MOLIERE - Compagnie Delmas Frères

Michael Lowrey
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Re: MOLIERE - Compagnie Delmas Frères

Message par Michael Lowrey »

Bonjour à tous,

Gustav Buch was promoted to Kapitänleutnant on April 26, 1917.

My article “Reassessing the fates of UB 36 and UC 36” explains why this was originally thought not to have resulted in a sinking:
The statement also contain a remark by an intelligence officer that reveals why the action was initially classified by the Royal Navy as an “improbable” sinking of a submarine, and thus not included in wartime U-boat loss attributions. Based upon the information available as of June 9, 1917, Royal Navy thought the submarine involved to not have been seriously damaged and to have proceeded on to operate off the French west coat. In pencil, it even identifies the submarine thought to have been rammed by Molière: UC 21. UC 21 did indeed operate along the French Atlantic coast in late May 1917. UC 21’s KTB, however, makes no mention of this incident — or sinking Dana, Mientje, Tijuca and Ferdinand A.
Link: http://www.uboat.net/articles/index.html?article=68

Best wishes,
Michael
Memgam
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Re: MOLIERE - Compagnie Delmas Frères

Message par Memgam »

Bonjour,

Dans un des messages d'Olivier 12, ci-dessus, celui relatif au rapport de l'Amirauté britannique, pour l'abordage de Molière avec un sous-marin, il est intrigant de constater que l'enquête soit signalée comme ayant été faite par les Britanniques.

En effet, le navire se rendait de Port Talbot (Grande-Bretagne) à Rochefort (France), il a fait escale à Brest (France) pour réparations, en suivant les ordres des autorités maritimes françaises locales, et le capitaine a bien déposé, comme il se doit, son rapport de mer au Tribunal de commerce de Brest, dont le texte a été indiqué plus haut.

Par ailleurs, Michael Lowrey indique que l'erreur britannique est d'avoir considéré que le sous-marin en cause était l'U 21, et celui-ci ayant continuer à sévir, il n'avait donc pu être coulé par Molière.

Le peu d'importance des avaries de Molière n'est pas un élément déterminant, puisqu'il suffit qu'un élément vital du sous-marin ait été touché.

En mai 1917, les autorités maritimes savent très bien que des éléments tels qu'un choc, un bouillonnement, ne sont pas des éléments suffisants pour conclure à la perte du sous-marin. De l'huile, des épaves ne suffisent pas encore. Il faut avoir des preuves tangibles identifiables et des survivants en nombre suffisant ou des cadavres assez nombreux. Et à l'époque, le nombre de fausses victoires, même sans propagande, est très élevé, ce qui engendre le doute. Par ailleurs, l'attitude du capitaine est jaugée à l'aune de son agressivité. Dans ce cas, l'annonce de la manoeuvre d'évitement, même si elle n'a pas eu le temps d'être exécutée, est considéré comme de la pusillanimité, donc ne mérite pas de récompense. On voit bien que le Chef d'Etat-Major a été influencé par l'erreur britannique, alors que le préfet maritime de Brest, qui a du connaître le rapport de mer, s'est montré plus objectif.

On voudra bien noter que Molière versus UC36, est le seul cas connu (comme déjà signalé ci-dessus), de sous-marin allemand ayant été coulé à la suite d'un abordage avec un navire de commerce français.

Cordialement.
Memgam
olivier 12
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Re: MOLIERE - Compagnie Delmas Frères

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Naufrage du 27 Mai 1918

Notons tout d’abord que le capitaine LE GAC commandait MOLIERE depuis très longtemps, comme en témoigne cet extrait de rôle de Saint Malo enregistrant un armement en Mars 1906 et un désarmement en Mars 1907.

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Rapport du capitaine

Je soussigné LE GAC, Capitaine au Long Cours, commandant le vapeur MOLIERE de La Rochelle, déclare avoir quitté Rouen sur lest à destination de Barry Dock le 23 Mai 1918 à 16h00. Resté sur rade du Havre pour attendre le convoi et appareillé le 25 à 05h00. Contourné les baies de jour et de nuit, puisqu’il faisait clair de lune, en nous tenant le plus près possible de terre et en zigzaguant. Faible brise. Temps clair.

