Le rançonnage des villes par les Allemands

[chanteloube]

Bonjour à tous,

J' ai lu que les généraux Allemands rançonnaient à leur profit exclusif les villes qu'ils occupaient et en particulier la ville de REIMS lourdement taxée en argent et en Champagne.
Mythe ou réalité? Nos amis Champenois doivent avoir une idée.
A bientôt
CC

[stcypre]

Bonjour,

Dans toutes les villes et villages occupées les amendes pleuvaient...Ex: amendes pour détention de chien, de pigeon, de non livraison d’œufs, etc. La liste serait longue...
Maintenant dire que des sommes souvent colossales allaient aux responsables des Kommandantur ??? Peut-être bien... quoique avec les allemands de l'époque ?? car il y avait une trace.
Ce que je sais c'est que lors de réquisitions (moi je dirais vols) les officiers allemands se servaient... pour envoyer ensuite un beau manteau à une épouse, une fiancée, un bibelot, un meuble ou un tableau, etc......
Ah oui je parle bien de 14-18 !!!
J.Claude

[Alain Dubois-Choulik]

Bonjour,
Oui, les exemples sont nombreux, à Valenciennes, dès 1914

[Von Mehring] soutint toujours ses soldats, mais de façon abusive. C'est ainsi que des militaires, entrant chez un bijoutier, laissaient simplement un billet: « Bon pour un baiser à Berlin », et emportaient bagues, montres ou bracelets. Quand les Allemands changèrent leur heure, la population civile fut obligée de l'adopter. Je fus même arrêté dans la rue par un officier qui me demanda l 'heure. Heureusement, ma montre était réglée: aussi, continua-t-il son chemin, sans quoi, c'eût été une amende. Autre exemple : le 14 octobre, un officier entre dans un magasin de la rue Saint-Géry pour acheter une paire de gants d'une valeur de 10 f. 50, et demande l'heure à la vendeuse qui, naturellement, lui donne l 'heure à la française. « Je vous mets à l'amende de 10 f. 50 », dit-il, puis il sortit en emportant les gants.

ou encore

Voulant emporter un souvenir de Valenciennes il se présenta dans les derniers jours de septembre, dans le magasin de Mme Brousse-Manigol, 39, rue Saint-Géry, et lui demanda un mouchoir de batiste d'une valeur de 20 francs. Il fut convenu qu'il viendrait le chercher le lundi matin à 9 heures. Quand il se présenta au jour indiqué, le mouchoir n'était pas entièrement terminé. Mme Brousse sortit sa montre pour lui faire comprendre qu'il était en avance d'une heure. Quel ne fut pas son étonnement de voir la fureur de Von Mehring, lui répondant: « Madame, vous avez l 'heure française, j'ai affiché que toutes les pendules devaient marquer l'heure allemande. Comme vous êtes en Allemagne, si vous n'avez pas lu l'affiche, vous irez en prison ».
Puis il sortit, disant qu'il reviendrait dans une heure. Quand il se présenta, le mouchoir, cette fois était terminé. Sortant son porte-monnaie, il remit une pièce de 5 francs à Mme Brousse, et lui dit: « Je garde le reste pour l'amende, cela vous apprendra à connaître l 'heure allemande ».

(in Delame : Valenciennes sous l'occupation)
Ceci-dit, Jean-Claude précise qu'il s'agit bien de 14-18, tous les témoins des 2 guerres que j'ai pu rencontrer (et oser questionner) on avoué que les soldats de la seconde se tenaient mieux que ceux de la précédente (feldgendarmerie oblige ?). Ce qui comme toujours n'est pas une généralité.
Cordialement
Alain

[chanteloube]

Bonjour,
Merci de vos réponses rapides.....
Mais voici ce que j'avais noté et que je viens de retrouver : malheureusement j'ai perdu la source.....

