Bonjour à toutes et à tous.
Bonjour Jean Claude.
En attendant la lecture du livre proposé par Francis concernant la transcription de 459 lettres d’un combattant Ardéchois au 149e R.I., voici quelques éléments trouvés dans le fascicule n° 94 bis du service des subsistances militaires « alimentation en campagne » aux éditions Lavauzelle qui pourront peut-être vous apporter un éclairage sur le fonctionnement des boulangeries pendant la guerre.
Dispositions générales :
Article 1er : Le commandement a le devoir d’assurer dans les meilleures conditions possibles la subsistance des hommes et des chevaux.
Il oriente les fonctionnaires de l’intendance sur ses projets, de manière à leur permettre de prévoir, à temps, les mesures techniques d’exécution.
Il donne des ordres pour échelonner les ressources en vue de les amener aux points voulus, en temps opportun.
Organisation du service :
Article 4 : Le service de l’alimentation est assuré :
1° : Par les fonctionnaires de l’intendance qui disposent, à cet effet, de détachements du train des équipages.
2° : Par les officiers d’approvisionnement.
Le personnel du service de l’intendance comprend :
a) Un personnel de direction (fonctionnaires de l’intendance).
b) Un personnel d’exécution (officiers d’administration des bureaux de l’intendance et des subsistances militaires, commis et ouvriers militaires d’administration).
Les moyens d’exécution comprennent en plus des ressources qui peuvent être exploitées dans la zone d’opérations, les approvisionnements de toute nature et les organes ci-après :
A l’armée : un convoi administratif d’armée (composé normalement de deux sections par corps d’armée entrant dans la composition de l’armée), une boulangerie d’armée (formée normalement d’un nombre de boulangerie de campagne égal à celui des corps d’armée constituant l’armée), un troupeau de bétail d’armée, des convois automobiles et des convois auxiliaires ou éventuels lorsqu’il en est mis à la disposition du service de l’intendance.
Dans le corps d’armée : un convoi administratif de corps d’armée (composé normalement de deux sections), un troupeau de bétail de corps d’armée et , éventuellement, des organes d’armée (sections de convoi administratif, boulangerie de campagne), mis temporairement à la disposition du corps d’armée.
Dans chaque division d’infanterie et aux éléments non endivisionnés : un groupe d’exploitation.
Dans une division d’infanterie isolée ou un détachement des trois armes opérant isolément : un troupeau de bétail et un groupe d’exploitation ; éventuellement, un convoi administratif et une boulangerie de campagne.
Dans une division de cavalerie : un groupe d’exploitation.
Dans chaque quartier général et dans chaque corps de troupe : un train régimentaire.
Dans toutes les formations : les vivres portés par les hommes et les chevaux.
En outre, le service des étapes est en mesure de ravitailler les troupes et les convois à l’aide d’approvisionnements constitués et entretenus en arrière de chaque armée, notamment dans les stations-magasins, puis transportés par les voies ferrées ou navigables et, s’il y a lieu par les convois du service des étapes.
Personnels d’exécution :
Article 13 : Le service des subsistances est exécuté, sous les ordres des fonctionnaires de l’intendance, par les officiers d’administration des subsistances. Les personnels d’exécution comprennent en outre :
A) A l’armée :
1° : La réserve de commis et ouvriers d’administration qui marche et cantonne généralement avec le convoi administratif.
2° : Les personnels attribués aux magasins et établissements des subsistances affectés au service des étapes de l’armée.
3° : Les personnels administratifs des étapes composés d’autant de détachements que l’armée comporte de corps d’armée.
4° : Les personnels affectés aux organes administratifs d’armée (convoi administratif, boulangerie, troupeau de bétail).
5° : Les personnels des convois auxiliaires et des convois éventuels mis à la disposition du service de l’intendance.
B) Dans un corps d’armée :
1° : La réserve de commis et ouvriers d’administration qui marche et cantonne généralement avec le convoi administratif.
2° : Le personnel de ce convoi.
3° : Le personnel du troupeau de bétail.
