116ème RI
Re: 116ème RI
Bonjour,
J'ai dégoté il y a quelques jours dans un bouiboui, un livre qui peut intéressé certains je pense.
Il s'agit de :"Parole d'un revenant" de Jacques d'Arnoux commandant du 116ème RI.
Il y a une photo de lui et aussi une photo du lieu de son crash en avion.
Voilà voilà
Amicalement,
Guillaume Sudour
- Jean RIOTTE
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- Inscription : sam. nov. 05, 2005 1:00 am
Re: 116ème RI
Bonsoir Guillaume,
Si vous ne tenez pas à garder ce livre, je suis prêt à vous l'acheter.
Il s'agit du Régiment du GP de mon épouse, MPLF le 25 octobre 1918.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Si vous ne tenez pas à garder ce livre, je suis prêt à vous l'acheter.
Il s'agit du Régiment du GP de mon épouse, MPLF le 25 octobre 1918.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Re: 116ème RI
Bonsoir
Un grand classique, que ces "Paroles d'un Revenant" de d'Arnoux, avec aussi son autre ouvrage: "Les Sept Colonnes de l'Héroïsme". Ecrivain de style "héroïco-mystique" J. d'Arnoux fut l'un des plus célèbres "grands blessés" dans l'après-guerre, mais -petit détail- je ne sache pas qu'il ait été "commandant du 116e RI" (confusion avec son père, le Colonel d'Arnoux ??): il fut "simplement" lieutenant aviateur.
Le récit de son sauvetage par des hommes du 4e RMTZ, narré dans les "Paroles..." p 141 et sv. se retrouve dans le JMO dudit 4e RMTZ au 7 Septembre 1917.
Bien à vous,
Achache.
Un grand classique, que ces "Paroles d'un Revenant" de d'Arnoux, avec aussi son autre ouvrage: "Les Sept Colonnes de l'Héroïsme". Ecrivain de style "héroïco-mystique" J. d'Arnoux fut l'un des plus célèbres "grands blessés" dans l'après-guerre, mais -petit détail- je ne sache pas qu'il ait été "commandant du 116e RI" (confusion avec son père, le Colonel d'Arnoux ??): il fut "simplement" lieutenant aviateur.
Le récit de son sauvetage par des hommes du 4e RMTZ, narré dans les "Paroles..." p 141 et sv. se retrouve dans le JMO dudit 4e RMTZ au 7 Septembre 1917.
Bien à vous,
Achache.
Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
- RIO Jean-Yves
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- Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am
- Localisation : VANNES (Morbihan)
- Contact :
Re: 116ème RI
Bonsoir à toutes et à tous.
116e RI, je ne pouvais pas rester muet.
Contrairement à ce qu'en a dit le sieur N.CRU - livre "fantaisiste" !!! - je réfute totalement pour l'avoir confronté à tous les éléments "historiques" de ma connaissance , même si effectivement la rédaction est parfois très mystique, mais non dénuée d'intéret à mon sens.
Ses différents récits collent on ne peut plus aux évènements (116e, 62e, aviation) ! Et j'y ai croisé des noms bien connus du 116.
A lire : sa description "fantastique" mais effectivement très "crue" en détails sanglants de son secteur de tranchée en Champagne. Dérangeant à coup sur.
Son long récit minuté de l'attaque de Tahure est aussi particulièrement saisissant : les dernières minutes avant l'assaut ! ; les "vagues bleues" fluant et refluant sur le terrain durant l'attaque ; .... sa brève rencontre avec l'un des officiers du 116e, blessé, qui erre sur le champ de bataille, ne le reconnait déjà plus et décèdera le lendemain ....et les dernières lignes d'un pur lyrisme .
Pour moi : un témoignage indispensable dans ma "quête" sur le 116.
Avec un autre intéret puisqu'il évoque aussi les derniers mois de son père - qui commanda le 116e pratiquement durant toute la guerre - et fut physiquement "anéanti" par celle-ci .
