Bonsoir François,
Bonsoir à toutes et à tous,
Rien sur le 18ème RI de Pau?... étonnant !
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Liste de fusillés par régiments
- Jean RIOTTE
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- Inscription : sam. nov. 05, 2005 1:00 am
Re: Liste de fusillés par régiments
Bonjour à tous,
>Rien sur le 18ème RI de Pau?... étonnant !
J'ai retranscrit tout les cas du livre. C'est vrai qu'il en manque beaucoup, mais ce livre n'a pas vocation à être exhaustif.
Il manque aussi les quatre fusillés du 129e.
Cordialement.
François
>Rien sur le 18ème RI de Pau?... étonnant !
J'ai retranscrit tout les cas du livre. C'est vrai qu'il en manque beaucoup, mais ce livre n'a pas vocation à être exhaustif.
Il manque aussi les quatre fusillés du 129e.
Cordialement.
François
"le passé est la mémoire du futur" P.Valéry
- Jean RIOTTE
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- Inscription : sam. nov. 05, 2005 1:00 am
Re: Liste de fusillés par régiments
Bonjour François,
Bonjour à toutes et à tous,
Merci François de cette retranscription. En fait mon étonnement vient du fait que ce qui s'est passé au 18 a été tellement médiatisé (entre autres, l'évasion de Moulian) que je me demandais ce que ce document, que je ne connaissais pas, pourrait apporter de neuf par rapport aux travaux de Pédroncini ou plus récemment de Denis Rolland.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Bonjour à toutes et à tous,
Merci François de cette retranscription. En fait mon étonnement vient du fait que ce qui s'est passé au 18 a été tellement médiatisé (entre autres, l'évasion de Moulian) que je me demandais ce que ce document, que je ne connaissais pas, pourrait apporter de neuf par rapport aux travaux de Pédroncini ou plus récemment de Denis Rolland.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
- garnier jean pierre
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Re: Liste de fusillés par régiments
Bonjour
Je me faufile dans ce fil , savez vous s'il existe des ouvrages traitants des fusillés de 1914 ?
Cordialement
JP
Je me faufile dans ce fil , savez vous s'il existe des ouvrages traitants des fusillés de 1914 ?
Cordialement
JP
D'ousqu'on vient, on salue que les morts!
La peur. (G chevallier)
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Chemin des dames.
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- Stephan @gosto
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Re: Liste de fusillés par régiments
Bonjour,
Je pense que l'excellent livre du général Bach, "Fusillés pour l'Exemple. 1914-1915", correspond à ce que vous recherchez.
Amicalement,
Stéphan
Je pense que l'excellent livre du général Bach, "Fusillés pour l'Exemple. 1914-1915", correspond à ce que vous recherchez.
Amicalement,
Stéphan
- garnier jean pierre
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Re: Liste de fusillés par régiments
Bonjour
Je vous remercie
Cordialement
JP
Je vous remercie
Cordialement
JP
D'ousqu'on vient, on salue que les morts!
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- philippe crozet
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Re: Liste de fusillés par régiments
Bonjour à tous
14 juin 1915 : Joseph GABRIELLI
Un simple d’esprit condamné à mort
Gabrielli, berger de son état, n’avait jamais quitté la Corse, ni même son village natal près de Corte, quand il fut mobilisé au 140e régiment d’infanterie alpine.
Bien qu’il soit illettré et arriéré mental, on l’affecte à la 6e compagnie où on a plus besoin de son corps que de son esprit. Le 8 juin 1915, au cours d’une attaque, il est légèrement blessé. Son chef l’envoie se faire penser au poste de secours.
En revenant, il s’égare et ne retrouve plus sa compagnie.
On le retrouve cinq jours plus tard, terré au fond d’une cave à Colincamps (Pas de Calais).
Interrogé il déclare (avec peine, car il parle très mal le français) aux gendarmes.