4° : Le détachement affecté au service des subsistances des éléments non endivisionnés (Ce détachement peut être fractionné entre deux groupes des éléments non endivisionnés ; une partie peut aussi être détachée auprès des divisions lorsque celles-ci sont chargées d’assurer l’alimentation du premier groupe des éléments non endivisionnés.
5e : Eventuellement, les personnels affectés aux organes d’armée, mis temporairement à la disposition du corps d’armée (section de convoi administratif, boulangerie de campagne).
Alimentation en pain.
Divers modes de production du pain.
Article 23 : Le pain nécessaire à l’alimentation des troupes est obtenu, à savoir :
1° : En principe, par des apports de pains provenant des boulangeries de campagne, des centres de fabrication, des boulangeries de guerre, des stations-magasins.
2° : Eventuellement, et lorsque l’ordre en est donné, par l’utilisation des ressources locales : achat ou réquisition du pain existant dans les boulangeries civiles des localités occupées ou traversées ; commandes adressées à l’avance aux municipalités, en mettant, au besoin, à leur disposition, des ouvriers boulangers prélevés sur le personnel d’exploitation, pour aider à la fabrication.
L’utilisation des ressources locales est assurée : à l’avant par les officiers d’approvisionnement et par les sous-intendants des diverses formations ; à l’arrière, par les sous-intendants du service des étapes.
Les quantités de pain à fournir par les boulangeries de campagne, les centres de fabrication ou des boulangeries de guerre, des stations-magasins sont fixées directement, pour chacun de ces moyens de production, par le directeur des étapes et des services.
Pour les déterminer, cet officier général tient compte des rations qui ont pu être obtenues par l’exploitation locale. Il est renseigné, à ce sujet, par l’intendant de l’armée, qui l’est lui même par les intendants des corps d’armée et les sous-intendants du service des étapes.
Au début des opérations, les boulangeries de guerre des stations-magasins sont appelées à concourir, dans une très large mesure, à la fabrication du pain ; leur production est diminuée dès que les boulangeries de campagne fonctionnent et lorsque des centres de fabrication ont été organisés.
L’emploi de ces divers moyens doit être réglé de façon que les troupes puissent être alimentées en pain, même dans les cas où les transports par voies ferrées sont brusquement interrompus.
Boulangeries d’armée :
(Une instruction spéciale détermine la composition spéciale détermine la composition détaillée et le fonctionnement des boulangeries d’armée.)
Article 24 : Chacune des boulangeries de campagne constituant la boulangerie d’armée (article 4) comprend :
1° : Un certain nombre de sections, variable avec la destination de la boulangerie, organisées de manière à pouvoir fonctionner isolément et composées de voitures régulières ;
2° : Un convoi de boulangerie formé de voitures de réquisition et faisant partie intégrante de la boulangerie. En cas de fractionnement de la boulangerie, les voitures du convoi sont réparties entre les sections, de façon que chacune d’elles soit également pourvue. La boulangerie et son convoi peuvent transporter, en plus du matériel spécial de la boulangerie, les ouvriers, les quantités de farine, sel et fleurage nécessaires à un jour de fabrication et, en cas de besoin, le pain correspondant à environ deux jours de fabrication moyenne. Le directeur des étapes et des service fixe, sur la proposition de l’intendant de l’armée, les emplacements à occuper par la boulangerie d’armée, le moment où elle entrera en fonctionnement et les quantités de pain qu’elle devra fournir journellement.
Centres de fabrication de pain :
Article 25 : Le directeur des étapes et des services doit prévoir, puis prescrire l’organisation des centres de fabrication de pain (ordinaire ou biscuité) dans une zone aussi rapprochée que possible des troupes, de préférence dans les localités importantes :
1° : En utilisant les fours des boulangers et des particuliers, ainsi que les fours des manutentions militaires, quand il en existe dans cette zone.
2° : En établissant, s’il est besoin, des fours de construction ou de campagne.
Des fours démontables peuvent être mis à la disposition du directeur des étapes et des services sur sa demande ; ils sont prélevés, soit sur les réserves de fours, soit sur le matériel de même nature devenu disponible dans les stations-magasins. Les personnels des centres de fabrication sont constitués :
1° : Avec des boulangers civils, requis dans ces centres et, s’il est nécessaire, dans les localités voisines.
