialement,
Nicolas
Emeutes dans des régiments ?
Re: Emeutes dans des régiments ?
Bonjour,
Ceux qui étaient au service militaire en mai 1913 (classes 1910 et 1911) n'étaient pas concernés par la loi des 3 ans.
De plus, comment pouvaient-ils savoir que la guerre éclaterait en août 1914. La classe 1910 était alors rentrée dans ses foyers depuis près d'un an et la classe 1911 était sur le point de le faire.
J'ignore s'il y a eu des "émeutes" dans certaines unités en mai 1913, mais le motif me parait étonnant. A moins qu'ils aient été volontairement mal informés.
Ceux qui étaient au service militaire en mai 1913 (classes 1910 et 1911) n'étaient pas concernés par la loi des 3 ans.
De plus, comment pouvaient-ils savoir que la guerre éclaterait en août 1914. La classe 1910 était alors rentrée dans ses foyers depuis près d'un an et la classe 1911 était sur le point de le faire.
J'ignore s'il y a eu des "émeutes" dans certaines unités en mai 1913, mais le motif me parait étonnant. A moins qu'ils aient été volontairement mal informés.
Cordialement
Yvonnick
Yvonnick
- IM Louis Jean
- Messages : 2741
- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: Emeutes dans des régiments ?
Bonsoir à tous et à toutes,
Où il est question de mutineries à Toul, Mâcon, Rodez :



source Revue politique et parlementaire de juillet 1913 sur Gallica
Cordialement
IM Louis Jean
Etienne
Où il est question de mutineries à Toul, Mâcon, Rodez :
source Revue politique et parlementaire de juillet 1913 sur Gallica
Cordialement
IM Louis Jean
Etienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Re: Emeutes dans des régiments ?
Bonjour,
Et un extrait du journal Le Matin du 23 mai 1913 :

( http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5705308/f3.image )
Cordialement
Yves
Et un extrait du journal Le Matin du 23 mai 1913 :

( http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5705308/f3.image )
Cordialement
Yves
Re: Emeutes dans des régiments ?
Bonjour,
Merci pour ces informations qui confirment que ce n'est pas une "légende urbaine". Par cette occasion, je découvre que le 134ème R.I. de Mâcon figure dans la liste des régiments dans lesquels il y a eu des troubles.
Cordialement,
Nicolas
Merci pour ces informations qui confirment que ce n'est pas une "légende urbaine". Par cette occasion, je découvre que le 134ème R.I. de Mâcon figure dans la liste des régiments dans lesquels il y a eu des troubles.
Cordialement,
Nicolas
- IM Louis Jean
- Messages : 2741
- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: Emeutes dans des régiments ?
Re-bonsoir à tous et à toutes,
Où il est question de mutineries à Toul, Belfort, Rodez :

source Le défaitisme et les manoeuvres proallemandes 1914-1917 / Mis de Roux sur Gallica
Cordialement
IM Louis Jean
Etienne
Où il est question de mutineries à Toul, Belfort, Rodez :
source Le défaitisme et les manoeuvres proallemandes 1914-1917 / Mis de Roux sur Gallica
Cordialement
IM Louis Jean
Etienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Re: Emeutes dans des régiments ?
Bonsoir,
Pour compléter ce sujet, je conseille la lecture des pages 187-188 du livre de Paul Pouradier-Duteil "Août 1914-Enquête sur une relève"-Nicosie 1997 relatant les incidents mineurs du 35e RI de Belfort en mai 1913, bien mal orchestrés par certains milieux et moins graves que ceux de Toul et de Rodez.
On ne peut d'ailleurs que conseiller la lecture de ce livre remarquable pour la description du fonctionnement du Haut-Commandement de l'Armée et des influences qui s'y exercent.Les "puristes" objecteront que l'auteur, petit-fils du Général Pouradier-Duteil, n'est pas un "historien" mais sa qualité et son expérience de "diplomate" lui permettent des analyses qui ne viendraient pas à l'idée de certains historiens du moment...
C'est d'ailleurs pourquoi ce livre est souvent passé sous silence malgré la richesse de ses références et des "papiers" du Général qui mettent pourtant en relief certains faits et influences qu'il serait bon de creuser davantage pour comprendre la réalité du commandement de l'Armée française de 1914.
Cordialement,
Guy François.
Pour compléter ce sujet, je conseille la lecture des pages 187-188 du livre de Paul Pouradier-Duteil "Août 1914-Enquête sur une relève"-Nicosie 1997 relatant les incidents mineurs du 35e RI de Belfort en mai 1913, bien mal orchestrés par certains milieux et moins graves que ceux de Toul et de Rodez.
