.confrontation des sources.....: texte du général Colin avec les JMO

chanteloube
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Re: .confrontation des sources.....: texte du général Colin avec les JMO

Message par chanteloube »

Bonjour à toutes et à tous,

Je viens de me livrer à un petit exercice de critique des sources que je vous propose de partager avec moi. Bien entendu la dicussion est ouverte....

Exercice de critique des sources,

L'histoire écrite..

Exercice de critique des sources,

le bon texte est plus bas



Le travail d'analyse des sources militaires est ici compliqué par le fait que les JMO concernant la 11ème DI ne sont pas consultables ou ont disparu ou sont lacunaires. C'est assez troublant!
On conviendra quand même, après cet exemple, qu'il faut se méfier,au moins un peu, des déclarations officielles, fussent-elles de généraux.


bonne lecture.
CC
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IM Louis Jean
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Re: .confrontation des sources.....: texte du général Colin avec les JMO

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,
La version non hagiographique, celle du JMO, est beaucoup moins héroïque, elle confirme les pertes mais montre des soldats tombant sous des tirs venus de loin. " la maison de la dernière cartouche" est bien dans " le style division de fer" mais .....n'est confirmée nulle part.
Image
source Bataille de Morhange (août 1914). Notice communiquée gracieusement à M. le maire de Morhange, par le général commandant le 20e corps d'armée sur Gallica

Lors de sa conférence de 1933, le général Colin s'est peut-être inspiré de ce texte qui date de 1921. Si cet épisode n'a pas eu lieu, l'invention ou l'enjolivement ne sont pas forcément de son fait. La source est certes sujette à caution puisqu'il s'agit d'un récit "officiel".

Cet épisode est conté sur le site BATAILLE DE MORHANGE - SARREBOURG illustré d'une carte postale allemande. Il est précisé que "Le château" est aussi appelé "villa Laurent" ; cela n'apparaît pas dans le texte de la IIe Armée, la source est peut-être plus locale.

Edité pour ajouter que les Allemands lui ont accordé de l'importance puisqu'ils ont édité des cartes postales de cette maison :

Image
Image
source conthil-village-du-saulnois (je retirerais bien sûr ces cartes si l'administrateur du site le souhaite)


Cordialement
IM Louis Jean
Étienne
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chanteloube
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Re: .confrontation des sources.....: texte du général Colin avec les JMO

Message par chanteloube »

Bonjour,

merci beaucoup. Je conaissais le texte mais pas la photographie.
Si la maison est dans cet état en août 15 c'est que le combat a du y être sérieux, je vais donc continuer à chercher. Un rapport serait parfait mais si personne n'est revenu ce sera difficile A moins qu'un récit allemand ......

Rien n'est jamais définitif en histoire.

A bientôt
CC
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IM Louis Jean
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Re: .confrontation des sources.....: texte du général Colin avec les JMO

Message par IM Louis Jean »

Re,

La légende de la carte/dessin traduite sur le site précise << Bataille de Lorraine 19/20 Août 1914. Villa Laurent à Conthil défendue par les troupes françaises avec des mitrailleuses, effet du succès allemand >>. Ce n'est pas un récit allemand à proprement parlé, mais cela indique qu'il ne s'agit pas seulement du résultat d'un bombardement, et qu'il y a bien eu un combat suffisamment héroïque (des Français afin de prouver l'héroïsme supérieur des Allemands) pour que la propagande s'en empare.

Cordialement
IM Louis Jean
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chanteloube
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Re: .confrontation des sources.....: texte du général Colin avec les JMO

Message par chanteloube »

re,
je vais chercher à savoir qui a été tué dans cette maison ayant beaucoup souffert et modifier de toute façon mon texte en conséquence avant publication

ce qui donnera:

On peut voir aussi le JMO du 69ème RI à la date du 20 août 1914. Dans cet extrait, l'épisode de la « dernière cartouche » est un peu écorné par la réalité des faits sauf à dire que le JMO est faussé (ce que nous ne croyons pas car il n'y aurait aucune raison à cela) cependant, nous ne pouvons pas ignorer qu'un document photographique allemand disponible à la Mairie de CONTHIL et daté d'août 14 montre une maison ravagée par les impacts de balles.


