GAULOIS - Un cuirassé aux Dardanelles, l'attaque des détroits

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Ar Brav
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Re: GAULOIS - Un cuirassé aux Dardanelles, l'attaque des détroits

Message par Ar Brav »


A 10 h. 55, la cale à eau est pleine, ainsi que les puits aux chaînes. L'eau passe dans la cale à vin. La cloison qui nous a sauvés une fois résistera-t-elle encore une deuxième ?
Tout est tranquille à bord. Les matelots qui ne sont pas de quart dorment dans leurs hamacs. A peine si, de temps en temps, quelques voix d'officiers qui se rencontrent chuchotent dans la salle d'armes.
Le croiseur Jules-Ferry, les torpilleurs Bouclier, Cavalier et Fantassin sont près de nous à 3 h. 55.
Doucement, l'eau continue à gagner, envahissant, après la cale à vin, le compartiment des étrangloirs. Il est 4 h. 40. Étalerons-nous deux heures encore ?
Nous tiendrons, car il faut tenir. Se peut-il qu'après tant de périls vaincus, nous sombrions ainsi dans une mer amie, dans notre mer, si loin de la bataille !
Déjà le vent mollit, le choc des lames s'atténue, l'oscillation devient un bercement. Sur le ciel laiteux des blancheurs diffusées de l'Orient, des montagnes sont apparues…
Une demi-somnolence me gagne. Je crois entendre des appels de sifflet, un bruit de treuil que l'on met en marche…« Terre en vue... Navarin... Poste de mouillage... » Je m'endors tout à fait.

(à suivre...)
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Ar Brav
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Re: GAULOIS - Un cuirassé aux Dardanelles, l'attaque des détroits

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

Voici la fin du récit :

6 h. 30. Tout est beau, ce matin, ici. L'aube paresseuse s'attarde en écharpes traînantes sur le panorama paisible de la baie, où, parmi l'escadrille endormie des destroyers, des barques de pêche se balancent mollement. Mais notre arrivée dérange cette torpeur. Des cris stridents de sirène déchirent l'air, les torpilleurs se mettent à fumer, les barques, empressées, se parent pour nous de claires voilures. Un cuirassé, que nous n'avions pas vu d'abord, répond à nos signaux par des pavillons aux couleurs crues. Massif et trop ventru, avec sa seule énorme cheminée, je le reconnais, car j'y fus embarqué quelques années avant la guerre. Depuis longtemps, il végète désarmé, privé de ses canons, et c'est comme atelier flottant qu'il est venu finir dans ce port étranger. Voici qu'il met à l'eau, prévenu de nos besoins, ses équipes d'ouvriers que notre bord va recevoir. On travaillera nuit et jour à construire par l'intérieur, contre la brèche, un solide caisson en ciment, un batardeau, qui sera plus qu'une réparation de fortune. Et bientôt, avant sans doute le terme fixé par une neutralité sévère mais non inflexible, nous serons prêts à reprendre la mer, à voguer, par un prudent détour, vers les côtes de Provence.

xxx.

Cordialement,
Franck
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Gilles ROLAND
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Re: GAULOIS - Un cuirassé aux Dardanelles, l'attaque des détroits

Message par Gilles ROLAND »

Bonjour Franck,
Bonjour à tous,

Sur la tragédie du ‘Gaulois’, il y a ce livre

Image

Amicalement

Gilles [:gilles roland]
-Ca sent le macchab, dit Le Moal. -J’te crois, y en a plein par ici. Jean Berthaud « 1915 sur les Hauts-de Meuse en Champagne »
VESTIGES.1914.1918 MAJ le 10 novembre 2015
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Ar Brav
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Re: GAULOIS - Un cuirassé aux Dardanelles, l'attaque des détroits

Message par Ar Brav »

Bonjour Gilles,
Bonjour à tous,

Un très grand merci pour l'info, je sais à présent ce qu'il me reste à faire :)
Il nous manque tout de même un "Cru" maritime...

