Bonjour,
Le terme de "désinfection du champ de bataille" figure-t-il dans un document officiel ? Pour ma part, je n'ai jamais rencontré que celui d'assainissement, et suis curieux d'en savoir plus. Merci d'avance !
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Bonjour,
Eric Mansuy : Pour rebondir sur vos propos, la plupart du temps c'étaient les brancardiers qui, en fonction des accalmies et de l'afflux des blessés, allaient relever les morts. L'opération se passait
généralement la nuit et ne concernait que les cadavres transportables...
Les dépouilles ainsi évacuées étaient ensuite rassemblées en arrière des premières lignes, dans l'attente d'une corvée pour les enterrer. Le rôle des brancardier s'arrêtait ici après avoir fouillé les corps dans le but d'une hypothétique identification...
En ce qui concerne les restes humains définitivement intransportables car étant complètement disloqués et souvent en état de putréfaction avancée ; ceux qui se trouvaient au fond d'un trou d'obus étaient généralement ensevelis en l'état. Quant à ceux qui se trouvaient en surface, ils étaient recouverts de chaux, souvent à l'initiative de la troupe qui ne supportait les odeurs épouvantables...
Pour ce qui est "l'assainissement" et du "nettoyage" du champs de bataille à proprement parler, cette opération avait lieu après une reconquête significative de terrain et relativement à l'abri du danger. Elle était mise en oeuvre par un médecin responsable de l'hygiène et exécutée par des corvées désignées aussi bien dans les rangs de l'active que ceux des territoriaux.
A ce stade là, il n'y avait plus de respect pour les victimes ni de souci de leurs localisations postérieures, le but étant clairement de débarrasser le terrain des morts en décomposition. Pour accomplir cette pénible besogne était abondamment utilisé du "crésil". Ce fameux "crésil", on le retrouve aujourd'hui orthographié "crésyl" du nom d'une marque désormais tombée dans le domaine public et pour donner une petite idée : il s'agit d'un puissant agent chimique (bactéricide, fongicide, pesticide et désherbant, rien que ça...) à base de crésol qui, se présente sous forme de granulés où de liquide brun clair, et sert aujourd'hui à désinfecter (...) les poulaillers, les clapiers ainsi que le matériel d'élevage. Sans précautions particulières, le "crésil" où "crésyl" est également un important polluant des nappes phréatiques et des cours d'eau mais je pense que ce n'était pas vraiment le souci de l'époque...
Enfin, de manière marginale, la crémation était également utilisée pour "nettoyer" et "assainir". A Paris, une proposition de loi avait même été votée par la Chambre des députés le 18 juin 1915 précisément, afin de faire de l'incinération une règle générale et absolue pour les cadavres ennemis...
Bien cordialement !!!