bonjour à toutes et tous
Anna Hamilton: des combats d’avant-garde
Il est fort dommage que l’action d’Anna Hamilton n’ait pas obtenu la considération et le soutien mérités avant la déclaration de la guerre.
Son école- hôpital avait formé un bon nombre d’infirmières compétentes dans le domaine des soins mais aussi pour gérer toute l’organisation d’un hôpital. Si ces femmes avaient été reconnues et avaient pu essaimer davantage dans les hôpitaux du pays, leurs compétences à l’arrière du Front auraient été d’un grand secours pour le Service médical de l’Armée quand il fut débordé aux premiers mois de la guerre.
En ce domaine, la France a souffert de son retard sur l’Angleterre et les Etats-Unis.
En août 1914, l’école d’infirmières créée par Anna Hamilton à l'Hôpital de Bordeaux se transforme en hôpital auxiliaire pour les grands blessés. Anna Hamilton y est employée comme médecin responsable de l'unité de soins jusqu’en 1919, date à laquelle elle sera fermée.
L’action d’Anna ne se réduit pas à son titre de docteur en médecin, bien au contraire.
Retour sur les croisades d’Anna Hamilton :
premier combat: malgré les oppositions sociales et sexistes :
« une femme médecin n’est plus une femme, or ce n’est pas non plus un homme, donc ce n’est rien du tout » (source
le Prendre Soin ), elle s’obstine à poursuivre ses études de médecine.
Une décennie plus tard, en 1914, les femmes médecins représentent seulement 2 % du corps médical français.
deuxième combat: le sujet de sa soutenance de thèse.
Ses professeurs lui imposent un titre : « Considérations sur les infirmières des hôpitaux », il minimise la profondeur du travail effectué. Anna avait choisi un autre titre : « rôle des infirmières dans les hôpitaux ».
Cette thèse, soutenue à Montpellier soulève des polémiques de tous les côtés et pour cause :
* Anna entend faire sortir la profession du cadre des Congrégations religieuses (elle a étudié avec précision les Ordres religieux soignants :
« l’esprit de martyre des religieuses ne suffit pas ». source:
sa thèse, sur gallica
* Même si elle se situe dans la ligne de la séparation Etat / Eglises, Anna se montre critique sur la formation des infirmières laïques proposée par l’Assistance Publique de Paris (soutenue par le Gouvernement, par le milieu hospitalier et par une grande partie des médecins). Cette institution, fidèle à l’idéal Républicain, offre à des filles du peuple sans instruction, des cours du soir totalement inefficaces. Ces méthodes sont aux antipodes de la conception d’excellence d’Anna dont l’école d'infirmières formera en outre un personnel capable d’encadrement et de direction.
* Elle entend faire sortir la profession d'infirmière du bénévolat (elle qualifie d’amateurs, les infirmières bénévoles formées par la Croix Rouge).
3ème combat:
L'école et le diplôme créés par Anna Hamilton ont pour objectif de permettre aux élèves diplômées d’accéder à une profession reconnue et correctement rémunérée.
Dès 1901, après avoir obtenu un poste de médecin à Bordeaux (à la Maison de Santé Protestante) Anna s’emploie à réformer, non sans difficultés, l’école d’infirmières préexistante. Elle recrute des élèves déjà instruites parce que le diplôme qu’elle a créé est exigeant. Ses élèves sont également formées à la fermeté, y compris lorsqu’elles auront à traiter avec des autorités médicales ou politiques. Ces stagiaires infirmières ne seront pas subordonnées au médecin mais à la directrice de l’hôpital (la "matrone" en Angleterre).
sources :
https://aaeefn.com/anna-hamilton/ ( texte et source photo)
« Devenir infirmière en France, une histoire atlantique?" (1854-1938) par Evelyne Diebolt et Nicole Fouché (dans « collection Histoire Contemporaine, dirigée par Philippe Rygiel, éd EPU)
http://www.biusante.parisdescartes.fr/s ... 2x0189.pdf (l’histoire de l’école d’infirmières de la Salpêtrière)
cordialement
Brigitte