Merci de votre réponse, je crois en effet que je ne trouverai rien de plus.
Pour ma part, contrairement à vous, je vois quelques raisons simples, bien loin d'un gros bouquin, qu'il me faudrait étayer et approfondir (c'était mon but), sans rentrer dans des complexes raisons tactiques, stratégiques, opérationnelles, geopolitiques. En reprenant ce que j'ai déjà dit :
-Le lieu : n'a été que peu abordé ici, simplement en citant les différents projets étudiés en stratégie (Archange, Castor & Pollux, etc). Ce n'était pas le but de ma recherche. Certainement d'une compréhension ardue. Il faudrait lire "Souvenir de guerre" de Ludendorf. Questions de politique, dépend du terrain, des reliefs, des forces adverses en place etc, etc.
- Néanmoins : Anglais affaiblis par 1917 et front devant Saint-Quentin récent donc peu solide, propice à être percé (à étayer)
- les tactiques employées sont celles de la doctrine Bruchmuller et des techniques d'infiltration des stosstrupp en lien avec l'infanterie normale et avec l'artillerie. Supériorité de l'aptitude manoeuvrière. Je cherche en ce sens.
- Choix d'un front unique (et non pas 2 attaques simultanées) et large (70 à 75 km) pour que les Alliés ne sachent pas où porter leurs efforts.
-Etc comme dit plus haut.
Merci et au revoir.
Repise de la guerre de mouvement
Re: Repise de la guerre de mouvement
Bonjour,
je progresse seul et difficilement mais trouve des choses intéressantes. Peut-être trouverai-je sur Gallica... Si vous pouvez m'aider ...
Voici:
Très intéressant et assez bien fait :

La doctrine : Der Angriff (ou Artillerie) im Stellungkrieg (L'attaque dans la guerre de position) :

Fortement inspiré des écrits d'un Français : Capitaine Laffargue (un "f" ou 2 "f" ?), dont on trouve des textes ici :
https://www.e-periodica.ch/cntmng?pid=r ... 2%3A%3A177
ROHR, l'inventeur des troupes d'assaut allemandes :

Oskar von Hutier stratégie d'assaut
<on critique wikipedian mais on trouve quand même de bons apports : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sturmtruppen
... à suivre...
je progresse seul et difficilement mais trouve des choses intéressantes. Peut-être trouverai-je sur Gallica... Si vous pouvez m'aider ...
Voici:
Très intéressant et assez bien fait :

La doctrine : Der Angriff (ou Artillerie) im Stellungkrieg (L'attaque dans la guerre de position) :

Fortement inspiré des écrits d'un Français : Capitaine Laffargue (un "f" ou 2 "f" ?), dont on trouve des textes ici :
https://www.e-periodica.ch/cntmng?pid=r ... 2%3A%3A177
ROHR, l'inventeur des troupes d'assaut allemandes :
Oskar von Hutier stratégie d'assaut
<on critique wikipedian mais on trouve quand même de bons apports : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sturmtruppen
... à suivre...
-
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- Inscription : dim. nov. 08, 2020 4:06 pm
Re: Repise de la guerre de mouvement
Bonsoir,
J'avoue ne pas saisir votre démarche. Vous dites progresser seul mais vous semblez déjà connaitre la réponse à la question posé et balayez d'un revers de main les avis que je présente.
Je ne vais pas vous faire plaisir mais pencherais pour dire que la généralisation des Stosstrupp est un palliatif a l'épuisement des Empires centraux et un même un écremage dangeureux contribuant à la baisse de qualité général de l'armée allemande.
Une fois les Stosstrupp éléminés, c'est à dire les plus aggressifs, l'élite des vétérans, il ne reste que les moins bon.
Les offensives de 1918, c'est l'offensive des Ardennes en mieux. Mais bruler ses réserves quand on est sur la pente déscendante précipite la chute. C'était un plan à haut risque mais à haut bénéfice qui à raté.
Je suis d'acccord avec vous pour dire que Bruchmüller était un maestro de l'artillerie, aucun doute la dessus.
Cordialement
J'avoue ne pas saisir votre démarche. Vous dites progresser seul mais vous semblez déjà connaitre la réponse à la question posé et balayez d'un revers de main les avis que je présente.
Je ne vais pas vous faire plaisir mais pencherais pour dire que la généralisation des Stosstrupp est un palliatif a l'épuisement des Empires centraux et un même un écremage dangeureux contribuant à la baisse de qualité général de l'armée allemande.
