Les espions...

Avatar de l’utilisateur
LABARBE Bernard
Messages : 3838
Inscription : mar. juil. 12, 2005 2:00 am
Localisation : Aix-en-Provence

Re: Les espions...

Message par LABARBE Bernard »

Bonjour,
P.Mercadal, " il passe à Pontavert où un marchand de vin est surpris en train de téléphoner aux allemands, il a été fusillé deux jours après. (cahiers de Constant Vincent) "Les lignes téléphoniques avec la zône occupée étaient-elles donc restées intactes ?
Je me doutais d'une telle remarque car en fait j'y ai moi aussi pensé (ça m'arrive). Revenons en arrière, l'avance allemande, la retraite au cours de laquelle on fait sauter des ponts, mais sans doute pas le temps de tout casser, lignes téléphoniques comprises. Puis la remontée...Le 57ème arrive à Pontavert, village intact. Il va prendre Corbény puis la suite sera un carnage pour le régiment, Corbény, La Ville-aux-Bois, Pontavert retour et la suite, on n'avance plus. Donc à l'aller, le téléphone devait encore fonctionner à Pontavert. La question, c'est à qui téléphonait le marchand de vin ? Au 22 à Asnières ? :lol: A un village plus au nord en zone allemande sans doute mais quoi ? Avant de partir les allemands lui avaient-ils laissé un numéro pour les joindre ? Tout ça me parait curieux, le témoignage de Constant Vincent, c'est ce qu'il a entendu dire au régiment, forcément (salut Vincent Juillet ;)) http://vincent.juillet.free.fr/cahier-c ... 1914-1.htm
Il n'y était pas dans le gourbi du marchand de vin qui téléphonait aux allemands, ni quand on l'a fusillé deux jours après...
Alors voilà, rien de spécial, sauf le fait que le téléphone marchait encore à Pontavert ce jour là (13 septembre), la question est de savoir si le pinardier avait le téléphone...
Cordialement,
Bernard
Avatar de l’utilisateur
Eric Mansuy
Messages : 4290
Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am

Re: Les espions...

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,
L’un des cas d’espionnite galopante les plus connus lors de la progression française en Alsace et en Moselle, en août 1914, a lieu dans les locaux du sanatorium de Saales, occupé par l’Ambulance 2/21 à partir du 14 août.

Le docteur Scheib, directeur du sanatorium, « suspect d’espionnage », est arrêté le 15 août, après que tous les locaux ont été visités « ainsi que les caves et les greniers en raison de la présence possible d’espions ». En outre, une section de chasseurs à pied est chargée de la surveillance de l’établissement et de ses abords.
Le 16 août, cette section quitte le sanatorium mais n’est pas remplacée ; « une demande urgente est adressée dans ce but en raison de la surveillance constante que nécessite le personnel suspect ».
Le 17 août, « l’évacuation du personnel allemand est envisagée. Il y a de nombreux téléphones dans le sanatorium, et de nombreux fils en partent. L’une des deux solutions suivantes est proposée à M. le général commandant le Corps d’Armée, qui a envoyé un capitaine de gendarmerie faire une enquête :
1. le personnel allemand est maintenu au sanatorium. Dans ce cas, il sera pendant la journée sous la surveillance constante du personnel militaire qui lui est adjoint. La nuit les dortoirs, au rez-de-chaussée, seront gardés par une sentinelle en armes. Cette solution a l’avantage d’assurer la marche normale de l’usine électrique, de la blanchisserie mécanique et de l’eau chaude, de la lumière, choses indispensables au bon fonctionnement de l’établissement.
2. le personnel allemand est évacué. Dans ce cas, il est nécessaire qu’un personnel technique composé de deux électriciens et deux mécaniciens soit fourni pour le remplacer.