Mon régiment est rentré dans la tranchée la nuit du 6 au 7. J’ai pris part à plusieurs combats. Dans la nuit du 12, ma compagnie est partie à l’attaque, j’ai suivi mes camarades, mais à la fin des combats, je ne les ai pas retrouvés. Je suis revenu à la tranchée, mais, comme il n’y avait plus personne de mon régiment, je suis parti sans savoir où j’allais. Je suis arrivé à Colincamps vers quinze heures, j’ai cherché ma compagnie sans la retrouver, c’est alors, que j’ai eu l’idée de descendre dans la cave d’une maison abandonnée où je suis resté pendant deux jours. J’ai perdu mon fusil et mon sac dans la tranchée. »
Le rapport rédigé par le commandant de la prévôté donne une autre version des faits :
« Le soldat GABRIELLI a disparu de sa compagnie le 8 juin au matin et a été signalé par son caporal d’escouade comme manquant à l’appel. Dans la même journée, des soldats de la compagnie faisant le service de ravitaillement ont attesté avoir vu GABRIELLI au poste de secoure du bataillon. »
D’après l’enquête faite auprès de ses chefs, et de ses camarades, il ressort que GABRIELLI est considéré comme un débile profond, élevé à l’état sauvage et surtout employé à creuser des latrines ou des tranchées.
Il est néanmoins traduit devant le conseil de guerre spécial du 140e R.I.A.
Voici la transcription d’une partie de l’interrogatoire de l’accusé faite par le commissaire du gouvernement.
Question_Quand avez-vous quitté votre compagnie et à quelle heure ?
Réponse_Je ne m’en souviens pas…
Q_ Pourquoi l’avez-vous quittée ?
R_ J’ai reçu un obus près de moi et je ne me rappelle plus rien…
Q_Combien de jours êtes vous resté absent de votre compagnie ?
R_ Trois jours.
Q_ Pourquoi n’avez-vous pas cherché à regagner votre compagnie le plus tôt possible ?
R_J’ai cherché partout et je n’ai pas trouvé.
Q_ Où avez-vous été trouvé ?
R_ Dans une cave.
Q_ Est-ce dans une cave que vous cherchiez votre compagnie ?
R_ Je n’y ai couché qu’une nuit.
Q_ Pourquoi avez-vous dit aux gendarmes avoir quitté votre poste le 12 courant alors qu’en réalité vous êtes porté absent depuis le 8 juin ?
R_ Les gendarmes n’ont rien compris…
Q_ Pourquoi avoir dit que vous étiez resté absent trois jours, alors que vous êtes porté manquant de puis le 8 au matin et que vous n’avez été retrouvé que le 13 juin à 18 heures, c'est-à-dire six jours après ?
R_Je ne peux pas m’expliquer.
Q_Avez vous quelque chose à rajouter pour votre défense ?
R_ Je suis ici pour défendre la France !
C’est un interprète corse qui traduisait au fur et à mesure les questions et les réponses.
Malgré les témoignages des soldats et de son commandant de compagnie confirmant l’irresponsabilité de l’accusé, le conseil de guerre le reconnait coupable d’abandon de poste devant l’ennemi et le condamne à mort.
La sentence est lue à 20 heures et GABRIELLI est fusillé une heure plus tars. Dix ans après, un témoin, M DUPOMMIER, qui avait assuré la défense de l’accusé, raconte l’exécution.
« Au cours de ces quatre années de guerre, j’ai vu de terribles choses. Je ne crois pas avoir assisté à un plus triste spectacle que cette exécution. GABRIELLI, affolé, courrait devant les fusils en criant : » Maman, maman, je ne veux pas mourir… » Il se cramponnait convulsivement, tantôt à l’aumônier, tantôt à moi ; il a fallut planter un poteau sur la tranchée de deuxième ligne pour l’y ligoter. Cela a duré une demi-heure. Les hommes du peloton d’exécution étaient terriblement émus. Un seul être demeurait impassible : c’était le commandant POUSSEL (tué quelques mois plus tard en Champagne). Après le coup de grâce, cet officier m’a dit « Voila une mort qui épargnera bien des vies humaines » J’ai répondu « Vous avez mon commandant, une étrange conception de la justice et vous venez d’assumer une bien effroyable responsabilité devant DIEU(1) »
Le 4 novembre 1933, la cour spéciale militaire annule le jugement du conseil de guerre et réhabilite GABRIELLI.
