304e RI à Rembercourt

R.I. - R.I.T. - Chasseurs
Guitardiere
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Re: 304e RI à Rembercourt

Message par Guitardiere »

Bonjour,
Après avoir vu les belles photos de Mounette sur Rembercourt et bien lu le texte des monuments erigés sur les lieux de la bataille, je voudrais ici rendre hommage au 304e RI complètement oublié de ces monuments en m'appuyant sur une publication de Jean-Christophe Ruppé, professeur d'histoire au collège Anne Franck de Vassy (14).

"Il est indéniable qu’il s’est passé quelque chose dans la petite commune de Rembercourt-aux-Pots (aujourd’hui Rembercourt-Sommaisne) le 07 septembre 1914, localité si petite qu’elle n’apparaît sur presque aucune carte militaire de l’époque.
Le point intéressant, c’est qu’une autre bataille a bien eu lieu dans cette localité à 40 kilomètres au sud de Verdun dans le saillant de Saint-Mihiel, mais dans la nuit du 9 au 10 septembre et qu’elle ne concernait pas le 304e RI, mais le 106e et les 25, 26 et 29e BCP. C’est en tout cas ce qui est inscrit sur la plaque commémorative que l’on trouve dans la commune et dans tous les documents, ouvrages ou articles en ligne, qui traitent de la bataille de Vaux-Marie. Jamais le nom du 304e RI n’est évoqué.
Que s’est-il passé ce 7 septembre 1914 à Rembercourt ?
D’après le JMO du 304, « les pertes en tués et blessés sont considérables, les deux sections de mitrailleuses restent aux mains de l’ennemi. Le drapeau est sauf. Les débris du régiment se rallient dans le ravin situé au nord de Marats-la-Petite (soit 350 à 400 hommes), ravin où affluent quantité de blessés …
Le même JMO, dénombre, le soir du 7 septembre : 53 tués dont 22 officiers et sous-officiers, 223 blessés et 643 disparus. Dans de nombreux cas de décès, il est clairement inscrit que les soldats de Rembercourt ont été reconnus officiellement mort après le 14 septembre, à la toute fin de la bataille de la Marne, quand l’armée française a récupéré les territoires perdus en Meuse et que les corps ont pu être identifiés et inhumés. Ce qui légitime l’idée que ces « disparus » sont déjà morts au soir du 7 septembre.
Le 304e RI, régiment de réserve d’active ne compte que deux bataillons, soit un maximum au début d’août de 1950 hommes, réduit à 1400 au début septembre. Près de la moitié de ce dernier effectif a péri à Rembercourt.
Comment expliquer l’occultation totale de ce que l’on pourrait appeler la « première bataille de Rembercourt » ?
L’affrontement du 7 septembre (304e RI) se solde par un désastre doublé d’une retraite précipitée. Alors que la bataille de la nuit du 9 au 10 septembre est une victoire, le « miracle de la Marne » mettant en échec le plan Schlieffen.
Dire que huit régiments d’élite allemands ont massacré un modeste régiment de réserve de l’Orne est sans doute moins mobilisateur que de glorifier les chasseurs à pied qui, soutenus par un régiment d’active, les ont contenus. La mémoire de la commune meusienne penche donc très fortement en faveur de cette « seconde bataille », comme l’illustre la stèle commémorative érigée au nord de Rembercourt.
Ne pas oublier que le 106e RI compte dans ses rangs Maurice Genevoix …
Le 304e RI d’Argentan ne s’est jamais vraiment remis de cette journée du 7 septembre, et il ne participe plus que rarement aux grandes offensives avant d’être finalement dissous en juin 1916 pour constituer les 3e bataillons des 203e et 341e RI."

Cordialement - Juliette
Guitardiere
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Achache
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Re: 304e RI à Rembercourt

Message par Achache »

Bonjour,

Juliette :jap: , merci de raviver cette mémoire en effet trop oubliée du 304e RI.

Cependant, pour préciser un peu les choses à propos du monument de la Vaux Marie,je me permet de reproduire deux notices:

1°) sur le site:
http://gjgg.free.fr/priv/guerr14_18/chap14.htm

Capitaine Paul JOLIBOIS, instituteur, chevalier de la Légion d’Honneur, ancien lieutenant au 29ème BCP: «Les chasseurs de Saint-Mihiel et la guerre dans la Meuse» -Imprimerie Comte-Jacquet à Bar-le-Duc 1928 (épuisé). Le bénéfice de l’édition a été consacré à l’érection d’un monument à la Vau-Marie portant l’inscription suivante: «Ici même, dans la nuit du 9 au 10 septembre 1914, le 29ème BCP, appuyé par des fractions des 67ème et 106ème RI et par le 25ème BCP a repoussé l’attaque menée par les troupes du Kronprinz allemand contre le centre de la 111ème armée française. Les unités du 6ème corps occupant le front L’lsle en Barrois-Seraucourt résistèrent héroïquement et brisèrent l’assaut de l’ennemi» Le monument a été inauguré 1.25 septembre 1927 sous la présidence de M.Maginot, ancien ministre.

