les femmes pendant la Grande Guerre (+ accès au sommaire)

[Skellbraz .]

grand merci Michel,
Ce sont effectivement ces sites que j'ai consultés (je profite de ce post pour remercier Rutilius)

Mes deux sources me paraissent fiables, néanmoins, j'ai le sentiment d'avoir fait "chou blanc".

Bigre, je pense que cette histoire de "fait nouveau" n'a pas été inventée. J'ai également vainement relu les pièces du dossier consultables ICI
bonne soirée
Brigitte

[demonts]

Bonjour à tous,

http://centenaire.org/fr/tresors-darchi ... lbert-kahn

LE TRAVAIL DES FEMMES DANS LES ARCHIVES DE LA PLANETE d'ALBERT KAHN. (14/18 - Mission centenaire)

Plusieurs films et des photos sur le travail des femmes, les tenues - etc.

Bon visionnage.

François

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Bonjour à toutes et tous
Blanche Maupas, une veuve obstinée

5ème et avant dernier épisode (1925 et 1926)
Année 1925
*3 Janvier : vote d’une nouvelle loi d’amnistie qui propose une procédure exceptionnelle avec une nouvelle instance : la Cour de cassation- toutes Chambres réunies. La révision des condamnations prononcées par les tribunaux militaires est désormais possible ( l'accès au texte de cette loi est actuellement non disponible, cf Légifrance )
Actions de Blanche et de ses partenaires
*Janvier : Blanche relance, auprès de l’Inspecteur d’académie, l’inscription du nom Maupas sur le MAM de St Lô
* Février: réponse négative de L’Inspecteur d’Académie mais il a informé le Garde des Sceaux qu’il souhaite que la Cour de cassation-toutes Chambres réunies, s’occupe rapidement de l’Affaire de Souain.
* Juin : le Conseil Municipal de Sartilly autorise Blanche à acheter les 4 m2 nécessaires à l'édification d'un futur monument funéraire.
* septembre : le monument a été édifié sur la tombe de Maupas, il est inauguré en présence de moult délégations, de milliers de personnes, devant de nombreux drapeaux des sections d'anciens combattants. L’invitation imprimée par les organisateurs de la cérémonie, est sans équivoque : ce monument n’est pas une simple stèle commémorative, il est aussi instrument de protestation pour les familles qui n’obtiennent pas réparation de la part de l’Etat et de la Justice. Cette cérémonie d’inauguration est l'occasion d'une attaque publique contre les positions officielles.

source photo : archives de la Manche
Le choix de Moreau-Vauthier pour réaliser la sculpture n’est pas dû au hasard, l’homme est célèbre: Chevalier de la Légion d'honneur en 1910 pour ses qualités de sculpteur. Il est également un valeureux ancien combattant (officier de la LH en 1920, en sa qualité de lieutenant au 125e régiment territorial d'infanterie)
Source Vauthier : http://monumentsmorts.univ-lille3.fr/au ... ljeanpaul/ « les monuments aux morts France / Belgique »)
*octobre : Les Comité Maupas, Conseil général de la Manche, Syndicat National des Instituteurs réclament l’inscription du nom de Maupas sur le MaM de Saint-Lô.

Année 1926
* 21 Avril : la Cour de Cassation- toutes Chambres réunies rejette la demande en révision du procès des quatre caporaux.
Selon l’analyse du général André Bach, cet échec est« à l'origine du mouvement qui provoque la mise sur pied d'une cour spéciale de justice réservée à la révision des jugements contestés de la guerre ». (citation)
De toutes parts, les protestations affluent au « Comité départemental Maupas », il prend une dimension nationale. Suite à l’échec devant la Cour de cassation-toutes Chambres réunies, la Fédération des Anciens Combattants de Cherbourg adopte, à l’unanimité, une motion réclamant une loi pour la constitution d’un Tribunal composé de magistrats eux-mêmes anciens combattants et de représentants des victimes de la guerre.
* 27 avril. A la Chambre des Députés, on s’agite : un projet de loi est proposé. Il prévoit l’institution d’une Cour spéciale de justice, le projet est soutenu par 280 députés. De mai à novembre, les propositions de loi se succèdent.
Actions de Blanche et de ses partenaires
La mobilisation locale en faveur du nom de Maupas sur le MaM de l’Ecole Normale de St Lô a pris de l’ampleur, elle est devenue affaire nationale. Le MaM a été érigé sur la Cour de d'Honneur.
* octobre. Le Ministre de l’Instruction Publique est saisi de l’affaire : il n’autorise pas l’inscription de Maupas, afin de ne pas donner l’occasion à Blanche et à ses partenaires d’organiser des manifestations publiques, l’inauguration du monument attendra.
* décembre : Le Comité Départemental Maupas est devenu « Comité National pour la Réhabilitation des Victimes des Conseils de Guerre ».

