Bonjour à toutes & tous
Bonjour à nos ami(e)s Belges
Bonjour Paul,
C’est avec plaisir que nous constatons que grâce au binôme formé par Barth

(recherche de documents) et Paul (traduction) le puzzle des combats de Maissin ne cesse de se compléter ; merci à vous deux d’y apporter d’intéressants détails.
Je vais tenter de répondre aux questions de Paul. Les spécialistes complèteront ou corrigeront si nécessaire.
La 1ère section de la 5è batterie, ayant pour chef Oblt Oskar Dauber, après avoir quitté Libin était venue se positionner à l’Est de Villance, à la lisière du bois Fidjohé -en avant de la cote 415.
C’est de cette position qu’elle eu l’honneur, à 11heure 15 (heure française), d’ouvrir le premier feu sur les Pantalons Rouges qui, venant par la grande route de Paliseul, atteignaient les lisières sud de Maissin. Un premier tir qui décime à 5000 mètres une section de mitrailleuses ? Les Hessois étaient des pointeurs hors pair... l’historique du 25e Far est sans doute plus réaliste : «
Le résultat sur cette distance éloignée (42-5200) était extrêmement faible ». N’étant pas un spécialiste de l’artillerie, en 14 quel niveau de détail est-il possible d’observer dans des jumelles d’artillerie à 5000m ?
A cette même heure (11h15-11h30), les deux bataillons du
19è RI (I/19 et III/19), formant l’avant-garde de la 22e DI, arrivés à la hauteur de la ferme de Bellevue, quittent la route et pénètrent dans le bois de Haumont.
Ce sont ces fantassins qui ont eu le triste privilège de subir, comme le mentionne l’historique du 25e FAR, «
les premières salutations de fer du régiment de la guerre mondiale ! ».
Suivant l’ordre du jour, ces unités du 19e RI auraient dû stationner au sud de Maissin. Dans la hâte d’en découdre avec l’ennemi, et peut être pour satisfaire son égo en se croyant en manœuvre, le chef de Corps du 19è RI (Colonel Chapès) fait déployer le drapeau du régiment et sonner la charge. Sans soutient d’artillerie, les fantassins du 19e, baïonnettes hautes, s’élancent de la lisière du bois Haumont pour atteindre le sud-est de Maissin (route de Jehonville). Au départ, l’ennemi est surpris et les premières sections franchissent rapidement les 400m qui les séparent du village. Mais bien vite, les mitrailleuses dissimulées dans le village ouvrent le feu. Le vallon séparant le bois du village est copieusement arrosé d’obus de 77 des batteries du 1er groupe du 25e FAR, positionnées à l’ouest de Villance près d’une statue de la Vierge.
Vers 12h 15 (heure française) les 1er et 3ème groupes d’artillerie du 35è RAC viennent se positionner à 1,5 km au sud de Maissin :
• Le I/35e (Commandant Faugeron) se place à l’Est de la route Paliseul-Maissin, en retrait dans le bois Derrière-Haumont, un peu au sud du signal géodésique de la cote 429.
• Pressé par un officier d’État-major de la 44e BI,
le III/35e (Commandant Lhoste) prend en toute hâte une position au nord de la ferme de Bellevue dans un champ d’avoine, en pleine vue de Maissin - 7è batterie à gauche, 8è batterie au centre à 400m au Nord de la ferme
derrière une ligne de petits sapins, 9è batterie près de la route.
Immédiatement repéré, le III/35e, sans soutient d’infanterie, subit le feu des mitrailleuses positionnées à la cote 403 et est pris à parti par les obus de la 4/25e FAR. Le Capitaine Galotti, commandant la 7è batterie du 35e RAC, est mortellement blessé ; tous les autres servants de la batterie sont soient tués soient grièvement blessés.
13h00, Les combats font rage dans Maissin. Fidèle à sa devise « la vague s’y brise », malgré de lourdes pertes, les deux bataillons du 19e RI s’accrochent au sud du village et maison par maison gagne du terrain. Ne pouvant progresser,
la 50e IB allemande demande un soutient plus efficace de son artillerie. La 2/25e FAR est désignée pour venir se positionner sur une hauteur à 1,5 km à l’Est de Maissin. Prise à parti pendant son mouvement par notre infanterie ( II/19e RI au moulin de Villance ?) elle déplora des pertes en hommes et chevaux. Après des difficultés pour se positionner sur ce monticule escarpé elle choisit pour objectifs nos fantassins du 19e RI au sud de Maissin et notre artillerie du 35e RAC à Bellevue, déjà reconnue par la 4/25e FAR.

Carte situation vers 15 heures - positions déduites des JMO des unités des 21e et 22e DI françaises et des historiques des unités de la 25e ID hessoise allemande.
Peu après 14 heures,
pour la 50e IB allemande la menace se précise de plus en plus au sud et à l’ouest de Maissin. A la ferme de Bellevue le II/118e RI (22e DI) se déploie, suivi peu de temps après par des unités du 116e RI. A l’ouest, le 93e RI ( 21e DI) progresse à travers le bois Ban.
Face à ces nouvelles menaces d’infanteries,
ordre est donné au chef de la 1ère section de la
5/25e FAR de venir se positionner à la droite de la 2/25e FAR. Sur les cartes actuelles de l’I.G.N.B. cette petite colline dénudée est désignée sous le nom de Les Wès-èl-Vau (proximité d’un ancien moulin).
Par un chemin de campagne, la batterie va venir jusqu’au bord de la Lesse et ensuite gravir un court sentier abrupte pour atteindre le sommet du mamelon. Ayant monté par le coté nord, elle a sans doute été à l’abri des tirs.
Le chef de section Dauber (5/25e FAR) signale «
sur la grande route Paliseul-Maissin de l’infanterie en progression derrière la forêt à un virage serré de la route » ? Ce virage est situé à 300 m de l’entré de Maissin mais, entre 14h et 14h 30, les mouvements de troupes (118e et 116e RI) s’effectuent à hauteur de la ferme de Bellevue à 1,5 km du village et à 2,8 km de la 5/25e FAR.
Ce n’est qu’à partir de 17 heures, sous la conduite du Général Duroisel (commandant la 43e BI) que des unités du 118e, 116e et 62e RI font mouvement de Bellevue pour venir se positionner au sud de Maissin, à cheval sur la grande route Paliseul-Maissin.
Force est de constater que du côté allemand il existe une coordination entre l’infanterie et l’artillerie. Cette dernière n’hésite pas à changer de position pour venir soutenir plus efficacement ses fantassins. Du côté français, la coordination fait grandement défaut, l’artillerie garde ses positions initiales, rentre tardivement en action voir reste inemployée. Dans ce baptême du feu, les Allemands mettent en pratique les tactiques apprises en manœuvre : ils font la guerre. Les Français, emportés par leur ardeur téméraire à découdre avec l’ennemi, partent à l’attaque avec précipitation et sans préparation. Les engagements se font sans plan d’ensemble au gré des circonstances : ils jouent à la guerre. Si victoire française il y a, elle est avant tout due à la bravoure de nos soldats et de leurs chefs sur le terrain plus qu’à une quelconque stratégie ou tactique élaborée par les États-majors. La présence, de 14h 30 à 18h, du commandant du 11e Corps (Général Eydoux) à 2,5km au sud de Maissin (cote 423) n’a fait qu’ajouter de la confusion dans la chaîne de commandement.
Cordialement
Jean-Louis