C'est l'un des deux seuls livres-témoignages (partiels) sur le 116e que je connaisse à ce jour - l'autre étant bien sûr la correspondance du Lt Colonel Samuel BOURGUET - + 25.09.1915 - tout aussi remarquable ("L'Aube sanglante"), et peut être encore davantage car touchant à l'intime.
(Merci Stephan
pour la mise à disposition - il va falloir que je prépare le colis de retour).
C'était ma critique littéraire du jour. N.CRU peut, ici, aller se rhabiller
Bien cordialement
Jean-Yves
116e RI, je ne pouvais pas rester muet.
Contrairement à ce qu'en a dit le sieur N.CRU - livre "fantaisiste" !!! - je réfute totalement pour l'avoir confronté à tous les éléments "historiques" de ma connaissance , même si effectivement la rédaction est parfois très mystique, mais non dénuée d'intéret à mon sens.
Ses différents récits collent on ne peut plus aux évènements (116e, 62e, aviation) ! Et j'y ai croisé des noms bien connus du 116.
A lire : sa description "fantastique" mais effectivement très "crue" en détails sanglants de son secteur de tranchée en Champagne. Dérangeant à coup sur.
Son long récit minuté de l'attaque de Tahure est aussi particulièrement saisissant : les dernières minutes avant l'assaut ! ; les "vagues bleues" fluant et refluant sur le terrain durant l'attaque ; .... sa brève rencontre avec l'un des officiers du 116e, blessé, qui erre sur le champ de bataille, ne le reconnait déjà plus et décèdera le lendemain ....et les dernières lignes d'un pur lyrisme .
Pour moi : un témoignage indispensable dans ma "quête" sur le 116.
Avec un autre intéret puisqu'il évoque aussi les derniers mois de son père - qui commanda le 116e pratiquement durant toute la guerre - et fut physiquement "anéanti" par celle-ci .
C'est l'un des deux seuls livres-témoignages (partiels) sur le 116e que je connaisse à ce jour - l'autre étant bien sûr la correspondance du Lt Colonel Samuel BOURGUET - + 25.09.1915 - tout aussi remarquable ("L'Aube sanglante"), et peut être encore davantage car touchant à l'intime.
(Merci Stephan

C'était ma critique littéraire du jour. N.CRU peut, ici, aller se rhabiller

Bien cordialement

Jean-Yves
Recherches sur les régiments vannetais (116e & 316e RI, 28e & 35e RAC) et l'histoire de VANNES
http://vannes1418.canalblog.com/
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- Jean RIOTTE
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- Inscription : sam. nov. 05, 2005 1:00 am
Re: 116ème RI
Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Jean-Yves et salut aux tranchées bretonnes,
Je "savais" que tu ne resterais pas muet !
Je dirai même que j'attendais ta réaction !
Merci pour cette critique du livre d'ARNOUX que je ne connais que de titre et que ce qu'en dit notre ami NORTON.
Bien cordialement.
Jean RIOTTE.
Bonjour Jean-Yves et salut aux tranchées bretonnes,
Je "savais" que tu ne resterais pas muet !
Je dirai même que j'attendais ta réaction !
Merci pour cette critique du livre d'ARNOUX que je ne connais que de titre et que ce qu'en dit notre ami NORTON.
Bien cordialement.
Jean RIOTTE.
Re: 116ème RI
Bonjour,
Jean R., je confirme tout à fait l'apologie de Jean Yves pour le livre d'Arnoux.
Vous pouvez aisément vous le procurer via Google: vous trouverez de nombreuses propositions en entrant "Jacques d'Arnoux".
Effectivement, pour cette fois, ce bon Norton C. mérite un zéro pointé...
Bien à vous,
Achache.
Jean R., je confirme tout à fait l'apologie de Jean Yves pour le livre d'Arnoux.
Vous pouvez aisément vous le procurer via Google: vous trouverez de nombreuses propositions en entrant "Jacques d'Arnoux".
Effectivement, pour cette fois, ce bon Norton C. mérite un zéro pointé...
Bien à vous,
Achache.
Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
- Jean RIOTTE
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- Inscription : sam. nov. 05, 2005 1:00 am
Re: 116ème RI
Bonjour,
Merci de votre réponse.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Merci de votre réponse.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
- RIO Jean-Yves
- Messages : 1169
- Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am
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Re: 116ème RI
Bonjour à toutes et à tous.
Un court extrait du premier chapitre de "Paroles d'un Revenant".
Nous sommes en 1915, le 116e RI est désormais en Champagne, après avoir passé 10 mois dans la Somme.
Le Lt-Colonel Charles-René ARNOUX, le père de Jacques , malade depuis 3 mois, a été remplacé au commandement du 116e à la mi-juillet par le Lt-Samuel BOURGUET.
Dans une semaine, ce sera l'héroïque assaut sur Tahure . L'objectif fixé au Régiment, distant de 5 kms, sera atteint par les premiers "survivants" conduits par les Capitaines Jules SOUCHET et MAGNERON en moins de 2 heures ! Mais à quel prix . Un tiers du Régiment disparaitra en 8 jours (pertes officielles : + 1200 hommes dont les 2/3 de l'Etat-Major le 25.09).
Jacques d'ARNOUX, 19 ans, est Aspirant à la 1e Cie. L'attaque décrite se retrouve dans le JMO .
"...17 Septembre, 20 h. 30. -
Une fusillade grésille vers la gauche : on dirait des feux follets sur un cimetière. Mais la voilà qui se rapproche tout près de nous. Un barrage s'allume devant le 3è Bataillon : attaque.
Nous sommes de nouveau sous l'avalanche des torpilles. Elles s'engloutissent dans ces monceaux de putréfaction et leur explosion gigantesque fait sauter avec les croix des haillons fétides et des tronçons de cadavres. Tantôt voûtées, tantôt redressés, nous les voyons jaillir dans la clarté phosphorescente. Des coups de vent méphitiques nous brûlent le visage, des effondrements nous assomment. Je cours de pare-éclats en pare-éclats, frappé par de lourds débris, glissant sur des viscosités infectes, trébuchant sur des éboulements... Projeté au sol par un coup de foudre en me relevant, je tressaille, quelqu'un m'agrippe dans le dos : la main noire.
La nuit se passe à refaire les parapets, à enfouir inlassablement les restes misérables que ces chacal déterrent aussitôt.
Enfin les bras rompus, les nerfs élimés, j'essuie mes mains gluantes, commande la relève des sentinelles et vais me reposer avec mes fossoyeurs. Écœuré de ma bauge, je préfère la tranchée, et calant mon sac contre les brodequins d'un trépassé, j'ai dormi là tout un matin comme un cadavre...
Brusque réveil sous l'écrasement d'un minen. Un képi rouge gisait à mes pieds. Il était rempli de limon jaune et de morceaux de crane plaquée de cheveux. Je me suis rappelé avoir senti tomber sur moi un bloc de terre...
En courant vers les factionnaires, je me souille au passage à des viscères bleus qui pendent d'une crosse brisée. L'orgie des bombes ne cessait pas. Le parapet était déchiré sur une longueur de cinq mètres et les balles cinglaient la travée découverte. Dans la paroi éventrée, à travers des haillons de sacs à terre, j'aperçois deux bustes étroitement collés. Un visage livide qui semble encore vivant s'écrase sur un autre visage couleur de jais.
Je fis sur-le-champ couvrir cette horreur... mais en vain... La vision du cauchemar ne s'est pas effacée et m'a souvent rappelé le supplice antique où l'on attachait le patient blême à quelque cadavre pourri, face contre face, lèvres contre lèvres, pour les jeter ensuite dans la fosse.
Mes sentinelles sont là embusquées dans la tranchée, les yeux en l'air, guettant l'apparition des bombes. Avant de courir au point propice, quelle placidité pour toiser la mort et calculer son point d'impact ! Cependant quand les rafales se précipitent dans tous les sens j'en vois quelques-uns dont l'agitation risque d'être mortelle. Combien dans cette guerre se sont ainsi jetés sous les projectiles qui ne les cherchaient pas, ou plutôt qui les cherchaient : Dieu arracherait-il la vie pour l'avoir défendu trop impétueusement ?