cordialement
Brigitte

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http://centenaire.org/fr/tresors-darchi ... lbert-kahn [#ff7f00]LE TRAVAIL DES FEMMES DANS LES ARCHIVES DE LA PLANETE d'ALBERT KAHN. (14/18 - Mission centenaire)

bonjour à toutes et tous,
merci François pour les recherches.
Le lien permet d'accéder à deux petits films de 1917 dans lesquels on voit travailler des munitionnettes de l'usine Renault à Billancourt, à plusieurs photos d'infirmières, de conductrices de tram, postières...
tous les éléments viennent de la "Collection Archives de la Planète" au musée Albert-Kahn, (département des Hauts de Seine)
cordialement
Brigitte

[Skellbraz .]

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bonjour à toutes et tous

Blanche Maupas, combat d'une veuve obstinée.
6ème épisode

Année 1927
Les débats à la Chambre des députés se poursuivent: pour que l’affaire de Souain puisse être correctement réexaminée, il faut passer par la création d’une nouvelle instance qui ouvrirait ses bancs aux anciens combattants.
* 10 mai : l’intervention de Jean Jandé est particulièrement remarquée. Le député est un témoin direct du drame de Souain. Il fait une proposition de loi en faveur de la création d’un tribunal spécial constitué d’un jury de douze anciens combattants.
Actions de Blanche et ses partenaires
Blanche est maintenant directrice d’école à Octeville, à proximité de Cherbourg.
*19 Septembre: Cherbourg-Octeville commémorent le 10ème anniversaire du débarquement des américains, pour la circonstance, la journée a été déclarée fériée. Blanche Maupas brave son autorité de tutelle, ouvre son école et invite ses élèves à venir y célébrer la paix, ses adjointes suivent son exemple. L’inspection académique adresse un blâme à toutes les institutrices de l’école. C’est une occasion pour Blanche Maupas de se faire entendre dans la presse locale, son geste est : « une discrète et douloureuse protestation » (citation)

Année 1928
*17 mars: la Chambre des Députés vote positivement pour un projet de loi sur l’institution d’une Cour spéciale de justice militaire. Le texte est soumis au Sénat (les allers-retours entre le Sénat et la Chambre des députés vont durer quelques années)
Actions de Blanche et ses partenaires :
Blanche ne s’est pas fait que des amis. Elle a sollicité un poste de directrice d’école à Cherbourg, sa candidature a été mise en minorité.
* novembre : l’opposition du sénateur Gaudin de Villaine à la candidature de Blanche est blâmée par le ministre de l’Instruction Publique.
* 17 Novembre: le Comité National pour la Réhabilitation des Victimes des Conseils de Guerre (ex Comité Maupas) envoie une délégation au Ministère de la Guerre, au Ministère des Pensions et à la Chambre des Députés.

Année 1929
Actions de Blanche et de ses partenaires :
* Octobre: une grande manifestation en faveur des victimes des Conseils de guerre est organisée à Fougères (pays de naissance du Caporal Lucien Lechat). Elle est présidée par Blanche Maupas et Eulalie Janvier, la sœur du caporal Lechat .

