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A bientot
TAFNA - Compagnie de Navigation Mixte
-
marc terraillon 1
- Messages : 139
- Inscription : ven. oct. 31, 2008 1:00 am
Re: TAFNA - Compagnie de Navigation Mixte
Cordialement
Marc TERRAILLON
Marc TERRAILLON
TAFNA — Paquebot — Compagnie de navigation mixte (Compagnie Touache) (1890~1929).
Bonjour à tous,
■ Historique (complément).
_________________________________________________________________________________________
■ Historique (complément).
― Début mars 1916 : Recueille en mer 18 naufragés appartenant à l'équipage du vapeur britannique Kilbride, capturé et coulé au canon le 1er mars 1916 par le sous-marin allemand U-38 (Kapitänleutnant Max VALENTINER) à 30 milles dans l’Est de l’île de La Galite (Tunisie), par 37° 40’ N. et 9° 3’ E., alors qu’il allait de Barry (Pays de Galles, Royaume-Uni) à Malte et Salonique (Grèce) avec un chargement de charbon.
• Le Temps, n° 19.970, Vendredi 10 mars 1916,
p. 2, en rubrique « Sur mer ».
p. 2, en rubrique « Sur mer ».
« Navire coulé
On télégraphie de Marseille que le paquebot Tafna, arrivé hier dans ce port, a recueilli en mer une embarcation montée de dix-huit naufragés appartenant au vapeur anglais Kebby (*) et qui voguaient à l’aventure.
Le Kebby avait été torpillé et coulé par un submersible allemand. Il comptait cinquante et un hommes d’équipage. On est sans nouvelles des trente-trois autres marins qui avaient pris place dans trois grands canots. »
Le Kebby avait été torpillé et coulé par un submersible allemand. Il comptait cinquante et un hommes d’équipage. On est sans nouvelles des trente-trois autres marins qui avaient pris place dans trois grands canots. »
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(*) Kilbride — Cargo de 3.712 tx jb et de 2.385 tx jn lancé le 11 octobre 1901 par le chantier Charles Connell & Co. Ltd., de Glasgow (Écosse, Royaume-Uni), pour le compte de la société d’armement Napier & Connell, de Glasgow. Cédé en 1908 à la société d’armement Connell Brothers Ltd., de Glas-gow. Cédé en 1916 à la société d’armement Furness Withy & Co. Ltd., d’ Hartlepool (Sunderland, Ro-yaume-Uni). Cédé à nouveau en 1916 à la société d’armement Bay Steamship Co., de Londres.
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
Re: TAFNA - Compagnie de Navigation Mixte
Bonjour Daniel,Bonjour à tous,
Observations :
- Début mars 1916 : Recueille en mer 18 naufragés appartenant au vapeur anglais Kebby, torpillé et coulé par un sous-marin allemand.
■ Le Temps, n° 19.970, Vendredi 10 mars 1916, p. 2, en rubrique « Sur mer » :
« Navire coulé
On télégraphie de Marseille que le paquebot Tafna, arrivé hier dans ce port, a recueilli en mer une embarcation montée de dix-huit naufragés appartenant au vapeur anglais Kebby (*) et qui voguaient à l’aventure.
Le Kebby avait été torpillé et coulé par un submersible allemand. Il comptait cinquante et un hommes d’équipage. On est sans nouvelles des trente-trois autres marins qui avaient pris place dans trois grands canots. »
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(*) Aucun bâtiment ne figure sous ce nom dans la base Miramar Ship Index. Erreur de transcription du télégraphiste ou de l'échotier de service ?
Bien amicalement à vous,
Daniel;
Bonjour à tous,
Le seul que j'ai trouvé avec un nom approchant pouvant correspondre :
KILBRIDE, vapeur anglais chargé de charbon, de 3 712 t, de la Connell Bros., Ltd., Glasgow, construit en 1901, coulé au canon le 01.03.1916, à environ 30 milles dans l'E de la Galite, Tunisie, par le sous-marin U-38 lors d'un voyage Barry - Malte & Salonica.