2°) sur le site:
http://www.memorial-genweb.org/monument ... t-aux-Pots

«1914 - Ici même dans la nuit du 9 au 10 septembre 1914 le 29e Bataillon de Chasseurs à pied appuyé par des fractions des 67e et 106e R.I. et par le 25e B.C.P. a repoussé l'attaque menée par les troupes du Kronprinz allemand contre la IIIe Armée française. Les unités du 6e Corps occupant le front Lisle-en-Barrois - Seraucourt résistèrent héroïquement et brisèrent l'assaut de l'ennemi»
Érigé à l'emplacement des combats de la Vaux-Marie (9 et 10 septembre 1914) en septembre 1950
la stèle a été construite par le commandant Pol Jolibois à l'aide de pierres ramassées sur le champ de bataille et sanctifiées par le sang des chasseurs des 25et et 29e B.C.P. et des autres soldats tombés sur ce haut lieu de l'histoire et inauguré par la Sidi Brahim de Bar-le-Duc. Dans les années 2000 le monument fut intégré dans une esplanade et encadré de 2 croix (voir cliché référence 63)
(Rembercourt-aux-Pots : commune fusionnée dans Rembercourt-Sommaisne le 1 janvier 1973)
[ Une contribution de Girod Alain le 13-01-2008 ]


Quelles que soient les erreurs de ces deux textes, on voit que ce monument eut, au départ, un caractère quasi privé, à l'initiative d'un officier du 29e BCP. Ce qui suffit, je pense, à expliquer l'absence de toute mention du 304e RI.
Quant à l'insinuation que la présence de M. Genevoix dans les rangs du 106e RI serait pour quelque chose dans l'érection de ce monument, elle me semble dénuée de fondement, et anachronique, vu la date d'inauguration du monument primitif: s'il n'était certes plus déjà un inconnu en 1927 (prix Goncourt en 1925) , il n'avait pas encore la notoriété, ni la "représentativité" qu'il acquit, à juste titre, ultérieurement.

Bien à vous,

[:achache:1]
Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
Guitardiere
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Re: 304e RI à Rembercourt

Message par Guitardiere »

Bonsoir Achache,
Mon propos (sans doute maladroit puisque vous l'avez mal compris)n'était en aucune façon de remettre en cause la 2ème bataille de Rembercourt/Vaux-Marie ni la présence des monuments existants. C'était plutôt une interrogation qui portait sur l'occultation de la 1ère bataille. Quelques arguments ont été avancés, certains dans le sens de l'interrogation. J'espérais quelques reflexions sur cet oubli de cette première bataille.
Mais mon propos était surtout un hommage au 304e qui le mérite bien.
Juliette
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IM Louis Jean
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Re: 304e RI à Rembercourt

Message par IM Louis Jean »

Bonsoir à toutes et à tous,

Tout d'abord, je voudrais raviver la mémoire de tous les soldats qui ont combattu ce 7 septembre 1914 en ce lieu. Ma pensée va aussi vers les centaines de familles qui, comme un coup d'assommoir, proches les une des autres en raison du recrutement régional, ont appris brutalement, le même jour, la perte d'être chers.

Et je suis scandalisé par le texte de l'auteur, professeur d'histoire. Si son propos était de sortir de l'oubli le sacrifice du 304e RI, ce jour-là, il n'aurait pas occulté, déformé les faits, entre autre.

Cordialement
IM Louis Jean
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Edité pour mettre en gras et souligner "je suis scandalisé"
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Guitardiere
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Re: 304e RI à Rembercourt

Message par Guitardiere »

Bonjour IM Louis Jean,
En ce qui concerne mes recherches sur la première bataille de Rembercourt, je n’ai pas trouvé beaucoup de documentation. Si des choses inexactes ont été écrites, merci de les rectifier.
En ce qui concerne M. Ruppé, je lui ai emprunté, dans une publication d’une cinquantaine de pages, les quelques extraits que vous avez lus. Mon choix n’a certainement pas été judicieux puisqu’il a été mal interprété et qu'il vous a scandalisé. Mais je suis la seule responsable.
M. Ruppé n’y est pour rien. Sa publication est très professionnelle, très nuancée et très objective. Elle portait sur tout un canton pendant cette PGM.
Je le répète, mes investigations, aujourd’hui, sur la première bataille de Rembercourt, et sur le 304, sont très difficiles. Je vous remercie donc de rectifier les inexactitudes involontaires que j’ai écrites au sujet de cette 1ère bataille et sur le 304.
Cordialement
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IM Louis Jean
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Re: 304e RI à Rembercourt

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour guitardière,
En ce qui concerne M. Ruppé, je lui ai emprunté, dans une publication d’une cinquantaine de pages, les quelques extraits que vous avez lus
Le texte est donc bien de lui et vous n'y êtes donc pour rien. CQFD.


Je voulais appuyer mes arguments sur la retranscription des JMO et sur une carte ; c'est un peu long et, comme je souhaite vous répondre rapidement, je vais donc résumer ce que j'ai perçu.

Le 6 septembre 1914 au soir, la 107e Brigade, composée des 301e, 302e et 304e RI, reçoit l'ordre de s'installer le lendemain matin au nord de la voie ferrée du "Meusien", en couverture de la 12e DI. Elle sera appuyée par deux compagnies du Génie. Le 301e RI se porte aux avant-postes de combat en fin d'après-midi sur cette ligne.

Le 7 septembre, à 5h00, le 301e RI subit un tir d'artillerie ; il est suivi par l'attaque d'un bataillon appuyé par des mitrailleuses, à laquelle il résiste. Il est rejoint à partir de 5h30 par les 302e et 304eRI pour occuper la position entre la route de Sommaisne / Rembercout à l'ouest, et la route Vaux-Marie / Beauzée à l'est. La Brigade se maintient sous le feu de l'artillerie allemande qui interdit tous les travaux d'organisation du terrain.

En début d'après-midi, l'infanterie allemande attaque et la progression des assaillants déborde les positions, permettant des tirs d'enfilades meurtriers qui obligent les trois régiments à se replier. Le général Estève, commandant la Brigade, est blessé et remplacé par le Colonel Desthieux, commandant le 301e, qui sera lui-même blessé de trois balles peu après. Le 6e Corps d'Armée estime les perte de la 107e Brigade aux 3/5 de son effectif.

