Bonsoir à tous,
N’en déplaise à nos bons amis du forum, je vais tenter de réhabiliter le camembert, en tant que Normand ( et fier de l’être), même si je conçois bien les « réserves » émises ici ou là au sujet de ce noble fromage. Au passage, je vous proposerai d’abord « eune moque d’ bère » ( une moque de cidre doux, pour les non patoisants…)
Venons-en donc aux faits : Les bons produits normands face à la guerre.
On sait déjà depuis longtemps que le cidre, boisson Normande devant l’éternel, connût quelques difficultés à être « écoulé » sans jeu de mots, durant 14-18. La consommation de vin dans les tranchées est souvent avancée comme facteur explicatif : les poilus auraient ainsi pris goût au vin qu’ils ne consommaient pas autant avant guerre, ce qui aurait nui à la consommation du cidre.
Toutefois, même si le vin joua un rôle non négligeable, il est bien plus sérieux de reconnaître que la mévente de cidre repose surtout sur une incapacité des Normands à valoriser leur breuvage comme ils ont si bien su le faire avec le beurre, le fromage et la crème. Ainsi, si on admet que la production de cidre n’a que peu diminué, c’est sa consommation qui s’est restreinte, en dehors de la Normandie, car les Normands n’ont pas su vendre leur cidre, au contraire de celui des Bretons ou des gens du Maine. Globalement, le volume national de cidre produit augmente sur la période ( ou il ne baisse que faiblement), mais la part de cidre normand consommé sur les tables de France diminue, au profit d’autres régions cidricoles. Ensuite, il resterait à mesurer la part de cidre consommée avant guerre, pour la comparer avec celle des années 20 Ceci fait, on appliquerait la même démarche au vin et on obtiendrait des résultats…. que je n’ai pas pour le moment….
Le cidre Normand fait donc les frais, non pas de la guerre, mais de sa valorisation trop restreinte sur les marchés en dehors de la région.
Par contre, pour le camembert (c’était la base de notre fil, je me suis égaré…), 1914-1918 est plutôt une période faste. En effet, les poilus eurent vite dans leur ration de combattant une part de camembert Normand. Je ne peux, pour conclure, m’empêcher de citer Gabriel Désert, grand professeur d’Histoire contemporaine de l’université de Caen, qui disait à ce sujet, en 1998 « Avec la grande guerre, le camembert devient ce qu’il est resté aujourd’hui : le fromage le plus populaire des Français ».
Espérant avoir (modestement) contribué à la défense des produits du terroir, je vous souhaite un bon appétit !
Cordialement,
Patrick
Le problème est que, si la Grande Guerre a bien fait connaître le camembert à l'ensemble des Français, il ne s'agit pas du seul camembert
normand... Cf. une brochure sur le sujet in : letyrosemiophile;com, rubrique livres parus.
Cordialement.
Rosel
Re: CAMEMBERT ET POILUS