Le général adopte la première solution. Une section de chasseurs forestiers est envoyée pour la surveillance. Un sapeur du Génie vient visiter les locaux pour voir s’il n’y a pas d’installation téléphonique ou télégraphique suspecte. Mais sa visite paraît très sommaire. Des officiers de l’ambulance descendent à une ferme qui se trouve en bas de la colline dans la plaine, et lui signalent un téléphone qui la relie au sanatorium. Cet appareil est rendu inutilisable. » Le soir, le personnel allemand dîne dans une salle attenante à la cuisine, puis est, après le repas, conduit vers deux dortoirs où un appel a lieu.

Le 21 août, « dans la soirée, le mécanicien allemand qui parmi le personnel est celui qui paraît le plus suspect, vient annoncer que les machines ont des détériorations et ne peuvent plus marcher. Cette éventualité aurait pour conséquence de supprimer la lumière, l’eau chaude, la vapeur pour la cuisson des aliments aux cuisines, la fabrication de la glace ; il est mis en demeure d’effectuer les réparations dans la nuit de façon à ne pas interrompre la marche du service. Il demande deux mécaniciens, qu’on envoie réquisitionner à St-Dié, en automobile, et qui se mettent avec lui au travail dès leur arrivée. »
Le 22 août, le commandant du 9e Hussards signale par lettre que le chef d’état-major du général Besset a aperçu la veille au soir, « de façon très distincte », des signaux de télégraphie optique partant du sanatorium. « Une visite minutieuse de tout le sanatorium est faite : les greniers sont inspectés ; il est certain que le personnel allemand du sanatorium, surveillé continuellement, ne peut être mis en cause. Il s’agit ou de signaux émis par une personne cachée ou s’introduisant la nuit dans le sanatorium, ou plus vraisemblablement des alternatives de lumière et d’obscurité dans les chambres des malades qui ont besoin de soins et de surveillance toute la nuit et dans lesquelles on tourne le bouton d’allumage électrique en entrant et qu’on éteint en sortant. Nous trouvons tout à fait au-dessus du grenier, descendant du paratonnerre du bâtiment central, un gros fil de cuivre qui longe sa face postérieure, descend dans un tuyau simulant une conduite d’eau chaude et se perd dans la maçonnerie, au-dessus de la salle qui sert de laboratoire, dans laquelle se trouve une bobine pour la radiographie. Ce fil qui peut être susceptible de servir à l’émission d’ondes pour la télégraphie sans fil, est détruit. Les appareils électriques de la salle de radiographie aussi ont été dès le premier jour isolés par section des fils et rupture des contacts.
Dans l’après-midi, des patrouilles de hussards et de chasseurs à pied perquisitionnent dans les villas échelonnées le long de la route qui va du sanatorium à Saales. Vers le soir, des hussards placés en surveillance arrêtent dans une de ces villas, occupée par la femme du secrétaire du sanatorium, celle-ci même, qui faisait des signaux avec une lampe, par une fenêtre. »
Le 23 août, à 15 heures, « un capitaine de gendarmerie arrive en auto, disant qu’on a vu dans les bois autour du sanatorium, une femme vêtue de blanc et un prêtre, qui paraissaient faire des signaux en occupant des positions variables l’un par rapport à l’autre. Des recherches infructueuses sont faites. Peut-être s’agit-il d’un médecin de l’ambulance qui est allé se promener sur la route en sarreau blanc avec l’officier d’approvisionnement qui appartient au corps colonial et a un uniforme sombre. Quoi qu’il en soit, la présence de tout le personnel allemand est immédiatement vérifiée. »
Le 24 août à 21 heures, le personnel de l’Ambulance 2/21 quitte le sanatorium de Saales, laissant sur place, à la charge du personnel allemand, une centaine de blessés, dont 70 inévacuables. Restent en leur compagnie, deux médecins, un pharmacien et huit infirmiers français.