Une fois les Stosstrupp éléminés, c'est à dire les plus aggressifs, l'élite des vétérans, il ne reste que les moins bon.
Les offensives de 1918, c'est l'offensive des Ardennes en mieux. Mais bruler ses réserves quand on est sur la pente déscendante précipite la chute. C'était un plan à haut risque mais à haut bénéfice qui à raté.
Je suis d'acccord avec vous pour dire que Bruchmüller était un maestro de l'artillerie, aucun doute la dessus.
Cordialement
Re: Repise de la guerre de mouvement
Bonjour et merci de vos apports. Dans ma tête il y a un puzzle dont je n'arrive pas à assembler les éléments dans une vue claire de la percée -presque- sans failles des lignes anglaises et françaises, puis l'avancée en terrain libre des forces allemandes.
Les éléments de ce puzzle que j'ai cité sont :
-Bruchmuller et le feuerwalze
-Oskar Von Hutier et "Hutier Tactics" ou "Infiltration Tactis", Riga = première expérience
- Rôle de ROHR
-Blue line, Red Line (ou Battle Zone) et Brown line percées.
- Idem chez les Français : "directive "défense en profondeur", mais perçée.
- Der Angriff im Stellungskrieg (L'attaque dans la guerre de position)
- Etc.
PASSAGE DE LA GUERRE STATIQUE à LA GUERRE DE MOUVEMENT : Front initial? quelles décisions? quels événements initiateurs? Quand ? Où ? Comment ? Grace à quoi ? Qu'est-ce qui a permis cette reprise de guerre de mouvement ? Début 21/03/18.
-Après la Kaiser-Schlacht opération Michael suivent : à étudier :
- Georgette sur la Lys le 9 avril===> front encore percé
-25 avril Mont Kemmel===> Français chassés
-27 mai : offensive allemande au Chemin des dames : encore binome Bruchmüller- Sturmtruppen : front crevé
- 10/12 juin : bataille du Matz : les Allemands proches de Compiègne
-15 juillet Offensive pour la paix (Fridensturm) : fiasco grace à Darnand et 18 contre-off française
Merci.
Les éléments de ce puzzle que j'ai cité sont :
-Bruchmuller et le feuerwalze
-Oskar Von Hutier et "Hutier Tactics" ou "Infiltration Tactis", Riga = première expérience
- Rôle de ROHR
-Blue line, Red Line (ou Battle Zone) et Brown line percées.
- Idem chez les Français : "directive "défense en profondeur", mais perçée.
- Der Angriff im Stellungskrieg (L'attaque dans la guerre de position)
- Etc.
PASSAGE DE LA GUERRE STATIQUE à LA GUERRE DE MOUVEMENT : Front initial? quelles décisions? quels événements initiateurs? Quand ? Où ? Comment ? Grace à quoi ? Qu'est-ce qui a permis cette reprise de guerre de mouvement ? Début 21/03/18.
-Après la Kaiser-Schlacht opération Michael suivent : à étudier :
- Georgette sur la Lys le 9 avril===> front encore percé
-25 avril Mont Kemmel===> Français chassés
-27 mai : offensive allemande au Chemin des dames : encore binome Bruchmüller- Sturmtruppen : front crevé
- 10/12 juin : bataille du Matz : les Allemands proches de Compiègne
-15 juillet Offensive pour la paix (Fridensturm) : fiasco grace à Darnand et 18 contre-off française
Merci.
- kglbayrRIR2
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- Inscription : ven. déc. 04, 2020 11:53 am
Re: Repise de la guerre de mouvement
Bonsoir cg-83,
Néanmoins, il y aura encore assez de personnes dans certains cercles de mes compatriotes pour penser que le jugement définitif n'a pas encore été prononcé.
Les derniers vétérans de la Grande Guerre, qu'il m'était permis d'accompagner durant mon service civil d'infirmier avec un sentiment de fascination, d'émerveillement incrédule, mais parfois aussi d'horreur dans leurs dernières heures, semblaient s'être souvent débattus avec la question lancinante jusque sur leurs lits de mort, pourquoi - malgré toute leur volonté de faire des sacrifices - cette guerre a été perdue.
La réponse est simple, quoique douloureuse.
Dès le début, il n'y avait pas de stratégie claire du côté allemand. Le plan original de Schlieffen de mener deux guerres successives sur un front au lieu d'une guerre sur deux fronts ne pouvait plus être mis en œuvre de son vivant (+1913).
