Bonsoir à tous,
Pas de panique, Jérôme !

Il me semble que si tu avais un pétard en main, il serait bien mouillé !
En effet, si l'on acceptait l'hypothèse que les disparités régionales constatées sur ton tableau et sur les chiffres de Becker, l'aient été par la seule volonté du haut commandement, comment expliquer alors les disparités constatées au sein d'une même région militaire (un bon exemple est constitué par la 16e RM) ou la relative homogénéité existant dans une même région administrative appartenant à 2 ou plusieurs RM ?
Comment pourrait-on expliquer aussi l'effet apparemment protecteur des grandes agglomérations? c'est vrai en particulier pour Paris et Marseille: les parisiens et les marseillais râleraient-ils plus fort que les autres?
Il me semble qu'une bonne analyse de ces chiffres devrait également s'intéresser à la structure en âges de la population des départements étudiés:
la comparaison brute entre départements du taux MPF/population totale, serait valide si
tousles habitants du département avaient été mobilisés. Ce n'est bien évidemment pas le cas et on peut considérer en première approche que seuls les hommes de 20 à 50 ans l'ont été. A partir de là, plusieurs cas de figures peuvent se présenter:
- En supposant qu'il n'y ait eu aucun flux migratoire entre les régions ou départements, une population à fort taux de natalité (et/ou à faible taux de mortalité infantile)au recensement de 1911, verra sa pyramide des âges très élargie à sa base et par conséquent, la proportion d'hommes mobilisable sera moins importante que pour une population à faible taux de natalité. On pourra donc s'attendre à trouver
proportionnellement moins de MPF dans la 1ère que dans la seconde. (le même raisonnement peut s'appliquer pour une population comportant une forte proportion d'hommes qui ne sont plus en âge d'être mobilisables, mais on peut considérer en première approche que les variations induites par le sommet de la pyramide sont moins importantes).
- de la même façon, la mortalité au combat n'est pas la même pour toutes les classes mobilisées: très forte pour les classes les plus jeunes, elle s'atténue plus les classes avancent en âge. Ainsi, si un département comporte une forte proportion d'hommes d'âge mûr (pyramide des âges décalée vers le haut), le taux de MPF s'atténue par simple effet mécanique.
Cette analyse peut valoir surtout à mon avis pour comparer les chiffres fournis par Becker qui compare les taux de mortalité des mobilisés entre régions militaires.
- en rajoutant l'effet des flux migratoires ayant eu lieu dans la vingtaine d'années précédent l'entrée en guerre, on trouve encore une source possible de variations. Les jeunes combattants nés dans un département et ayant migré vers un autre département pour y faire leurs enfants provoquent l'effet suivant: vieillissement artificiel de la population de leur département d'origine (rétrecissement de la base de la pyramide des âges) alors qu'ils sont comptés MPF pour ce département, donc accroissement artificiel du taux de MPF (et vice versa pour le département d'accueil): l'attrait des grandes agglomérations expliquant leur effet protecteur apparent?
J'ai cherché à conforter ces hypothèses par l'étude des pyramides des âges de chaque département au recensement de 1911, mais les données que j'ai pu recueillir sont trop fragmentaires pour permettre d'en tirer la moindre analyse. Quelqu'un connait-il une source possible pour ces données? (le recueil des âges a été effectué au moment des recensements, mais les tableaux publiés au Bulletin des Lois ne font état que de chiffres de population globale, non stratifiée par âges).
En tout état de cause, il ne s'agit là que d'hypothèses qui me paraissent intuitivement suffisamment valides pour pouvoir être étudiées de plus près. Qu'en pensez-vous?
à bientôt,
Frédéric Avenel