(1) Lettre de Louis DUPOMMIER avocat au barreau d’Annecy et président d’honneur des anciens combattants de Thônes à M BERHON, avocat de la famille GABRIELLI, le 31 octobre 1925.
14 juin 1915 : Joseph GABRIELLI
Un simple d’esprit condamné à mort
Gabrielli, berger de son état, n’avait jamais quitté la Corse, ni même son village natal près de Corte, quand il fut mobilisé au 140e régiment d’infanterie alpine.
Bien qu’il soit illettré et arriéré mental, on l’affecte à la 6e compagnie où on a plus besoin de son corps que de son esprit. Le 8 juin 1915, au cours d’une attaque, il est légèrement blessé. Son chef l’envoie se faire penser au poste de secours.
En revenant, il s’égare et ne retrouve plus sa compagnie.
On le retrouve cinq jours plus tard, terré au fond d’une cave à Colincamps (Pas de Calais).
Interrogé il déclare (avec peine, car il parle très mal le français) aux gendarmes.
Mon régiment est rentré dans la tranchée la nuit du 6 au 7. J’ai pris part à plusieurs combats. Dans la nuit du 12, ma compagnie est partie à l’attaque, j’ai suivi mes camarades, mais à la fin des combats, je ne les ai pas retrouvés. Je suis revenu à la tranchée, mais, comme il n’y avait plus personne de mon régiment, je suis parti sans savoir où j’allais. Je suis arrivé à Colincamps vers quinze heures, j’ai cherché ma compagnie sans la retrouver, c’est alors, que j’ai eu l’idée de descendre dans la cave d’une maison abandonnée où je suis resté pendant deux jours. J’ai perdu mon fusil et mon sac dans la tranchée. »
Le rapport rédigé par le commandant de la prévôté donne une autre version des faits :
« Le soldat GABRIELLI a disparu de sa compagnie le 8 juin au matin et a été signalé par son caporal d’escouade comme manquant à l’appel. Dans la même journée, des soldats de la compagnie faisant le service de ravitaillement ont attesté avoir vu GABRIELLI au poste de secoure du bataillon. »
D’après l’enquête faite auprès de ses chefs, et de ses camarades, il ressort que GABRIELLI est considéré comme un débile profond, élevé à l’état sauvage et surtout employé à creuser des latrines ou des tranchées.
Il est néanmoins traduit devant le conseil de guerre spécial du 140e R.I.A.
Voici la transcription d’une partie de l’interrogatoire de l’accusé faite par le commissaire du gouvernement.
Question_Quand avez-vous quitté votre compagnie et à quelle heure ?
Réponse_Je ne m’en souviens pas…
Q_ Pourquoi l’avez-vous quittée ?
R_ J’ai reçu un obus près de moi et je ne me rappelle plus rien…
Q_Combien de jours êtes vous resté absent de votre compagnie ?
R_ Trois jours.
Q_ Pourquoi n’avez-vous pas cherché à regagner votre compagnie le plus tôt possible ?
R_J’ai cherché partout et je n’ai pas trouvé.
Q_ Où avez-vous été trouvé ?
R_ Dans une cave.
Q_ Est-ce dans une cave que vous cherchiez votre compagnie ?
R_ Je n’y ai couché qu’une nuit.
Q_ Pourquoi avez-vous dit aux gendarmes avoir quitté votre poste le 12 courant alors qu’en réalité vous êtes porté absent depuis le 8 juin ?
R_ Les gendarmes n’ont rien compris…
Q_ Pourquoi avoir dit que vous étiez resté absent trois jours, alors que vous êtes porté manquant de puis le 8 au matin et que vous n’avez été retrouvé que le 13 juin à 18 heures, c'est-à-dire six jours après ?
