Bonjour à tous,
Un complément sur le LV Pierre Chailley, Second du
Curie (EV1), tiré du Livre d'Or de l'Ecole St Charles de St Brieuc, grâce à un envoi de Christian Labellie (Géraud).
PIERRE CHAILLEY
Lieutenant de vaisseau, Commandant en second du
Curie
Chevalier de la Légion d'honneur,
† 25 Décembre 1914. Pola (Mer Adriatique).
Né à Paris le 6 février 1886, fit ses études au Collège Stanislas (1895-1898), entra à Saint-Charles au Cours de Marine en 1902, et à l'Ecole Navale en 1904.
Fils d'un colonel d'artillerie, Pierre Chailley s'est immortalisé dans l'épisode à jamais mémorable du sous-marin
Curie en rade de Pola.
C'est une histoire fantastique : Ayant appris que les plus gros navires de la flotte austro-hongroise étaient réunis à Pola, son commandant résolut de les attaquer au mouillage : projet téméraire qu'il faillit cependant réaliser.
Les abords de Pola ne sont pas élevés; la rade est divisée en deux parties par des îles ainsi que le port intérieur ; d'où grande facilité d'en barrer les passes et difficulté d'y pénétrer pour un sous-marin. Malgré tous ces obstacles, le commandant du
Curie n'hésita pas, et le 25 décembre 1914, il plongea avec son bateau et s'engagea dans les passes. Quand il fut dans la rade, la chance parut le favoriser : un destroyer autrichien, faisant route vers le port lui servit de pilote. Bientôt à la faveur d'un coup de périscope, il apercevait les hautes cheminées et les mâts des cuirassés ennemis. L'expédition semblait sur le point de réussir.
Hélas ! au moment d'atteindre le but, le
Curie se sent pris dans les mailles d'acier d'un filet. Pendant des heures, il lutte pour se dégager, manœuvre rendue encore plus difficile par la nécessité de ne pas faire de remous qui pourraient le signaler. Soudain les lampes s'éteignent, les accumulateurs sont épuisés. C'est la fin. Alors le commandant se décide à revenir à la surface pour sauver son équipage d'une mort inutile. L'infortuné bateau portant sur son pont une partie du filet arraché du fond, émerge au milieu de l'escadre ennemie. Il y avait ce jour-là grande fête : l'amiral autrichien recevait. Sur les navires et les quais de l'arsenal, des femmes en grande toilette, des officiers en grande tenue dansaient gaiment. On juge de l'émoi que l'apparition du sous-marin français jeta parmi cette foule. Les canons hâtivement pointés, envoient leurs projectiles dans toutes les directions, mais leur tir se fait plus précis, le
Curie est mitraillé à bout portant : le commandant est grièvement blessé, le second Pierre Chailley, est tué.
Les hommes se jettent à la nier au commandement de leur chef ; ils l'entraînent avec eux et l'entourent aussitôt qu'ils ont mis pied à terre. L'équipage a un air farouche, impressionnant. Les hommes harassés de fatigue mais fiers du devoir noblement accompli, ont une attitude si belle que les bravos éclatent et que les assistants remplis d'admiration acclament cette poignée de héros.
Renfloué par les Autrichiens, le
Curie revint à Toulon après l'armistice.
Citation du Sous-Marin
Est tombé au Champ d'honneur à l'intérieur d'un port ennemi, alors qu'il touchait à son but et avait surmonté toutes les difficultés pour accomplir une mission périlleuse. Coulé par son équipage pour l'empêcher de tomber aux mains de l'ennemi.
Citation (Légion d'honneur, 4 juin 1919.)
Enseigne de vaisseau de 1ère classe du Curie, a fait preuve du plus grand héroïsme en pénétrant au fond d'un port ennemi malgré la multiplicité des moyens de défense, a lutté avec la plus grande énergie pour échapper à l'ennemi.
Un des sous-marins de la Ière section de la marine de guerre porte le nom de
Pierre-Chailley.
Cordialement,
Franck