Amicalement,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
Re: TAFNA - Compagnie de Navigation Mixte
Bonjour à toutes et à tous :
Un article du Nouvelliste du Morbihan N°45 du mercredi 23 février 1916 :
Cordialement
Dominique
Un article du Nouvelliste du Morbihan N°45 du mercredi 23 février 1916 :
Cordialement
Dominique
Avec les Allemands, nous nous sommes tellement battus que nos sangs ne font plus qu'un [ Ferdinand Gilson, France, Figaro Magazine n°19053 du 05 nov. 2005 ]
TAFNA — Paquebot — Compagnie de navigation mixte (Compagnie Touache) (1890~1929).
Bonsoir à tous,
La rencontre du paquebot Tafna avec un sous-marin,
survenue le 24 novembre 1915
survenue le 24 novembre 1915
• Le Temps, n° 19.866, Samedi 27 novembre 1916,
p. 2, en rubrique « Sur mer ».
« Un capitaine qui sauve son bâtiment.
p. 2, en rubrique « Sur mer ».
« Un capitaine qui sauve son bâtiment.
Le ministère de la Marine nous communique la note suivante :
Le 24 novembre, le vapeur français Tafna, de la Compagnie Touache, a été attaqué à coups de canon par un sous-marin allemand dans la Méditerranée occidentale. Le capitaine, avec un esprit de décision tout à fait remarquable, mit aussitôt le cap au vent, et grâce au mauvais temps qui ralentissait considé-rablement la marche du sous-marin, il put réussir à sauver son bâtiment, après avoir essuyé une tren-taine de coups de canon.
Malheureusement, quelques passagers et un très petit nombre des hommes de l’équipage parvinrent, malgré les injonctions formelles du capitaine, à mettre à la mer des embarcations qui furent presque immédiatement chavirées par les lames.
Le Tafna est arrivé à Marseille.
[Le paquebot Tafna, d’une jauge de 1.444 tonnes, a été construit à Newcastle en 1890. La manœuvre du capitaine a constitué à se diriger vers le point d’où venait le vent ; étant plus élevé au dessus de l’eau que son adversaire, il était moins gêné que ce dernier par les vagues, qui venaient ainsi de l’avant.]
Nous recevons de notre correspondant de Marseille la dépêche suivante :
Marseille, 25 novembre.
Le paquebot Tafna, de la Compagnie mixte, a rencontré un submersible qui naviguait sans pavillon. Le submersible se rapprocha rapidement et tira une trentaine d’obus sur le paquebot qui, heureusement, ne fut pas atteint ; mais une panique se produisit, et en dépit des ordres contraires du capitaine, quel-ques passagers et quelques hommes de l’équipage mirent à la mer deux embarcations et y prirent place.
La mer étant très grosse, les embarcations chavirèrent ; tous ceux qui les montèrent périrent, en dépit des tentatives faites pour les sauver.
Le Tafna força de vapeur et parvint à échapper au sous-marin qui, du reste, tenait difficilement la mer. »
Le 24 novembre, le vapeur français Tafna, de la Compagnie Touache, a été attaqué à coups de canon par un sous-marin allemand dans la Méditerranée occidentale. Le capitaine, avec un esprit de décision tout à fait remarquable, mit aussitôt le cap au vent, et grâce au mauvais temps qui ralentissait considé-rablement la marche du sous-marin, il put réussir à sauver son bâtiment, après avoir essuyé une tren-taine de coups de canon.
Malheureusement, quelques passagers et un très petit nombre des hommes de l’équipage parvinrent, malgré les injonctions formelles du capitaine, à mettre à la mer des embarcations qui furent presque immédiatement chavirées par les lames.
Le Tafna est arrivé à Marseille.
[Le paquebot Tafna, d’une jauge de 1.444 tonnes, a été construit à Newcastle en 1890. La manœuvre du capitaine a constitué à se diriger vers le point d’où venait le vent ; étant plus élevé au dessus de l’eau que son adversaire, il était moins gêné que ce dernier par les vagues, qui venaient ainsi de l’avant.]
Nous recevons de notre correspondant de Marseille la dépêche suivante :
Marseille, 25 novembre.