R_Je ne peux pas m’expliquer.
Q_Avez vous quelque chose à rajouter pour votre défense ?
R_ Je suis ici pour défendre la France !
C’est un interprète corse qui traduisait au fur et à mesure les questions et les réponses.
Malgré les témoignages des soldats et de son commandant de compagnie confirmant l’irresponsabilité de l’accusé, le conseil de guerre le reconnait coupable d’abandon de poste devant l’ennemi et le condamne à mort.
La sentence est lue à 20 heures et GABRIELLI est fusillé une heure plus tars. Dix ans après, un témoin, M DUPOMMIER, qui avait assuré la défense de l’accusé, raconte l’exécution.
« Au cours de ces quatre années de guerre, j’ai vu de terribles choses. Je ne crois pas avoir assisté à un plus triste spectacle que cette exécution. GABRIELLI, affolé, courrait devant les fusils en criant : » Maman, maman, je ne veux pas mourir… » Il se cramponnait convulsivement, tantôt à l’aumônier, tantôt à moi ; il a fallut planter un poteau sur la tranchée de deuxième ligne pour l’y ligoter. Cela a duré une demi-heure. Les hommes du peloton d’exécution étaient terriblement émus. Un seul être demeurait impassible : c’était le commandant POUSSEL (tué quelques mois plus tard en Champagne). Après le coup de grâce, cet officier m’a dit « Voila une mort qui épargnera bien des vies humaines » J’ai répondu « Vous avez mon commandant, une étrange conception de la justice et vous venez d’assumer une bien effroyable responsabilité devant DIEU(1) »
Le 4 novembre 1933, la cour spéciale militaire annule le jugement du conseil de guerre et réhabilite GABRIELLI.
(1) Lettre de Louis DUPOMMIER avocat au barreau d’Annecy et président d’honneur des anciens combattants de Thônes à M BERHON, avocat de la famille GABRIELLI, le 31 octobre 1925.
Amicalement
Philippe
Philippe
- Charraud Jerome
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Re: Liste de fusillés par régiments
Bonjour
Même si mes recherches ne m'ont jamais fait croiser le chemin d'un fusillé au sein de la 17e DI, voici un cas qui me reste en travers de la gorge et que nous avions abordé il y a quelques temps déjà:
pages1418/forum-pages-histoire/vous-mor ... 4693_1.htm
Cordialement
Jérôme Charraud
Même si mes recherches ne m'ont jamais fait croiser le chemin d'un fusillé au sein de la 17e DI, voici un cas qui me reste en travers de la gorge et que nous avions abordé il y a quelques temps déjà:
pages1418/forum-pages-histoire/vous-mor ... 4693_1.htm
Cordialement
Jérôme Charraud
Les 68, 90, 268 et 290e RI dans la GG
Les soldats de l'Indre tombés pendant la GG
"" Avançons, gais lurons, garnements, de notre vieux régiment."

Les soldats de l'Indre tombés pendant la GG
"" Avançons, gais lurons, garnements, de notre vieux régiment."

Re: Liste de fusillés par régiments
Bonsoir ,
Ce récit ( soldat Gabriellli ) me trouble profondément et la disproportion affolante entre les faits , le sujet en cause ( simple d'esprit ) et la sanction m'interroge très sérieusement . Les récits officiels , notamment les historiques de Régiment ne mentionnent que succession d'actes de bravoure , de patriotisme récurrent . Ceci peut sembler pertinent , cohérent cependant dans la réalité l'acceptation de la mort probable ,qui est le quotidien du soldat , des sous-officiers , des officiers subalternes ou supérieurs ( certes moins exposés ) est sûrement beaucoup plus atténuée . J'en veux pour preuve notamment dans les années 1914 -1915 les récits d'exécutions sommaires dans un cadre juridique absent ou mal défini ; on connaît mal l'ampleur des requêtes d'exemption médicale pour éviter le front et les tranchées . on parle de mutilations volontaires ( coups de feu , injection de pétrole , usage de produits irritants ) qui sont la partie amont de la peur de mourir dans des conditions souvent sordides . Vous me passerez l'étalage de considération familiale mais un de mes grands oncles ( qui est à l'origine depuis 20 ans de recherches ) est un de ces exemples de tentative de fuite de la mort probable . Incorporé à 20 ans , caporal deux mois plus tard , cassé de son grade deux mois après pour s'être fait porter malade quand la compagnie allait aux tranchéées , n'avoir pas été reconnu par le médecin major de 1 ° classe , tué deux mois aprés . Comment quantifier cette partie non visible de l'iceberg . Mon grand oncle n'est pas un cas isolé , c'est impossible .