Les circonstances de la prise de la ville sont assez curieuses et assez peu connues. A la suite d'une compétition entre le commandement de la II° et celui de la III° Armée allemande qui se disputaient probablement le confort de la ville et convoitaient les caves, les éléments avancés des deux armées allemandes s'y trouvèrent presque en même temps. Von Bülow ayant fait tirer sur la ville pour accélérer ses propres négociations avec les militaires français, on imagine la surprise de Von Hausen et des saxons de la III° armée recevant des obus de leurs propres lignes alors qu'ils discutaient de leur côté avec les édiles d'une ville déclarée " Ville ouverte ".
Les Allemands, feignant de croire qu'il s'agissait de tirs français, annoncèrent qu'ils allaient fusiller une partie de la population, et saisirent le prétexte pour mettre la ville à l'amende comme ils l'avaient déjà fait partout ailleurs.
Le Maire de Reims eut beau démontrer que les tirs partaient des lignes allemandes, la ville fut taxée d'un impôt de guerre de 35 millions de Francs. Impôt finalement " négocié " à trois millions comptant, versés dans les caisses de la III° Armée allemande. (Différence largement compensée par le pillage systématique des caves de la ville)

Donc un peu différent de ce que j'avançais...


A bientôt
CC

[IM Louis Jean]

Bonsoir à toutes et à tous,

Sans garantie d'objectivité, le fascicule Reims. 1e août-31 décembre 1914 évoque l'occupation allemande :


et suivantes

Cordialement
Étienne

[chanteloube]

Bonjour Etienne,

Merci pour cette source qu'il faudrait recouper,

A bientôt
CC

[Alain Dubois-Choulik]

Le Maire de Reims eut beau démontrer que les tirs partaient des lignes allemandes, la ville fut taxée d'un impôt de guerre de 35 millions de Francs. Impôt finalement " négocié " à trois millions comptant, versés dans les caisses de la III° Armée allemande. (Différence largement compensée par le pillage systématique des caves de la ville)

Bonjour
Un épisode similaire : Le testament de Guillaume (sur mon blog)
Quant aux bonnes bouteilles, le même Delame raconte encore

Le jeudi 24 décembre, je travaillais tranquillement dans ma chambre, lorsque l'ordonnance vint me chercher, le général m'invitant à passer avec lui la soirée du réveillon. Comme il y avait toujours à apprendre dans sa conversation, je m'y rendis. C'était vraiment la guerre; au milieu de la chambre, sa table de travail avec cartes et journaux; dans les coins, des tas de bouteilles. Il m'avança un fauteuil et s'assit devant sa
table.
Le général m'offrit un verre de vin, en disant:
- Il provient très probablement de la cave d'un de vos amis ou de la vôtre!
- Certainement! lui répondis-je.

( il avait été délesté de quelques 5000 bouteilles quand fouillant sa cave ils avaient constaté un soupirail de trop et une cave cachée ....)
Cordialement
Alain

[chanteloube]

Bonsoir,

Merci Alain..encore une source et on commencera à y voir clair!
Cordialement CC

[zephyr joyeux]

Bonjour,cela est bien dit pour Reims ou, en 1940,les Allemands ont exige a nouveau une livraison enorme de champagne.Un de mes parents y a vu debarquer en trombe mais en secret Hitler qui venait feter avec les troupes le troisieme anniversaire de la victoire de juin 1940.Tres cordialement.

[Alain Dubois-Choulik]

Bonsoir,
Faut dire aussi qu'il y a prise de guerre et prise de guerre, et que certaines sont ... de bonne guerre, ça l'est moins lorsqu'il s’agit des matelas, des poignées de portes ou des nappes et draps pour " les blessés des hôpitaux" peut-être, mais à Valenciennes, rafler la batiste, ils devaient se sentir bien les blessés ......
(je précise que Maurice Delame était -déjà et ensuite- historien local et que ses témoignages recoupent bien la réalité, même si on peut toujours pinailler certains détails.
Cordialement
Alain