Le paquebot Tafna, de la Compagnie mixte, a rencontré un submersible qui naviguait sans pavillon. Le submersible se rapprocha rapidement et tira une trentaine d’obus sur le paquebot qui, heureusement, ne fut pas atteint ; mais une panique se produisit, et en dépit des ordres contraires du capitaine, quel-ques passagers et quelques hommes de l’équipage mirent à la mer deux embarcations et y prirent place.
La mer étant très grosse, les embarcations chavirèrent ; tous ceux qui les montèrent périrent, en dépit des tentatives faites pour les sauver.
Le Tafna força de vapeur et parvint à échapper au sous-marin qui, du reste, tenait difficilement la mer. »
• Le Temps, n° 19.867, Dimanche 28 novembre 1916,
p. 2, en rubrique « Sur mer ».
« Les naufragés du Tafna.
p. 2, en rubrique « Sur mer ».
« Les naufragés du Tafna.
Livourne, 26 novembre.
Le vapeur grec Maria est arrivé avec sept naufragés du vapeur français Tafna ; ces passagers avaient voulu quitter le Tafna, malgré les ordres du commandant.
[On sait que le paquebot Tafna a pu échapper à la poursuite d’un sous-marin, mais que des passagers et des hommes de l’équipage avaient, pendant la canonnade, mis deux embarcations à la mer. On les croyait perdus.] »
Le vapeur grec Maria est arrivé avec sept naufragés du vapeur français Tafna ; ces passagers avaient voulu quitter le Tafna, malgré les ordres du commandant.
[On sait que le paquebot Tafna a pu échapper à la poursuite d’un sous-marin, mais que des passagers et des hommes de l’équipage avaient, pendant la canonnade, mis deux embarcations à la mer. On les croyait perdus.] »
Dernière modification par Rutilius le lun. mai 20, 2024 6:48 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
-
olivier 12
- Messages : 4029
- Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am
Re: TAFNA - Compagnie de Navigation Mixte
Bonjour à tous,
Quelques précisions sur l'attaque du TAFNA
Il existe trois rapports sur l’attaque dont le TAFNA fut victime de la part d’un sous-marin le 24 Novembre 1915.
- Rapport du Capitaine au long cours GENTILE, commandant du TAFNA
- Rapport du Lieutenant de Vaisseau Léon TRUBERT, ex commandant du SABRE
- Rapport de l’Administrateur de 1ère classe BERNARD qui présida la commission d’enquête
Tous sont à peu près identiques, chaque officier apportant toutefois quelques précisions intéressantes sur le déroulement des faits.
Voici tout d’abord la liste d’équipage du TAFNA
Rapport du capitaine
Le 24 Novembre 1915 à 09h00, TAFNA, de la Compagnie de Navigation Mixte, était par 41°45 N et 04°05 E Paris, cap au N28E, faisant route sur Marseille en provenance de Sousse, Sfax et Tunis. Il transportait 61 passagers, 46 hommes d’équipage, 57 bœufs vivants, 748 tonnes de marchandises et du courrier.
Fort vent de NW et mer grosse.
L’officier de quart, Monsieur Mattei, me prévient qu’un navire battant pavillon italien est en panne à 2 milles sur trois quarts tribord et qu’il y a une embarcation à la mer avec 5 hommes dedans.
Je décide de m’approcher lorsqu’un périscope blanc, haut de 3 m, émerge à 300 m du TAFNA. Abattu aussitôt sur tribord pour éviter une éventuelle torpille. Le sous-marin émerge alors et manœuvre pour me couper la route. Nous nous retrouvons en routes parallèles, cap à l’ENE. Comme il prend de l’avance sur moi, je viens sur la gauche, me plaçant au vent du sous-marin.
Donné ordre au chef mécanicien de faire redescendre tout le personnel dans la chaufferie et d’activer les feux pour atteindre la vitesse maximum. Malgré la grosse mer, nous atteignons 11 nœuds. Le sous-marin met alors en batterie sa pièce arrière et ouvre le feu sur TAFNA. Le tir est précis, le navire bien encadré, mais aucun projectile ne le touche. Le sous-marin tente de me prendre par le travers, mais je présente à chaque fois l’arrière et, ne pouvant plus lutter contre la mer, il abandonne la poursuite et se dirige vers un troisième navire qui vient d’apparaître.