Les – sans doute – brillantes victoires tactiques à l'Est (Tannenberg, lacs de Mazurie) se sont finalement révélées être des défaites stratégiques, car plusieurs corps d'armée ont dû être détournés de l'aile droite, manquant finalement à la Marne.* Ils sont arrivés trop tard au Prusse orientale en tout cas.
En principe, le commandement de l'armée allemande ne s'est pas vraiment remis du choc de la bataille perdue de la Marne**. Dans les jeux de guerre de tradition frédéricienne-prussienne, seule la bataille d'encerclement était pratiquée. Les formes d'une bataille décisive n'étaient - ce qui est peu connu - qu'à l'Académie militaire bavaroise au programme.
En conséquence, une recherche désespérée a été faite pour de nouvelles solutions. Un premier
« remède miracle » censé ramener le mouvement sur les fronts gelés fut – ce qu'on oublie souvent – le gaz.
Après les premiers succès, il ne s'est cependant pas avéré décisif pour la guerre, d'autant plus que l'ennemi avait une réponse prête étonnamment rapidement.
Comme vous le dites à juste titre, les généraux allemands ont recueilli un certain nombre de nouvelles idées des soi-disant «batailles de percée» à l'Est *** (Russie; Galice; Ukraine; Roumanie) ou en Italie (batailles d'Isonzo), qui ont donné de nouvelles idées pour une guerre de mouvement probable.
L'armée allemande était donc encore capable d'étonnantes innovations.
On oublie souvent ici que les tactiques d'artillerie innovantes ont été apprises des Russes. Au lieu d'heures de tirs d'artillerie, qui ont averti l'ennemi d'une attaque imminente en temps utile, le général Brusilov - sans se concentrer au préalable - a tiré des coups d'artillerie courts surprenants et ciblés, puis s'est avancé en plusieurs vagues pour attaquer.
Cette technique d'artillerie fut finalement adoptée du côté allemand. (voir Général Hutier !!)
Bruchmüller (« Durchbruch-Müller ») a systématisé davantage l'artillerie d'assaut (rouleau de feu).
Dans le même temps, les bataillons dits d'assaut (voir Rohr) se développent de plus en plus vers des armes offensives sérieuses (pénétration dans les profondeurs ou infiltration en profondeur).
Cependant, il serait faux de supposer qu'un plan d'attaque autonome pour les grandes batailles du printemps et de l'été 1918 existait déjà. De loin, toutes les unités n'étaient pas préparées à la nouvelle méthode d'attaque. Toutes les divisions ne possédaient pas la mobilité requise pour une progression rapide.
Causes de l'échec des batailles de 1918
Erreur de Ludendorff
Déjà lors de la « Grande Bataille de France » (Michael), les états-majors des 17e et 2e armées (groupe d'armées du prince héritier Rupprecht) se sont plaints que Ludendorff avait dévié du plan initial, qui visait à vaincre l'armée anglaise au nord de la Somme , parce que la 18e armée (Hutier !!; Heeresgruppe Deutscher Kronprinz), qui n'était en fait censée simuler une attaque contre l'armée française, a avancé étonnamment vite. Ce faisant, avant que les Anglais n'aient été vaincus de manière décisive, Ludendorff a ouvert un front simultané contre les Français. La 18e armée s'est ensuite vu attribuer la plupart des réserves.
Bien que les Anglais en particulier se soient retrouvés dans de sérieuses difficultés et que les Allemands aient réussi à gagner un terrain incroyable, l'offensive allemande s'enlise finalement et doit être annulée.
En fin de compte, les troupes allemandes ont remporté des escarmouches, mais pas des batailles décisives.
Situation dans l'armée allemande
En principe, l'armée allemande manquait de mobilité depuis 1914. Les avantages et les succès des troupes de choc ne pouvaient souvent pas être utilisés car l'artillerie nécessaire ne pouvait pas être suivie à temps. En 1918, il n'y avait pas assez de chevaux disponibles. Pour l'artillerie lourde, il n'y avait généralement qu'un maximum de 4 chevaux disponibles.
L'Allemagne ne pouvait rassembler que 40 000 camions au total, tandis que les Alliés pouvaient en commander plus de 200 000.
Cependant, cela ne signifiait pas que l'idée d'attaquer par poussée profonde (infiltration profonde) était abandonnée. Ici à Dresde, l'un des chefs de troupe de choc les plus titrés de la Première Guerre mondiale, Erwin Rommel, a enseigné à l'école d'infanterie de 1929 à 1933. Plus tard, il a également enseigné à l'École de guerre de Potsdam (1935-1938).