Vers midi le ciel est vert. Ces blocs de pourriture sans cesse bouleversés fermentent sous le torride soleil. L'atmosphère est tellement chargée de déchiquetures putrides qu'elle semble devenue poussière de cadavre. Des haut-le-cœur nous suffoquent pendant nos repas, Le pain, la viande, le café, tout sent le cadavre, tout en est saturé. Pour ne pas respirer ces bouffées nauséabondes, qui par instant font défaillir, je fume jour et nuit du tabac anglais. Quelle robustesse nous avait donnée cette vie au grand air pour braver impunément tant de germes pernicieux ! Ce n'est pas le microbe qui fait la contagion, mais le corps de l'homme.
Minuit. - Plus de bruits souterrains. Les pionniers allemands ont quitté leurs puits, Nous attendons l'explosion d'une mine. Le Lieutenant RICHARD* passe près de moi et me dit avec un sourire flegmatique . " Il paraît que nous allons sauter. "
Elles ont passé, les nuits de la Cote 141 (au Sud de THIEPVAL) où, paisibles spectateurs, nous regardions déflagrer les horizons dans un tonnerre de catastrophes et le ciel d'Auvilliers (= OVILLERS) s'embraser d'une aurore boréal.
Ou crèvera le mystérieux volcan ?. A quelle heure ? A quelle minute la terre va-t-elle se soulever dans une tourmente de flammes ? Heures d'agonie et de vertige"...
Serons-nous engloutis au fond de la crypte que l'ennemi a creusée sous nos pieds ou bien dispersés en lambeaux sur l'immense cirque de débris ... ?...."
* Le Lieutenant Francisque Eugène Henri RICHARD sera tué le 31.03.1916 à BRAS en VERDUN.
Cordialement
Jean-Yves
Un court extrait du premier chapitre de "Paroles d'un Revenant".
Nous sommes en 1915, le 116e RI est désormais en Champagne, après avoir passé 10 mois dans la Somme.
Le Lt-Colonel Charles-René ARNOUX, le père de Jacques , malade depuis 3 mois, a été remplacé au commandement du 116e à la mi-juillet par le Lt-Samuel BOURGUET.
Dans une semaine, ce sera l'héroïque assaut sur Tahure . L'objectif fixé au Régiment, distant de 5 kms, sera atteint par les premiers "survivants" conduits par les Capitaines Jules SOUCHET et MAGNERON en moins de 2 heures ! Mais à quel prix . Un tiers du Régiment disparaitra en 8 jours (pertes officielles : + 1200 hommes dont les 2/3 de l'Etat-Major le 25.09).
Jacques d'ARNOUX, 19 ans, est Aspirant à la 1e Cie. L'attaque décrite se retrouve dans le JMO .
"...17 Septembre, 20 h. 30. -
Une fusillade grésille vers la gauche : on dirait des feux follets sur un cimetière. Mais la voilà qui se rapproche tout près de nous. Un barrage s'allume devant le 3è Bataillon : attaque.
Nous sommes de nouveau sous l'avalanche des torpilles. Elles s'engloutissent dans ces monceaux de putréfaction et leur explosion gigantesque fait sauter avec les croix des haillons fétides et des tronçons de cadavres. Tantôt voûtées, tantôt redressés, nous les voyons jaillir dans la clarté phosphorescente. Des coups de vent méphitiques nous brûlent le visage, des effondrements nous assomment. Je cours de pare-éclats en pare-éclats, frappé par de lourds débris, glissant sur des viscosités infectes, trébuchant sur des éboulements... Projeté au sol par un coup de foudre en me relevant, je tressaille, quelqu'un m'agrippe dans le dos : la main noire.
La nuit se passe à refaire les parapets, à enfouir inlassablement les restes misérables que ces chacal déterrent aussitôt.
