Bonjour,
En complément, quelques repères - théoriques - issus de l'étude du commandant Barré sur l'organisation du terrain (novembre 1917), qui utilise comme Pierre l'image de remparts et de tours.
Fin 1914, organisation du terrain en
remparts continus :
- une première tranchée,
ligne de résistance, qui doit être défendue coûte-que-coûte
- 100 à 200 m derrière, une deuxième tranchée en
ligne de soutien, où se tiennent les troupes de réserves et de contre-attaque.
Sur un plan, on distingue en fait plus de 2 lignes de tranchées : d'autres servent de rocade pour se déplacer (ravitaillement, renforts), mais elles ne sont pas aménagées en tranchées de tir.
Un pilonnage occasionne vite des pertes dans ces troupes entassées, une forte attaque peut toujours crever ce front.
Fin 1915, l'organisation du terrain passe du
rempart continu à l'idée de
tours, les
centres de résistance, ce qui permet de réduire fortement le nombre d'hommes en premières lignes. L'instruction du 21 décembre 1915 en définit la logique :
- A partir des tranchées déjà existantes, on établit une organisation défensive en largeur et en profondeur, par des
points d'appuis reliant un tronçon de la première ligne aux tronçons correspondants en arrière. Les flanquements sont autant protégés que l'avant.
- Les intervalles entre les CR, de plusieurs centaines de mètre à plus d'un kilomètre, sont protégés par des défenses accessoires, des postes de mitrailleuses isolés tous les 200-300 m, les tirs de flanquement des CR, le tir de l'artillerie.
En cas d'attaque, l'ennemi se heurtant au centre de résistance doit s'écouler sur ses côtés. Il se trouvera alors pris par les feux de flanquement et de l'artillerie. la résistance principale est toujours conçue sur la première tranchée de résistance, l'ensemble du CR fournissant des renforts.
Le 21 février 1916 montre la limite de cette organisation : un bombardement massif désorganise les centre de résistance, la rapide défaillance des flanquements, l'artillerie prise à parti ne peut jouer son rôle.
Courant 1916 à 1918
Les notes du GQG en date du 26 août 1916 et du 10 mars 1917 redéfinissent l'organisation défensive, toujours à partir du CR, mais avec une plus forte structure et une grande profondeur.
- la première ligne devient
ligne de surveillance : elle amorti le premier choc, mais ne résiste pas à outrance. Elle est occupée par deux sections, là où en 1915 il y avait un bataillon.
- la seconde ligne devient
ligne de résistance
- une 3e
ligne de soutien contient les réserves et le PC du chef de bataillon, lui-même responsable du CR.
- une 4e
ligne de réduits, beaucoup plus en arrière, contient le PC du régiment
- à ces lignes s'ajoutent toujours des
lignes de doublement
- les flanquements sont soigneusement protégés par des tirs de mitrailleuses, de FM, de VB...
L'organisation d'un CR doit être invisible pour l'ennemi : d'anciennes tranchées sont entretenues, de fausses tranchées sont ébauchées. Le relevé d'un plan ne donne plus aucune indication de l'organisation réelle :
Enfin, et comme l'a écrit Eric, "la réunion de plusieurs centres formera un sous-secteur, le terme secteur étant plus spécialement réservé à la fraction de la position tenue par une Division".
Source :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... rk=21459;2
Bien cordialement,
Régis