les femmes pendant la Grande Guerre (+ accès au sommaire)

11Gen
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Re: les femmes pendant la Grande Guerre (en p 1: accès au sommaire)

Message par 11Gen »

Bonsoir à toutes et à tous,
Sur les femmes soldats Russes, c'était peut-être avec l'ancienne version du forum, on a perdu quelques plumes (...)Alain
Bonsoir Alain. Pour retrouver les sujets du Forum, j'ai utilisé la super méthodologie que vous proposez ici pages1418/QUESTIONS-SUGGESTIONS/trouver ... .htm#t3575

Sur mon navigateur, j'ai donc inscrit :
"bataillon femme" site:pages14-18.mesdiscussions.net

Et Youpi !... j'ai retrouvé le sujet qui date de 2006.
 Sujet : Les femmes et la guerre !!! pages1418/forum-pages-histoire/femmes-g ... 4214_1.htm

Le sujet a perdu quelques plumes, entre autres les liens que vous proposez. Mais perdure ce formidable texte de Catherine Viollet sur le livre de Hanna Hacker à enregistrer en pdf.

Voici le chapître 6 consacré aux femmes au front :
La quatrième partie, « Femmes au Front », est la plus développée et la plus significative. La liste est longue des femmes-soldats qui, du XVIIIe siècle à la guerre de 1914-1918, ont activement participé au combat et fait usage des armes : Thérèse Figueur alias « Madame Sans-Gêne », la Russe Nadejda Dourova, la Suisse Regula Engel, les Tyroliennes de 1797, à rapprocher des “Vésuviennes” et des “Pétroleuses” parisiennes, des “Amazones” viennoises… Ou encore Friederike Krüger (Mecklemburg, 1813) et d'autres Allemandes engagées dans l'armée, Francina Gunningh (Pays-Bas), Zorka Ilieva (Macédoine), Miranda Barry (médecin de l'armée britannique), Antoinette Lix (Alsace), Angela Postavoitov (Pologne). Beaucoup d'entre elles ne nous sont connues que grâce à des récits autobiographiques ou des biographies, comme Flora Sandes (Anglaise engagée dans l'armée serbe), Marina Yurlova (Cosaque), Kati Dadeshkeliani, Maria Bockareva (Russes), les Autrichiennes Olena Stepaniv, Jerema Kuz, Sophie Kaleczko, la Polonaise Stanislava Ordynska, parmi d'autres… Le Bataillon féminin de la Mort au Palais d'Hiver (Saint-Pétersbourg, 1917), les bataillons de femmes de Moscou et d'autres villes russes pendant la Révolution, la « Ligue de la Mort » en Serbie, ont parfois réuni plusieurs milliers de femmes-soldats. Mais l'histoire préfère passer sous silence ces transfuges imprévues, voire interdites qui, engagées le plus souvent (en tant qu'individus) sous une identité masculine, brouillent la ligne de partage des sexes, menacent les figures, exclusivement virile du soldat, nécessairement pacifique de la femme, hors du champ de bataille. Hacker s'intéresse particulièrement aux motivations de ces femmes-soldats (quelle relation s'établit pour elles entre nationalisme, patriotisme, et féminisme ?), à la question du travestissement et d'une identité sexuelle “intermédiaire” de la guerrière, ainsi qu'aux questions de sexualité.
Catherine VIOLLET, « Hanna HACKER, Gewalt ist : keine Frau. Der Akteurin& oder eine Geschichte der Transgressionen (La violence est : pas de/pas une femme), Ulrike Helmer Verlag, Königstein/Taunus, 1998, 344 p. », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 10 | 1999, mis en ligne le 20 mars 2003, consulté le 15 mai 2016. URL : http://clio.revues.org/268


Voici une notice bibliographique sur la réédition du livre de:
Maria Botchkareva, Yashka. Journal d’une femme combattante, Russie 1914-1917 (Édition présentée par Stéphane Audoin-Rouzeau et Nicolas Werth). Paris : Armand Collin, 2012, 301 p https://monderusse.revues.org/7606

Bien cordialement
Geneviève
Wittgenstein Ludwig (1889-1951). "La philosophie est la lutte contre l'ensorcellement de notre entendement par les moyens de notre langage" P.I. § 109
Rutilius
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Re: les femmes pendant la Grande Guerre (en p 1: accès au sommaire)

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


■ Bibliographie.

