Bonsoir ou bonjour à tous,
Alain: Si vite ? C'est tant mieux mais surprenant !
12 - Armistice signé, quitté le kommando de la mine de Oberhausen et dirigé sur le camp de Friedrichsfeld où nous sommes restés jusqu’au 29 novembre.
"Surprenant" pas tant que ça je pense. Souvenir d'enfance: "Le 11 novembre les allemands (des mineurs aussi) nous ont dit de ne pas descendre, que la guerre était finie. Des soldats sont arrivés, poussés baïonnette au canon on est descendu. Arrivés en bas les allemands (mineurs) nous on dit de ne pas travailler, que c'était fini."
Je n'ai pas grand-chose comme sources et souvenirs de mon GP paternel mais c'est du sûr.
Cordialement,
Bernard
Le Retour des Prisonniers
- LABARBE Bernard
- Messages : 3836
- Inscription : mar. juil. 12, 2005 2:00 am
- Localisation : Aix-en-Provence
Re: Le Retour des Prisonniers
Bonjour Damienbonjour à tous
et un grand merci pour tous ces renseignements
jute une petite question.
Les fiches matricules de ces prisonniers de guerre portent-elles des renseigenments sur leur détention ,leur raptriement etc...
merci pour vos réponses
cordialement
Damien
Je suppose que toutes les fiches matricules portent les infos car celle de mon grand père porte le n° de l'avis de captivité (fait prisonnier à CERNY le 31/7/1917 ) Interné au camp de DULMEN et rapatrié sur BREST le 25/1/1919
Cordialement
Ginette
Re: Le Retour des Prisonniers
Bonjour Ginette,
Eh bien non... car il faut le savoir les PG de 14-18 ont connu de 3 à 5 camps différents et je ne parle pas des Kommandos et autres camps de représailles...
De plus les services officiels allemands ne donnaient que peu de renseignements... il faut voir les avis de recherche émis par le CICR...
En fait les états de service ne délivrent, quand ils le font, que le 1er camp qui souvent était un camp de passage (ou de transit ou de répartition).
A votre disposition.
J.Claude
Eh bien non... car il faut le savoir les PG de 14-18 ont connu de 3 à 5 camps différents et je ne parle pas des Kommandos et autres camps de représailles...
De plus les services officiels allemands ne donnaient que peu de renseignements... il faut voir les avis de recherche émis par le CICR...
En fait les états de service ne délivrent, quand ils le font, que le 1er camp qui souvent était un camp de passage (ou de transit ou de répartition).
A votre disposition.
J.Claude
la vérité appartient à ceux qui la recherchent et non à ceux qui croient la détenir.
- patrick mestdag
- Messages : 619
- Inscription : dim. oct. 17, 2004 2:00 am
Re: Le Retour des Prisonniers
Bonjour,
Voici un OCR des 4 dernières pages du livre ,
Mémoires d’un poilu breton
D’Ambroise Harel .
Excellent livre .
3 janvier 1919
Je rentrai au camp attendre mon tour pour rentrer en
France. Un convoi était parti la veille, et le 3 janvier 1919,
après avoir assisté a quelques brillants concerts patriotiques
dans nos baraques, je quittai le camp avec un deuxième
convoi aiguillé sur la Hollande.
En quittant le camp, nos derniers regards furent pour les
infortunés camarades qui étaient morts en captivité. Sept
mille, sans compter ceux qui sont enterrés dans les Kommandos,
dorment leur dernier sommeil dans le cimetière du camp,
autour d'un monument dédié a leur nom.
En face de ce monument s'élève une grande colonne sur-
montée d'un aigle éployé et qui commémore les soldats alle-
mands tombés dans les guerres d'autrefois.
Avant mon départ, je fus employé a l'évacuation des mala-
des et des blesses au lazaret. Sur les 16 blesses dans la
fusillade criminelle du camp, 2 survivaient seulement.