Le 2e capitaine MANCHON était de quart sur la passerelle et j’étais avec lui pour contrôler la route suivie. A 00h00 le 27, le maître d’équipage DORNEMIN est monté sur la passerelle prendre le quart. Tous les feux étaient masqués. Il faisait clair de lune et on distinguait très bien la terre. Les hommes de veille étaient à leur poste. A 00h20 j’ai relevé le feu de Harland au NE ½ E. Etant trop près (1 mille) pour doubler la pointe j’ai gouverné au NEqN et suis descendu de la passerelle pour consulter la carte et voir si je pouvais doubler les côtes qui débordent car c’était la basse mer.
Il y avait un vapeur norvégien à 400 m sur bâbord arrière et un petit vapeur français à 2 milles sur l’arrière tribord.
J’étais à peine descendu qu’une violente explosion s’est produite. Nous avions été torpillés à bâbord au milieu du spardeck. La mâture, la cheminée, les embarcations, tout fut enlevé. Le navire fut coupé en deux. L’arrière coula en moins d’une minute. Le spardeck sauta, entraînant chambre de veille, passerelle et cabine de TSF. Le vapeur norvégien passa sur l’arrière de l’épave du MOLIERE et se dirigea vers la terre.
Je parvins à me dégager des débris et me rendit compte que le radeau placé sur le panneau 2 était intact. C’était notre seul moyen de salut et avec les survivants j’entrepris de le débarquer. Mais il était très lourd et il y avait des blessés. Nous ne réussîmes qu’à placer un côté sur la lisse, l’autre reposant sur l’hiloire de panneau. J’ordonnai à mes hommes de monter dessus et je fis l’appel. Nous étions 17 sur 29. Personne n’avait eu le temps de revêtir son gilet de sauvetage. Nous n’avions plus qu’à attendre que le navire sombre pour que le radeau soit à flot. Je recommandai aux hommes de bien se tenir aux filières. 15 minutes après l’explosion, le navire disparut, nous entrainant dans ses remous. Nous remontâmes à la surface au milieu des épaves. Plusieurs hommes étaient contusionnés. Je refis l’appel. Il manquait le matelot GANDINO qui, sans doute assommé par une épave, avait lâché prise et disparu. Au large nous entendions des cris, mais trop loin pour pouvoir porter secours. Nous ne pouvions que demeurer sur le radeau et nous éloigner des débris qui auraient pu défoncer les flotteurs.

Les hommes étaient calmes et attendaient avec patience l’arrivée des secours. Une heure plus tard, j’ai aperçu la silhouette d’un vapeur qui avait le cap sur nous. Nous le hélâmes et sitôt près de nous il mit à l’eau une baleinière qui nous recueillit en deux fois. . Je fis d’abord embarquer les blessés et quittai le radeau le dernier.
Une fois sur le navire sauveteur, le CHANNEL TRADER, alors que j’étais sur la passerelle avec le capitaine, nous entendîmes encore des cris. On fit route dans cette direction et la baleinière recueillit le mousse, Albert MOREL, qui était à bout de force, accroché à une épave. On le remonta à bord et, à force de soins, on parvint à le ranimer. Les soins les plus empressés nous ont été prodigués sur ce navire. Le capitaine et tout l’équipage sont dignes d’éloges.
En arrivant à Swansea, les blessés ont été soignés à l’hôpital et les autres hospitalisés à la maison des marins.

Les 12 hommes manquants ont dû être tués, les uns par l’explosion, tandis que les autres, qui logeaient à l’arrière ont dû être engloutis.

Rapport de l’Officier AMBC

Il précise qu’une torpille a frappé le bâtiment et provoqué l’explosion des chaudières. Le navire a été coupé en deux et l’arrière a disparu instantanément. Logements, passerelle, poste de TSF, embarcations, mât de misaine ont été projetés à la mer. Une partie de l’équipage, projetée en l’air par l’explosion, est retombée à la mer. Une autre partie est retombée sur le pont avant. Quelques hommes ont disparu avec l’arrière.
Les survivants, sous la direction du capitaine, bien que contusionnés ou blessés, ont tenté de mettre le radeau à la mer, mais n’y sont pas parvenu.

Bonne conduite de l’équipage militaire. Aucune pièce n’a pu être utilisée, ni être rendue inutilisable vu la rapidité du sinistre.