Vers 16h30, le 29e BCP reçoit l'ordre de renforcer la 107e Brigade qui commence à plier. Pendant son mouvement vers l'avant il reçoit d'un officier de l'état-major du VIe Corps d'Armée l'ordre verbal "Portes-toi avec tout ton bataillon en renfort de la 107e Brigade qui plie." A près s'être renseigné auprès des artilleurs et avoir reconnu le terrain, le commandant du Bataillon décide d'occuper la position précédemment tenue par la 107e Brigade. L'ennemi n'occupe qu'une bande de terrain entre la station du Meusien et la ferme Vaux-Marie où se trouvent deux compagnies environ. La préparation d'artillerie, très efficace, oblige les allemands à quitter les positions conquises. A 18h30 le 29eBCP tient les objectifs prescrits.


L'attaque du matin a permis aux Allemands de préciser les positions françaises et d'en déterminer les points faibles ; bien appuyée par l'artillerie et des mitrailleuses, celle de l'après-midi oblige la Brigade, qui a subi huit heures de canonnade incessante, à se replier sous un feu meurtrier après deux heures de combat. Le plus gros des pertes semble avoir été subi au cours de l'attaque d'infanterie. Le JMO de la 107e Brigade donne les chiffres de pertes = 301e RI : 739,
302e RI : 448, 304e RI : 1123. Les deux compagnies du Génie, qui sont restées sur les positions malgré l'impossibilité de travailler et ont fait le coup de feu avec les fantassins, subissent aussi des pertes sensibles = 6/4 : 50, 6/5 : 36. L'artillerie lourde et de campagne a subi aussi des pertes, mais je n'ai pas encore trouvé de chiffres précis. Edité pour ajouter : Le 4e groupe du 46e RAC (10e, 11e et 12e batterie) perd 4 tués et 18 blessés.

Il est clair, à mes yeux, que le sacrifice des fantassins et des sapeurs n'a pas été vain malgré ce que le récit de la journée pourrait laisser croire. En effet, si le 29e BCP ne trouve en face de lui que deux compagnies, malgré l'abandon certainement visible des positions, c'est que les Allemands ont été très éprouvés par la résistance de la 107e Brigade.
Jamais le nom du 304e RI n’est évoqué.
Je serais tenté de dire si, au moins une fois, sur le site Verdun-Meuse :
<<Septembre 1914 : Rembercourt en première ligne dans les combats meusiens de la bataille de la Marne

Au début du mois de septembre 1914, l’offensive allemande a largement bousculé l’armée française, l’obligeant à un repli ordonné qui pousse les avant-gardes allemandes à 25 km de Paris. Dans l’espace meusien, la Ve armée allemande, après avoir contourné par le nord la place forte de Verdun, oriente son offensive vers le sud, fonçant sur la trouée de Revigny et la vallée de l’Ornain. Le 4 septembre, elle prend Clermont-en-Argonne, le 6 septembre, elle investit Revigny. Elle constitue alors le flanc gauche du dispositif offensif allemand engagé dans ce qui devient « la bataille de la Marne ». Face à elle, la 3e Armée française, après avoir étiré à l’extrême ses lignes de repli, engage, au diapason de l’ensemble du dispositif français, une contre-offensive qui se joue à l’Est de la vallée de la Meuse, sur les plateaux du barrois, et notamment autour de Rembercourt aux Pots, sur le plateau de la Vau Marie. C’est là que du 7 au 10 septembre 1914, sous une pluie battante, trois jours et trois nuits de combats ininterrompus opposent le 6e Corps d’Armée français, renforcé du 15e CA, et les VI, XIII et XVIe Corps allemands. Les pertes sont terribles dans les rangs des 25e, 26e et 29e bataillons de chasseurs à pied, le 67e RI et le 106e RI où un jeune officier, Maurice Genevoix, vit son épreuve du feu. Le 304e RI d’Alençon, engagé le 10 septembre sur le secteur, perd 60% de son effectif en 10 heures (plus de 600 morts et 200 blessés dénombrés) sous le feu de l’artillerie qui écrase le plateau de la Vau Marie et sa petite gare du Varinot. Les deux nécropoles française et allemande de Rembercourt, où l’on a rassemblé après guerre les corps des combattants tués dans le secteur, témoignent de la violence de ces combats : des milliers de corps étaient si méconnaissables qu’ils ont été rassemblés dans des fosses communes et des ossuaires au côté des tombes nominatives. Après trois jours d’offensives et de contre-offensives qui voient aussi la destruction quasi complète du village de Rembercourt, l’armée allemande se replie finalement sur l’Argonne mais réussit dix jours plus tard à investir un saillant autour de Saint Mihiel, parvenant ainsi à encercler aux deux tiers la forteresse de Verdun : les fronts meusiens s’installent dès lors pour quatre longues années de lutte.>>

La page est datée du 1er juillet 2010, elle est donc postérieure aux conférences de monsieur Ruppé, dont celle du 10 avril 2010. Toutefois, deux erreurs dans le texte me font penser (sans certitude il est vrai, mais bon, on ne prête qu'aux riches) que cette évocation du 304e RI ne doit rien à monsieur Ruppé : la date du 10 a lieu du 7 et le nombre de tués et blessés, s'il est du même ordre, n'est pas identique.
Si monsieur Ruppé a engagé des démarches auprès des collectivités et associations locales, elles n'ont pas encore porté leurs fruits. (?)


Comment expliquer l’occultation totale de ce que l’on pourrait appeler la « première bataille de Rembercourt » ?
Les combats des 9 et 10 septembre se sont déroulés sur les même lieux que ceux du 7, contrairement à ce que laisse habilement entendre l'auteur. La bataille de Vaux-Marie s'est donc déroulé en deux temps. La mémoire collective n'a certes retenu que le deuxième temps, combats acharnés et victorieux, glorieux donc, ce qui peut paraître injuste mais dans la logique de la mémoire humaine. La première bataille a provisoirement arrêté l'offensive allemande, alors que la deuxième l'a brisée. Vous remarquerez aussi sur le site memorial GenWeb, indiqué par Achache, que le monument érigé à la gloire du 29e BCP par le commandant Pol Jolibois n'évoque aussi que le deuxième temps de la bataille, alors que ce Bataillon a participé aux combats du 7 septembre!