Cependant, il serait faux de supposer qu'en 1939, il existait déjà une procédure d'attaque toute faite qui fut plus tard appelée "Blitzkrieg".
Les généraux allemands considéraient le plan de von Manstein comme irréalisable et tentèrent même de déplacer les « querelleurs » vers l'est.
Comme on le sait, il a réussi à gagner Hitler à son plan, même si Hitler n'a pas réalisé la dimension opérationnelle du plan (il n'aurait probablement pas arrêté les chars à Dunkerque autrement).
C'est ainsi que la « grande heure » de Rommel est arrivée en tant que commandant d'une "Panzer-Division". La méthode de l'escouade de choc d'infanterie a été combinée à la puissance de choc des chars. Les Stukas formaient une artillerie volante. Des « divisions d'élite » motorisées opéraient au centre de l'attaque. L'infanterie suivait. Mais faire la guerre n'est généralement pas la meilleure solution.
Cordialement
Joseph
* Ironiquement, le prince héritier Rupprecht avait offert trois corps d'armée qui n'étaient plus nécessaires en Lorraine. Ils ont été rejetés par l'OHL car « la Prusse orientale ne doit pas être libérée par les troupes bavaroises ».
** Je n'entrerai pas dans l'animosité entre les commandants des 1ère et 2ème armées (v. Kluck ; v. Bülow), qui ont certainement aussi joué leur rôle dans la défaite. Malheureusement il n'y avait pas de Joffre du côté allemand qui pût envoyer des officiers inaptes à « Limoges ».
*** Il faut noter que les troupes allemandes n'ont dû être déployées sur ce théâtre de guerre (en dehors de la Russie) que parce que l'Autriche-Hongrie y a subi de lourdes défaites.
Littérature (sélection):
Groener, Wilhelm; Lebenserinnerungen; Osnabrück 1972;
Groß, Gerhard P.; Mythos und Wirklichkeit. Geschichte des operativen Denkens im deutschen Heer von Moltke d.Ä. bis Heusinger, Paderborn u.a. 2012;
Krafft von Dellmensingen, Konrad; Der Durchbruch; Hamburg 1937;
Stachelbeck, Christian; Militärische Effektivität im Ersten Weltkrieg. Die 11. Bayerische Infanteriedivision 1915 bis 1918; Paderborn u.a. 2010;
Storz, Dieter; „Aber was hätte anders geschehen sollen?“ Die deutschen Offensiven an der Westfront 1918; in: Duppler, Jörg u.a; Kriegsende 1918, Ereignis, Wirkung, Nachwirkung; München 1999;
Rommel, Erwin; Infanterie greift an; Potsdam 1938;
Uhle-Wettler, Franz; Erich Ludendorff in seiner Zeit; Berg 1996;
il vous décevra peut-être lorsque je devrai affirmer que l'histoire de la direction opérationnelle allemande pendant la Première Guerre mondiale ne pourra probablement plus élucider d'autres mystères.CG-83 a écrit : ↑dim. janv. 08, 2023 6:57 pm Bonjour et merci de vos apports. Dans ma tête il y a un puzzle dont je n'arrive pas à assembler les éléments dans une vue claire de la percée -presque- sans failles des lignes anglaises et françaises, puis l'avancée en terrain libre des forces allemandes.
Les éléments de ce puzzle que j'ai cité sont :
-Bruchmuller et le feuerwalze
-Oskar Von Hutier et "Hutier Tactics" ou "Infiltration Tactis", Riga = première expérience
- Rôle de ROHR
-Blue line, Red Line (ou Battle Zone) et Brown line percées.
- Idem chez les Français : "directive "défense en profondeur", mais perçée.
- Der Angriff im Stellungskrieg (L'attaque dans la guerre de position)
- Etc.
Néanmoins, il y aura encore assez de personnes dans certains cercles de mes compatriotes pour penser que le jugement définitif n'a pas encore été prononcé.
Les derniers vétérans de la Grande Guerre, qu'il m'était permis d'accompagner durant mon service civil d'infirmier avec un sentiment de fascination, d'émerveillement incrédule, mais parfois aussi d'horreur dans leurs dernières heures, semblaient s'être souvent débattus avec la question lancinante jusque sur leurs lits de mort, pourquoi - malgré toute leur volonté de faire des sacrifices - cette guerre a été perdue.
La réponse est simple, quoique douloureuse.