Merci de votre contribution. A bientôt
CC
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clery
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Re: .confrontation des sources.....: texte du général Colin avec les JMO

Message par clery »

Bonjour à tous

Un témoignage sur la bataille de Morhange
http://documents.irevues.inist.fr/bitst ... sequence=1

Cordialement
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IM Louis Jean
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Re: .confrontation des sources.....: texte du général Colin avec les JMO

Message par IM Louis Jean »

Bonsoir à toutes et à tous,
On peut voir aussi le JMO du 69ème RI à la date du 20 août 1914. Dans cet extrait, l'épisode de la « dernière cartouche » est un peu écorné par la réalité des faits sauf à dire que le JMO est faussé (ce que nous ne croyons pas car il n'y aurait aucune raison à cela) cependant, nous ne pouvons pas ignorer qu'un document photographique allemand disponible à la Mairie de CONTHIL et daté d'août 14 montre une maison ravagée par les impacts de balles.
Mes yeux et neurones sont certainement fatigués, pouvez-vous faire ressortir ce qui, dans le JMO du 69e RI, écorne l'épisode de la villa Laurent ?

Cordialement
IM Louis Jean
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chanteloube
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Re: .confrontation des sources.....: texte du général Colin avec les JMO

Message par chanteloube »

rebonsoir,
vos yeux ne sont pas fatigués......
OUPS...... le passage en HTML a fait sauter et a déplacé les références.
je reprends tout .
A bientôt
CC
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jibeo
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Re: .confrontation des sources.....: texte du général Colin avec les JMO

Message par jibeo »

Bonjour
Voici la maison en 2010 et la tombe du Cpt de Fabry. Si cela intéresse certains, j'ai la liste des morts du cimetière de Conthil

Cordialement
joséB
chanteloube
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Re: .confrontation des sources.....: texte du général Colin avec les JMO

Message par chanteloube »

Bonsoir,

le bon texte réparé est prêt...

merci à tous Ceux qui m'ont contacté pour me proposer des document inédits....

Exercice de critique des sources,
Nous allons montrer, avant de refermer ce dossier, comment on a pu tordre le récit historique pour perpétuer l'ignoble accusation.
Revenant aux sources, l'exemple choisi, confronte le texte d'une conférence faite en l'honneur du général Balfourier par le général Colin au déjeuner de la Sabretache le 15 décembre 1933, avec les documents disponibles.
Pour plus de clarté nous avons usé de couleurs et de polices différentes. Le texte du général Colin est en rouge, les documents puisés dans les JMO sont en bleu, nos observations en noir.
[...] le 19 août l'offensive est reprise. La 11ème division d'infanterie reçoit l'ordre de se porter vers le nord en direction de Château-Voué-Morhange. A 17 heures elle arrive devant Morhange et occupe Pévange avec le 4ème B.C.P, Riche et Conthil avec le 37ème R.I, le Haut de Koéking avec le 79ème R.I sous un tir d'artillerie de tous calibres d'une intensité croissante. Le soir le 20ème Ca qui occupe également le signal de Marthil et le signal de Baronville, est fortement en avance sur ses voisins.

On sait que le signal de Baronville n'a pas pu être tenu. On peut aussi discuter sur ce que signifie le soir!

JMO 39ème DI

" pertes sérieuses pour le régiment " et " que le colonel de Grandmaison avait été blessé à la tête. Le 160ème RI, sans pouvoir prendre définitivement la crête du Signal de Marthille et de Baronville, avait du s'engager en entier et avait subi de fortes pertes ".
Extrait du journal de Marche du 37ème régiment d'infanterie.
19 août [...] à 15heures, en débouchant de la hauteur située à 1500 mètres à l'est de Riche, le 1er bataillon est accueilli par une vive fusillade partant du village de Conthil. Sa 2ème compagnie, tête d'avant-garde, fait face à ce village, tandis que les 1ère et 3ème compagnies marchant par la hauteur attaquent directement Conthil. A ce moment une vive canonnade partant des hauteurs au nord-est de Conthil et du sud-ouest de Morange balaie la hauteur au sud-est de Riche.
Le capitaine Greff, adjoint au colonel qui se trouve sur cette hauteur à côté de son chef de corps est tué d'un éclat d'obus à 15h45. Il est le 1er officier du régiment mort au champ d'honneur.
À 17 heures la 1ère compagnie pénètre dans Conthil pendant que la 3ème et un peloton de la 4ème vont occuper la cote 270 au sud de Conthil. La 2ème compagnie trouvant Riche inoccupée pousse ses éléments au nord de Metzing.
Pendant ce temps, le 3ème bataillon arrivait également à Riche, envoyait la 3ème compagnie vers Conthil pour coopérer à l'attaque de ce village et pousse la 10ème compagnie en avant de Metzing. Le 4ème bataillon de chasseurs était parvenu à Haboudange et poussait le soir jusqu'à Pévange [...] Dans la nuit, vers minuit l'ennemi attaque la sortie nord de Conthil et est repoussé. Par une brillante attaque de nuit, le bataillon Craman du 79ème R.I s'empare même de Lidrezing
.