— Gaston RAGEOT : « La Française dans la guerre », éd. Attinger Frères, Paris~Neufchâtel, sans date, 32 p., coll. « Petite bibliothèque de la guerre », fasc. n° 11.

—> http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... claires%22
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Skellbraz .
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Re: les femmes pendant la Grande Guerre (en p 1: accès au sommaire)

Message par Skellbraz . »

*
bonjour à toutes et tous
je suis encore en panne d'ordinateur [:le gaillard:7] mais je puis lire vos interventions.
Je vous remercie, les unes et les uns, pour toutes les informations qui ont continué à faire vivre ( et bien vivre) ce sujet sur les femmes
bien à vous
Brigitte
Daniel/ Rutilus:le lien vers Gaston Rageot est inséré dans le sommaire
Dernière modification par Skellbraz . le ven. févr. 23, 2018 12:12 pm, modifié 2 fois.
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Alain Dubois-Choulik
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Re: les femmes pendant la Grande Guerre (en p 1: accès au sommaire)

Message par Alain Dubois-Choulik »

Bonjour,
Le site Greatwardifferent a disparu hélas.
Mais voir par exemple ( ce n'est pas le seul site) la page sur Milunka Savic. Il y en eut d'autres : Sofija Jovanović , ...ou Natalija Bjelajac
Cordialement
Alain
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Elise49
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Re: les femmes pendant la Grande Guerre (en p 1: accès au sommaire)

Message par Elise49 »

Bonjour à toutes et à tous

En cherchant totalement autre chose ,j'ai découvert cette sympathique annonce :) ,ce qui permet de faire remonter le sujet.

Bien cordialementImage Gallica ,Ouest-Eclair (édit Nantes ) 14 Avril 1918
Elisabeth
"Ne meurent et ne vont en enfer que ceux dont on ne se souvient plus. L'oubli est la ruse du diable." Rigord -historien -moine de l' abbaye de St Denis.XIIs

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Francine Laude
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Re: les femmes pendant la Grande Guerre (en p 1: accès au sommaire)

Message par Francine Laude »

Bonjour à toutes et tous

tant qu'à faire, autant joindre l'utile à l'agréable ! [:francine laude:9]
car pour se perfectionner dans la langue française, c'est vrai qu'une jeune fille
c'est mieux qu'une enseignante, d'âge mûr, mariée et avec plein d'enfants


Amicalement
Francine
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Francine Laude
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Re: les femmes pendant la Grande Guerre (en p 1: accès au sommaire)

Message par Francine Laude »

re bonjour

une autre annonce où une femme est en cause [:francine laude:9]
et, bien que certainement pour un fait nettement moins honorable que ceux concernant celles de ce sujet
mais avec tous les noms, une cause ... et l'imagination faisant le reste ... j'avoue que cela m'a fait sourire

Image

avis paru pendant le conflit dans "Le Progrès" du samedi 23 mars 1918 (en ligne sur le site des AD 29)

Amicalement
Francine
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FAB1
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Re: les femmes pendant la Grande Guerre (en p 1: accès au sommaire)

Message par FAB1 »

Bonjour
Certaines de ces annonces se sont terminées par un mariage
Image
Photo du mariage à Pouilly 58 de Georges Lee Brown sergent au 223e police américaine et Clémence Brit
Photo des Annales du pays nivernais N°132.
Cordialement
FABRICE
11Gen
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Re: les femmes pendant la Grande Guerre (en p 1: accès au sommaire)

Message par 11Gen »

Bonjour à toutes et à tous

Un article savoureux sur la condition des femmes à l'entrée de la guerre
Un « Women’s Forum » en 1913 par Gérard Guicheteau
http://www.tak.fr/femmes-womens-forum-1913-1/