Dès le début, il n'y avait pas de stratégie claire du côté allemand. Le plan original de Schlieffen de mener deux guerres successives sur un front au lieu d'une guerre sur deux fronts ne pouvait plus être mis en œuvre de son vivant (+1913).
Les – sans doute – brillantes victoires tactiques à l'Est (Tannenberg, lacs de Mazurie) se sont finalement révélées être des défaites stratégiques, car plusieurs corps d'armée ont dû être détournés de l'aile droite, manquant finalement à la Marne.* Ils sont arrivés trop tard au Prusse orientale en tout cas.
En principe, le commandement de l'armée allemande ne s'est pas vraiment remis du choc de la bataille perdue de la Marne**. Dans les jeux de guerre de tradition frédéricienne-prussienne, seule la bataille d'encerclement était pratiquée. Les formes d'une bataille décisive n'étaient - ce qui est peu connu - qu'à l'Académie militaire bavaroise au programme.
En conséquence, une recherche désespérée a été faite pour de nouvelles solutions. Un premier
« remède miracle » censé ramener le mouvement sur les fronts gelés fut – ce qu'on oublie souvent – le gaz.
Après les premiers succès, il ne s'est cependant pas avéré décisif pour la guerre, d'autant plus que l'ennemi avait une réponse prête étonnamment rapidement.
Comme vous le dites à juste titre, les généraux allemands ont recueilli un certain nombre de nouvelles idées des soi-disant «batailles de percée» à l'Est *** (Russie; Galice; Ukraine; Roumanie) ou en Italie (batailles d'Isonzo), qui ont donné de nouvelles idées pour une guerre de mouvement probable.
L'armée allemande était donc encore capable d'étonnantes innovations.
On oublie souvent ici que les tactiques d'artillerie innovantes ont été apprises des Russes. Au lieu d'heures de tirs d'artillerie, qui ont averti l'ennemi d'une attaque imminente en temps utile, le général Brusilov - sans se concentrer au préalable - a tiré des coups d'artillerie courts surprenants et ciblés, puis s'est avancé en plusieurs vagues pour attaquer.
Cette technique d'artillerie fut finalement adoptée du côté allemand. (voir Général Hutier !!)
Bruchmüller (« Durchbruch-Müller ») a systématisé davantage l'artillerie d'assaut (rouleau de feu).
Dans le même temps, les bataillons dits d'assaut (voir Rohr) se développent de plus en plus vers des armes offensives sérieuses (pénétration dans les profondeurs ou infiltration en profondeur).
Cependant, il serait faux de supposer qu'un plan d'attaque autonome pour les grandes batailles du printemps et de l'été 1918 existait déjà. De loin, toutes les unités n'étaient pas préparées à la nouvelle méthode d'attaque. Toutes les divisions ne possédaient pas la mobilité requise pour une progression rapide.
Causes de l'échec des batailles de 1918
Erreur de Ludendorff
Déjà lors de la « Grande Bataille de France » (Michael), les états-majors des 17e et 2e armées (groupe d'armées du prince héritier Rupprecht) se sont plaints que Ludendorff avait dévié du plan initial, qui visait à vaincre l'armée anglaise au nord de la Somme , parce que la 18e armée (Hutier !!; Heeresgruppe Deutscher Kronprinz), qui n'était en fait censée simuler une attaque contre l'armée française, a avancé étonnamment vite. Ce faisant, avant que les Anglais n'aient été vaincus de manière décisive, Ludendorff a ouvert un front simultané contre les Français. La 18e armée s'est ensuite vu attribuer la plupart des réserves.
Bien que les Anglais en particulier se soient retrouvés dans de sérieuses difficultés et que les Allemands aient réussi à gagner un terrain incroyable, l'offensive allemande s'enlise finalement et doit être annulée.
En fin de compte, les troupes allemandes ont remporté des escarmouches, mais pas des batailles décisives.
Situation dans l'armée allemande
En principe, l'armée allemande manquait de mobilité depuis 1914. Les avantages et les succès des troupes de choc ne pouvaient souvent pas être utilisés car l'artillerie nécessaire ne pouvait pas être suivie à temps. En 1918, il n'y avait pas assez de chevaux disponibles. Pour l'artillerie lourde, il n'y avait généralement qu'un maximum de 4 chevaux disponibles.
L'Allemagne ne pouvait rassembler que 40 000 camions au total, tandis que les Alliés pouvaient en commander plus de 200 000.