Ne pas oublier que le 106e RI compte dans ses rangs Maurice Genevoix
Monsieur Ruppé semble oublier que Maurice Genevoix a non seulement participé au combat de Vaux-Marie avec le 106e RI, mais aussi qu'il l'a décrit dans "Ceux de 14". Sa célébrité actuelle est certainement mise en valeur pour attirer le touriste mais elle n'est pas instrumentalisée.
Le 304e RI d’Argentan ne s’est jamais vraiment remis de cette journée du 7 septembre, et il ne participe plus que rarement aux grandes offensives avant d’être finalement dissous en juin 1916 pour constituer les 3e bataillons des 203e et 341e RI.
Je ne mets pas en doute le fait que le 304e ait eu du mal à se remettre de cette journée, pour autant qu'il s'en soit remis. De là à laisser entendre que sa dissolution en découle, c'est un détournement. De nombreux régiments de réserve seront dissous en 1915 et 1916 pour porter les autres régiments à 3 bataillons. Le 301e RI sera d'ailleurs dissous en juin 1915, un an avant le 304e. Voir les régiments de réserve sur le site du Chtimiste.
Rembercourt-aux-Pots (aujourd’hui Rembercourt-Sommaisne) le 07 septembre 1914, localité si petite qu’elle n’apparaît sur presque aucune carte militaire de l’époque.
Je ne sais pas ce que Jean-Chrisophe Ruppé entend par "carte militaire" ni ce qu'il veut dire par cette phrase, mais Rembercourt apparaît bien sur la Cassini, la 1/40 000e et la 1/80 000e. Pour autant que je sache, des cartes supplémentaires ont bien été éditées mais elles étaient d'une échelle plus précise!
Image

J'espère que cette contribution répond à votre demande. Elle sera complétée dès que ma disponibilité me le permettra.

Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir

Edité pour ajouter la carte copiée sur ce site et apporter quelques rectifications de pure forme.

Sources :
JMO des 301e RI , 302e RI, 6e Corps d'Armée, 29e BCP, compagnie 6/4, compagnie 6/5

304e RI
JMO du 304e RI
7 septembre 1914

Le Régiment qui, couvert par des avant-postes, a bivouaqué sur ses positions de la veille, se porte au lever du jour par les Merchines et Rambercourt sur la croupe située à 200 ou 300 mètres au nord de la ligne ferrée à une voie, s'y établit à 1 800 mètres au nord de Rambercourt. Sa gauche est vers la cote 285 appuyée à la route de Rambercourt à Sommaisne ; sa droite reliée au 301e est vers la station située à 700 mètres au N.O. de la ferme des Vaux-Marie, et à environ 200 mètres de cette station.

Les huit compagnies du régiment occupent la crête (le 5ème bataillon à gauche) et reçoivent l'ordre d'établir des tranchées (Dans le courant de la journée quelques fractions du 302e viendront s'établir en réserve derrière le 304e au sud de la voie ferrée). Ce travail est rendu impossible par le tir de l'artillerie ennemie qui canonne la position dès l'arrivée du Régiment (vers 5h30). Jusqu'à 15h00 le Régiment ainsi déployé sur un front de 1 500 mètres environ reste exposé à une violente canonnade de l'artillerie lourde et de l'artillerie de campagne ennemies. Toutefois les pertes sont peu considérables. Vers 15 heures, l'infanterie ennemie qui s'était retranchée à l'ouest de Sommaisne, se porte en avant et le Régiment répond à sa fusillade. Mais vers 16 heures toute la ligne commence à essuyer des feux d'écharpe venant de la gauche. Bientôt l'ennemi apparaît sur la gauche du Régiment, à l'ouest de la route de Rambercourt à Sommaisne, vers la cote 285. Un mouvement de recul s'opère alors dans tout le Régiment en commençant par les unités établies vers cette route et en se transmettant jusqu'à la droite. Les différentes unités [strike]se retirent dans un certain désordre[/strike] opèrent leur mouvement de repli, principalement dans la direction ouest-est dans la direction de la ferme de Vaux-Marie, c'est à dire en se prolongeant sur le front de l'attaque venue du nord. Quelques éléments cependant battent en retraite dans la direction de Rambercourt ; ce seront les moins éprouvés par le feu de l'ennemi. Les pertes en tués et blessés sont considérables, les deux sections de mitrailleuses restent aux mains de l’ennemi. Le drapeau est sauf.

Les débris du régiment se rallient dans le ravin situé au nord de Marats-la-Petite à l'Est du bois de Hymeaucote (soit 350 à 400 hommes), ravin où affluent quantité de blessés.
vers 18 heure, ces éléments du 304e, sont conduits vers Marats-la-Grande.
Le Lieutenant Colonel commandant la Brigade donne l'ordre au 304e de s'établir au bivouac au sud de Marats-la-Grande.

les pertes s'élèvent à Tués Blessés Disparus

Officiers 13
Sous-officiers 9 21 22
Caporaux et soldats 31 202 621

Totaux 53 223 643

Le Régiment s'installe au sud de cette localité dans un petit ravin situé près de la route. 450 hommes répondent à l'appel reçu vers 20h30.


8 septembre 1914
Le régiment reçoit l'ordre de s'installer sur la croupe située au sud de Marats-la-Grande, vers la cote 286, d'y exécuter des tranchées de façon à constituer avec les deux autres régiments de la Brigade installés, le 301e sur la croupe située au nord du bois du Fays, vers la cote 312, le 302e sur la croupe située au sud de Marats-la-Petite faisant face au nord et à l'ouest, une position de repli.