Le « 8th Women’s Forum » vient de se dérouler à Deauville. En 1913, à Paris, se tenait le 10e « Congrès international des femmes »… (1re partie)
Ces jours d’octobre 2012 s’est tenu à Deauville le 8th Women’s Forum présidé par Mme Véronique Morali – emploi obligatoire de l’anglais, œuf corse. 1430 dames venues de 60 pays furent accueillies. Manquaient juste Valérie T., Cécile D. et Trudi Kohl (j’avais espéré qu’elle irait y faire un tour, j’ai attendu en vain). Cette réunion me remet en mémoire qu’il exista, née à Paris en 1878, une organisation féminine mondialisante dénommée Congrès international des femmes. Son dixième congrès se tint début juin 1913, rue Blanche, à Paris, dernier d’avant-guerre, avec délégation allemande. C’était le temps où les « pigeons » causaient français à la tribune et où « franchouillard » restait inconnu, au contraire de « youpin », de « bougnoule » ou de « boche ».

Le congrès ne s’amuse pas
La permanence du bureau dans les intervalles était tenue par la Secrétaire. En 1913, c’était le rôle de Ghenia Avril de Sainte Croix, assistée d’une brillante avocate, ex-institutrice révoquée, Maria Vérone, et d’une sororité où figuraient entre autres Marcelle Tynaire, Daniel Lesueur (pseudo de Jeanne Loiseau), la terrible Marguerite Durand, actrice, journaliste et théoricienne (qui tenait Tigre, son lion, en laisse), la Dr Madeleine Pelletier (première femme médecin-psychiatre de France), la vicomtesse de Kergariou, présidente de l’Oeuvre des Nourrissons de Plestin-les-Grèves, Cécile Brunschvicg, présidente de l’Oeuvre ouvrière des Réchauds de midi, ou Pauline Kergomard, inspectrice générale de l’Instruction publique, qui souhaitait qu’on répondît à cette question : « Comment lutter contre la démoralisation de la jeunesse par le journal, l’image, le spectacle, etc. ? »
L’ouverture solennelle réunit la foule des grands jours dans l’amphithéâtre de la Sorbonne, gracieusement prêté par l’administration. Après les discours de bienvenue, les déléguées des mouvements nationaux dressèrent un rapide tableau de la situation dans chacun des pays représentés. Il y eut bien évidemment l’Angleterre et l’Ecosse, la Hollande, la Belgique et la province de Bohême (qui n’était pas encore connue sous la sotte appellation de « Tchékie »), toute l’Europe du Nord, les Etats-Unis et le Canada, l’Australie et l’Afrique du Sud… on vit même des représentantes de l’Allemagne, de l’Autriche-Hongrie et de la Russie – provinces baltes et polonaise comprises. Des barbons célèbres, au moins par la politique, vinrent faire reluire leurs excuses à la tribune. Les vrais misogynes étaient absents. Les jours suivants, rue Blanche, six sections se répartirent les travaux. Le compte rendu rempli un gros volume de près de six cents pages dont l’édition fut confiée à Ghenia Avril de Sainte-Croix. Il semble que peu de curieux aient eu envie d’aller le feuilleter. On y trouve pourtant un intéressant portrait de groupe d’un mouvement que 1914 (et 1917) allait casser net. L’Europe encore en paix permettait alors de rêver à un monde ouvert et fraternel.