Cependant, cela ne signifiait pas que l'idée d'attaquer par poussée profonde (infiltration profonde) était abandonnée. Ici à Dresde, l'un des chefs de troupe de choc les plus titrés de la Première Guerre mondiale, Erwin Rommel, a enseigné à l'école d'infanterie de 1929 à 1933. Plus tard, il a également enseigné à l'École de guerre de Potsdam (1935-1938).
Cependant, il serait faux de supposer qu'en 1939, il existait déjà une procédure d'attaque toute faite qui fut plus tard appelée "Blitzkrieg".
Les généraux allemands considéraient le plan de von Manstein comme irréalisable et tentèrent même de déplacer les « querelleurs » vers l'est.
Comme on le sait, il a réussi à gagner Hitler à son plan, même si Hitler n'a pas réalisé la dimension opérationnelle du plan (il n'aurait probablement pas arrêté les chars à Dunkerque autrement).
C'est ainsi que la « grande heure » de Rommel est arrivée en tant que commandant d'une "Panzer-Division". La méthode de l'escouade de choc d'infanterie a été combinée à la puissance de choc des chars. Les Stukas formaient une artillerie volante. Des « divisions d'élite » motorisées opéraient au centre de l'attaque. L'infanterie suivait. Mais faire la guerre n'est généralement pas la meilleure solution.
Cordialement
Joseph
* Ironiquement, le prince héritier Rupprecht avait offert trois corps d'armée qui n'étaient plus nécessaires en Lorraine. Ils ont été rejetés par l'OHL car « la Prusse orientale ne doit pas être libérée par les troupes bavaroises ».
** Je n'entrerai pas dans l'animosité entre les commandants des 1ère et 2ème armées (v. Kluck ; v. Bülow), qui ont certainement aussi joué leur rôle dans la défaite. Malheureusement il n'y avait pas de Joffre du côté allemand qui pût envoyer des officiers inaptes à « Limoges ».
*** Il faut noter que les troupes allemandes n'ont dû être déployées sur ce théâtre de guerre (en dehors de la Russie) que parce que l'Autriche-Hongrie y a subi de lourdes défaites.
Littérature (sélection):
Groener, Wilhelm; Lebenserinnerungen; Osnabrück 1972;
Groß, Gerhard P.; Mythos und Wirklichkeit. Geschichte des operativen Denkens im deutschen Heer von Moltke d.Ä. bis Heusinger, Paderborn u.a. 2012;
Krafft von Dellmensingen, Konrad; Der Durchbruch; Hamburg 1937;
Stachelbeck, Christian; Militärische Effektivität im Ersten Weltkrieg. Die 11. Bayerische Infanteriedivision 1915 bis 1918; Paderborn u.a. 2010;
Storz, Dieter; „Aber was hätte anders geschehen sollen?“ Die deutschen Offensiven an der Westfront 1918; in: Duppler, Jörg u.a; Kriegsende 1918, Ereignis, Wirkung, Nachwirkung; München 1999;
Rommel, Erwin; Infanterie greift an; Potsdam 1938;
Uhle-Wettler, Franz; Erich Ludendorff in seiner Zeit; Berg 1996;
.. Les officiers français étaient impuissants. Aucune persuasion n'a aidé, pas même l'avertissement de suivre l'exemple des courageuses troupes bavaroises. ..
Histoire rgtaire du RI Bavarois n°8 : Retraite de Russie (1813); p.380.
Histoire rgtaire du RI Bavarois n°8 : Retraite de Russie (1813); p.380.
Re: Repise de la guerre de mouvement
Bonjour,
Je viens juste de découvrir ce sujet et donc, pour apporter quelques éléments concret à l'emploi des chars en 1918, les cartes qui suivent, montrent bien, qu'effectivement, il y eu, beaucoup plus de combats remportés sans que les chars d'assaut ne soient employés.
Dans les rectangles bleus, les points bleus correspondent aux secteurs d'engagement des chars français en 1917 et 1918.
Le plus haut nord est celui des combats en Belgique d'Octobre et Novembre 1918
Tous le vert, c'est du terrain conquis, par les unités sans char (ou par les Britanniques et les Américains).
Dans les combats de 1918, ce n'est que la moitié des Divisions d'Infanterie engagées qui ont combattu, appuyées par du char.
Par ailleurs, quand une Division d'Infanterie disposait d'un appui char, cet appui ne concernait souvent qu'un seul des régiments voir qu'un seul bataillon, avec un nombre limité de chars et une période d'engagement souvent réduite à quelques heures d'engagement.
