Bonjour à tous,
Quelques CP du DOUKKALA
Rencontre avec des mines flottantes 24 Août et 4 Septembre 1916
Lettre du capitaine AMBROSELLI AU ca Commandant Marine Marseille. 11 Septembre 1916
J’ai l’honneur de vous rendre compte que parti de Marseille le 18 Août à 17h00, je suis arrivé à Naples le 20 à la pointe du jour. J’ai chargé dans ce port 1500 tonnes de légumes pour l’armée d’Orient et 550 t de matériel de baraquement pour l’armée italienne. J’ai quitté Naples le 21 à 22h00.
Je suis arrivé à Salonique en passant par le détroit de Messine le 25 à 07h00. J’ai trouvé le port et la rade encombrés de nombreux navires. Mon débarquement n’a pu être commencé que le 29 Août et n’a été terminé que le 3 Septembre, jour où je suis parti pour La Sude et Marseille après avoir embarqué 661 travailleurs grecs et 77 prisonniers.
J’ai été escorté jusqu’au canal de Doro par le torpilleur PIERRIER.
Le 5 à la pointe du jour, j’ai mouillé dans la baie de La Sude où j’ai pris 629 nouveaux travailleurs grecs, ce qui a porté le nombre de mes passagers à 1375, y compris 8 gendarmes d’escorte, 180 femmes et 248 enfants. J’ai quitté La Sude le même jour à 15h00.
Le charbon fait à Marseille le dernier voyage était de très mauvaise qualité. De ce fait, la pression a été très dure à maintenir et la vitesse inférieure à 12 nœuds. J’ai besoin pour le prochain voyage de 650 tonnes de charbon.
Je vous rends également compte qu’au cours de ce voyage j’ai rencontré deux mines flottantes, probablement allemandes et du type suivant :
J’ai contribué à leur destruction dans les circonstances suivantes :
- La première a été rencontrée le 24 Août à 18h30 dans le S40E de l’île Piperi par 39°08 N et 24°31 E, à deux quarts sur notre bâbord. Je l’ai approchée à petite distance en ouvrant le feu dessus avec le canon de 47 mm et des feux de salve au fusil. J’ai tiré 11 obus et 121 cartouches. Au 11e obus, la mine a disparu.
- La 2e a été rencontrée le 4 Septembre vers 11h00 en plein canal de Doro par 38°03 N et 24°41 E, droit devant, presque dans le sillage du torpilleur PIERRIER qui nous convoyait et était à 600 ou 700 m sur l’avant du DOUKKALA. Cette 2e mine émergeait moins que la 1ère et n’était visible que par intervalle ce qui fait que le torpilleur n’a pu l’apercevoir, bien qu’elle soit passé à quelques mètres de lui.
Dès que nous l’avons aperçue droit devant, sous la forme suspecte d’un point noir brillant par intervalle, nous avons immédiatement mis la barre toute à gauche pour l’éviter, quitte à revenir sur la droite quelques secondes après pour ne pas la ramasser avec l’arrière. Dans l’instant qui a suivi cette manœuvre, la mine est passée à nous frôler le long du bord, à 10 m environ. Nous avons alors reconnu une mine flottante à la dérive, du même type que la 1ère.
Le torpilleur PIERRIER, qui n’avait pas aperçu la mine, me voyant ainsi manœuvrer me demanda par signaux « Que faites-vous ? » J’ai répondu : « Je viens d’éviter une mine qui n’a pas dû passer certainement loin de vous puisque je l’ai aperçue droit devant, dans votre sillage ».
PIERRIER s’est immédiatement approché de l’endroit indiqué et, au moment où moi-même j’allais ouvrir le feu, ayant découvert la mine il m’a signalé : « Ecartez-vous de mon champ de tir » ce que je fis immédiatement. Le torpilleur ouvrit alors le feu et, après plusieurs coups de canon, il réussit à couler la mine. Il me signala alors : « La mine est coulée. Vous pouvez continuer votre route ».
DOUKKALA a mouillé dans le port du Frioul le 9 Septembre à midi. La désinfection du navire et des passagers a été terminée aujourd’hui à 15h00.
Cdlt