On ne peut d'ailleurs que conseiller la lecture de ce livre remarquable pour la description du fonctionnement du Haut-Commandement de l'Armée et des influences qui s'y exercent.Les "puristes" objecteront que l'auteur, petit-fils du Général Pouradier-Duteil, n'est pas un "historien" mais sa qualité et son expérience de "diplomate" lui permettent des analyses qui ne viendraient pas à l'idée de certains historiens du moment...
C'est d'ailleurs pourquoi ce livre est souvent passé sous silence malgré la richesse de ses références et des "papiers" du Général qui mettent pourtant en relief certains faits et influences qu'il serait bon de creuser davantage pour comprendre la réalité du commandement de l'Armée française de 1914.
Cordialement,
Guy François.
-
- Messages : 149
- Inscription : dim. févr. 17, 2008 1:00 am
Re: Emeutes dans des régiments ?
Bonjour à tous.
Les mouvements qui se sont produits en mai 1913 ont été en large partie provoqués par des fuites concernant les intentions du gouvernement pour la mise en oeuvre de la loi de 3 ans. L’idée initiale était de maintenir sous les drapeaux la classe 1910 qui avait été appelée au service en octobre 1911 et qui devait être libérée à la fin du mois de septembre 19131. En raison des mouvements qui se sont produits dans certaines garnisons à cette information, on renonça vite à ce projet et la classe 1910 libérée comme initialement prévu. En compensation la classe 1912 fut normalement appelée en octobre 1913 et en application d’un amendement à la loi avançant l’age de l’appel à 20 ans au lieu de 21, la classe 1913, qui n’aurait du être convoquée qu’en octobre 1914 le fut par anticipation dès le 26 novembre 19133.
Il est bien évident que le maintien sous les drapeaux de militaires qui espéraient leur libération à la date prévue n'était pas une bonne idée. Et pour les autres, comme le dit le capitaine Conan dans le roman bien connu "quand la guerre a été déclarée nous avons dit - au moins nous ne ferons pas les trois ans!-" Dangereux optimiste.
Bien cordialement
Pierre
Les mouvements qui se sont produits en mai 1913 ont été en large partie provoqués par des fuites concernant les intentions du gouvernement pour la mise en oeuvre de la loi de 3 ans. L’idée initiale était de maintenir sous les drapeaux la classe 1910 qui avait été appelée au service en octobre 1911 et qui devait être libérée à la fin du mois de septembre 19131. En raison des mouvements qui se sont produits dans certaines garnisons à cette information, on renonça vite à ce projet et la classe 1910 libérée comme initialement prévu. En compensation la classe 1912 fut normalement appelée en octobre 1913 et en application d’un amendement à la loi avançant l’age de l’appel à 20 ans au lieu de 21, la classe 1913, qui n’aurait du être convoquée qu’en octobre 1914 le fut par anticipation dès le 26 novembre 19133.
Il est bien évident que le maintien sous les drapeaux de militaires qui espéraient leur libération à la date prévue n'était pas une bonne idée. Et pour les autres, comme le dit le capitaine Conan dans le roman bien connu "quand la guerre a été déclarée nous avons dit - au moins nous ne ferons pas les trois ans!-" Dangereux optimiste.
Bien cordialement
Pierre
Pierre C31
La nuit est le masque à l'abri duquel s'avance le jour
La nuit est le masque à l'abri duquel s'avance le jour
Re: Emeutes dans des régiments ?
Bonsoir à tous,
Merci beaucoup pour toutes ces informations très intéressantes. Contrairement à ce que je pensais jusque-là, la vie dans les casernes durant l'année précédent l'entrée en guerre n'a pas été "un long fleuve tranquille".
Cordialement,
Nicolas
Merci beaucoup pour toutes ces informations très intéressantes. Contrairement à ce que je pensais jusque-là, la vie dans les casernes durant l'année précédent l'entrée en guerre n'a pas été "un long fleuve tranquille".
Cordialement,
Nicolas
Re: Emeutes dans des régiments ?
Bonjour,
La vie dans les casernes n'a pas été des plus tranquilles dans les années précédant la Grande Guerre!
Ainsi, en 1907, à l'époque de la révolte du 17e RI ("Gloire au 17e" pour reprendre un "tube" de l'époque!), deux régiments du midi durent être "repris en main" rapidement, il s'agit des:
-100e RI de Narbonne qui connaît un début de révolte en juin 1907 et doit être envoyé d'urgence au Camp du Larzac.