On ne saura jamais le poids de douleurs morales et phy-
siques que durent endurer ces infortunés! Beaucoup furent
victimes du typhus, de la grippe et autres contagions que
L’insalubrité de la nourriture et du camp aidait tant a se pro-
pager. Tous les soins étaient donnés par des élèves en méde-
cine, et les prisonniers servaient plutôt de sujets d'expérience!
Aux morts de maladies s'ajoutaient les victimes des mauvais
traitements; les fusillés, les morts a la suite de coups ou
d'accidents.
Nous passâmes a Cassel ou le train s'immobilisa toute la
nuit; nous étions dans des wagons de voyageurs; le lende-
main, ii reprit sa route par Essen, et remontant toujours vers
le Nord, nous arrivâmes au camp de Frederickfeld, dans la
zone occupée par nos allies belges.
Là, les derniers soldats boches qui avaient accompagné le
convoi firent demi-tour en baissant la tête sous nos injures.
Nous descendîmes du train et, conduits dans le camp voisin,
beaucoup mieux aménagé que celui de Langensalza, nous
fumes bien restaurés ; nous eûmes, et c'est quelque chose, sur-
tout pour les anciens captifs, du pain blanc! Nous passâmes
la nuit dans cc camp et le matin, au petit jour, nous fumes a
pied a Weisel en traversant le pont imposant de Ia Lippe.
Il fit très froid, mais en transportant ma caisse qui ne contenait pas
moins d'une centaine de biscuits, j'eus chaud! Je m'étais lar-
gement assure contre la famine, je mangeais d'ailleurs peu,
vivant du seul espoir de revoir bientôt la France!
Beaucoup, surtout parmi les anciens prisonniers, étaient
émus jusqu'aux larmes, principalement les pères de famille
qui pendant plus de quatre ans avaient supporté la captivité!
A Weisel, nous devions prendre le paquebot caboteur des
grands fleuves, et sur la rive du Rhin, nous attendîmes pen-
dant plusieurs heures l'embarquement. Des femmes venaient
nous vendre du café. De temps en temps, passaient de jolis
paquebots transportant des prisonniers, nous nous saluions
par les cris de ~ Vive la France!
Nous embarquâmes finalement dans de sombres péniches,
aménagées de matelas et de réfectoires. Nous passâmes sous
les arches du grand pont de Weisel, du haut desquelles les
soldats belges nous saluèrent. Nous étions très bien nourris
et avions dans les péniches un service de table complet. Des
garcons payés a 7 francs par jour, et recrutés parmi les pri-
sonniers, assuraient le bien-être.
Nous passâmes bientôt en territoire hollandais ; tous les pri-
sonniers étaient sur le pont, toutes les poitrines, dans une
même envolée, envoyaient loin des rives du Rhin nos chants
patriotiques ! Notre drapeau flottait sur tous nos mats, d'autres
paquebots pleins de camarades nous dépassèrent encore. Et
toute cette flottille nous emmenait vers Rotterdam, Amster-
dam, Vlinsingen. Sur toutes les rives, nous étions acclamés.
A Dordrech, notre bateau s'arrêta dans le port ; nous fumes
accueillis par une musique militaire hollandaise et par une
foule de civils qui nous acclamait! Nous débarquâmes dans
cette ville et y restâmes deux jours afin de laisser le temps aux
ports de mer de se décongestionner. A Dordrech, malgré notre
liberté, nous ne pouvions pas nous offrir grand luxe, car nos
marks ne valaient que 6 sous. Le cinéma nous fut offert gra-
tuitement, un foyer du soldat était a notre disposition. Toutes
les boutiques étaient bien achalandées, surtout en tabac, il y
en avait a toutes les vitrines ! Partout encore, l'allemand était
parlé.
De Dordrech, nous quittâmes le Rhin par chemin de fer et
fumes a Vlinsingen, port hollandais près de la côte belge.
Nous passâmes sur des ponts interminables, établis sur la
plaine inondée des Pays-Bas, et même sur des bras de mer.
Ces ponts hollandais représentent un travail gigantesque. La
plupart sont en ciment armé.