Pendant ces manœuvres et ce bombardement, plusieurs passagers, dont une vingtaine de matelots grecs, mais aussi quelques hommes de mon équipage, malgré mes ordres formels de ne pas toucher aux embarcations, sont montés dans les canots 1 et 3. Malgré mes menaces, ces passagers et ces marins, inconscients du danger, ont affalé ces deux canots à la mer où ils ont été la proie des lames. Les bossoirs du canot 3 ont même été arrachés. Six hommes de l’équipage ont participé à cette manœuvre, dont malheureusement le second capitaine Mattei. En tout, 34 passagers et marins ont disparu dans cette affaire, alors que j’aurais du arriver à Marseille avec un navire intact et avec tous les hommes de mon équipage et tous les passagers.
Le navire italien était à 300 m de son embarcation et tout semblait calme à son bord. Un homme parfaitement calme s’est promené sur la plage arrière pendant toute l’opération. Ce navire d’environ 3000 tonnes et 90 m de long était à demi paquebot, à demi cargo. Il était bas sur l’eau, peint en noir, avec deux cheminées et des mâts de charge fins et pas très hauts. Le pont était dégagé avec un petit château central peint en blanc. On ne voyait aucune embarcation à son bord. Je suis convaincu qu’il s’agissait d’un ravitailleur ou d’un navire appât.
Je signale la collaboration remarquable des passagers suivants :
Lieutenant de vaisseau Trubert, du port de Cherbourg, ex commandant du SABRE
Enseigne de Vaisseau Didailler, venant du DIDEROT
Mécanicien de 1ère classe Séveillac, du D’ESTREE, qui a prêché le calme et ramené les hommes de la machine dans la chaufferie
Maître canonnier Le Rolland, du VERGNAUD, qui a signalé le premier le périscope du sous-marin
Un quartier maître télégraphiste dont j’ignore le nom
Je signale aussi le matelot Fabre qui est resté à la barre avec le plus grand calme pendant toute l’opération, ainsi que les officiers et marins de mon équipage qui sont restés à bord et ont travaillé sans relâche dans le plus grand ordre.
Rapport du lieutenant de vaisseau Trubert
Il reprend dans les grandes lignes celui du capitaine, avec quelques précisions.
Le LV Trubert était en fait à la passerelle quand fut aperçu le navire italien. Il comprit tout de suite qu’il y avait quelque chose d’anormal et invita l’officier de quart, le 2e capitaine Mattei, à appeler le commandant. Mais celui-ci ne fit rien. Approchant du cargo et voyant le canot, il fit à nouveau remarquer au second qu’il fallait absolument appeler le commandant, mais sans plus de succès.
Le périscope du sous-marin fut aperçu alors que le commandant venait juste d’arriver à la passerelle.
Le lieutenant de vaisseau écrit alors que se produisit un mouvement de panique parmi les Grecs, des pêcheurs d’éponges de leur métier, qui se sont alors précipités dans les canots 1 et 3. Malgré les efforts du commandant et du maître d’équipage pour les en dissuader, ils ont commencé à les affaler. Surtout, il signale que le second capitaine a perdu la tête et, au lieu d’aider son commandant, bien au contraire, il a lui-même pris place dans l’un des canots. Le navire étant à sa vitesse maximum, la brutalité de la mise à l’eau a été telle que les bossoirs du 3 ont été arrachés du pont et que les deux canots se sont retournés, précipitant tous les hommes à la mer. Il a été bien sûr impossible d’aller à leur secours.
Il termine en signalant que la vigilance du maître canonnier Le Rolland et les excellentes manœuvres effectuées par le capitaine Gentile ont permis de sauver le paquebot.
Rapport d’enquête
L’administrateur conclut que, si le commandant et le maître d’équipage ont tout fait pour empêcher le débordement des canots, le second capitaine Ange Mattei en revanche, avait totalement perdu la tête et n’a rien fait, bien au contraire, pour venir en aide à son commandant et pour empêcher cette manœuvre insensée de mise à l’eau des canots à pleine vitesse. Il s’est joint à la troupe de ceux que la terreur avait gagnés et a disparu avec les 34 victimes de cette folie.