Ce récit ( soldat Gabriellli ) me trouble profondément et la disproportion affolante entre les faits , le sujet en cause ( simple d'esprit ) et la sanction m'interroge très sérieusement . Les récits officiels , notamment les historiques de Régiment ne mentionnent que succession d'actes de bravoure , de patriotisme récurrent . Ceci peut sembler pertinent , cohérent cependant dans la réalité l'acceptation de la mort probable ,qui est le quotidien du soldat , des sous-officiers , des officiers subalternes ou supérieurs ( certes moins exposés ) est sûrement beaucoup plus atténuée . J'en veux pour preuve notamment dans les années 1914 -1915 les récits d'exécutions sommaires dans un cadre juridique absent ou mal défini ; on connaît mal l'ampleur des requêtes d'exemption médicale pour éviter le front et les tranchées . on parle de mutilations volontaires ( coups de feu , injection de pétrole , usage de produits irritants ) qui sont la partie amont de la peur de mourir dans des conditions souvent sordides . Vous me passerez l'étalage de considération familiale mais un de mes grands oncles ( qui est à l'origine depuis 20 ans de recherches ) est un de ces exemples de tentative de fuite de la mort probable . Incorporé à 20 ans , caporal deux mois plus tard , cassé de son grade deux mois après pour s'être fait porter malade quand la compagnie allait aux tranchéées , n'avoir pas été reconnu par le médecin major de 1 ° classe , tué deux mois aprés . Comment quantifier cette partie non visible de l'iceberg . Mon grand oncle n'est pas un cas isolé , c'est impossible .
- philippe crozet
- Messages : 810
- Inscription : mer. mars 15, 2006 1:00 am
Re: Liste de fusillés par régiments
Bonsoir à tous
5 août 1915 : les gardes sacs CHEMIN et PILLET
A la 20e compagnie du 37e régiment d’infanterie coloniale, on s’était aperçu que les sacs laissés dans la tranchée pendant les attaques étaient régulièrement pillés, c’est pourquoi le commandant de compagnie avait décidé de nommer deux hommes dont la mission consistait à garder les sacs des soldats qui partaient à l’assaut. Comme c’était une « plaque », on avait choisi des hommes ayant charge de famille, c’est ainsi que CHEMIN et PILLET avaient été désignés.
Dans la nuit du 22 au 23 juin 1915, alors que leurs camarades montent à l’attaque dans la région du Ban de Sapt, CHEMIN et PILLET prennent leur faction auprès des sacs.
La consigne est formelle, quels que fussent les bombardements, en aucun cas ils ne devaient s’éloigner des sacs.
Or ce jour là, la 20e compagnie venait de « toucher » un nouveau commandant, lequel ignorait complètement la consigne donnée par son prédécesseur aux gardes sacs.
Le lendemain de l’attaque, on procède à l’appel afin d’établir l’état des pertes. Evidement CHEMIN et PILLET ne peuvent répondrent à l’appel de leur nom puis qu’ils sont restés à l’arrière.
Comme ils ne figurent ni parmi les morts ni parmi les blessés, ils sont portés « disparus au combat ».
Trois heures plus tard, le capitaine apprend que les deux « disparus » ont été retrouvés prés des sacs. Il les convoque, les engueule, écoute leurs explications, ne leur met aucune punition, mais il fait un rapport expliquant à ses supérieurs comment il a retrouvé les deux soldats portés manquant.