Après avoir passé la nuit dans cette vile, au casino de la
plage, nous embarquâmes pour Dunkerque par le paquebot
L Nord. La traversée était de cinq heures, la mer était à peu
près calme, le vent était très froid mais pas bien fort.
Le paquebot était archiplein de rapatriés, sur le pont il était
impossible de pouvoir faire un pas, sans parler des cabines
intérieures, tant nous étions serrés! Quelques rapatriés
jouaient ~ La Madelon>> avec accordéons et tout le monde
chantait en choeur.
Enfin Dunkerque nous apparut!
Nous avions toujours cru que la France serait très sensible
aux malheurs de ses prisonniers. Le sol français était là, ce
sol tant espéré, nous allions donc le toucher bientôt! L'émo-
tion était très forte, des larmes perlaient!
Ce fut l'accostage ! Des officiers et soldats, baïonnette au
canon, et appartenant a des régiments du 3e corps, nous atten-
daient sur le quai. Pas la moindre musique! Une froideur
generale, une déception surprenante! Voyant cet accueil, je
me mis sur le bout du pont et criai de toutes mes forces: La
Marseillaise ! La Marseillaise! Mais non ! nous ne mentions
point d'honneurs ! Nous n'avions pas été tués, nous avions été
fait prisonniers!
Aussitôt sur le quai, on nous fit mettre par quatre et la
colonne fut conduite dans un vaste bâtiment que les avions
et les canons boches avaient transformé en courant d'air!
Nous eûmes des paillasses pour les trois quarts de l'effectif,
puis bientôt passèrent les soldats avec soupe, pinard et café;
un quart seulement et par homme ; mais nous n'avions point
de récipients pour recevoir cela; si l'un avait un quart, vingt
le lui demandaient; et beaucoup comme moi, écœurés de
cette organisation, n'eurent rien du tout.
Nous fumes mieux reçus que ça en Hollande et ceux qui pas-
sèrent par la Belgique furent portés en triomphe! II est vrai-
ment regrettable que notre mère Patrie nous ait reçus avec si
peu d'amour, comme qui dirait des oubliés, ou pis encore!
Le lendemain de notre arrivée a Dunkerque, nous fumes
conduits dans une caserne, un poste de garde nous empêchait
de sortir en ville. Ayant réussi à m'échapper, je rencontrai par
la ville un vieux convoyeur de train qui me dit: ~ Il y a quinze
jours que j'suis ici avec des wagons pleins d'ustensiles pour
vous recevoir. Je suis allé plusieurs fois au bureau de la place
demander des hommes pour les décharger, mais il n'y en a
toujours pas! Alors, j'attends.
Après nous avoir identifies et arrêté quelques prisonniers de
mauvaise conduite, soit au front, soit envers leurs camarades de
captivité, nous passâmes aux douches et reçûmes ensuite du
linge de corps et de vieux effets de drap. Des brodequins, II n'y
en avait plus et je dus conserver les miens qui buvaient l'eau.
Le 15 au soir, nous embarquâmes dans un train spécial se
composant de wagons a bestiaux, et quoique garnis d'un peu
de paille, nous eûmes grand froid! Enfin, le 17, j'arrivai a
Rennes; d'autres continuaient sur Bordeaux et Toulouse.
En arrivant a Rennes, je mangeai et couchai le premier soir
a mes frais puis je fus au dépôt du 47~ R.I., régiment auquel
j'étais désormais affecté. Là, on essaya encore de nous rha-
biller avec de vieilles frusques ; j'avais une capote que je trai-
nais depuis septembre 1917, elle était en partie déchirée par
les barbelés, je ne pus même pas la faire changer et, bref, je
l'ai encore, je la garde comme une précieuse relique, elle
attendra bien ma démobilisation!
Je fus envoyé en congé pour un mois! Oh! comme c'est
doux de passer un mois près des siens après tous ces voyages
d'aventures! Et malgré l'hiver, je connus enfin la tranquillité
et la liberté.