Extrait du JMO de la IIème armée

[...] la progression du 20ème CA va (vont) amener la IIème Armée à prêter son flanc gauche aux contre-attaques de l'ennemi. Malgré la défense absolue qui lui est faite de poursuivre son offensive le jour même (20 août 1914 6h20 S2-116), le 20ème CA a engagé sa 11ème Di dans la direction de Morhange. Ce mouvement échoue, l'ennemi reprend Conthil, où il est fortement canonné et la 11ème DI doit se replier sur le front Lidrequin-258 où elle se retranche.
Le JMO du 153ème, à la date 20 août, nous dit que les combats avait duré, la veille, jusqu'à 21 heures, que les pertes étaient:
" sérieuses pour le régiment " et " que le colonel de Grandmaison avait été blessé à la tête. Le 160ème RI, sans pouvoir prendre définitivement la crête du Signal de Marthil et de Baronville, avait du s'engager en entier et avait subi de fortes pertes ". Confirmé par le JMO 39ème DI
Le JMO de la IIème armée énonce bien que:
[...]Tandis que ce contre-temps a pour conséquence de retarder l'offensive de notre droite, le 20ème CA qui aux termes de l'ordre n°27 précité devait s' asseoir sur ses positions dans une situation d'attente, se dispose au contraire à reprendre l'attaque pour s'emparer des hauteurs de Baronville et de Morhange (Ordre d'opération n°31 du 20ème CA E 20- 89).


Si l'on veut prendre le signal de Baronville c'est évidemment que l'on ne le tient pas. Il y a, déjà sur ce point, plus que des approximations.
Voyons maintenant comment la bataille de Morhange, (côté 11ème DI) est racontée par le général Colin.

Le 20 août à l'aube, les allemands se ruent à l'assaut de nos positions. Le 4ème B.C.P sous les ordres du commandant Lacapel résiste au nord de Pévange et contre-attaque à la baïonnette, l'ennemi suit et s'avance sur Riche.
Entre Pévange et Riche, les troisième et deuxième bataillons du 37ème R.I, bien soutenus par nos 75 arrêtent la progression de l'ennemi.
Le 1er bataillon du 37ème R.I lutte avec le même héroïsme.
Il a une compagnie 1/2 dans Conthil qui finit par succomber écrasée par le monde. Une poignée de braves se barricadent avec le capitaine de Fabry dans une villa à l'issue ouest du village et en font "la maison des dernières cartouches", où ils résistent jusqu'à la mort, infligeant à l'ennemi de lourdes pertes.


Extrait du journal de Marche du 37ème régiment d'infanterie.

20 août à 3 heures du matin, les 2ème et 10ème compagnies vont réoccuper la crête à l'est de Pévange.
A 4 heures l'infanterie allemande soutenue par une nombreuse artillerie attaque concentriquement le village de Conthil.
A 5 heures les 2ème et 10ème compagnies sous les % du commandant de Fontainieu sont également attaquées par une infanterie nombreuse venant de Morange et se trouve en butte aux coups de l'artillerie établie au sud-ouest de Morange et au sud de Marthyl.
Le village de Metzing est mis en état de défense par les 9ème et 12ème compagnies tandis que le 2ème bataillon est appelé d'Haboudange au sud de Metzing.
Les 7ème, 8ème et 5ème compagnies sont successivement envoyées pour renforcer les 10ème et 2ème compagnie.
Le feu d'infanterie et d'artillerie est excessivement violent. Des fantassins allemands tirent des fenêtres de la caserne de Morange. Les capitaines Humbert et Bruguières, le lieutenant Vandey sont tués. Les capitaines Sérot, Rumpler, Chasles, les lieutenants Bertrand, le lieutenant de réserve Imhaus sont blessés. Les compagnies sont décimées. Le commandant de Fontainieu malgré sa blessure conserve le commandement de son bataillon pendant 3 heures.
D'après des renseignements obtenus ultérieurement concernant les officiers, il résulte que le lieutenant Bertrand porté ci-contre comme blessé fut tué ainsi que le capitaine de Fabry et les lieutenants Toussaint et Laffitte, non portés. Furent également blessés, les lieutenants Pieri, Paitro, Lienhard.