Il est reconstitué provisoirement de la façon suivante : le 6ème bataillon forme 3 compagnies, le 6ème forme une seule compagnie, placée sous les ordres d'un adjudant. .../...

107e Brigade
JMO de la 107e Brigade
7 septembre 1914

le 301e a passé la nuit aux avant-postes sur la voie de chemin de fer au nord de Rembercourt ; le reste de la Brigade le rejoint au jour et doit tenir à tout prix la position. Le 301e est attaqué avant l'arrivée des 302e et 304e ; le renforcement semble arrêter l'offensive ennemie. La canonnade commence vers 5h30. La Brigade résiste toute la journée. Vers 15h les 301e et 302e pris d'écharpe par un feu très violent d'artillerie , doivent abandonner la droite. Vers 17h à gauche le 304e est pris d'enfilade par des feux très violents d'infanterie, de mitrailleuses, d'artillerie ; il doit se replier à son tour.
Bivouac de la Brigade à Marats-la-Grande.
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Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
JCH Ruppe
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Re: 304e RI à Rembercourt

Message par JCH Ruppe »

Bonjour à toutes et à tous,
Guitardière, Achache et Sesouvenir,

Informé par un proche de la création de ce topic sur le 304e où mon nom était cité, j'ai été très touché à la lecture de vos différents commentaires. Touché de voir que Juliette «Guitardière» souhaitait mettre en avant quelques phrases d'un de mes modestes articles, touché surtout par la violence de certaines accusations proférées à mon encontre. Lorsque je rédigeai cet article (paru en avril 2010 dans le bulletin trimestriel de la Société Historique et Archéologique de l'Orne), j'étais âgé d'à peine 23 ans (mais la jeunesse n'est pas une excuse) et travaillai pour la première fois sur ce type de publication.

Ma contribution comprend certainement des erreurs, j'en suis le premier conscient et le plus sévère critique. Mais si l'on peut m'accuser de maladresses en quelques occasions, je rejette le procès qui m'est fait «d'occulter ou déformer les faits, entre autre» (Sesouvenir, le 04 avril) ou même «d'anachronisme» (Achache, le 01/04). Car il n'y a pas pire insulte, à mon sens, pour un chercheur, quelles que soient son expérience et l'ambition de son travail, que d'être taxé de négationniste, et c'est ainsi que je perçois certaines critiques à mon égard. On peut lui reprocher, à ce chercheur, d'avoir oublié certains faits, certains paramètres, de construire une hypothèse sur des éléments guère fiables, mais en aucun cas penser de lui qu'il a sciemment détourné la réalité pour servir sa propre interprétation des événements. Autrement dit, l'accuser de perdre son objectivité, sa rigueur méthodique, son souci de la vérité, autant de fondements de cette belle discipline qu'est l'Histoire.

C'est pourquoi je me permets de participer au débat, en apportant quelques explications et en dénonçant ce qui me semble être de fausses interprétations de mes propos, afin de sauver le peu de crédit que vous daignez m'accorder, et notamment vous, Monsieur IM Louis Jean. Je ne cherche pas à me réhabiliter à vos yeux, mais à prouver que ma passion pour l'Histoire est réelle (j'ai choisi d'en faire mon métier en enseignant, ce qui n'est pas si simple de nos jours), et que je ne transgresse ni ses codes ni ses principes, contrairement à ce que vous sous-entendez.


1) Mes remerciements vont à Juliette, qui a tenu à aborder un sujet qui me tient à cœur, et qui a souhaité ensuite me défendre et prendre pour elle la responsabilité de la réponse cinglante d'Achache. J'imagine combien votre position est devenue délicate sur ce forum, et espère sincèrement que les contributions de chacun vous permettront d'obtenir les informations que vous recherchez. Bien entendu, je ne nie pas avoir écrit les phrases que vous avez extraites de mon article. Seulement, mon raisonnement complet s'étirait sur une demi-douzaine de pages, et votre résumé de 25 lignes ne traduit pas toujours fidèlement ma pensée. De ma présentation initiale (très scolaire je l'avoue, avec alinéas et tirets), il ne reste rien. Chaque hypothèse que j'avais pris soin de formuler avec les précautions d'usage (avec des questions, l'emploi du conditionnel, présentation de thèse et d'antithèse) se trouve également raccourci à une (Genevoix) ou deux phrases. Je regrette, et vous avez eu le courage de l'assumer, un découpage malheureux de mes propos. Mais votre responsabilité s'arrête ici, car vous n'êtes en aucun cas coupable des confusions, sur-interprétations ou extrapolations qui ont découlé de votre résumé.