Je ne l'avais pas vole.
------
bel exemple du sujet .
@+
Patrick
Voici un OCR des 4 dernières pages du livre ,
Mémoires d’un poilu breton
D’Ambroise Harel .
Excellent livre .
3 janvier 1919
Je rentrai au camp attendre mon tour pour rentrer en
France. Un convoi était parti la veille, et le 3 janvier 1919,
après avoir assisté a quelques brillants concerts patriotiques
dans nos baraques, je quittai le camp avec un deuxième
convoi aiguillé sur la Hollande.
En quittant le camp, nos derniers regards furent pour les
infortunés camarades qui étaient morts en captivité. Sept
mille, sans compter ceux qui sont enterrés dans les Kommandos,
dorment leur dernier sommeil dans le cimetière du camp,
autour d'un monument dédié a leur nom.
En face de ce monument s'élève une grande colonne sur-
montée d'un aigle éployé et qui commémore les soldats alle-
mands tombés dans les guerres d'autrefois.
Avant mon départ, je fus employé a l'évacuation des mala-
des et des blesses au lazaret. Sur les 16 blesses dans la
fusillade criminelle du camp, 2 survivaient seulement.
On ne saura jamais le poids de douleurs morales et phy-
siques que durent endurer ces infortunés! Beaucoup furent
victimes du typhus, de la grippe et autres contagions que
L’insalubrité de la nourriture et du camp aidait tant a se pro-
pager. Tous les soins étaient donnés par des élèves en méde-
cine, et les prisonniers servaient plutôt de sujets d'expérience!
Aux morts de maladies s'ajoutaient les victimes des mauvais
traitements; les fusillés, les morts a la suite de coups ou
d'accidents.
Nous passâmes a Cassel ou le train s'immobilisa toute la
nuit; nous étions dans des wagons de voyageurs; le lende-
main, ii reprit sa route par Essen, et remontant toujours vers
le Nord, nous arrivâmes au camp de Frederickfeld, dans la
zone occupée par nos allies belges.
Là, les derniers soldats boches qui avaient accompagné le
convoi firent demi-tour en baissant la tête sous nos injures.
Nous descendîmes du train et, conduits dans le camp voisin,
beaucoup mieux aménagé que celui de Langensalza, nous
fumes bien restaurés ; nous eûmes, et c'est quelque chose, sur-
tout pour les anciens captifs, du pain blanc! Nous passâmes
la nuit dans cc camp et le matin, au petit jour, nous fumes a
pied a Weisel en traversant le pont imposant de Ia Lippe.
Il fit très froid, mais en transportant ma caisse qui ne contenait pas
moins d'une centaine de biscuits, j'eus chaud! Je m'étais lar-
gement assure contre la famine, je mangeais d'ailleurs peu,
vivant du seul espoir de revoir bientôt la France!
Beaucoup, surtout parmi les anciens prisonniers, étaient
émus jusqu'aux larmes, principalement les pères de famille
qui pendant plus de quatre ans avaient supporté la captivité!
A Weisel, nous devions prendre le paquebot caboteur des
grands fleuves, et sur la rive du Rhin, nous attendîmes pen-
dant plusieurs heures l'embarquement. Des femmes venaient
nous vendre du café. De temps en temps, passaient de jolis
paquebots transportant des prisonniers, nous nous saluions
par les cris de ~ Vive la France!
Nous embarquâmes finalement dans de sombres péniches,
aménagées de matelas et de réfectoires. Nous passâmes sous
les arches du grand pont de Weisel, du haut desquelles les
soldats belges nous saluèrent. Nous étions très bien nourris
et avions dans les péniches un service de table complet. Des
garcons payés a 7 francs par jour, et recrutés parmi les pri-
sonniers, assuraient le bien-être.