Rapport de la commission d’enquête

Elle reprend tout le rapport du capitaine et précise :
- Le vapeur norvégien était le LILLEMODE
- Le petit vapeur était en réalité un vapeur brésilien, mais battant pavillon français.
- En une heure, les naufragés avaient dérivé de 3 milles vers le Sud.
- Le chauffeur Blanchard affirme avoir entendu, quelques secondes avant l’explosion, le ronflement d’une torpille arrivant par bâbord.
- Aucune lumière n’était visible de l’extérieur, mais les hublots et autres surfaces vitrées n’avaient pas été recouvertes de peinture noire comme le prescrit la réglementation du 16 Mars 1916. Il est regrettable qu’au départ de Rouen, les services compétents n’aient pas contrôlé l’observation de ces prescriptions.
- Veille correcte.
- Poste TSF avait été vérifié et avait donné toute satisfaction. Une antenne de secours avait été installée à Bordeaux. N’a pu être utilisé, ayant été démoli.
- Rôles d’évacuation tenus à jours.

Elle conclut :

Le capitaine de MOLIERE, dont toute action a été annihilée par la rapidité du sinistre, a fait preuve, aussi bien pendant l’évacuation critique de son bâtiment que pendant la recherche des survivants, de devoir et de dévouement. L’équipage, très bien organisé au point de vue militaire a montré dans ces circonstances une endurance une assurance et une discipline dignes d’éloges que la commission se plaît à reconnaître.
La faculté de commander est maintenue au capitaine LE GAC.

Récompenses

Témoignage Officiel de Satisfaction du Ministre

Capitaine et Equipage de MOLIERE

Pour l’esprit de discipline et le dévouement montré par tous au cours de l’évacuation difficile du bâtiment coulé par l’ennemi.

Le sous-marin attaquant

C’était donc l’U 101du Kptlt Carl-Siegfried RITTER von GEORG.
Voici sa photo, après sa reddition, à Falmouth.

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Le navire sauveteur

Le CHANNEL TRADER était un petit cargo de 684 t construit en 1912 et appartenant à la London Welsh SS Co Ltd de West Hartlepool. Il fera naufrage le 13 Septembre 1932 sous le nom de GLAMORGAN COAST, au cap Cornwall.
Voici sa photo

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Complément d’information

Il faut noter que la Société Générales des Houilles et Agglomérés, qui fut propriétaire de ce MOLIERE entre 1906 et 1913 avant de le vendre à Delmas, avait aussi possédé entre 1900 et 1902 un autre MOLIERE, 1er du nom, qu’il ne faut pas confondre avec celui dont il est question dans ce sujet. Il était un peu plus petit, 1459 t au lieu de 1586 t pour le 2e. Il avait été construit en 1883. Il fut plus tard rebaptisé VULCANUS et appartint à la Cie Schiaffino. Il fut coulé le 3 Juin 1917 au large du cap Spartivento par l’U 47 du Kptlt Heinrich METZGER. (Voir ce lien : pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas )

Voici ce qui pourrait être une photo de ce MOLIERE n° 1, futur VULCANUS.

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J'ai toutefois un doute sur les deux photos existantes des "MOLIERE". Celle du VULCANUS (MOLIERE 1er du nom) figurant sur le site d'Yves http://www.histomar.net/GSM/htm/vulcan.htm ressemble plus à la photo du Service Historique de la Défense mise sur cette fiche (MOLIERE 2e du nom) en Juin 2015 par Memgam.

Cdlt
olivier
capu rossu
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Re: MOLIERE - Compagnie Delmas Frères

Message par capu rossu »

Bonsoir,

La photo mise en ligne par Mengam en juin 2015 est celle que Charles Limonier a inséré dans son livre sur 1es 125 ans de la Delmas Vieljeux. Il y une quasi certitude qu'elle représente bien le Molière de la Société des Houilles et Agglomérés car elle est issue de la collection de l'amiral Adam et celui-ci était réputé pour le sérieux de ses identifications. De plus ayant bien connu Charles, je peux assurer qu'il était très pointilleux lui aussi pour les identifications des photos en sa possession.
Pour le Vulcanus ex Molière, la photo mise en ligne par Olivier avant hier, ce navire me smble un peu trop gros pour une jauge de seulement 1700 tx. A noter que le site wrecksite (http://www.wrecksite.eu/Wrecksite.aspx) publie une autre photo :

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Bonne navire ou non, what is the question !

@+
Alain
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