Les femmes au temps des pignoufs
En France, comme aujourd’hui, les pignoufs machistes étaient de loin les plus nombreux. Ceux d’entre eux qui avaient quelque culture se réchauffaient la testostérone au délire de Schopenhauer sur les femmes, lequel se résume à ceci : « Que peut-on attendre de la part des femmes, si l’on réfléchit que, dans le monde entier, ce sexe n’a pu produire un seul esprit véritablement grand, ni une œuvre complète et originale dans les Beaux-Arts, ni, en quoi que ce soit, un seul ouvrage de valeur durable. » Parmi les adeptes des aphorismes du penseur de Dantzick (orthographe d’époque), on trouvait au premier rang un auteur à succès : Théodore Joran, « éditeur scientifique » de Le Mensonge du féminisme et de Autour du féminisme, paru en 1906. Soutenu par la traîtreuse Kaete Schirmacher, « une de nos agrégées et doctoresses ès-lettres », dame « autant Allemande que Française », ce monsieur faisait grand cas d’un certain Moebius (si si !), docteur de Leipzick, qui apportait la preuve scientifique de l’Infériorité intellectuelle de la femme établie par la Physiologie (évaluée par la méthode Bouvard et Pécuchet). Théodore Joran avait traduit et introduit en France des morceaux choisis de l’ouvrage qui portait ce titre. Il affirmait qu’il aurait contresigné tous les dires du « bon docteur allemand », que les féministes étaient « des hyènes », et qu’elles n’avaient trouvé à reprocher à Moebius « que le port de la barbe pour cacher sa laideur »…
En attendant, outre-Manche, en gare de Bristol, Winston Churchill, ministre du Commerce, s’était pris un coup de cravache au travers de la figure par une intrépide suffragette (Le Figaro du 13 novembre 1907) – sort auquel allait échapper Lloyd George, Chancelier de l’Echiquier, parlant à l’Albert Hall au mois de décembre 1908, et pourtant favorable au mouvement que notre bon Figaro qualifiait « de vraie calamité publique ».

De rares soutiens aux droits des femmes
Le principal soutien des femmes en lutte pour leurs droits élémentaires, était alors Ferdinand Buisson. Libre penseur, protestant d’origine, président de la Ligue des droits de l’homme, directeur de l’enseignement primaire au temps où Jules Ferry faisait la loi, papy barbu de 72 ans, député RRRS(1) par intermittence, il déplorait que la France soit restée « sous la superstition du droit romain » et que nous soyions à la traîne, « seuls avec l’Espagne et la Turquie » (laquelle se vivait encore ottomane). Jadis, il y avait eu Schœlcher, Considérant, Jean Macé, Pierre Leroux… Léon Richer, co-fondateur avec Maria Deraismes d’une « Société pour l’amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits », et à l’origine du Congrès international (bureau permanent créé en 1878).
Ferdinand Buisson assurait la relève de la pensée progressiste. Pour lui, et ceux qui le suivaient, l’obtention du « suffrage » (le droit de vote) commandait tout le reste. En 1906, on en avait débattu à la Chambre des députés ; Ferdinand Buisson avait repris le projet de feu Paul Dussaussoy, catholique-libéral, mort avant d’avoir vu discuter (et rejeter) ce qui avait été combattu en termes choisis par mon cher Clemenceau, lequel voyait la main des curés fourrées jusque dans les isoloirs. En 1913, une proposition de loi sur le vote des femmes aux élections municipales et cantonales avait été rejetée d’une manière qui rebondit étrangement aujourd’hui. Passons…
On en reparlerait, et notamment de cette concession aux antiféministes indécrottables et ricaneurs, sinon grivois, qui proposait de limiter le droit de vote aux « célibataires, veuves ou divorcées », concession qui avait, elle aussi, été rejetée. C’était la section Suffrage, sous la présidence de Maria Vérone, qui allait s’intéresser à ce problème très-pyrogène.
Les plus militantes des congressistes, s’il advint qu’elles vécurent jusque là, eurent à patienter jusqu’en 1944. Entre temps, Cécile Brunschvicg avait été nommée sous-secrétaire d’Etat à l’Education nationale en 1936, sous l’autorité de Jean Zay, dans le premier gouvernement de Léon Blum, après la victoire du Front populaire… mais les femmes n’avaient toujours pas eu le droit d’élire et d’être élue.
(à suivre)

1.↑RRRS : parti Républicain, Radical et Radical Socialiste.
Image

Amicalement
Geneviève
La suite dans le prochain message
Wittgenstein Ludwig (1889-1951). "La philosophie est la lutte contre l'ensorcellement de notre entendement par les moyens de notre langage" P.I. § 109
11Gen
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Re: les femmes pendant la Grande Guerre (en p 1: accès au sommaire)