Je viens juste de découvrir ce sujet et donc, pour apporter quelques éléments concret à l'emploi des chars en 1918, les cartes qui suivent, montrent bien, qu'effectivement, il y eu, beaucoup plus de combats remportés sans que les chars d'assaut ne soient employés.
Dans les rectangles bleus, les points bleus correspondent aux secteurs d'engagement des chars français en 1917 et 1918.
Le plus haut nord est celui des combats en Belgique d'Octobre et Novembre 1918
Tous le vert, c'est du terrain conquis, par les unités sans char (ou par les Britanniques et les Américains).
Dans les combats de 1918, ce n'est que la moitié des Divisions d'Infanterie engagées qui ont combattu, appuyées par du char.
Par ailleurs, quand une Division d'Infanterie disposait d'un appui char, cet appui ne concernait souvent qu'un seul des régiments voir qu'un seul bataillon, avec un nombre limité de chars et une période d'engagement souvent réduite à quelques heures d'engagement.
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Re: Repise de la guerre de mouvement
Voici le secteur d'engagement du Chemin des Dames à la Marne de Juillet à Octobre 1918.
Il est intéressant de noter que si les Allemands ont mis moins de 10 jours pour descendre, il a fallu 90 jours pour les ramener sur le Chemin des Dames.
Pour chaque engagement sont notés ; la date, l'unité de chars engagée et le nombre de chars et la Division appuyée.
Il est intéressant de noter que si les Allemands ont mis moins de 10 jours pour descendre, il a fallu 90 jours pour les ramener sur le Chemin des Dames.
Pour chaque engagement sont notés ; la date, l'unité de chars engagée et le nombre de chars et la Division appuyée.
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Re: Repise de la guerre de mouvement
L'élément de carte montrant le rôle des chars dans la reconquête de la rive Sud de la Marne montre bien que plusieurs des Divisions engageant des chars ne sont appuyées que par une dizaine de chars sur un simple journée de combat.
Un point important concernant l'emploi des trois types, très différents, de chars français de la Grande Guerre (Saint Chamond, Schneider et Renault FT).
Leur mission était la même; détruire les mitrailleuses et les canons (37 mm, Minenwerfer et 77 mm), des toutes premières lignes de défense.
A titre d'exemple, dan le secteur Missy-Chaudun, la 1° DI US est engagée, du 18 au 23 Juillet 1918, avec les trois types de chars, sans que ces affectations soient liées à des spécifités particulières de chacun de ces trois types de chars.
Les notions de chars lourds, moyens ou légers avec des caractèristiques d'emplois très différenciées n'avaient alors pas cours.
Ce que l'emploi du char a apporté, de manière certaine, c'est une diminution des pertes pour les unités d'infanterie engagées avec l'appui des chars.
La lecture des JMO, mis en ligne sur le site du SHD, ne fournissent pas une image précise de cet emploi des chars, car bon nombre d'entre eux n'en font pas même la mention.
Très bonne après midi - Michel
Un point important concernant l'emploi des trois types, très différents, de chars français de la Grande Guerre (Saint Chamond, Schneider et Renault FT).
Leur mission était la même; détruire les mitrailleuses et les canons (37 mm, Minenwerfer et 77 mm), des toutes premières lignes de défense.
A titre d'exemple, dan le secteur Missy-Chaudun, la 1° DI US est engagée, du 18 au 23 Juillet 1918, avec les trois types de chars, sans que ces affectations soient liées à des spécifités particulières de chacun de ces trois types de chars.
Les notions de chars lourds, moyens ou légers avec des caractèristiques d'emplois très différenciées n'avaient alors pas cours.
Ce que l'emploi du char a apporté, de manière certaine, c'est une diminution des pertes pour les unités d'infanterie engagées avec l'appui des chars.
La lecture des JMO, mis en ligne sur le site du SHD, ne fournissent pas une image précise de cet emploi des chars, car bon nombre d'entre eux n'en font pas même la mention.
Très bonne après midi - Michel
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Re: Repise de la guerre de mouvement
Bonsoir, je vous réponds, c'est mérité, mais brièvement car manquant de temps : votre exposé est certainement très complet et donne une vue "allemande". J'avoue que ma performance est limitée sur toutes ces stratégies que vous exposez et je suis un peu dépassé. J'en reste aux tactiques, comme celle du 21 mars 1918.