-126e RI de Toulouse qui se caractérise par un climat d'insurrection où la délation, déjà très active depuis "l'affaire des fiches", ne connaît plus de bornes.
Pour se faire, le gouvernement n'a d'autre ressource que d'employer un procédé bien connu depuis le 19e siècle, fertile en révolutions, où l'on brûle ce que l'on a adoré (et réciproquement!) avec une rapidité peu commune.Ce procédé consiste à permuter les unités "contaminées" avec d'autres, aussi vite que possible et à procéder à des changements nombreux dans le cadre officier.
Ainsi, les deux régiments de la 48e Brigade, le 14e RI de Brive et le 80e RI de Tulle sont envoyés dans le "midi" en révolte tandis que les régiments "mutinés", prennent leur place.C'est ainsi que 100e RI de Narbonne se retrouve à Tulle et le 126e RI de Toulouse est transféré à Brive.Le 14e RI est donc désormais à Toulouse et le 80e RI à Narbonne après l'apaisement des révoltes viticoles.Cette implantation durera jusqu'en 1914.
Inutile de préciser qu''on" ne se bouscule pas pour prendre le commandement de la 48e Brigade, désormais composée des 100e et 126e RI!
On y envoie le colonel Pouradier-Duteil, célèbre pour avoir commandé le 12e Bataillon de Chasseurs Alpins pendant 10 ans et avoir emmené, pour la première fois, des soldats du contingent en très haute-montagne et dans les glaciers en unités constituées.Ce meneur d'hommes, violemment pris à partie lors de l'affaire des fiches au 77e RI de Cholet puis chef de corps du 2e Zouaves à Oran, va réussir à reprendre en main très rapidement ces régiments par sa méthode de commandement alliant l'énergie à la compréhension de l'esprit du soldat.Le Ministre de la Guerre, le général Picquart, ne s'y trompa pas et poussa à sa nomination au grade de général.
Non, vraiment, la vie dans les casernes des années 1901 à 1914 n'a pas été un "long fleuve tranquille"!
Cordialement,
Guy François.
La vie dans les casernes n'a pas été des plus tranquilles dans les années précédant la Grande Guerre!
Ainsi, en 1907, à l'époque de la révolte du 17e RI ("Gloire au 17e" pour reprendre un "tube" de l'époque!), deux régiments du midi durent être "repris en main" rapidement, il s'agit des:
-100e RI de Narbonne qui connaît un début de révolte en juin 1907 et doit être envoyé d'urgence au Camp du Larzac.
-126e RI de Toulouse qui se caractérise par un climat d'insurrection où la délation, déjà très active depuis "l'affaire des fiches", ne connaît plus de bornes.
Pour se faire, le gouvernement n'a d'autre ressource que d'employer un procédé bien connu depuis le 19e siècle, fertile en révolutions, où l'on brûle ce que l'on a adoré (et réciproquement!) avec une rapidité peu commune.Ce procédé consiste à permuter les unités "contaminées" avec d'autres, aussi vite que possible et à procéder à des changements nombreux dans le cadre officier.
Ainsi, les deux régiments de la 48e Brigade, le 14e RI de Brive et le 80e RI de Tulle sont envoyés dans le "midi" en révolte tandis que les régiments "mutinés", prennent leur place.C'est ainsi que 100e RI de Narbonne se retrouve à Tulle et le 126e RI de Toulouse est transféré à Brive.Le 14e RI est donc désormais à Toulouse et le 80e RI à Narbonne après l'apaisement des révoltes viticoles.Cette implantation durera jusqu'en 1914.
Inutile de préciser qu''on" ne se bouscule pas pour prendre le commandement de la 48e Brigade, désormais composée des 100e et 126e RI!
On y envoie le colonel Pouradier-Duteil, célèbre pour avoir commandé le 12e Bataillon de Chasseurs Alpins pendant 10 ans et avoir emmené, pour la première fois, des soldats du contingent en très haute-montagne et dans les glaciers en unités constituées.Ce meneur d'hommes, violemment pris à partie lors de l'affaire des fiches au 77e RI de Cholet puis chef de corps du 2e Zouaves à Oran, va réussir à reprendre en main très rapidement ces régiments par sa méthode de commandement alliant l'énergie à la compréhension de l'esprit du soldat.Le Ministre de la Guerre, le général Picquart, ne s'y trompa pas et poussa à sa nomination au grade de général.
Non, vraiment, la vie dans les casernes des années 1901 à 1914 n'a pas été un "long fleuve tranquille"!
Cordialement,
Guy François.