Bonjour à tous,
La recherche en archives est absolument passionnante et indispensable. J’habite à 300km de Paris et j’aimerai pouvoir m’y rendre plus souvent.
Voici quelques compléments d’information.
L’utilisation de chiens et de lapins répond d’abord à une question de disponibilité d’animaux de laboratoire. Ensuite, ces deux espèces sont celles, parmi les animaux disponibles, qui présentent le plus d’analogie avec l’espèce humaine. Leur sensibilité aux différents agressifs est relativement proche de nous (les chevaux et les bovins ont des capacités de résistance supérieures à certains toxiques). Les données physiologiques de ces espèces étaient également bien connues (fréquence cardiaque et respiratoire, surface (approximative) du parenchyme pulmonaire, température interne, etc…).
Un aspect des recherches menées par les services chimiques français était de mettre à la disposition des armées des munitions chimiques létales, à la demande du gouvernement et des autorités militaires. En effet, aucun toxique « idéal » ne fut trouvé et il fallut faire avec de nombreuses contraintes extrêmement diversifiées. En France, c’est essentiellement l’aspect industriel qui freina les velléités des chimistes.
L’acide cyanhydrique est effectivement un toxique qui retint l’attention des chercheurs et qui présentait une toxicité importante. Beaucoup d’auteurs décrivent aujourd’hui son action comme très peu efficace sur le champ de bataille. C’est une erreur, car si certains bombardements chimiques réalisés à l’aide de munitions chargées de ce toxique furent inefficaces, c’est uniquement du au fait que les artilleurs ne respectaient pas les techniques de tir qu’imposait ce toxique.
Pour essayer de faire simple, il fallait obtenir une concentration suffisante sur le terrain pour intoxiquer l’adversaire. En dessous de cette concentration, les effets n’étaient pas « moins bon », ils étaient nuls. Il fallait donc que le vent ne soit pas trop rapide, tirer à cadence maximale (c’est pourquoi le calibre de 75mm, tiré par un canon à cadence de tir rapide fut privilégié) sur une zone bien définie, sans utiliser d’autres munitions qui brisaient le nuage toxique formé.
En pratique, les artilleurs avaient souvent des réticences à utiliser les munitions chimiques seules et mélangeaient leurs tirs, malgré les consignes, avec des obus conventionnels. D’où des cadences de tir nettement insuffisantes et des nuages toxiques éparpillés par l’explosion des munitions conventionnelles. L’effet était ainsi nul. Mais utilisées dans des conditions précises, ce toxique pouvait avoir une efficacité redoutable.
Les munitions françaises possédaient une charge de rupture, exactement calculée pour briser les parois de l’obus. Au delà, l’énergie libérée détruisait une partie du toxique et le pulvérisait dans un espace trop important. Les autres belligérants ne prirent pas ce type de précautions et ne rencontrèrent que des déboires avec ce toxique fugace.
Sur le polygone de tir, dans des conditions de tir définies et pouvant être reproduites sur le terrain, on obtenait 100% de décès avec l’acide cyanhydrique comme avec le phosgène.
De nombreux essais furent également menés pour déterminer si certaines espèces animales ne présentaient pas de résistance ou de vulnérabilité particulière à certains toxiques. Ainsi, on pu corréler ces résultats aux humains et donc aux conditions du champ de bataille.
Comme vous le voyez au travers de ces quelques exemples, rien, absolument rien ne fut laissé au hasard.
Bien cordialement