Message par 11Gen »

(suite) Un Women’s Forum en 1913
http://www.tak.fr/un-womens-forum-en-1913-2/
L’histoire a surtout retenu du Xe Congrès international la revendication du « suffrage » (le droit de vote) que le Gouvernement Provisoire de 1944 accorda enfin aux femmes. C’était trente-et-un ans trop tard, après deux guerres abominables et une Résistance où les héroïnes eurent leur place. Les travaux de 1913 avaient fait le point sur ce qui était réalisable, sur ce qui était possible et sur ce qui était souhaitable. Les choses étant ce qu’elles étaient, fut ainsi dressé un état des lieux de « l’asservissement légal des femmes », avant de formuler des vœux qui pourraient constituer la base d’une utopie. Le « droit de vote » n’était pas le seul enjeu…

Il y avait bien d’autres problèmes…
La première section de travail s’intéressa à l’Assistance. Ce qui englobait « le rôle de la femme dans la bienfaisance privée », les refuges-ouvroirs destinés à abriter les « maternités secrètes des blanchisseuses à genoux, le bras dans l’eau, travaillant dans une atmosphère funeste, des repasseuses qui souffrent de l’estomac et qui ont des varices, des brodeuses aux yeux fatigués, et des balayeuses, des chiffonnières, des adolescentes affolées par la peur et la honte ». On parla aussi des Réchauds de midi qui évitaient aux « honnêtes travailleuses les mauvaises fréquentations des cabarets ». Il fut question de « l’amélioration du logement ouvrier » dont le rapport fut proposé par Mme Henri Nathan : les quartiers parisiens les plus touchés par la tuberculose et la syphilis demeuraient la rue des Lombards, la place Maubert et le faubourg Saint-Antoine, les secteurs du XIIIe où l’on comptait une mortalité de 40 ‰.
Ceci rejoignait les sujets abordés par la deuxième section : l’Hygiène, qui s’intéressa spécialement au « rôle de la femme dans la lutte contre l’alcoolisme ». « Quand la femme travaille au dehors, le logis est mal tenu, le cabaret sollicite l’homme ». Pour remédier à la mauvaise influence du cabaret, les congressistes proposaient l’achat ou l’attribution d’un autocuiseur par ménage pour préparer le repas de midi. On se basait sur l’exemple suisse. Mais un excellent autocuiseur coûtait 50 francs à Paris… et 15 à Zurich ! L’ascétisme qui dominait préconisait d’accompagner les repas de « boissons hygiéniques à base de jus de fruits ou de gaz carbonique »… La section aurait souhaité aussi « qu’une fiche individuelle de santé accompagne tout individu durant toute la vie ». On cria à l’atteinte à la liberté. Ce qui étonna les Allemandes : la Sécurité sociale, créée par Bismarck, existait depuis 40 ans !

L’enfant…
La troisième section se consacra à l’Education. Emmenées par la pétulante inspectrice générale Pauline Kergomard, les congressistes convinrent bien volontiers que « les parents sont à éduquer ou à rééduquer autant que leurs enfants », ce qui restera tarte à la crème pour le restant du siècle et même après. L’inspectrice générale souhaitait « toucher du doigt les drames poignants » de son époque. Elle conseillait de faire donner aux adolescents « des leçons de botanique, de zoologie et de morale qui amorceraient discrètement un enseignement sexuel approprié aux apprentis des deux sexes […] afin qu’ils soient instruits des devoirs de respect envers soi-même et envers les individus du sexe différent »… leçons qu’elle aurait voulu confier à un médecin, et, pour les filles, à « une doctoresse ou une femme déléguée par l’Instruction publique ». Pauline Kergomard craignait que cette charge « soit de nature à aggraver les difficultés morales de la tâche du personnel laïque, en proie à la médisance et à la calomnie ». Cette proposition d’un enseignement confié aux non-enseignants fut rejetée. Mais on accorda à la rapporteuse « qu’il soit créé des concours de poésie, de chants, d’illustrations, de pièces de théâtre ayant pour but d’opposer l’amour et la pureté forte, résistante, connaissante, au dévergondage et à ses conséquences ; que la rééducation des parents soit entreprise dans les patronages et les fêtes des écoles en les associant aux divertissements que l’on donne aux enfants ».