Dans les environs, d’autres actions ont été menées envers des suspects, mais également des otages, comme en témoignent les JMO des prévôtés :
- « 16 août. Le cantonnier de la commune de Saulxures, M. Mathieu, et l’aubergiste Launaire du col de Hanz, qui s’étaient réfugiés en Alsace, après les premiers évènements, et qui étaient venus en curieux, ont été arrêtés comme suspects d’avoir donné antérieurement des renseignements aux Allemands. » (13e Division d’Infanterie)

- « 12 août. Arrivée à Saales (Allemagne) à 9 h. 15. […] Arrestation de suspects, perquisitions, fouille de la Mairie, de la Poste, de la gare.
15 août. Surveillance des suspects, patrouilles, ravitaillement à Saulxures.
17 août. Arrestation de suspects et transfèrement. […] » (43e Division d’Infanterie)

- « 16 août. Saales. […] Arrestations de suspects.
17 août. A St-Blaise. […] Arrestations de suspects (otages).
19 août. […] Evacuation des otages arrêtés sur Raon-l’Etape pour être ensuite dirigés sur Epinal. » (21e Corps d’Armée)

Quant au docteur Scheib, il est parti vers une longue captivité. Gardé d’abord à la gendarmerie de Saint-Dié, il a ensuite pris la direction de Besançon, Paray-le-Monial, Clermont-Ferrand, Issoire, Saint-Rémy-de-Provence, Aurec-sur-Loire, Ajain, Cuisery. Ce n’est qu’en juillet 1918 qu’il regagne Soultz via Genève et Constance…

Sources :
Service de Santé du 21e Corps d’Armée, Prévôtés des 13e et 43e D.I. et 21e Corps d’Armée
MAIRE (Camille), Des Alsaciens-Lorrains otages en France, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 1998, 216 pages.
Docteur Jacques SCHEIB, « Mémoires d’un médecin (3e partie) » in L’Outre-Forêt, n°81/1993 ; « Mémoires d’un médecin (4e partie) » in L’Outre-Forêt, n°82/1993.


Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
abaslespointes
Messages : 9
Inscription : mer. nov. 12, 2008 1:00 am

Re: Les espions...

Message par abaslespointes »

bonsoir à tous
dans un de ses romans historiques,Jean Vautrin évoque un aviateur lié au service de renseignement militaire
existe t'il un ouvrage précis ,pour fouiller le sujet ,sur ces hommes qui faisait "une autre guerre" que leurs camarades de tranchée

bien le merci
abaslespointes
adieu la vie ,adieu l'amour ,adieu toutes les femmes ............
Ex 18 Dragons
Messages : 283
Inscription : dim. nov. 18, 2007 1:00 am

Re: Les espions...

Message par Ex 18 Dragons »

Bonjour à tous

En 1924, le magazine " l'illustration " a publié un ouvrage en 2 volumes, intitulé : l'album de la guerre 1914-1919.
En page 74, au format A3, figure une photo représentant un civil allongé et attaché sur un caisson à munitions, entouré d'une escorte de fantassin en armes et probablement d'un Dragon à cheval.
La légende indique que le 30 août 1914, lors de la retraite, prés d'une ferme isolée de l'Aisne, un groupe d'artilleurs a reçu des obus allemands, dont le tir était dirigé sur les conseils du propriétare de la ferme, un sujet allemand. L'individu s'est rebellé, a menacé un soldat français avec une baionette, puis a été conduit auprés du Général. Par la suite, l'individu a été passé par les armes.

Dans les pages suivantes, il est fait mention de faits d'espionnage, notamment sur les Vosges ( civils fusillés )

Cordialement.
Jean Pierre
Avatar de l’utilisateur
Alain Dubois-Choulik
Messages : 8743
Inscription : lun. oct. 18, 2004 2:00 am
Localisation : Valenciennes
Contact :

Re: Les espions...

Message par Alain Dubois-Choulik »

cas d’espionnite galopante
Bonjour;
En voici un autre qu'Alain Chaupin nous avait raconté.
Cordialement
Alain
Les civils en zone occupée
Ma famille dans la grande guerre
Les Canadiens à Valenciennes
     "Si on vous demande pourquoi nous sommes morts, répondez : parce que nos pères ont menti." R. Kipling
Répondre

Revenir à « Sujets généraux »