Nous passâmes bientôt en territoire hollandais ; tous les pri-
sonniers étaient sur le pont, toutes les poitrines, dans une
même envolée, envoyaient loin des rives du Rhin nos chants
patriotiques ! Notre drapeau flottait sur tous nos mats, d'autres
paquebots pleins de camarades nous dépassèrent encore. Et
toute cette flottille nous emmenait vers Rotterdam, Amster-
dam, Vlinsingen. Sur toutes les rives, nous étions acclamés.
A Dordrech, notre bateau s'arrêta dans le port ; nous fumes
accueillis par une musique militaire hollandaise et par une
foule de civils qui nous acclamait! Nous débarquâmes dans
cette ville et y restâmes deux jours afin de laisser le temps aux
ports de mer de se décongestionner. A Dordrech, malgré notre
liberté, nous ne pouvions pas nous offrir grand luxe, car nos
marks ne valaient que 6 sous. Le cinéma nous fut offert gra-
tuitement, un foyer du soldat était a notre disposition. Toutes
les boutiques étaient bien achalandées, surtout en tabac, il y
en avait a toutes les vitrines ! Partout encore, l'allemand était
parlé.
De Dordrech, nous quittâmes le Rhin par chemin de fer et
fumes a Vlinsingen, port hollandais près de la côte belge.
Nous passâmes sur des ponts interminables, établis sur la
plaine inondée des Pays-Bas, et même sur des bras de mer.
Ces ponts hollandais représentent un travail gigantesque. La
plupart sont en ciment armé.
Après avoir passé la nuit dans cette vile, au casino de la
plage, nous embarquâmes pour Dunkerque par le paquebot
L Nord. La traversée était de cinq heures, la mer était à peu
près calme, le vent était très froid mais pas bien fort.
Le paquebot était archiplein de rapatriés, sur le pont il était
impossible de pouvoir faire un pas, sans parler des cabines
intérieures, tant nous étions serrés! Quelques rapatriés
jouaient ~ La Madelon>> avec accordéons et tout le monde
chantait en choeur.
Enfin Dunkerque nous apparut!
Nous avions toujours cru que la France serait très sensible
aux malheurs de ses prisonniers. Le sol français était là, ce
sol tant espéré, nous allions donc le toucher bientôt! L'émo-
tion était très forte, des larmes perlaient!
Ce fut l'accostage ! Des officiers et soldats, baïonnette au
canon, et appartenant a des régiments du 3e corps, nous atten-
daient sur le quai. Pas la moindre musique! Une froideur
generale, une déception surprenante! Voyant cet accueil, je
me mis sur le bout du pont et criai de toutes mes forces: La
Marseillaise ! La Marseillaise! Mais non ! nous ne mentions
point d'honneurs ! Nous n'avions pas été tués, nous avions été
fait prisonniers!
Aussitôt sur le quai, on nous fit mettre par quatre et la
colonne fut conduite dans un vaste bâtiment que les avions
et les canons boches avaient transformé en courant d'air!
Nous eûmes des paillasses pour les trois quarts de l'effectif,
puis bientôt passèrent les soldats avec soupe, pinard et café;
un quart seulement et par homme ; mais nous n'avions point
de récipients pour recevoir cela; si l'un avait un quart, vingt
le lui demandaient; et beaucoup comme moi, écœurés de
cette organisation, n'eurent rien du tout.
Nous fumes mieux reçus que ça en Hollande et ceux qui pas-
sèrent par la Belgique furent portés en triomphe! II est vrai-
ment regrettable que notre mère Patrie nous ait reçus avec si
peu d'amour, comme qui dirait des oubliés, ou pis encore!
Le lendemain de notre arrivée a Dunkerque, nous fumes
conduits dans une caserne, un poste de garde nous empêchait
de sortir en ville. Ayant réussi à m'échapper, je rencontrai par
la ville un vieux convoyeur de train qui me dit: ~ Il y a quinze
jours que j'suis ici avec des wagons pleins d'ustensiles pour
vous recevoir. Je suis allé plusieurs fois au bureau de la place
demander des hommes pour les décharger, mais il n'y en a
toujours pas! Alors, j'attends.