La putain…
La quatrième section débattit de la Législation. La question de la « capacité civile de la femme mariée » était posée. La femme mariée, en France, ne pouvait faire aucun acte sans le consentement de son mari. Alors que la femme célibataire, veuve ou divorcée, possèdait les mêmes droits civils que l’homme… Le débat se tendit lorsque les femmes mirent en accusation l’Etat « qui propage la conception funeste d’une morale différente pour chaque sexe ». Ghenia Avril de Sainte-Croix, qui présidait la section, développa le thème. Elle s’en prit aux « apologistes de la réglementation » qui déclaraient la prostitution « fait inéluctable et nécessaire ». D’après eux, « maris, épouses et enfants vivraient satisfaits grâce à l’immolation quotidienne d’un certain nombre de femmes perdues qu’on foule aux pieds ». Elle cita le Pr Bridel qui, le premier, eut le courage d’affirmer que les « désirs impérieux de l’homme » pouvaient être invoqués pareillement par la femme. En conséquence, le Congrès réclamait l’abolition de la réglementation de la prostitution. Sur la question de l’adultère, les membres de la section déclarèrent qu’il était « absurde et souverainement injuste de parler de faute et de déshonneur. Là où il n’y a pas de déshonneur pour l’un, il ne peut pas y avoir de déshonneur pour l’autre. » Personne ne fit remarquer, le mercredi 4 juin, jour consacré par le Calendrier féministe à Laure, que c’était là le très-mauvais exemple d’un harcèlement amoureux conduit par un obsédé du XIVe siècle au détriment d’une femme mariée.

… et l’ouvrière
La cinquième section aborda la question du Travail. Louise Compain présida les séances au cours desquelles Marguerite Durand intervint fréquemment. On commença par donner des informations qui, aujourd’hui encore, ne manquent pas d’intérêt. On notait que les femmes au travail représentaient environ 42% de la population de plus de treize ans et 34,5 % des personnes des deux sexes exerçant une profession. Puis on parla du travail des enfants. Sur deux cent soixante-six établissements relevant de la métallurgie (« usines à feu continu »), on trouvait plus de 5000 gosses travaillant de jour comme de nuit. Ils étaient de 4500 à 5300 dans les cent cinquante-et-une verreries industrielles ou artisanales (également « à feu continu »). La France se situait au douzième rang des Etats civilisés pour l’âge d’admission au travail de nuit des enfants (13 ans), juste avant le Portugal et la Russie ex-æquo (12 ans). Marguerite Durand se battit particulièrement pour que soit interdit « le contrat de louage d’enfants »… On évoqua les inégalités de salaire : les femmes étaient payées un tiers de moins que les hommes. Une fois, la France fut citée en exemple : les congressistes demandaient qu’on s’inspirât du principe de l’Etat français « qui accorde le plein salaire à ses ouvrières et employées durant trente-cinq jours après l’accouchement »… La délégation allemande vota contre : la loi allemande offrait déjà huit semaines de repos !

En miroir, le compte rendu de ce congrès nous présente une image où se dessine l’omnipouvoir masculin sur une société pas toujours consciente des mutations qui allaient advenir. Treize mois plus tard, la guerre pourvoiera à l’émancipation des femmes par d’autres voies. Restera en suspens le sempiternel « droit de vote »…
par Gérard Guicheteau
Éventail « Je désire voter »
L'opération de « vote blanc » féminin organisée par le « Journal » lors des deux tours des élections législatives au printemps 1914 recueillit au total 505 972 voix.
Bibliothèque Marguerite Durand
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Amicalement
Geneviève
édité parce que j'avais oublié l'auteur de l'article :Gérard Guicheteau
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