Année 1930
* Septembre: Blanche Maupas est finalement nommée directrice d’école à Cherbourg

Année 1931
* 9 Mars: après 3 ans de réflexion, le Sénat rédige un texte qui apporte des modifications restrictives au projet de loi du 17 mars 1928. La Cour spéciale sera composée de 6 membres (3 conseillers à la Cour d’appel de Paris nommés par le Garde des Sceaux et 3 anciens combattants désignés par les Ministres de la Guerre ou de la Marine sur une liste établie par les grandes associations d’Anciens Combattants). Le nouveau texte repart à la Chambre des Députés.
Actions de Blanche et de ses partenaires :
*Juin : le MaM de l’Ecole Normale de St Lô a été érigé dans la Cour d’Honneur mais il n’a toujours pas été inauguré. Célébration du cinquantenaire de l’école laïque: le monument est soigneusement évité. L’inspecteur d’académie préfère célébrer l’évènement en faisant apposer, ailleurs, une plaque (sans le nom de Maupas) elle commémore les instituteurs tués pendant la guerre. Blanche adresse une lettre à son inspecteur, réponse: Maupas ne fait pas partie des noms gravés sur la plaque.

Année 1932
* 9 mars : la Chambre des Députés vote une loi instituant une Cour spéciale de justice militaire.
* juin: une liste de juges « anciens combattants », établie par la Confédération Nationale des Anciens Combattants, est transmise au Ministre de la Guerre. Plusieurs adhérents du Comité National pour la Réhabilitation des Victimes des Conseils de Guerre y figurent.

Année 1933
Le tribunal spécial tarde à se mettre en place.
* Mars: le Ministre de la Guerre promet de faire accélérer le fonctionnement du tribunal militaire.
* 4 juin. Les membres de la Cour spéciale se réunissent pour la première fois.

Année 1934
* 20 Janvier: la Cour spéciale de justice militaire déclare recevables les requêtes des familles des caporaux de Souain.
* 3 mars: le jugement du Conseil de Guerre du 16 mars 1915 est cassé, la Cour Spéciale de justice militaire acquitte à l’unanimité les quatre Caporaux de Souain. Parmi les arguments retenus: l’ordre qui a été donné le 10 mars 1915 était irréalisable, les caporaux étaient en état d’épuisement, leur désignation comme coupables a été faite de manière arbitraire. A la lecture des pièces du dossier, on réalise à quel point la présence de témoins encore en vie a été déterminante.
En application de ce jugement, la mémoire des quatre caporaux est réhabilitée, l’Etat est condamné à verser 1 franc !! à chacune des veuves. (source : Mémoire des Hommes, base des fusillés de la 1ère Guerre mondiale : minutes de jugement, dossiers de procédure.
Actions de Blanche et de ses partenaires:
Parution du livre « Le fusillé », en bas de la page de couverture : Veuve Maupas

cérémonies « réparatrices » avec lecture publique du jugement de réhabilitation.
*avril : au MaM du Chefresne et de Sartilly, en présence de nombreuses personnalités dont Blanche et la soeur du caporal Lechat.
* Juin : cérémonie sur la tombe du caporal Lechat en présence de la soeur du caporal et de Blanche Maupas.

source photo
* Décembre: dernier combat.
En présence de Blanche, inauguration du Mam de l’Ecole Normale de Saint Lô, il avait été édifié en 1922. Le nom de Maupas y est gravé.

photo: Serge Philippe Lecourt

cordialement
Brigitte

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Conclusion


Source du tableau: rapport Prost à l'Assemblée Nationale, 2013 . (Notons une erreur sur ce rapport: le 17 mars 1915, c'est l'exécution de Maupas, le refus d'obéissance a eu lieu le 10 mars )

Il aura fallu 19 années de lutte pour que soit reconnue l’injustice



(fiche de décès de Théophile Maupas : dossier Mémoire des Hommes.)

Blanche Maupas est décédée en 1962, elle repose maintenant au cimetière de Sartilly, près de son mari.


Eléments de lecture et sources principales de cette étude

• archives de la Manche : Les obsèques du Caporal Maupas, fusillé pour l’exemple en 1915
• dossiers : mémoire des hommes
• lettres de témoignages : Argonnaute
• La place des fusillés dans les mémoires familiales, l’exemple de la famille Maupas: réseau Canope
• archives LDH
• articles de presse : Argonnaute
• de nombreuses références : clioweb
•retranscription de Guilhem Laurent sur ce Forum « Cour spéciale de justice militaire

Bibliographie :
* Nicolas Offenstadt : "Les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-1918)" Paris, O Jacob, 1999 .
* Général André Bach : "Fusillés pour l’exemple 1914-1915" éd. Tallandier, 2003 .
* Veuve Maupas : « Le Fusillée », 1934, éd. Maison coopérative du Livre - réédité en 1994 aux éd. Isoète .
* Jacqueline Laisné : « Pour l'honneur de Théo et des caporaux de Souai » éd. Isoète, 1994

[demonts]

Bonjour,

Très beau travail Brigitte. Il était important de retracer le long travail de Blanche MAUPAS afin de réhabiliter son mari. Bravo!