Il ajoute que, quel que soit le degré de culpabilité du capitaine au long cours Mattei, sa disparition et sa mort certaine entraînent la clôture de l’instruction le concernant.
Plus tard, une note complémentaire signalera la belle conduite, digne d’éloges, du chef mécanicien Armieux et du graisseur Dellamonica. Alors que tous les mécaniciens de quart étaient remontés sur le pont lors de l’alerte, ils sont restés en bas et ont répondu aux ordres de manœuvre du capitaine.
Malheureusement, cette note arrivera trop tardivement pour modifier les récompenses accordées et ces deux hommes ne seront pas cités, contrairement au capitaine Gentile et au maître canonnier Le Rolland.
Comme on le voit dans les posts précédents, 7 des 34 hommes tombés à la mer furent toutefois retrouvés par un navire quelques heures plus tard.
Le sous-marin attaquant
Comme l’a suggéré Yves, il ne fait plus aucun doute qu’il s’agit de l’U 33 du KL Konrad Gansser.
Ce jour-là, il a justement coulé, pratiquement à la position donnée par le capitaine Gentile le cargo italien LIGURIA, 3199 tonnes, venant de Norfolk à destination de Porto Ferraio avec un chargement de charbon. L’équipage de ce cargo a évacué dans les embarcations.
Il s’agit bien sûr du cargo vu par les hommes du TAFNA, et non d’un quelconque ravitailleur comme ils l’ont cru. De plus, outre la position, la description détaillée de ce cargo colle particulièrement bien avec la photo du LIGURIA que l’on peut voir sur le site uboat.net.
http://www.uboat.net/wwi/ships_hit/3603.html
Il est d’ailleurs fort possible que le sous-marin ait envoyé une équipe de sabotage sur le cargo, et que l’homme aperçu tranquille sur la plage arrière ait été un Allemand de cette équipe. Il faudrait vérifier avec le KTB du sous-marin comment fut conduite l’opération. Avis aux spécialistes…
Cdlt
Quelques précisions sur l'attaque du TAFNA
Il existe trois rapports sur l’attaque dont le TAFNA fut victime de la part d’un sous-marin le 24 Novembre 1915.
- Rapport du Capitaine au long cours GENTILE, commandant du TAFNA
- Rapport du Lieutenant de Vaisseau Léon TRUBERT, ex commandant du SABRE
- Rapport de l’Administrateur de 1ère classe BERNARD qui présida la commission d’enquête
Tous sont à peu près identiques, chaque officier apportant toutefois quelques précisions intéressantes sur le déroulement des faits.
Voici tout d’abord la liste d’équipage du TAFNA
Rapport du capitaine
Le 24 Novembre 1915 à 09h00, TAFNA, de la Compagnie de Navigation Mixte, était par 41°45 N et 04°05 E Paris, cap au N28E, faisant route sur Marseille en provenance de Sousse, Sfax et Tunis. Il transportait 61 passagers, 46 hommes d’équipage, 57 bœufs vivants, 748 tonnes de marchandises et du courrier.
Fort vent de NW et mer grosse.
L’officier de quart, Monsieur Mattei, me prévient qu’un navire battant pavillon italien est en panne à 2 milles sur trois quarts tribord et qu’il y a une embarcation à la mer avec 5 hommes dedans.
Je décide de m’approcher lorsqu’un périscope blanc, haut de 3 m, émerge à 300 m du TAFNA. Abattu aussitôt sur tribord pour éviter une éventuelle torpille. Le sous-marin émerge alors et manœuvre pour me couper la route. Nous nous retrouvons en routes parallèles, cap à l’ENE. Comme il prend de l’avance sur moi, je viens sur la gauche, me plaçant au vent du sous-marin.
Donné ordre au chef mécanicien de faire redescendre tout le personnel dans la chaufferie et d’activer les feux pour atteindre la vitesse maximum. Malgré la grosse mer, nous atteignons 11 nœuds. Le sous-marin met alors en batterie sa pièce arrière et ouvre le feu sur TAFNA. Le tir est précis, le navire bien encadré, mais aucun projectile ne le touche. Le sous-marin tente de me prendre par le travers, mais je présente à chaque fois l’arrière et, ne pouvant plus lutter contre la mer, il abandonne la poursuite et se dirige vers un troisième navire qui vient d’apparaître.