2) «1914-1918, Mourir pour la France : l'exemple du canton de Flers (Orne)», tel est le titre complet de mon article. L'ambition de celui-ci était de présenter différents aspects de la Grande Guerre, vue par un petit canton d'un département rural (avec quelques pôles industriels) moyennement peuplé. C'est ce canton, et lui seul, qui est au centre de mon article, et non telle ou telle bataille, même s'il est évident que le sujet est abordé. Mon modeste travail tournait autour de la mémorialisation du conflit dans le département de l'Orne et donc dans le canton de Flers, dans le traitement des «Morts pour la France» comme dans la mise en avant de certaines batailles au détriment d'autres. Cette réflexion partait du constat que le département donnait préférence, dans ses commémorations ou dans le nom de ses rues, à la bataille d'Ethe (22 août 1914) à laquelle participèrent tous les régiments ornais, et absolument pas à la bataille de Rembercourt (07 septembre 1914) qui fut pourtant presque aussi meurtrière pour l'Orne. Dans le canton de Flers, c'est même Rembercourt qui devance Ethe, en terme de décès...et pourtant les rues du canton font uniquement référence au champ de bataille belge, ou aux régiments qui y ont combattu. Avec toutes les précautions que le permet la langue française, j'élabore donc quelques hypothèses afin d'expliquer pourquoi une bataille (Ethe le 22 août, ou Rembercourt le 10 septembre) est mise en avant, tandis que l'autre est occultée. Juliette en a sélectionné quelques passages. Dans le contexte de mon travail, qu'il me semblait primordial de rappeler ici, il n'est donc pas question de comparer Rembercourt le 07 et le 09/10 septembre et les mérites (réels ou imaginaires) de chacun, mais de réunir un maximum de propositions expliquant le peu d'évocations de la bataille du 07 septembre.
Bien sûr, nous sommes ici dans un domaine très particulier qui est celui de l'histoire des mentalités, de la mémoire des hommes et des lieux. C'est un domaine périlleux, aux bases instables car il pénètre l'esprit humain, ses sentiments, ses réactions. On ne peut donc être catégorique. Je questionne, interroge, soulève des problèmes ou des débats, sans jamais donner d'avis tranché pour un sujet aussi délicat, aussi nuancé qu'est la «mémorialisation d'un événement». J'aurais apprécié que mes contradicteurs fassent preuve de la même retenue dans leur lecture.
Je déplore que personne n'ait "resitué" mes propos dans leur contexte et dans une réflexion plus générale. Je ne peux que vous encourager ici à vous procurer le bulletin trimestriel de la SHAO (dans lequel vous retrouverez l'intégralité de mon travail), société historique dont le sérieux et la rigueur ne sont plus à prouver, et qui a eu la gentillesse de me proposer cette publication.

3) Pour Achache : merci pour ses précisions concernant l'érection de la stèle commémorative de Rembercourt. Il semble effectivement que la décision de construire ce monument soit partie d'éléments du 29e BCP...qui n'ont pourtant pas oublié d'y ajouter les régiments ayant combattu à leurs côtés du 9 au 10 septembre, y compris le 67e pourtant très faiblement représenté. Il faudrait se pencher sur les sources de Monsieur Alain Girod, sur le site MémorialGenweb que vous indiquez.

Là où je me détache totalement de votre interprétation, c'est au sujet de Maurice Genevoix. À aucun moment, ni dans le résumé de Juliette, ni dans mon article, un parallèle est établi entre les ouvrages de l'écrivain et l'érection de la stèle. Il s'agit d'une lecture précipitée de votre part, ou bien d'une extrapolation. Mon propos interrogeait sur la guerre vécue par Genevoix, qu'il a largement raconté dans ses livres, regroupés dans le célèbre «Ceux de 14», où la bataille de Rembercourt tient une large place (une vingtaine de pages pour les 9 et 10 septembre). Le 304e RI ne compte pas dans ses rangs de littérateur pour mettre des mots sur ce qui s'est passé le 07 septembre, contrairement au 09-10/09 où Genevoix est là pour apporter une autre source, un autre angle d'approche de la bataille que celui des JMO ou historiques de régiments. Pour la SHAO, j'écrivais ceci : «les récits de Genevoix ont-ils joué un rôle dans la prépondérance d'une bataille sur l'autre ? Rien ne permet d'infirmer cette idée, ni de la confirmer d'ailleurs. Mais les ouvrages du futur académicien figurent parmi les rares à médiatiser au niveau national cette petite localité. Une importance certaine est donc accordée à son propos». J'ajouterai que Jean-Norton Cru (1928), dont les travaux ont été largement discutés depuis, a encensé le récit de Genevoix, alors qu'il «rejetait» des oeuvres comme Les Croix de Bois de Dorgelès ou Le Feu de Barbusse, au motif qu'ils étaient trop «romancés». Dans l'Entre-deux-guerres, le travail de Cru a fait autorité, et a contribué à diffuser l'œuvre de Genevoix. A aucun moment ne m'est venu à l'idée une participation de l'écrivain dans la construction de la stèle de Rembercourt...si cela avait été le cas, on peut légitimement penser que le 106e RI serait mis plus en avant...
Un dernier point : certes, Jean-Norton Cru ne «l'adoube» qu'en 1928, certes le prix Goncourt de Raboliot n'intervient qu'en 1925, mais Genevoix a déjà fait paraître une dizaine d'ouvrages à cette date, certains primés (Rémi des Rauches), presque tous publiés par Flammarion, connu pour éditer les œuvres de Stendhal, Balzac, Zola ou Flaubert...


4) Réponse (dans ce point et les suivants) à Monsieur Louis Jean, intervention très documentée du 06/04, 8H51 :

Comme l'a précisé honnêtement Juliette, elle a procédé à d'importantes découpes dans mon texte. Si les mots sont bien de moi, les phrases ou les idées ne reflètent que très partiellement mon propos et en écornent malheureusement parfois le sens. Le texte est donc autant de moi qu'il ne l'est pas. CQFD.