Ce n’est qu’un mois plus tard, alors qu’ils remontent au front, que les deux soldats apprennent qu’une information a été ouverte contre eux à la suite d’une plainte déposée par le colonel du régiment.
Le 4 août 1915, après une instruction rapide, ils sont présentés au conseil de guerre et inculpés d’abandon de poste devant l’ennemi. Au cours de la séance, l’accusation fait état de prétendus aveux verbaux et écrits des condamnés dans lesquels ils reconnaissent s’être enfuis et réfugiés à l’endroit où se trouvaient les sacs. Or les deux hommes étaient totalement illettrés…
« Comment auraient ils pu rédiger leurs déclarations sans faire de fautes d’orthographe ? » demande leur défenseur aux juges.
Pour le conseil, cela n’a aucune importance : les juges ne retiennent que les témoignages obtenus par la persuasion, auprès de soldats n’osant pas contredire leurs supérieurs. Par contre, on ne tient aucun compte des témoins qui veulent déposer pour affirmer que CHEMIN et PILLET avaient bien été désignés pour garder les sacs et qu’ils n’avaient fait qu’obéir à la consigne.
Le 4 août 1915, à 19 heures, les deux hommes sont condamnés à mort par la cour martiale.
G. REAU a recueilli le témoignage de l’abbé LEJOSNE, aumônier qui a accompagné les deux gardes sacs jusqu’au poteau d’exécution.
« C’est moi, dit il, qui fus chargé d’apprendre à CEMIN et PILLET la sentence prononcée par le conseil de guerre. L’exécution devait avoir lieu à 10h 30 du matin. Les deus soldats ne s’étaient pas rendu compte de la gravité des faits qui leur étaient reprochés. Ils ne voulurent pas croire qu’ils allaient être passés par les armes. Quand ils comprirent qu’ils devaient abandonner toute espérance, ils entrèrent dans une crise d’angoisse. CHEMIN, qui était originaire de Tullier (Charente Inférieure), montrait la photographie de ses cinq enfants. Il embrassait leur image en disant : »Est-ce possible ? Dire que je ne les reverrai plus ! Et pourtant je n’avais pas voulu fuir…On ne sait donc pas ce que c’est que d’être couver de terre par un obus ? »
« L’autre condamné, le soldat PILLET, qui était célibataire, me demanda de faire parvenir quelques souvenirs à sa vieille mère ».
« Devant le poteau d’exécution, CHEMIN, s’adressa aux douze hommes du peloton et leur cria »Mes amis, je suis père de familles, vous n’allez pas me tuer ! » Attaché au poteau, CHEMIN hurlait « Grâce mon colonel, grâce pour mes enfants ! »La sentence ne put être lu complètement, car la révolte grondait dans les rangs des soldats. Craignant une mutinerie, le colonel donna l’ordre à l’adjudant qui commandait le peloton d’ouvrir le feu. »
Le 5 août 1915 PILLET et CHEMIN tombaient sous la salve à 10h40. On avait mis plus d’un mois pour les inculper et moins d’un jour pour les juger et les tuer.
Ils ont été réhabilités le 17 février 1934.
5 août 1915 : les gardes sacs CHEMIN et PILLET
A la 20e compagnie du 37e régiment d’infanterie coloniale, on s’était aperçu que les sacs laissés dans la tranchée pendant les attaques étaient régulièrement pillés, c’est pourquoi le commandant de compagnie avait décidé de nommer deux hommes dont la mission consistait à garder les sacs des soldats qui partaient à l’assaut. Comme c’était une « plaque », on avait choisi des hommes ayant charge de famille, c’est ainsi que CHEMIN et PILLET avaient été désignés.
Dans la nuit du 22 au 23 juin 1915, alors que leurs camarades montent à l’attaque dans la région du Ban de Sapt, CHEMIN et PILLET prennent leur faction auprès des sacs.
La consigne est formelle, quels que fussent les bombardements, en aucun cas ils ne devaient s’éloigner des sacs.