Après nous avoir identifies et arrêté quelques prisonniers de
mauvaise conduite, soit au front, soit envers leurs camarades de
captivité, nous passâmes aux douches et reçûmes ensuite du
linge de corps et de vieux effets de drap. Des brodequins, II n'y
en avait plus et je dus conserver les miens qui buvaient l'eau.
Le 15 au soir, nous embarquâmes dans un train spécial se
composant de wagons a bestiaux, et quoique garnis d'un peu
de paille, nous eûmes grand froid! Enfin, le 17, j'arrivai a
Rennes; d'autres continuaient sur Bordeaux et Toulouse.
En arrivant a Rennes, je mangeai et couchai le premier soir
a mes frais puis je fus au dépôt du 47~ R.I., régiment auquel
j'étais désormais affecté. Là, on essaya encore de nous rha-
biller avec de vieilles frusques ; j'avais une capote que je trai-
nais depuis septembre 1917, elle était en partie déchirée par
les barbelés, je ne pus même pas la faire changer et, bref, je
l'ai encore, je la garde comme une précieuse relique, elle
attendra bien ma démobilisation!
Je fus envoyé en congé pour un mois! Oh! comme c'est
doux de passer un mois près des siens après tous ces voyages
d'aventures! Et malgré l'hiver, je connus enfin la tranquillité
et la liberté.
Je ne l'avais pas vole.
------
bel exemple du sujet .
@+
Patrick
Verdun ….papperlapapp! Louis Fernand Celine
Ein Schlachten war’s, nicht eine Schlacht zu nennen“ Ernst Junger.
Oublier c'est trahir Marechal Foch
Ein Schlachten war’s, nicht eine Schlacht zu nennen“ Ernst Junger.
Oublier c'est trahir Marechal Foch
- bernard larquetou
- Messages : 1337
- Inscription : mer. oct. 05, 2005 2:00 am
Re: Le Retour des Prisonniers
Bonjour à tous,
Je remonte ce fil ne trouvant pas la réponse :
Cordialement,
Bernard.
Je remonte ce fil ne trouvant pas la réponse :
D'avance merci.
Vous faites état des questionnaires/interrogatoires pointilleux auxquels auraient été soumis les prisonniers "rentrants"; Existe t-il quelque part une trace de ces procédures?
Connaissez vous des cas de prisonniers qui auraient été sanctionnés pour s'être rendu trop "facilement"?
Cordialement,
Bernard.
- Jean-Claude Poncet
- Messages : 1305
- Inscription : lun. oct. 18, 2004 2:00 am
Re: Le Retour des Prisonniers
Bonjour,
Voilà une question intéressante.
Outre les interrogatoires de civils expulsés passant par la Suisse et Annemasse ou Evian, comment se déroulaient les interrogatoires des prisonniers de guerre, où sont-ils consigné et quid des cas douteux de passage à l'ennemi.
Dans beaucoup d'ouvrages on cite des cas de "Boches" venant spontanément dans nos lignes. Nul doute que des Français ont fait de même.
Voilà un sujet de réflexion.
Merci Bernard de l'avoir relancé.
Jean-Claude Poncet
Voilà une question intéressante.
Outre les interrogatoires de civils expulsés passant par la Suisse et Annemasse ou Evian, comment se déroulaient les interrogatoires des prisonniers de guerre, où sont-ils consigné et quid des cas douteux de passage à l'ennemi.
Dans beaucoup d'ouvrages on cite des cas de "Boches" venant spontanément dans nos lignes. Nul doute que des Français ont fait de même.
Voilà un sujet de réflexion.
Merci Bernard de l'avoir relancé.
Jean-Claude Poncet
Re: Le Retour des Prisonniers
Bonjour,
C'est aussi un de mes sujets de préoccupation car plusieurs documents de l'artillerie Spéciale font état
de procédure de conseil de guerre, lancées bien avant la fin de la guerre.
