Bonjour et bonsoir à tous,
L'un d'entre vous sait forcément
tout-tout-tout sur les Chinois transportés de Chine en France pendant la guerre. Le GP d'une amie à moi lui a dit être venu en France en
1916, avoir reçu un matricule (je ne le connais pas) puis avoir été dirigé vers Mâcon dans une usine de munitions. Il aurait fini la guerre en Champagne, puis (??) du côté de Soissons, Il s'appelait TCHOU, prénom: Kouei Theng. Certes, ça ne nous avance pas beaucoup. Mais c'est tout ce que j'ai...
Ma question: qui pourrait me dire le nom du bateau sur lequel il a pu faire le grand voyage? Allez, une autre: aurait-on une petite chance de savoir si un JMO évoquerait les Chinois employés à Mâcon?
Merci pour ma copine, en tout cas, aux savants Braves qui me répondront.
Bien cordialement,
Mireille B
Je n'ai découvert ce forum qu'avant hier et je suppose que vous avez déjà obtenu des réponses à votre demande : je me permets toutefois de vous signaler la source actuellement "indépassée" :
-les actes d'un colloque du CNRS publiés sous la direction de Mme LI Ma, Maitre de conférences de l'Université Cote d'Opale, qui réunissent de nombreuses contributions d'universitaires français et étrangers, abordant autant les aspects diplomatiques des recrutements d'ouvriers chinois, les modalités de voyages, les conditions de travail, etc.,
( Faites acheter ce livre par votre bibliothèque municipale, il servira à tout le monde ! )
La démarche la plus simple concernant la personne recherchée est la suivante : allez aux archives départementales de la Saône-et-Loire explorer la série M ( versements de la Préfecture ).
Pourquoi ?
Dans un premier temps, les ouvriers chinois recrutés par la Mission Truptil signaient des contrats individuels de 3 ou 5 ans dérogatoires au droit commun, ne nécessitant donc pas la demande d'une carte d'identité d'étranger par les intéressés. Ils furent ensuite répartis entre l'armée anglaise dans le Nord et l'Est ( la majorité ) et des industriels français, travaillant en général pour la Défense nationale, cela par groupes plus ou moins importants ( de cent à mille ! ) dans toutes les régions industrielles, avec une forte présence dans le sud-est.
A l'issue des contrats, certains décidèrent de ne pas rentrer en Chine et de rester en France, parfois à la demande des employeurs eux-même qui durent faire face à la pénurie de main d’œuvre engendrée par l'hécatombe ( ce fut le cas au Creusot, dans les usines d'armement Schneider, qui conservèrent des ouvriers chinois après la guerre, et d'une usine d'électrométallurgie de l'Isère, qui conserva une centaine d'ouvriers chinois dans ses effectifs jusqu'à la seconde guerre mondiale ! ).
Ces ouvriers entrèrent donc dans le droit commun appliqué à tous les étrangers travaillant en France en temps de paix ; cela impliquait, entre autre chose, la confection d'une carte d'identité d'étranger ( ancêtre de la Carte de séjour ) ; les dossiers anciens sont versés ultérieurement aux AD par les Préfectures.
Le grand-père de votre amie doit donc avoir effectué ces démarches administratives dans tous les départements où il travailla
après la première guerre mondiale.
Les archives de ces "cartes d'identité d'étranger" sont classées dans la série M ( la suite de la numérotation varie d'une AD à l'autre, consulter le catalogue ou les archivistes ).
Pour ma part, je travaille sur celle de l'Isère : ces versements sont répartis en 5 séries ( plusieurs dizaines milliers de dossiers en tout ) ; une seule est munie d'un index alphabétique ! Pour les autres, il faut ouvrir systématiquement toutes les boites, dont le contenu est classé par ordre alphabétique.
Dans certains cas, des AD ont reçu des registres récapitulatifs, dans lesquels les demandes de cartes étaient notées par ordre chronologique, ce qui facilite le travail de dépouillement ...
Une autre série a explorer aux AD est la série J, qui contient les versements "privés", incluant donc les papiers des entreprises industrielles qui ont consenti à se défaire d'une partie de leurs archives anciennes ( elles n'en ont pas l'obligation ! ) : on trouve alors parfois des fichiers d'employés, des dossiers de recrutement, d'accidents du travail, des listes d'effectifs, etc. ).
Pour localiser l'usine concernée, il vous est possible d'aller à la Mairie de Mâcon consulter les tables décennales des décès pour la période de la guerre : les chinois morts de maladie ou d'accident y seront consignés ; une fois relevés tous les noms à consonance chinoise, vous n'aurez plus qu'à faire une lettre au même service en demandant une copie du bulletin de décès pour chacun d'entre eux ; si les documents ont été correctement remplis ( et ce sera le cas pour au moins une partie d'entre eux ! ), la mention de l'employeur apparaitra, car les ouvriers, logés dans des baraquements dépendant des usines y avaient leur adresse officielle ! Vous aurez donc le nom des usines ayant employé des Chinois à Mâcon durant cette période !
Espérant vous avoir été utile.