Amicalement,
Franck
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geojeff
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Re: GAULOIS - Un cuirassé aux Dardanelles, l'attaque des détroits

Message par geojeff »

Bonjour,

voici un matelot de 3ème Classe du Gaulois, chauffeur breveté, décédé lors d'un accident à bord le 17/11/1915 : LIBEROTTI Joseph

http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... 1726229718

Je donne l'information à tout hasard...

Amicalement
Jean-François
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Ar Brav
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Re: GAULOIS - Un cuirassé aux Dardanelles, l'attaque des détroits

Message par Ar Brav »

Bonjour Jean-François,

Merci pour votre contribution, c'est noté.

Bien cordialement,
Franck
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Rutilius
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Re: GAULOIS - Un cuirassé aux Dardanelles, l'attaque des détroits

Message par Rutilius »

" 27.12.1916 : sur la route de Salonique, il est torpillé et coulé par le sous-marin allemand UB 47 (OL Wolfgang Steinbauer) en mer Egée à 30 milles des îles Cerigo par 36°30N et 23°45E (CV Morache). Seuls 4 hommes sont tués par l’explosion. "
Bonjour à tous,

Deux précisions concernant le cuirassé le Gaulois :

- Son effectif réglementaire était de 22 officiers et de 637 hommes ;

- Le nombre de victimes du torpillage fut effectivement limité à quatre, mais seules deux furent tuées par l'explosion .

(René La Bruyère, Chron. " Les événements maritimes ", Revue politique et parlementaire, T. 90, Janv.-Mars 1917, p. 277).

Bien à vous,
Daniel.
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Ar Brav
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Re: GAULOIS - Un cuirassé aux Dardanelles, l'attaque des détroits

Message par Ar Brav »

Bonjour Daniel,

Merci pour ces renseignements qui nous permettent d'être plus précis. Vous avez une de ces docs !

Bonne journée à vous,
Franck
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GENEAMAR
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Re: GAULOIS - Un cuirassé aux Dardanelles, l'attaque des détroits

Message par GENEAMAR »

Image M.P.F.

Marin disparu le 27 décembre 1916 lors du torpillage du bâtiment.--- Jugement déclaratif de décès rendu le 4 juin 1917 à TOULON.

- ARZEL Pierre Marie, né le 21 mai 1887 à PLOUDALMÉZEAU (Finistère), Quartier-Maître Électricien.
- ELEOUET Yves François Marie, né le 18 août 1892 à BREST (Finistère), Quartier-Maître Mécanicien.
- MENGUY Tanguy, né le ... à ..., Matelot de 3ème classe sans spécialité.--- Matricule 8380 à Le CONQUET.--- (Figure sur le Monument aux Morts de PORSPODER (Finistère).
- VÉRELLE Georges Paul Raymond, né le 19 juin 1892 à NANTES (Loire-Atlantique), Matelot de 1ère classe Mécanicien.
Cordialement. Malou
olivier 12
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Re: GAULOIS - Un cuirassé aux Dardanelles, l'attaque des détroits

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Voici un bref résumé de la fin du GAULOIS
(Extraits de l'Illustration du 3 Février 1917)

Dans la matinée du 27 Décembre 1916, le GAULOIS, commandé par le capitaine de vaisseau Morache, faisait route de Corfou, qu'il avait quitté l'avant veille, sur Salonique afin de rejoindre la force navale à laquelle il était affecté.
Beau temps, mer plate, escorté par le torpilleur d'escadre DARD.

Canons armés, bordée aux postes de combat, vigies dans la mâture et à la passerelle, "scrutant la surface unie de la mer que le souffle léger de la brise matinale marbrait comme un frisson courant à fleur de peau" (le journaliste est un poète...)