Pendant ces manœuvres et ce bombardement, plusieurs passagers, dont une vingtaine de matelots grecs, mais aussi quelques hommes de mon équipage, malgré mes ordres formels de ne pas toucher aux embarcations, sont montés dans les canots 1 et 3. Malgré mes menaces, ces passagers et ces marins, inconscients du danger, ont affalé ces deux canots à la mer où ils ont été la proie des lames. Les bossoirs du canot 3 ont même été arrachés. Six hommes de l’équipage ont participé à cette manœuvre, dont malheureusement le second capitaine Mattei. En tout, 34 passagers et marins ont disparu dans cette affaire, alors que j’aurais du arriver à Marseille avec un navire intact et avec tous les hommes de mon équipage et tous les passagers.
Le navire italien était à 300 m de son embarcation et tout semblait calme à son bord. Un homme parfaitement calme s’est promené sur la plage arrière pendant toute l’opération. Ce navire d’environ 3000 tonnes et 90 m de long était à demi paquebot, à demi cargo. Il était bas sur l’eau, peint en noir, avec deux cheminées et des mâts de charge fins et pas très hauts. Le pont était dégagé avec un petit château central peint en blanc. On ne voyait aucune embarcation à son bord. Je suis convaincu qu’il s’agissait d’un ravitailleur ou d’un navire appât.
Je signale la collaboration remarquable des passagers suivants :
Lieutenant de vaisseau Trubert, du port de Cherbourg, ex commandant du SABRE
Enseigne de Vaisseau Didailler, venant du DIDEROT
Mécanicien de 1ère classe Séveillac, du D’ESTREE, qui a prêché le calme et ramené les hommes de la machine dans la chaufferie
Maître canonnier Le Rolland, du VERGNAUD, qui a signalé le premier le périscope du sous-marin
Un quartier maître télégraphiste dont j’ignore le nom
Je signale aussi le matelot Fabre qui est resté à la barre avec le plus grand calme pendant toute l’opération, ainsi que les officiers et marins de mon équipage qui sont restés à bord et ont travaillé sans relâche dans le plus grand ordre.
Rapport du lieutenant de vaisseau Trubert
Il reprend dans les grandes lignes celui du capitaine, avec quelques précisions.
Le LV Trubert était en fait à la passerelle quand fut aperçu le navire italien. Il comprit tout de suite qu’il y avait quelque chose d’anormal et invita l’officier de quart, le 2e capitaine Mattei, à appeler le commandant. Mais celui-ci ne fit rien. Approchant du cargo et voyant le canot, il fit à nouveau remarquer au second qu’il fallait absolument appeler le commandant, mais sans plus de succès.
Le périscope du sous-marin fut aperçu alors que le commandant venait juste d’arriver à la passerelle.
Le lieutenant de vaisseau écrit alors que se produisit un mouvement de panique parmi les Grecs, des pêcheurs d’éponges de leur métier, qui se sont alors précipités dans les canots 1 et 3. Malgré les efforts du commandant et du maître d’équipage pour les en dissuader, ils ont commencé à les affaler. Surtout, il signale que le second capitaine a perdu la tête et, au lieu d’aider son commandant, bien au contraire, il a lui-même pris place dans l’un des canots. Le navire étant à sa vitesse maximum, la brutalité de la mise à l’eau a été telle que les bossoirs du 3 ont été arrachés du pont et que les deux canots se sont retournés, précipitant tous les hommes à la mer. Il a été bien sûr impossible d’aller à leur secours.
Il termine en signalant que la vigilance du maître canonnier Le Rolland et les excellentes manœuvres effectuées par le capitaine Gentile ont permis de sauver le paquebot.
Rapport d’enquête
L’administrateur conclut que, si le commandant et le maître d’équipage ont tout fait pour empêcher le débordement des canots, le second capitaine Ange Mattei en revanche, avait totalement perdu la tête et n’a rien fait, bien au contraire, pour venir en aide à son commandant et pour empêcher cette manœuvre insensée de mise à l’eau des canots à pleine vitesse. Il s’est joint à la troupe de ceux que la terreur avait gagnés et a disparu avec les 34 victimes de cette folie.
