Bonjour à tous,
Je replace mon post dans ce sujet déjà traité...
Il apporte quelques réponses à la question de Christophe Lagrange à propos de Jean-Marie GUYOMARD. C'était le premier chauffeur de l'OHIO.
Quelques renseignements viennent en double avec ceux déjà recueillis.
OHIO
Vapeur construit en Décembre 1914 aux chantiers de Penhoët à Grand Quevilly.
8719 tx JB 18000 tpl
Armateur : Chargeurs Français 27 rue de Mogador PARIS
Longueur 135 m Largeur 18,70 m
La perte de l’OHIO
Le vapeur effectuait une traversée New-York – Le Havre avec 12960 t de fret composé essentiellement de cuivre, automobiles, coton et viande.
Capitaine BERIDON Jean-Baptiste CLC
Second HILY Léon
Equipage 46 hommes
Armement : un canon de 90 mm sur l’arrière
Suivant les instructions du consulat, l’OHIO avait fait une route sensiblement plus nord dans la première partie du voyage. Arrivant sur les côtes d’Irlande, la commandant fit zigzaguer le navire, la route oscillant de l’ESE au SE.
Vers 10h00 le 7 Mars 1917, il aperçoit des embarcations. Il s’approche et recueille à son bord 27 naufragés provenant du vapeur anglais FENAY LODGE qui avait été torpillé la veille par 51°42N et 16°11W. Les embarcations sont mises sur le pont arrière. Le mouvement est terminé à 11h15. l’OHIO reprend sa route, mettant cap à l’ouest, suite aux zigzags.
A 12h05, le second vient de prendre la méridienne tandis que le commandant est aussi sur la passerelle. Le navire se trouve par 52°30 N et 14°30 W. Faible brise d’ouest. Longue houle. Bonne visibilité.
Un homme est de veille à la passerelle, un dans le mât de misaine et le canonnier de service à la pièce arrière. Personne ne voit de sillage de torpille.
Une forte détonation se produit sur Td AR, accompagnée d’une grande gerbe d’eau avec colonne de fumée noire. Immédiatement, des balles de coton s’échappent de la coque et le navire commence à sombrer. Il va couler en 4 minutes.
Pendant ce court laps de temps, le capitaine fait mettre aux postes d’abandon et amener les embarcations.
La baleinière n°1 est amenée trop rapidement, un homme du FERNAY LODGE ayant coupé le garant de l’avant. Tous les hommes montés dedans tombent à la mer.
L’opération se fait normalement pour les baleinières n° 2 et 3 ainsi que pour le petit canot. Tous se portent au secours des hommes du canot 1. Les documents confidentiels sont jetés à la mer dans un sac lesté.
L’OHIO ayant encore de l’erre, il coula heureusement à bonne distance des hommes qui nageaient.
Tandis que le navire coule, le sous-marin est aperçu pendant quelques minutes, passant sur l’avant du vapeur.
Quand tout le monde fut dans les embarcations on dénombra 28 hommes dans chacune des deux baleinières et 10 dans le canot, soit 66 rescapés.
Il manquait 7 hommes dont 5 provenaient de l’équipage du FERNAY LODGE et parmi eux le capitaine. Les deux hommes manquants de l’OHIO étaient
GUYOMARD Jean-Marie 1er chauffeur (Français)
COROTHIE Ernest TSF (Anglais)
Il convient d’ailleurs de signaler la belle conduite de Corothie. Comme en a témoigné le patrouilleur anglais Q 10, qui recueillit une des baleinières, pendant les 4 minutes que dura le naufrage il a émis le signal « OHIO sinks. Come quickly ». Corothie est donc mort à son poste en faisant son devoir.
Les embarcations firent route au SE, la baleinière n° 2 prenant le canot en remorque. A 17h00, ils rencontrèrent le pétrolier anglais WINNIE BRAKO (nota : nom introuvable sur Miramar ship index) qui proposa de les recueillir. Mais ces derniers refusèrent, prétextant qu’il y avait un sous-marin dans les parages et qu’un nouveau torpillage les mettrait dans une situation d’autant plus critique qu’il y aurait alors trois équipages à sauver.
La baleinière n° 3, avec le capitaine, qui n’avait pas de canot à remorquer gagna sur la baleinière n° 2 du second et les deux embarcations se perdirent de vue.
Le commandant fut recueilli le 8 Mars par le patrouilleur anglais LEVANDER qui le déposa à Castletownbare. Le second fut recueilli par le patrouilleur anglais Q 10. Les équipages restèrent encore 4 jours en mer et furent déposés à Queenstown le 12 Mars.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 44 du KL Paul WAGENFÜHR.
C’était déjà lui qui, la veille, avait torpillé le FERNAY LODGE un peu plus au sud. La position donnée par le sous-marin est la même que celle donnée par le vapeur en longitude. En revanche, la latitude diffère de 45 milles : 51°45 N pour le sous-marin et 52°30 N pour le vapeur.
Comme le second de l’OHIO venait de calculer sa méridienne, j’opterais plutôt pour la latitude donnée par le vapeur comme étant la plus exacte. Le sous-marin avait sans doute une position calculée par l’estime…
Le sous-marin est décrit comme très grand, portant un gros canon à longue volée sur l’avant du kiosque, probablement un 105 mm, et un pare-filet courant de l’avant à l’arrière.
Voici le dessin effectué sur les indications des marins.
L’U 44 disparaîtra avec tout son équipage de 44 hommes le 12 Août 1917 en mer du Nord.
Rapport de l’officier enquêteur
L’officier souligne que le capitaine Béridon était torpillé pour la troisième fois. Il souligne aussi que l’évacuation ne s’est pas faite avec le sang-froid voulu et qu’il y a eu affolement. Cela est dû au fait que le bâtiment portait 27 hommes d’un équipage étranger et que le capitaine n’avait pas eu le temps de lui faire effectuer un exercice d’abandon… Il ne faut donc pas lui tenir rigueur du désordre qui a eu lieu ! C’est d’ailleurs un homme du FERNAY LODGE, et non de l’OHIO qui a coupé le garant de la baleinière n° 1.
Mais il insiste sur la belle conduite du TSF COROTHIE mort à son poste en faisant son devoir. Dans les canots, personne ne savait s’il avait eu le temps d’émettre. C’est le patrouilleur Q-10 qui a confirmé la réception d’appels pendant 4 minutes. L’officier conclue :
« Je serais heureux qu’une haute récompense lui soit attribuée et vienne apporter un peu de consolation et de réconfort à la famille qu’il a laissée en Angleterre ».
Le TSF de l’OHIO sera cité à l’ordre de l’armée pour le motif suivant :
COROTHIE Ernest Alexandre né le 23 Février 1895 à Brecken (Ecosse) opérateur de TSF sur le vapeur français OHIO
« Pendant que l’équipage évacuait le vapeur OHIO qui, frappé par une torpille, sombrait rapidement, est resté à son poste pour envoyer les signaux de détresse et a été englouti avec le navire. »
Cdlt