Concernant stratégies et tactiques, voici ce que je lis au sujet de cette offensive (du 21 mars 18) :
"... Ludendorff entend obtenir une victoire tactique et, partant, diriger sa poussée contre un endroit faible du dispositif adverse. Le problème stratégique ne vient qu'en second lieu. La tactique doit passer avant la stratégie pure, comme il l'a écrit ultérieurement. ...".
Concernant l'offensive du Chemin des Dames du 27 mais 1918 : sa réussite s'avère stupéfiante, encore une fois, grace à l'efficacité du binome "Bruchmüller-Sturmtruppen"
- 4 des 8 divisions alliées présentes sont détruites, les autres très affaiblies, et le front crevé.
En fait le général Duchêne, commandant le secteur, désobéit à Pétain, partisan d'établir une défense en profondeur, et s'acharne à tenir sur le première ligne ""sans esprit de recul"". Il n'aménage pas de position de repli et ne fait pas miner les ponts sur l'Aisne, capturés intacts par les Allemands qui atteignent Chateau-Thierry début juin, 45 kilomètres plus au sud. Combats de rue dans la ville !
Début juin, les Français, aidés des Américains (Belleau Wood) mettent un terme à la menace. Les pertes alliées sont notables, mais sans déboucher sue une victoire stratégique.
Re: Repise de la guerre de mouvement
Bonjour, les 3 offensives majeures des Allemands en 1918 sont :
- 21 mars : Michael : objet du sujet
- 27 mai : Chemin des Dames : voir juste au dessus
- 15 juillet : 2e bataille de la marne : Friedensturm = Offensive pour la paix ! ! !
Concernant cette 2e bataille de la Marne :
- les Français prennent connaissance de l'intention d'offensive des Allemands : L'adjudant Darnand (!) avec un corps franc, fait un coup de main dans les tranchées allemandes et rapporte l'information de l'imminence de l'offensive : un bombardement terrible frappe alors les 1ères lignes allemandes bondées et prêtes à sortir pour l'assaut!
- La préparation Bruchmüller, quant à elle, tombe dans le vide, car les défenses françaises s'étagent en profondeur.
- Puis c'est une myriade de chars légers qui accompagne l'infanterie : j'en compte 221 sur la carte donné ci-dessus. Ils vont repousser les Allemands. C'est la contre-offensice du 18 juillet et le repli des Allemands ne cessera plus jusqu'au 11 novembre. Mais avant que cela n'arrive, des milliers d'hommes encore trouveront la mort !
On trouve quantité de textes et de vidéos sur cet exploit de Darnand : il suffit de taper "Darnant 1918" dans google, dont ce documentaire plaisant : https://www.dailymotion.com/video/x42jops
Mais ce faire une idée juste de ce que furent tous ces mouvements de troupes sur d'aussi vastes étendues ... c'est une autre histoire ! Pas simple ! Infanterie, chars, aviation ... heureusement qu'on trouve quantité de photos de nos jours, mais sont-elles prises sur le vif ou parfois de savantes reconstitutions ? ...
- 21 mars : Michael : objet du sujet
- 27 mai : Chemin des Dames : voir juste au dessus
- 15 juillet : 2e bataille de la marne : Friedensturm = Offensive pour la paix ! ! !
Concernant cette 2e bataille de la Marne :
- les Français prennent connaissance de l'intention d'offensive des Allemands : L'adjudant Darnand (!) avec un corps franc, fait un coup de main dans les tranchées allemandes et rapporte l'information de l'imminence de l'offensive : un bombardement terrible frappe alors les 1ères lignes allemandes bondées et prêtes à sortir pour l'assaut!
- La préparation Bruchmüller, quant à elle, tombe dans le vide, car les défenses françaises s'étagent en profondeur.
- Puis c'est une myriade de chars légers qui accompagne l'infanterie : j'en compte 221 sur la carte donné ci-dessus. Ils vont repousser les Allemands. C'est la contre-offensice du 18 juillet et le repli des Allemands ne cessera plus jusqu'au 11 novembre. Mais avant que cela n'arrive, des milliers d'hommes encore trouveront la mort !
On trouve quantité de textes et de vidéos sur cet exploit de Darnand : il suffit de taper "Darnant 1918" dans google, dont ce documentaire plaisant : https://www.dailymotion.com/video/x42jops
Mais ce faire une idée juste de ce que furent tous ces mouvements de troupes sur d'aussi vastes étendues ... c'est une autre histoire ! Pas simple ! Infanterie, chars, aviation ... heureusement qu'on trouve quantité de photos de nos jours, mais sont-elles prises sur le vif ou parfois de savantes reconstitutions ? ...