A titre d'exemple, voici la transcription d'une note du Général Estienne qui peut laisser penser que des
débriefings ont bien du être réalisées, et que des sanctions ont pu être prises.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
GRAND QARTIER GENERAL G.Q.G. le 13 Août 1918
DES ARMEES DU NORD
ET DU NORD-EST
-+-+-+-+-+-+-
ARTILLERIE D'ASSAUT
-+-+-+-+-+-+-
n° 9.094
ORDRE GENERAL N° 73
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Un document allemand capturé, prouve que des soldats de l'A.S.,
faits prisonniers le 21 Juillet au PLESSIER-HULEU ont donné àl 'ennemi
des renseignements de la plus haute importance en racontant tout ce
qu'ils savaient de notre organisation avec un luxe inoui de détails d'une
précision extrême.
Une telle conduite est abominable.
Quand on a le malheur d'être pris, il ne faut pas parler à l'interrogatoire
et moins encore avec des camarades d'infortune; soyez certains que l'ennemi
aux aguets vous écoute.
En se taisant, le prisonnier rend un suprême service à son pays et force
le respect de l'ennemi.
Le Lt. Colonel, Commandant le 501° RAS, fera le nécessaire pour identifier
d'après le document allemand qui lui est communiqué, les auteurs du crime
signalé par le présent ordre et établira contre eux une plainte en Conseil de Guerre.
Cet ordre sera lu à trois appels à la troupe.
Le Général Commandant l'A.S.
Signé J.E. Estienne
- - - - - - - - - - - - - - - -
Les faits reprochés entraient, très certainement dans la catégorie de ceux entrainant la peine de mort.
Les Allemands avaient, très astucieusement, mis avec les prisonniers de l'AS, un Alsacien en uniforme français
qui avait su faire parler.
Depuis début Juin, les Allemands avaient dans les mains plusieurs exemplaires de Renault FT.
Ils étaient alors plutôt intéressés par les volumes et rythmes de production, les techniques d'instruction, l'organisation
des unités et les tactiques, les centres d'instructions et de réparations, les effectifs instruits. . . .
Toutes informations qui pouvaient leur donner une approche plus précise sur la menace !
Dans ce premier cas, il s'agissait alors de personnels de l'AS 308, et 4 personnels de cette unité sont
nommément désignés comme potentiels coupables.
En octobre, 5 autres personnels de l'AS 315 et de l'AS 319 sont encore signalés pour les mêmes faits de trahison.
Il existe aussi, dans les documents de l'AS quelques rapports, rédigés par des prisonniers à leur retour, qui sont
avant tout un éclairage sur la capture de leur char, voir le compte-rendu de combat qu'ils n'avaient pas été en
mesure de rédiger à l'époque.
Rien n'indique s'il s'agit de documents, écrits à l'initiative de leurs auteurs, ou suite et pendant un débriefing organisé.
Dans Lataule, le 11 Juin 1918, l'équipage du Saint Chamond M3 du Groupe AS 38 (le n° 62668 du MdL Durand) disparait.
De fait suite à une panne en passant le mur du cimetière le char est capturé avec tout son équipage.
Le 5 Mai 1919, la 2° Brigade d'AS ne savait toujours pas ce qu'était devenu ce char . . . . que le chef du centre de récupération
de Tricot tentait encore de retrouver sur le terrain !
Le mieux dans cette affaire, est bien que le char recherché en 1919 est le n° 62660 . . . alors que les photos allemands
et les rapports de l'AS 38, montrent, sans ambiguité aucune, que ce char était bien le n° 62668.
Ce détail est assez significatif du "désordre administartif" qui régnait alors . . . .
On sait maintenant que le char a été emmener par les Allemands et pousser jusqu'à Charleroi.
Il semble évident que, dans ce contexte, l'équipage une fois libéré, a du se voir poser quelques questions . . . .
Aucun document de l'AS ne semble aborder ces sujets.
A suivre donc, et merci pour toute piste intéressante - Michel
C'est aussi un de mes sujets de préoccupation car plusieurs documents de l'artillerie Spéciale font état
de procédure de conseil de guerre, lancées bien avant la fin de la guerre.