A 08h35, à 300 m par tribord on aperçoit la trajectoire pointillée formée par l'air s'échappant de l'arbre creux d'une torpille arrivant à toute vitesse. Malgré une tentative de manoeuvre le navire est frappé et l'explosion déchire la coque. Le cuirassé vibre, s'enfonce par l'arrière et s'incline sur tribord. Il s'était écoulé vingt secondes depuis l'apparition de la torpille.
Le signal SOS est immédiatement lancé par les deux postes de radiotélégraphie.
Le périscope du sous-marin perce la surface de la mer et l'artillerie du cuirassé se déchaine tandis que le torpilleur passe de bâbord à tribord et décrit des cercles pour empêcher le sous-marin, qui a plongé, de remonter.
Dans les fonds, la secousse a été d'une extrême violence, mais les chaudières sont maintenues en pression. Cependant, la gite devenant trop importante et la vapeur commençant à fuser des canalisations cisaillées, il faut évacuer.
L'eau monte en bouillonnant dans la batterie. Comprenant que le navire est perdu, le commandant ordonne l'évacuation.
On commence par embarquer dans les canots débordés les blessés, puis les 33 soldats passagers et leurs officiers et 5 Grecs vénizélistes qui rejoignaient l'armée d'Orient.
Au cours de ces opérations, la baleinière n° 1 reste malheureusement pendue par son garant de l'avant et tous ses occupants sont précipités à la mer. L'un d'eux, blessé dans sa chute, disparait et se noie.
Deux chalutiers patrouilleurs, MARIE-ROSE et ROCHEBONNE, rejoignent le cuirassé en perdition et l'accostent sans la moindre hésitation.

Voici un dessin de Sandy Hook montrant le chalutier ROCHEBONNE accosté à bâbord du GAULOIS qui est sur le point de chavirer.

Image

Le navire s'inclinant de plus en plus et la situation devenant dangereuse, le MARIE-ROSE, accosté à tribord, s'écarte. Les officiers évacuent en dernier, prenant place sur le ROCHEBONNE. Le commandant Morache quitte le navire en dernier, emmené de vive force par ses officiers.
Le ROCHEBONNE largue alors son amarre et fait arrière toute. A peine s'est-il éloigné d'une centaine de mètres, que le GAULOIS chavire brusquement. Les canons pivotent sur leurs affûts dans un bruit sinistre et pointent leurs volées vers le ciel. La grande carène, peinte en vert, apparait toute entière. Voici le GAULOIS en train de chavirer. On voit le ROCHEBONNE au premier plan, ainsi que le MARIE-ROSE et le torpilleur DARD.

Image

"Comme un gigantesque cétacé, le grand cuirassé descend lentement sous la nappe bleue de la mer Egée qui le recouvre comme un linceul"...

L'agonie a duré 25 minutes. La position est 36°15 N et 23°42 E.

Les naufragés sont débarqués à Milo où se trouve le cuirassé HENRI IV.
Sur les 640 hommes embarqués sur le GAULOIS, 4 seulement manquent à l'appel, dont les quartiers-maitres mécanicien et électricien Elouet et Arzel, tués à leur poste par l'explosion de la torpille, et deux qui se sont noyés, l'un en tombant du canot n°1 et l'autre en se jetant trop tôt à la mer.

(nota : il faut reconnaitre que cette évacuation de 640 hommes en moins de 25 minutes, même par mer calme, est un exploit qui dénote un professionnalisme et un entrainement extrêmes)

Le sous- marin attaquant était l'UB 47 commandé par l'OL Wolfgang Steinbauer. Steinbauer avait longtemps été le second du sous-marin U 35, d'abord sous les ordres du KL Waldemar Kophamel, puis du KL Lothar von Arnauld de la Perière. Il avait quitté l'U 35 en Avril 1916, remplacé par l'OL Otto Launburg, et pris le commandement de l'UB 47. C'était donc un sous-marinier particulièrement bien entrainé. Il survivra à la guerre.
La position donnée par le KTB diffère un peu : 36°21N 23°42 E

Cdlt

Olivier
olivier
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