Il ajoute que, quel que soit le degré de culpabilité du capitaine au long cours Mattei, sa disparition et sa mort certaine entraînent la clôture de l’instruction le concernant.
Plus tard, une note complémentaire signalera la belle conduite, digne d’éloges, du chef mécanicien Armieux et du graisseur Dellamonica. Alors que tous les mécaniciens de quart étaient remontés sur le pont lors de l’alerte, ils sont restés en bas et ont répondu aux ordres de manœuvre du capitaine.
Malheureusement, cette note arrivera trop tardivement pour modifier les récompenses accordées et ces deux hommes ne seront pas cités, contrairement au capitaine Gentile et au maître canonnier Le Rolland.
Comme on le voit dans les posts précédents, 7 des 34 hommes tombés à la mer furent toutefois retrouvés par un navire quelques heures plus tard.
Le sous-marin attaquant
Comme l’a suggéré Yves, il ne fait plus aucun doute qu’il s’agit de l’U 33 du KL Konrad Gansser.
Ce jour-là, il a justement coulé, pratiquement à la position donnée par le capitaine Gentile le cargo italien LIGURIA, 3199 tonnes, venant de Norfolk à destination de Porto Ferraio avec un chargement de charbon. L’équipage de ce cargo a évacué dans les embarcations.
Il s’agit bien sûr du cargo vu par les hommes du TAFNA, et non d’un quelconque ravitailleur comme ils l’ont cru. De plus, outre la position, la description détaillée de ce cargo colle particulièrement bien avec la photo du LIGURIA que l’on peut voir sur le site uboat.net.
http://www.uboat.net/wwi/ships_hit/3603.html
Il est d’ailleurs fort possible que le sous-marin ait envoyé une équipe de sabotage sur le cargo, et que l’homme aperçu tranquille sur la plage arrière ait été un Allemand de cette équipe. Il faudrait vérifier avec le KTB du sous-marin comment fut conduite l’opération. Avis aux spécialistes…
Cdlt
olivier
TAFNA — Paquebot — Compagnie de navigation mixte (Compagnie Touache) (1890~1929).
Bonsoir à tous,
• Journal officiel du 26 novembre 1915, p. 8.609.
Dernière modification par Rutilius le lun. mai 20, 2024 6:52 pm, modifié 2 fois.
°
Distinctions honorifiques décernées consécutivement
à l'attaque du 24 novembre 1915
à l'attaque du 24 novembre 1915
• Journal officiel du 21 février 1916, p. 1.459.
Dernière modification par Rutilius le lun. mai 20, 2024 7:07 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
TAFNA — Paquebot — Compagnie de navigation mixte (Compagnie Touache) (1890~1929).
Bonsoir à tous,
• L’Ouest-Éclair — édition de Caen —, n° 9.198, Mercredi 29 décembre 1926, p. 8,
en rubrique « Événements de mer ».
en rubrique « Événements de mer ».
Dernière modification par Rutilius le lun. mai 20, 2024 7:10 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
TAFNA — Paquebot — Compagnie de navigation mixte (Compagnie Touache) (1890~1929).
Bonjour à tous,
Le capitaine du paquebot Tafna lors de l’attaque
subie par ce bâtiment le 24 novembre 1915
subie par ce bâtiment le 24 novembre 1915
— GENTILE Jean, né le 5 mars 1857 à Saint-Florent (Corse), décédé le ... à ... (...). Capitaine au long-cours, inscrit au quartier de Marseille, n° 507.
• Fils de Joseph GENTILE, boulanger, et de Dévote ARNEKIN, son épouse, sans profession.
• Fils de Joseph GENTILE, boulanger, et de Dévote ARNEKIN, son épouse, sans profession.
Base Léonore, Dossier 19800035/1306/50906 —> http://www.culture.gouv.fr/LH/LH325/PG/ ... 427011.htm
Dernière modification par Rutilius le lun. mai 20, 2024 7:19 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.