5) Je n'ai rien à ajouter sur les précisions concernant la bataille du 07 septembre. Les JMO, aujourd'hui facilement consultables sur Internet, sont des sources précieuses et fiables, extrêmement détaillées, parfois même très froides et neutres. Ils n'ont, en outre, pas le côté «hagiographique» de certains historiques de régiments publiés après la guerre, dont les auteurs en rajoutent parfois sur la magnifique conduite des hommes, leur héroïsme...Un hommage mérité, mais qui parfois conduit à s'interroger sur la totale objectivité de l'auteur. Un défaut donc, que n'ont pas les JMO.
A noter cependant que le 304e RI est bien le plus touché des trois régiments. A la lecture du JMO, il semble que ce soit lors de la retraite que le massacre de la troupe ornaise ait eu lieu. Il existe une photo, montrant le 304e RI en mouvement dans le village de Rembercourt au cours du mois de septembre 1914 (sans que l'on sache si la photo date précisément du 7 septembre).
Concernant les deux compagnies allemandes affrontant le 29e BCP, le JMO se montre peu disert : est-ce le reste d'un régiment ? Est-ce une troupe laissée ici pour tenir la ville tandis que le reste du Corps d'Armée faisait mouvement ? Est-ce l'avant-garde allemande chargée de la poursuite du 304e RI ? De mémoire, le 304e RI, situé au nord de Rembercourt, affronte 8 régiments d'élite de Bavière. Le repli se fait très rapidement en direction de la ferme de Vaux-Marie pour une grande partie des soldats, fauchés par les balles à cette occasion (le JMO du 304e RI rapporte que les premiers coups de feu sont partis à 15h, et la retraite opérée à 16h). C'est sur cette position de Vaux-Marie que vient se placer le 29e BCP. Il manque une source (peut-être un récit allemand), pour connaître précisément le rôle de ces deux compagnies allemandes.

6) Concernant le site Verdun-Meuse. Effectivement, cette page internet est postérieure à ma conférence pour la SHAO et à mon article. N'étant ni l'auteur (comme vous le relevez justement), ni doué de voyance, je ne pouvais me douter de son existence en avril 2010. Elle comporte effectivement une ou deux erreurs, mais a le mérite d'associer les mots «304e» et «Rembercourt»...
Je n'ai engagé à ce jour aucune démarche auprès d'associations ou de collectivités territoriales. Par manque de temps, de disponibilité, mais surtout car tel n'est pas mon but. Il n'est pas de mon devoir de procéder à des réhabilitations ou de solliciter des commémorations. J'essaye de montrer des dysfonctionnements, parfois des oublis. Je soulève des questions face à un public ou un lectorat, qui est ensuite entièrement libre de s'adresser aux autorités compétentes s'il juge nécessaire de faire rectifier ou compléter tel ou tel manque. La limite entre Histoire et Mémoire se fait de plus en plus floue ces dernières années et il importe de bien clarifier le rôle de chacun. C'est en tout cas ainsi que je conçois mon rôle d'apprenti-historien, mais cet avis n'engage que moi. Je ne serai donc jamais à l'origine de telles démarches, ni demandeur, mais je pourrai me rendre utile en apportant une caution historique, si l'on souhaite faire appel à moi.


7) Rembercourt, bataille en deux temps.

Je souscris totalement à cette notion de deux temps (contrairement à ce qui semble être suggéré sur le site Verdun-Meuse). Mais il ne me semble pas avoir laissé entendre que la bataille aurait eu lieu sur deux lieux différents (si c'est habile, alors c'est involontaire). Je suis bien d'accord pour situer cette bataille dans un triangle allant de la ferme de la Vaux-Marie-le bourg de Rembercourt-la gare. J'ai beau relire Juliette, ou me relire, je ne vois pas à quelle phrase vous vous référez. Au sujet de la stèle, il semble que l'action du 29e BCP ait été limitée le 07 septembre. Si j'en crois le JMO, oui le 29e a été sollicité pour renforcer les lignes défaillantes, oui il s'est porté devant l'ennemi, mais c'est l'artillerie qui s'est chargée de repousser les compagnies allemandes. On aura (peut-être) voulu réserver le monument au seul 09 septembre, où le courage et la résistance du 29e BCP ont été mis à plus rude épreuve. Là encore, nous sommes dans l'hypothèse et l'analyse, rien n'est certain.

7) Concernant Maurice Genevoix, cf le point 3) ci-dessus. Effectivement, Rembercourt est longuement mentionné dans «Ceux de 14», mais aucune allusion est faite à d'autres régiments présents lors de la bataille. Pour le 07 septembre, Genevoix mentionne des tirs d'obus et décrit l'église de Rembercourt en train de brûler. Le 09 septembre, dans Rembercourt, il évoque «des cadavres partout», «l'odeur fétide» et donne des exemples de corps mutilés. N'étant pas historien du livre ou de l'édition, ni spécialiste des écrivains de guerre, mon propos ne tient pas à sur-estimer l'importance de Genevoix, mais juste à évoquer le fait qu'il est l'un des rares à parler de Rembercourt...et que Genevoix était du 106e, et pas du 304e... Certes, l'anecdote est reprise pour les promeneurs de la manifestation organisée sur le site Verdun-Meuse, mais je ne le vois pas comme instrument ni comme attrait supplémentaire pour les touristes. Je persiste et signe : Genevoix était déjà connu et reconnu dans l'Entre-deux-Guerres, même s'il n'était pas encore le grand écrivain académicien qu'il est devenu par la suite.

8) Je n'établis pas de lien direct entre le 07 septembre 1914 et la dissolution du 304e RI. Les faits sont les suivants : Le 304e perd plusieurs centaines d'hommes à Spincourt le 25 août, puis le chiffre que l'on sait à Rembercourt. Il faut donc le reconstruire entièrement, ce qui va prendre un certain temps. Cela mène à l'année 1915 où l'armée française est profondément réaménagée et réorganisée : panachage des régiments, refonte des corps d'armée ...On décide alors de procéder à la suppression de certains régiments de réserve (qui comptent 2 bataillons) vers d'autres régiments de réserve, afin de constituer des régiments de 3 bataillons, à l'égal des régiments d'active. C'est le cas du 301e, manifestement précurseur en la matière. Le 304e suit en juin 1916. En 1915 et 1916, le JMO rapporte que le 304e RI combat assez peu (les Eparges en 1915)... On privilégie certainement les régiments «complets» à trois bataillons. Il n'y a donc pas lien de cause à effet entre Rembercourt et la dissolution. Si la phrase est ainsi comprise, il s'agit alors d'une des petites maladresses littéraires que j'évoquais en introduction.