Cordialement
François

[Skellbraz .]

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Bonsoir à toutes et tous

La lecture de ce document qui nous vient des Archives de l'Allier donne une idée précise de ce que gagnait, à la journée et en province, une munitionnette : 7frs/ jour.

Ceci semble être un salaire bien plus confortable que celui des midinettes par exemple.

Un mouvement de grève se dessine pourtant (nous sommes ici avant les grands mouvements de grève de 1917). Il doit bien y avoir quelques raisons à cela. Notons qu'il y a double punition : les femmes n'étaient payées qu'en fonction du nombre de pièces produites. Les jeunes filles ou les femmes âgées, moins robustes, étaient déjà pénalisées. Elles seront doublement punies puisque le tarif accordé à la production de leurs bombes à ailettes (appelées "obus" par le fonctionnaire de police, merci Régis pour la rectification) sera moindre.

Je me dis que cette manière de procéder (obligation de fabriquer en vitesse) n'est peut-être pas la meilleure solution pour que les bombes soient de qualité. On connait la crise des obus de 75, rappelée par Guy François (ICI ) . Je note qu'on leur demande de passer de 20 bombes à 25 / jour, était-ce raisonnable ? Ajoutons à cela la fatigue qui ne manque pas de s'installer après 10h de travail répétitif.

Pour finir, je n'arrive pas à me faire une idée du poids total porté à la fin d'une journée. [strike]J'ai lu qu'un obus pesait 7kg...[/strike] mais, je ne suis pas certaine de cette information.
Merci Régis pour les précisions, je corrige:
[bombe à ailette]... "d'un poids à vide d'environ 15 kg et 30 kg, les poids soulevés à la journée (autour de 600 kg) sont faibles comparés aux 35 tonnes pour une contrôleuse d'obus de 75, selon le calcul Marcelle Capy."

cordialement
Brigitte

rajout : une précision qui nous vient de Régis/ Air339 " Peu de risques de malfaçon car tous les éléments soudés restent à l'extérieur du tube"

[Piou-Piou]

Bonsoir ou bonjour à toutes et tous,
Brigitte,

Il ne se passe pas un jour qu'il faut que je passe par ce fil, quel belle hommage rendus aux femmes, elles sont toutes belle belle...... et d'une force incroyable, mental, physique. Alors les hommes, nous-vous, regardons la femme dit le sexe faible avec d'autres yeux, auprès de laquelle nous aimons nous blottir comme un enfant recherchant la sécurité et sans qui nous ne serions pas là, car cela aussi faut le faire.
Je connaissais un peu le combat de Blanche, mais là je suis surpris par son combat dans et contre le temps, je dirais même une grande bataille, quelle force de caractère et preuve d'amour.
Vive les Femmes.

Cordialement.
Phil.

[Skellbraz .]

bonsoir à toutes et tous
Merci Phil pour votre message.

Il ne faut pas oublier que Blanche fut soutenue, dès le début de son combat pour la réhabilitation de Théo, par de nombreux hommes, puis, petit à petit par les Associations des Anciens Combattants et des Mutilés de Guerre.

Le député / avocat Paul-Meunier et bien d'autres, avaient déjà ouvert la voie. Paul-Meunier y laissa quasiment sa vie, il fut emprisonné arbitrairement en 1919 (pour raison d'Etat). Un "non lieu" lui rendit la liberté après deux ans passés à la Santé, il mourut des suites de son incarcération.

Ceci dit, je vous rejoins dans votre remarque concernant la force de caractère et la capacité d'endurance de Blanche. Je connaissais vaguement son nom. Elle m'a impressionnée...
amicalement
Brigitte