Pour une fois Jérôme, je ne suis pas d'accord avec toi.

Avec le numérique, nous sommes rentrés dans un nouvel espace. La recherche ne sera plus jamais la même. Le crayon à papier et la feuille blanche vont laisser la place petit à petit à des 0 et des 1. Il n'y aura pas de retour en arrière. Nous ne sommes qu'à la préhistoire de cette nouvelle ère. Nous avons la chance de la vivre pour notre passion, mais celle ci touche et va toucher de plus en plus l'ensemble de nos sociétés. Notre quotidien change. Les générations vont se succéder et chacune connaîtra des évolutions. Jusqu'où ? Mystère ! Mais pourquoi, ne voir que le mauvais côté de ces évolutions (révolution ?) L'homme s'adaptera. C'est certain. Je le crois. Les sociétés vont évoluer, s'adapter. Des corps de métiers vont disparaître, d'autres vont apparaître. Je le crois. Notre génération sert de cobaye. D'ou notre difficulté d'adaptation. Mais dans cinquante ans, crois tu que l'on se posera encore les mêmes questions ? Je ne crois pas.
Tu penses que le critère économique est la raison essentielle de cette numérisation à tout va. Il est vrai que dans certaines circonstances cela peut être la vrai raison, mais en ce qui concerne la numérisation des JMO, je ne pense pas que cela soit le cas. Je crois que tout ce travail participe à ce que la citation de Dorgelés que l'on peut voir dans ma signature ci-dessous ne soit pas la réalité d'aujourd'hui. En effet, on ne peut pas dire que les fiches des Morts pour la France aient été numérisées pour permettre aux Archives nationales de faire des économies de personnel. Ces fiches consultables seulement sur des microfilms dans la salle de lecture des AN étaient fort méconnues et peu consultées. Leur numérisation a développé la recherche sur la Première Guerre mondiale. Les portes s'ouvrent et tout le monde peut entrer dans l'Histoire de nos aïeux
Les JMO sont une source parmi d'autres. Le fait de les mettre en accès libre permet à tout un chacun quel que soit le lieu ou il se trouve de réfléchir, critiquer, compulser, vivre sa passion sans frustration. Certain s'arrêteront à leur consultation, mais combien vont vouloir en savoir plus ? On ne peut le savoir pour l'instant. Mais, je reste persuader qu'il s'agit d'un formidable bond en avant pour la démocratisation de la recherche historique sur cette période qui nous passionne. Et, elle en a bien besoin... Combien j'apprécie les interventions des nouveaux participants ! Et comme je le dis si souvent au risque de lasser beaucoup de monde, nous ne sommes détenteurs de rien. L'Histoire appartient à tous. Restons modestes, surtout face à la souffrance de nos aînés.
Jean-François se pose la question suivante : Quel avenir pour le SHD ? Le SHD comme beaucoup d'établissement public va évoluer, se moderniser. Il le doit. Les projets fusent. Y travaillant, je sais de quoi je parle. Je ne crois pas à une baisse de la fréquentation, mais plutôt à une évolution de la demande. L'offre devra donc évoluer également. Le projet d'une Bibliothèque, rassemblant l'ensemble des bibliothèques des ex-services historiques (Air, Terre, Mer, Gendarmerie) en est la parfaite illustration. Mais que seront les bibliothèques dans 100 ans ? Y en aura-t-il encore ? Lorsque je parle de tout cela dans mon entourage personnel ou professionnel on rit souvent, on me prend pour un fou... mais si l'on ferme les yeux cinq minutes et que l'on essaie de se projeter sans tabou... Alors ? Que voyez-vous ? Et pourquoi tout cela ne serait que négatif ?
Réflexion qui n'engage que moi et qui est ouverte à la critique.
Amicalement
Guilhem