A titre d'exemple, voici la transcription d'une note du Général Estienne qui peut laisser penser que des
débriefings ont bien du être réalisées, et que des sanctions ont pu être prises.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
GRAND QARTIER GENERAL G.Q.G. le 13 Août 1918
DES ARMEES DU NORD
ET DU NORD-EST
-+-+-+-+-+-+-
ARTILLERIE D'ASSAUT
-+-+-+-+-+-+-
n° 9.094
ORDRE GENERAL N° 73
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Un document allemand capturé, prouve que des soldats de l'A.S.,
faits prisonniers le 21 Juillet au PLESSIER-HULEU ont donné àl 'ennemi
des renseignements de la plus haute importance en racontant tout ce
qu'ils savaient de notre organisation avec un luxe inoui de détails d'une
précision extrême.
Une telle conduite est abominable.
Quand on a le malheur d'être pris, il ne faut pas parler à l'interrogatoire
et moins encore avec des camarades d'infortune; soyez certains que l'ennemi
aux aguets vous écoute.
En se taisant, le prisonnier rend un suprême service à son pays et force
le respect de l'ennemi.
Le Lt. Colonel, Commandant le 501° RAS, fera le nécessaire pour identifier
d'après le document allemand qui lui est communiqué, les auteurs du crime
signalé par le présent ordre et établira contre eux une plainte en Conseil de Guerre.
Cet ordre sera lu à trois appels à la troupe.
Le Général Commandant l'A.S.
Signé J.E. Estienne
- - - - - - - - - - - - - - - -
Les faits reprochés entraient, très certainement dans la catégorie de ceux entrainant la peine de mort.
Les Allemands avaient, très astucieusement, mis avec les prisonniers de l'AS, un Alsacien en uniforme français
qui avait su faire parler.
Depuis début Juin, les Allemands avaient dans les mains plusieurs exemplaires de Renault FT.
Ils étaient alors plutôt intéressés par les volumes et rythmes de production, les techniques d'instruction, l'organisation
des unités et les tactiques, les centres d'instructions et de réparations, les effectifs instruits. . . .
Toutes informations qui pouvaient leur donner une approche plus précise sur la menace !
Dans ce premier cas, il s'agissait alors de personnels de l'AS 308, et 4 personnels de cette unité sont
nommément désignés comme potentiels coupables.
En octobre, 5 autres personnels de l'AS 315 et de l'AS 319 sont encore signalés pour les mêmes faits de trahison.
Il existe aussi, dans les documents de l'AS quelques rapports, rédigés par des prisonniers à leur retour, qui sont
avant tout un éclairage sur la capture de leur char, voir le compte-rendu de combat qu'ils n'avaient pas été en
mesure de rédiger à l'époque.
Rien n'indique s'il s'agit de documents, écrits à l'initiative de leurs auteurs, ou suite et pendant un débriefing organisé.
Dans Lataule, le 11 Juin 1918, l'équipage du Saint Chamond M3 du Groupe AS 38 (le n° 62668 du MdL Durand) disparait.
De fait suite à une panne en passant le mur du cimetière le char est capturé avec tout son équipage.
Le 5 Mai 1919, la 2° Brigade d'AS ne savait toujours pas ce qu'était devenu ce char . . . . que le chef du centre de récupération
de Tricot tentait encore de retrouver sur le terrain !
Le mieux dans cette affaire, est bien que le char recherché en 1919 est le n° 62660 . . . alors que les photos allemands
et les rapports de l'AS 38, montrent, sans ambiguité aucune, que ce char était bien le n° 62668.
Ce détail est assez significatif du "désordre administartif" qui régnait alors . . . .
On sait maintenant que le char a été emmener par les Allemands et pousser jusqu'à Charleroi.
Il semble évident que, dans ce contexte, l'équipage une fois libéré, a du se voir poser quelques questions . . . .
Aucun document de l'AS ne semble aborder ces sujets.
A suivre donc, et merci pour toute piste intéressante - Michel
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