Enfin les bras rompus, les nerfs élimés, j'essuie mes mains gluantes, commande la relève des sentinelles et vais me reposer avec mes fossoyeurs. Écœuré de ma bauge, je préfère la tranchée, et calant mon sac contre les brodequins d'un trépassé, j'ai dormi là tout un matin comme un cadavre...
Brusque réveil sous l'écrasement d'un minen. Un képi rouge gisait à mes pieds. Il était rempli de limon jaune et de morceaux de crane plaquée de cheveux. Je me suis rappelé avoir senti tomber sur moi un bloc de terre...
En courant vers les factionnaires, je me souille au passage à des viscères bleus qui pendent d'une crosse brisée. L'orgie des bombes ne cessait pas. Le parapet était déchiré sur une longueur de cinq mètres et les balles cinglaient la travée découverte. Dans la paroi éventrée, à travers des haillons de sacs à terre, j'aperçois deux bustes étroitement collés. Un visage livide qui semble encore vivant s'écrase sur un autre visage couleur de jais.
Je fis sur-le-champ couvrir cette horreur... mais en vain... La vision du cauchemar ne s'est pas effacée et m'a souvent rappelé le supplice antique où l'on attachait le patient blême à quelque cadavre pourri, face contre face, lèvres contre lèvres, pour les jeter ensuite dans la fosse.
Mes sentinelles sont là embusquées dans la tranchée, les yeux en l'air, guettant l'apparition des bombes. Avant de courir au point propice, quelle placidité pour toiser la mort et calculer son point d'impact ! Cependant quand les rafales se précipitent dans tous les sens j'en vois quelques-uns dont l'agitation risque d'être mortelle. Combien dans cette guerre se sont ainsi jetés sous les projectiles qui ne les cherchaient pas, ou plutôt qui les cherchaient : Dieu arracherait-il la vie pour l'avoir défendu trop impétueusement ?
Vers midi le ciel est vert. Ces blocs de pourriture sans cesse bouleversés fermentent sous le torride soleil. L'atmosphère est tellement chargée de déchiquetures putrides qu'elle semble devenue poussière de cadavre. Des haut-le-cœur nous suffoquent pendant nos repas, Le pain, la viande, le café, tout sent le cadavre, tout en est saturé. Pour ne pas respirer ces bouffées nauséabondes, qui par instant font défaillir, je fume jour et nuit du tabac anglais. Quelle robustesse nous avait donnée cette vie au grand air pour braver impunément tant de germes pernicieux ! Ce n'est pas le microbe qui fait la contagion, mais le corps de l'homme.
Minuit. - Plus de bruits souterrains. Les pionniers allemands ont quitté leurs puits, Nous attendons l'explosion d'une mine. Le Lieutenant RICHARD* passe près de moi et me dit avec un sourire flegmatique . " Il paraît que nous allons sauter. "
Elles ont passé, les nuits de la Cote 141 (au Sud de THIEPVAL) où, paisibles spectateurs, nous regardions déflagrer les horizons dans un tonnerre de catastrophes et le ciel d'Auvilliers (= OVILLERS) s'embraser d'une aurore boréal.
Ou crèvera le mystérieux volcan ?. A quelle heure ? A quelle minute la terre va-t-elle se soulever dans une tourmente de flammes ? Heures d'agonie et de vertige"...
Serons-nous engloutis au fond de la crypte que l'ennemi a creusée sous nos pieds ou bien dispersés en lambeaux sur l'immense cirque de débris ... ?...."
* Le Lieutenant Francisque Eugène Henri RICHARD sera tué le 31.03.1916 à BRAS en VERDUN.
Cordialement
Jean-Yves
Recherches sur les régiments vannetais (116e & 316e RI, 28e & 35e RAC) et l'histoire de VANNES
http://vannes1418.canalblog.com/
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- Jean RIOTTE
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Re: 116ème RI
Bonsoir Jean-Yves,
Merci pour cet extrait, significatif de son style.
Kenavo.
Bien cordialement.
Jean RIOTTE
Merci pour cet extrait, significatif de son style.
Kenavo.
Bien cordialement.
Jean RIOTTE