9) Concernant la présence de Rembercourt sur des cartes, la critique est ici justifiée et je l'accepte. Par carte militaire, terme peu clair je l'avoue, j'entendais parler des cartes d'Etat-Major. Effectivement, Rembercourt apparaît au XVIIIe siècle sur les cartes de Cassini père et fils, dont le travail extrêmement précis et rigoureux a permis des avancées géographiques et cartographiques notables. Cependant, je ne suis pas certain de voir apparaître Rembercourt sur toutes les cartes de la Meuse en 1914. L'imprécision du «presque aucune carte» laisse la porte ouverte à une discussion, si quelqu'un est en mesure de me présenter une telle carte d'Etat-Major. Pour l'instant, mes recherches sont restées vaines.


Vous me pardonnerez la longueur de ma participation, mais certaines choses devaient être dites ou précisées. Je trouve certaines réactions de MM Achache et Sesouvenir déplacées et violentes, car ils n'ont pas cherché à vérifier le contexte de rédaction ou à se référer au texte intégral...ce qui fait pourtant partie du travail de base de l'amateur (ou du professionnel) d'histoire soucieux de suivre un tant soit peu une rigueur scientifique. Un grand nombre de confusions, d'interprétations ou d'extrapolations proviennent d'une mauvaise lecture de mon article. J'assume mes erreurs comme mes imprécisions, mais réfute à nouveau les anachronismes ou les occultations dont on m'accuse. Je considérais ce forum «pages14/18» comme un lieu d'échanges, de partages et d'entraide autour de la Première Guerre mondiale.. Je ne me doutais pas qu'il pouvait également donner lieu à un lynchage en règle de certains travaux et à d'aussi gravissimes reproches, sur la foi de quelques lignes, quelques phrases sorties de leur contexte.
Ma déception est particulièrement dirigée vers vous, IM Louis Jean. Votre culture encyclopédique (vous participez à de très nombreux topics, sur de multiples sujets, en citant toujours vos sources) et votre grande rigueur fait de vous l'un des membres influents du forum. En 2009, lors d'une discussion animée sur les pertes anglaises lors de la bataille de la Somme, vous réfutiez à juste titre une accusation de négationnisme, proférée par un autre membre. De quel droit vous autorisez-vous à porter ce même jugement sur mon travail ? Vous qui portez autant d'importance au choix des mots, au souci du détail, je ne crois pas qu'il s'agisse d'une maladresse verbale de votre part. La critique est toujours constructive si elle est argumentée. Les vôtres reposent sur quelques lignes isolées...et cela suffit à faire partager à tous votre avis «scandalisé» sur mon propos ? Un avis qui apparaît désormais dans les cinq premières réponses sur les moteurs de recherche si quelqu'un tape mon nom ?
Je note que vous êtes bien renseigné : mes nom et métier, précisés par Juliette, mais aussi la date de ma conférence pour la SHAO, information que vous avez sans doute pris soin d'aller chercher sur Internet. Cela vous confère un avantage certain sur moi, car je ne sais à qui je m'adresse, ni en quelle qualité vous participez à ce forum.
Je vous invite, pour conclure, à vous procurer le texte intégral de mon article, afin que nous puissions continuer à débattre et discuter, dans l'intérêt de l'Histoire, sur les choses que j'ai réellement écrites, et non les éléments que vous avez cru lire. Le 304e et Rembercourt méritent mieux qu'un débat futile reposant sur du vent.

Bonne continuation,


Jean-Christophe Ruppé.
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IM Louis Jean
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Re: 304e RI à Rembercourt

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour JCH,

J'hésite encore à répondre de façon détaillée à votre intervention. Parce que je persiste à penser que les phrases choisies par guitardiere sont signifiantes : c'est ce qu'elle a retenu de votre article en ce qui concerne Rembercourt, en toute fraîcheur. Ce topic risquerait de se transformer en partie de ping pong indigeste.

Effectivement, j'ai effectué une recherche sur internet mais avec comme mots clefs "votrenom" "rembercourt" pour élargir le contexte. L'article que j'ai trouvé m'a conforté dans mon opinion : http://www.ouest-france.fr/actu/actuLoc ... d_actu.Htm

On y lit :
<<D'autres noms de morts n'ont pas eu droit au Panthéon municipal : à Caligny, près de Flers, six morts pour la France sur 31 ne sont pas inscrits au monument. Monsieur JC R suppose que certaines familles étaient trop pauvres pour payer, ou que les non-catholiques ou étrangers aient été mis de côté.>> Si l'auteur de l'article n'a pas déformé vos propos je comprends qu'il fallait payer pour inscrire un nom sur les monuments aux morts, à tout le moins dans le canton de Flers? Il est des suppositions qui valent affirmation sous-entendue, les sondeurs le savent bien.

Après la lecture de votre intervention j'ai effectué une recherche avec les mots clefs "votreprénom votrenom". Un des articles donne votre jeune âge et la ville où vous enseignez. Les élèves du 21e siècle savent consulter internet, y compris avec leurs smartphones dans la salle de classe. J'ai donc édité tous les messages dans lesquels apparaissaient vos prénom et nom pour les remplacer par des désignations ... plus anonymes.

Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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Achache
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Re: 304e RI à Rembercourt

Message par Achache »

Bonsoir,

Ma modeste participation pour un hommage aux hommes du 304e RI:

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Extraits du Livre d'or du Clergé et des Congrégations.

Bien à vous,

[:achache:1]
Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
Guitardiere
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Re: 304e RI à Rembercourt

Message par Guitardiere »

Merci pour Achache pour cet hommage aux soldats du 304e.
Amitiés - Juliette
Guitardiere
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