2° : Avec des boulangers militaires prélevés sur les ressources du service des étapes. Le directeur des étapes et des services arrête l’organisation et le fonctionnement des centres de fabrication.
Boulangeries de guerre des stations-magasins :
Article 26 : Une boulangerie de guerre est établie dans chaque station-magasin. Le directeur des étapes et des services fixe la quantité de pain qui doivent être fabriquées chaque jour, ainsi que celles qui doivent y être conservées exceptionnellement à titre de précaution.
Dispositions particulières concernant l’alimentation et le ravitaillement en pain :
Conservation du pain :
Article 51 : Les mesures suivantes sont toujours prises pour éviter que le pain distribué soit près d’atteindre sa limite de conservation ( La durée de conservation du pain biscuité est de dix jours au maximum, elle est moindre lorsque les circonstances climatériques et les conditions de fabrication et de transports sont défavorables).
1° : Distribuer de préférence le pain de plus ancienne fabrication (la date de fabrication est indiquée sur chaque pain fabriqué par les boulangeries militaires).
2° : Limiter les quantités de pain biscuité à constituer dans les organes de fabrication à celles nécessaires pour assurer les ravitaillements quotidiens
3° : Eviter de trop longs transports et tout transbordement inutile.
4° : Apporter le plus grand soin aux chargements et ne jamais expédier de pain insuffisamment ressué, à moins de nécessité absolue et à condition de prendre toutes les précautions pour éviter les avaries.
Enfin il importe de ne pas perdre de vue qu’il est préférable de faire consommer accidentellement du pain de guerre que constamment du pain biscuité de trop ancienne fabrication.
Ravitaillement en pain.
Article 52 : Les trains régimentaires sont ravitaillés en pain, en utilisant le plus possible les ressources des centres de fabrication et en les complétant par des apports de l’arrière. Pour déterminer le mode de ravitaillement à employer, le commandement tient compte de l’importance des différentes ressources, de la distance des troupes aux organes de production et de transport, et aussi de la nécessité de renouveler les approvisionnements des convois, avant qu’ils n’arrivent à la limite de leur conservation. ( Cette nécessité peut amener à faire ravitailler les trains régimentaires par les convois administratifs, alors même qu’il serait possible de les ravitailler par voie ferrée.
Emplacement et emploi des éléments de la boulangerie d’armée :
(Le fonctionnement des boulangeries de campagne est réglé par une instruction spéciale).
Article 53 : Afin de faciliter les envois de pain et les apports de farine, les boulangeries de campagne, constituant la boulangerie d’armée, sont installées, autant que possible, à proximité des gares de chemins de fer. Les transports par voies ferrées pouvant être brusquement et inopinément interrompus, ces boulangeries doivent être poussées assez en avant pour qu’elles puissent ravitailler en pain les trains régimentaires ou les convois administratifs de corps d’armée, aux points de contact assignés par le commandement.
Les convois de boulangerie servent à transporter, concurremment, s’il y a lieu, avec les convois du service des étapes, les farines provenant de l’exploitation locale ou des envois de l’arrière. Ils servent également à transporter dans les mêmes conditions, aux gares de chemins de fer ou aux points de contact avec les trains régimentaires ou les convois administratifs, le pains fabriqué par les boulangeries.
Boulangerie de campagne marchant avec un corps d’armée ou une division.
Article 54 : Lorsque exceptionnellement, une boulangerie de campagne est détachée à un corps d’armée ou à une division, le commandant de corps d’armée ou de la division en règle l’emploi et le fonctionnement d’après les principes indiqués ci-dessus et d’après les propositions du service de l’intendance.
Centre de fabrication de pains. Boulangeries de guerre des stations-magasins.
Article 55 : Le pain provenant des centres de fabrication, s’il ne peut être livré directement aux trains régimentaires, est transporté, en principe, jusqu’aux points où ces trains peuvent venir se ravitailler, soit par voies ferrées, soit par convoi administratifs.
Le pain fabriqué dans les boulangeries de guerre des stations-magasins est transporté par chemin de fer jusqu’aux gares où les trains régimentaires ou les convois administratifs peuvent venir se ravitailler.