Or ce jour là, la 20e compagnie venait de « toucher » un nouveau commandant, lequel ignorait complètement la consigne donnée par son prédécesseur aux gardes sacs.
Le lendemain de l’attaque, on procède à l’appel afin d’établir l’état des pertes. Evidement CHEMIN et PILLET ne peuvent répondrent à l’appel de leur nom puis qu’ils sont restés à l’arrière.
Comme ils ne figurent ni parmi les morts ni parmi les blessés, ils sont portés « disparus au combat ».
Trois heures plus tard, le capitaine apprend que les deux « disparus » ont été retrouvés prés des sacs. Il les convoque, les engueule, écoute leurs explications, ne leur met aucune punition, mais il fait un rapport expliquant à ses supérieurs comment il a retrouvé les deux soldats portés manquant.
Ce n’est qu’un mois plus tard, alors qu’ils remontent au front, que les deux soldats apprennent qu’une information a été ouverte contre eux à la suite d’une plainte déposée par le colonel du régiment.
Le 4 août 1915, après une instruction rapide, ils sont présentés au conseil de guerre et inculpés d’abandon de poste devant l’ennemi. Au cours de la séance, l’accusation fait état de prétendus aveux verbaux et écrits des condamnés dans lesquels ils reconnaissent s’être enfuis et réfugiés à l’endroit où se trouvaient les sacs. Or les deux hommes étaient totalement illettrés…
« Comment auraient ils pu rédiger leurs déclarations sans faire de fautes d’orthographe ? » demande leur défenseur aux juges.
Pour le conseil, cela n’a aucune importance : les juges ne retiennent que les témoignages obtenus par la persuasion, auprès de soldats n’osant pas contredire leurs supérieurs. Par contre, on ne tient aucun compte des témoins qui veulent déposer pour affirmer que CHEMIN et PILLET avaient bien été désignés pour garder les sacs et qu’ils n’avaient fait qu’obéir à la consigne.
Le 4 août 1915, à 19 heures, les deux hommes sont condamnés à mort par la cour martiale.
G. REAU a recueilli le témoignage de l’abbé LEJOSNE, aumônier qui a accompagné les deux gardes sacs jusqu’au poteau d’exécution.
« C’est moi, dit il, qui fus chargé d’apprendre à CEMIN et PILLET la sentence prononcée par le conseil de guerre. L’exécution devait avoir lieu à 10h 30 du matin. Les deus soldats ne s’étaient pas rendu compte de la gravité des faits qui leur étaient reprochés. Ils ne voulurent pas croire qu’ils allaient être passés par les armes. Quand ils comprirent qu’ils devaient abandonner toute espérance, ils entrèrent dans une crise d’angoisse. CHEMIN, qui était originaire de Tullier (Charente Inférieure), montrait la photographie de ses cinq enfants. Il embrassait leur image en disant : »Est-ce possible ? Dire que je ne les reverrai plus ! Et pourtant je n’avais pas voulu fuir…On ne sait donc pas ce que c’est que d’être couver de terre par un obus ? »
« L’autre condamné, le soldat PILLET, qui était célibataire, me demanda de faire parvenir quelques souvenirs à sa vieille mère ».
« Devant le poteau d’exécution, CHEMIN, s’adressa aux douze hommes du peloton et leur cria »Mes amis, je suis père de familles, vous n’allez pas me tuer ! » Attaché au poteau, CHEMIN hurlait « Grâce mon colonel, grâce pour mes enfants ! »La sentence ne put être lu complètement, car la révolte grondait dans les rangs des soldats. Craignant une mutinerie, le colonel donna l’ordre à l’adjudant qui commandait le peloton d’ouvrir le feu. »
Le 5 août 1915 PILLET et CHEMIN tombaient sous la salve à 10h40. On avait mis plus d’un mois pour les inculper et moins d’un jour pour les juger et les tuer.
Ils ont été réhabilités le 17 février 1934.
Amicalement
Philippe
Philippe