Bonjour,
Après le message de yanbi56, signalant le décès de l'épouse du capitaine Rault, sur la base du registre de désarmement de Biessard, lors de son 8ème voyage, en 1907-1908,
et celui de Rutilius, le confirmant, sur la base des registres d'état-civil, une remise en cause d'information parait patente.
Jusqu'à présent, il était indiqué que deux femmes de capitaines français, pendant la période des grands voiliers long-courriers, étaient décédées en mer.
L'une a disparue avec le navire, madame Guerpin, à bord d'Hautot en 1906, l'autre est décédée en couches à bord d'Olivier Clisson, en 1905.
On pourrait d'alleurs ajouter Marie Olivaux, femme du second du Hoche, également disparue avec ce navire en 1915.
L'interrogation concerne Marie Marguerite de Latour, épouse du capitaine Jean-Marie Rault, décédé à bord de Biessard le 26 juillet 1907.
En effet, son décès est signalé de façon assez laconique et peu précise dans le premier ouvrage du capitaine Lacroix, (1937), en page 456, rubrique Olivier de Clisson :
-"Le capitaine Rault perdit en cours de voyage sa femme et un bébé né à bord." (voyage d'Amérique au Japon en 1903).
Lorsque que le capitaine Lacroix consacre un chapitre de son second livre (1940) aux femmes de marins à bord et à terre (Chapitre XXIII), pages 349 à 364, il écrit :
-"En dehors des morts tragiques de Mme Guerpin à son voyage de noces sur "Hautot" et de celle de Mme Rault morte en couches à bord, je n'ai pas eu connaissances de faits remarquables où des femmes aient joué un rôle sur nos grands voiliers." (page 358).
Un autre chroniqueur des grands voiliers, Henri Picard (1972) écrira de même, toujours pour Olivier de Clisson :
-" The master's wife and baby died at sea during the voyage" (page 206).
Cependant, il ne renouvellera pas son information en 1976, dans l'édition française de son ouvrage.
Pour autant, dans leurs ouvrages respectifs, ni Lacroix, ni Picard, n'indiquent de décès d'épouse de capitaine à bord de Biessard.
L'information, toujours identique, est redonnée en 1996 par Frédéric David.
Dans un ouvrage spécifique (2008), Etienne Bernet est laconique sur le sort de Madame Rault :
-"La première femme du capitaine Jean-Marie Rault embarque à bord du trois-mâts barque Oliver de Clisson, de la Société bretonne de navigation, en 1905. Embarquée en qualité de passagère, elle meurt en couches, à bord, un jour de tempête."
Pourtant le lièvre (dont le cousin est cet animal maudit à bord des navires) avait été soulevé par Marc Métayer en 2003, peut-être sans le savoir car il écrit (page 103) :
-"Biessard…peu après le passage du cap Horn, Madame Rault décède."
Sans le savoir, car pour Olivier de Clisson, il écrit (page115) :
-"Puis le nouveau capitaine Jean Rault perd sa femme et l'enfant né à bord".
Il parait donc qu'il y ait eu une confusion, lié au fait que le capitaine Rault a commandé Olivier de Clisson, et qu'il l'a abandonné en mer, et qu'il a également commandé Biessard, avec lequel il s'est échoué et que Biessard ait disparu plus tard avec un autre commandant.
Cependant, il reste à vérifier si le capitaine Rault a bien embarqué ou non avec une femme, présentée comme son épouse, à bord d'Olivier de Clisson, puisque l'état-civil n'établit son premier mariage que le 6 avril 1907, alors qu'Olivier de Clisson est perdu en 1905.
Une dernière possibilité est l'existence de deux capitaines Rault.
Sources : Louis Lacroix, Les derniers grands voilier, Peyronnet, 1937.
Louis Lacroix, Les derniers cap-horniers, Imprimerie S. Pacteau, 1940.
Alan Villers & Henri Picard, the bounty ship of France, PSL, 1972.
Henri Picard, La fin des cap-horniers, Edita-Vilo, 1976. Photo page 138
Fréderic David, Le Quevilly, Alan Sutton, 1996.
Marc Métayer, Les voiliers du nickel, Alan Sutton, 2003.
Etienne Bernet, les cap-hornières, MDV, 2008.
Cordialement.