Lorsque des routes d’étapes sont organisées, le pain de ce provenance, après avoir été amené par voie ferrée jusqu’aux dernières gares utilisables, est chargé sur le convoi administratif d’armée ou le convoi auxiliaire.
Quand la distance entre les troupes à ravitailler et la dernière gare utilisable ne peut être franchie par ces derniers organes de transport, il n’est plus possible d’avoir recours aux stations-magasins organisées dès le temps de paix, le laps de temps qui s’écoule entre le moment où le pain a été fabriqué et celui où est consommé étant supérieur à la durée de conservation du pain. Il est alors nécessaire de faire fournir le pain uniquement par les boulangeries de campagne et par des centres de fabrication développés le plus possible.
En ce qui concerne la passage de votre grand-père au 149e R.I.
Voici ce que l’on pourrait dire en quelques mots...
Sa fiche signalétique et des services nous fait savoir sa date d'arrivée au régiment …..
A cette date, le 149e R.I. quitte le secteur de la Somme après avoir été engagé dans les combats de Soyécourt les 4, 5 et 6 septembre 1916, a la date du 22 septembre 1916. (Votre grand-père ne participe pas à ces combats.)
43e division
Du 22 septembre 1916 au 15 octobre 1916 : Retrait du front; transport par camions dans la région de Beauvais.
Du 15 octobre 1916 au 18 novembre 1916 : Mouvement vers le nord. Engagée, à nouveau dans la bataille de la Somme, vers Ablaincourt et au Nord.
Le 7 novembre 1916, attaque française
Le 15 novembre 1916, attaque allemande.
(Je ne sais pas si le 149e R.I. participe à ces combats.)
18 novembre au 15 décembre 1916 : Retrait du front et transport en camions dans la région de Beauvais ; repos et instruction.
15 décembre 1916 au 26 décembre 1916 :Transport par camions vers le front et occupation d'un secteur vers Ablaincourt et Génermont.
26 décembre 1916 au 1er février 1917 : Retrait du front et transport par voie ferrée dans la région de Lure ; repos puis instruction au camp de Villersexel.
149e R.I. (Historique):
A partir du 26 décembre 1916, le repos du régiment et l'instruction intensive en vue de la guerre de mouvement, eurent lieu mi partie au camp de Villersexel, mi partie en deuxième ligne du secteur Seppois-Largitzen (Haute-Alsace). La mise au point du régiment fut parfaite; les terrains, le pays, le climat, concouraient à nous rendre la tâche facile. Tous alors au 149e R.I. étaient conscients des progrès réalisés et tous étaient dans l'attente du succès que nous espérions comme conséquence de la future grande offensive. Elle eut lieu et le régiment n'eut pas à prendre part à l'exploitation du succès, opération pour laquelle il était destiné.
43e division
1er février au 20 mars 1917 : Couverture et travaux sur la frontière suisse, vers Delle.
20 mars au 8 avril 1917 : Mouvement par étapes vers le camp de Villersexel; instruction.
Sa fiche signalétique et des services nous fait savoir qu'il est dans les unités combattantes à la date du 13 mars 1917…..
(C’est ce qui explique peut-être la croix du combattant dans le tableau de ses décorations.)
8 avril au 23 mai : Mouvement vers Belfort; à partir du 12 avril, transport par voie ferrée dans la région de Montmirail, Sézanne, puis mouvement vers celle de Château-Thierry; repos et instruction.
149e R.I. (Historique):
Le 149e R.I. est débarqué dans la région de Montmirail dès le 14 avril. Six semaines après il montait au chemin- des -Dames (31 mai) où pendant cinq mois, il allait tenir le secteur à l'ouest du fort de la Malmaison, à l'extrême gauche de ce chemin-des-Dames. Dure vie de secteur, parce que travail intense et bombardements très violents dans les périodes agitées....
43e division
23 mai au 28 août 1917 : Mouvement vers le front et occupation d'un secteur au chemin-des-Dames, vers le Panthéon et la ferme Colombe.
28 août au 5 septembre : Retrait du front et repos au sud de Soissons.
Désolé de ne pas pouvoir faire mieux.
Bien cordialement.
Denis