Au 21 avril 1916, un arrêté du ministère de la Guerre instaure le Comité du Travail Féminin. Les compte-rendus des sessions, publiées au Bulletin des Usines de Guerre, émettent des voeux, comme ceux du 14 janvier 1918 :
COMITÉ DU TRAVAIL FÉMININ
Le comité du travail féminin, dans sa séance du 28 décembre, comme suite aux rapports de M. Picquenard, sur le travail de nuit, et de M. Frois, sur les conditions du travail du personnel féminin dans les établissements de l'Etat, examinés et discutés dans ses séances des 25 septembre, 26 octobre et 30 novembre, a voté les vœux suivants :
Sur le travail de nuit.
Le comité du travail féminin, constatant que si, en ce qui concerne l'âge d'admission des femmes au travail de nuit et la durée du travail imposé aux femmes la nuit, la situation paraît s'être sensiblement améliorée, il existe encore des cas où les vœux qu'il a émis à ce sujet n'ont pas reçu satisfaction, renouvelle le vœu :
1° Que les filles et les femmes ne soient pas admises à travailler la nuit avant l'âge de 18 ans ;
2° Que la durée du travail imposé aux femmes la nuit ne dépasse pas dix heures, cette durée s'entendant du travail effectif, repos déduit.
Le comité du travail féminin émet, en outre, le vœu :
1° Que le travail de nuit des femmes de tout âge, toléré depuis la guerre par dérogation aux prescriptions du Code du travail, soit supprimé toutes les fois que les disponibilités de matériel, de force motrice, de main-d'œuvre, permettront d'obtenir la même production par le seul travail de jour :
2° Que cette mesure soit envisagée en premier lieu en cas de réduction de la production d'une usine ; que, notamment, lorsque le nombre des heures de travail doit être diminué, cette diminution porte tout d'abord sur le travail de nuit ;
3° Que toutes les fois que les exigences impérieuses de la Défense nationale ne permettraient pas la suppression du travail de nuit des femmes, les efforts les plus énergiques soient faits pour réduire le plus possible la durée de ce travail et le nombre des femmes qui y sont occupées ;
4° Qu'il soit rendu compte tous les trois mois au comité du travail féminin des résultats obtenus, soit pour la suppression, soit pour la réduction du travail de nuit des femmes ;
5° Que l'interdiction du travail de nuit déjà maintenue d'une façon absolue pour les jeunes filles de moins de dix-huit ans soit étendue à toutes les filles mineures ;
6° Que l'on renvoie, par permutation, les ouvriers mobilisés mariés dans des usines situées dans le lieu de résidence de leurs femmes et similaires à celles dans lesquelles ils sont occupés.
Sur les conditions de travail du personnel féminin dans les établissements de l'Etat.
Le comité du travail féminin émet les vœux :
1° Que le service d'hygiène institué à la direction de la main-d'œuvre militaire soit organisé sur des bases telles que l'application des mesures d'hygiène et de sécurité prises en faveur du personnel féminin, travaillant dans les établissements de l'Etat, puisse être assurée d'une manière effective et permanente ;
2° Que ce service tienne régulièrement au courant le comité du travail féminin du fonctionnement et des résultats de son contrôle ;
3° Que les prescriptions du décret du 23 octobre 1917 soient observées ; qu'en particulier les ouvrières aient à leur disposition des sièges appropriés dans les conditions prévues audit décret ;
4° Que les documents et avis dont l'expédition a été prescrite par la circulaire du 1er juillet 1917 soient adressés au service d'hygiène du ministère de l'armement, dans les délais prévus.
Les articles du Bulletin des usines de Guerre sont aussi des recommandations à destination des usines privées quand à l'amélioration des conditions de travail.
Le numéro du 28 mai 1917 publie un article illustré sur la manutention facilitée des obus de 155 :

L'élégante ouvrière, une main posée sur la hanche, peut faire sourire. Et pourtant combien de femmes, de jeunes hommes - ou de moins jeunes - ont payé d'une hernie, d'un TMS, d'un handicap, la négligence des techniques de levage !
Le Code du travail limite aujourd'hui les charges à 25kg pour les femmes ; à partir de 7,5 tonnes soulevées par journée, il a pénibilité.
En 1917, une ouvrière de l'armement peut manutentionner jusqu'à 35 tonnes/jour, 6 jours par semaine, avec un délabrement de son organisme en conséquence...
Cordialement,
Régis