La version non hagiographique, celle du JMO, est beaucoup moins héroïque, elle confirme les pertes mais montre des soldats tombant sous des tirs venus de loin.

" la maison de la dernière cartouche" est bien dans " le style division de fer" mais .....n'est confirmée nulle part.

Mais les Allemands ne vont pas plus loin : ils s'arrêtent devant le 1er bataillon du 26ème R.I établi au nord du ruisseau de Bonvoix. Sur la droite la lutte n'est pas moins ardente. Le bataillon Craman du 79ème R.I est écrasé dans Lidrezing. Son chef est tué son revolver à la main dans une lutte corps à corps. Le détachement Aime (deux bataillon du 79ème, un bataillon du 26ème, un groupe d'artillerie du 8ème) attaqué sur les Hauts de Koéking et à 343 par des forces très supérieures fait une résistance désespérée. Il se maintient dans la Tuilerie et la Ferme mais perd la côté 343. Là se limite l'avance allemande. L'ennemi qui a subi de très grosses pertes n'avancera plus de tout le reste de la journée sur le front de la 11ème D.I.

Nous rappelons ici qu'aucun des JMO de ces unités n'a été conservé!

Extrait du JMO du 37ème régiment d'infanterie.

A 11 heures, le colonel donne l'ordre aux compagnies de 1ère ligne établies à l'est de Pévange de se replier sur les hauteurs au sud de Riche. Le mouvement est protégé par les 9ème et 12ème compagnies établies à Metzing et par la 6ème compagnie qui va tenir Riche et les hauteurs au sud de Riche. Pendant ce temps les éléments qui défendaient Conthil avaient été obligé de l'évacuer et s'étaient reformés sur la croupe nord de Lidrequin.
La résistance des troupes est certaine, elles tiennent jusqu'à 11 heures, ce que fera aussi le 16ème Ca. Mais ensuite.....
Nos voisins de droite ont malheureusement reculé . Angoissante situation qui décide le commandement à lancer une contre-attaque pour rejeter les allemands de la cote 343 et enrayer l'offensive ennemi qui presse fortement le 15ème corps. Le général Delbousquet, commandant la 21ème brigade est chargé de cette opération. Il dispose du détachement Aime et de deux bataillons réservés du 69ème R.I. La contre-attaque sera flanquée à droite sur la route de Wuisse par une bataillon réservé du 26ème R.I qui recherchera la liaison avec le 15ème corps. Les deux bataillons du 69ème R.I gagnent allègrement la lisière nord de la forêt de Koéking.


Ce sont les ordres, mais ils se seront pas suivis d'exécution. Le détachement Aime est dans une position qui le lui interdit! l

Le JMO de la IIème armée énonce:

Bien que le 20ème CA ne fut nullement entamé par les pertes qu'il subit dans ses différentes affaires, il se trouve, de l'initiative de son chef1, engagé dans une opération particulière, les troupes complètement employées ne pourront plus, dans le courant de la journée que fixer les forces ennemies qu'elles auront attirées sur elles. En particulier le 20ème CA ne sera plus en mesure d'exécuter l'ordre que lui donnera à 7 h 15 l'armée d'attaquer vers Lidrezing pour enrayer l'offensive ennemi débouchant de la Forêt de Kœcking dans le flanc de la 30ème Division.

Le général Colin écrit lui même 10 lignes plus tôt, que:

Le détachement Aime (deux bataillon du 79ème, un bataillon du 26ème, un groupe d'artillerie du 8ème) attaqué sur les Hauts de Koéking et à 343 par des forces très supérieures fait une résistance désespérée.

On voit mal comment une troupe dans la situation évoquée ici se lancerait en même temps dans une contre-attaque. Ce qu’annonce la JMO de la IIème Armée semble donc fondé: Les troupes complètement employées ne pourront plus, dans le courant de la journée que fixer....

Mais le 15ème corps continue son repli et a perdu Dieuze.
Ordre est donné à 11h45 au le général Delbousquet de ne pas déclencher son attaque.
Malheureusement ce contre ordre n'arrive pas en temps utile et les bataillons Pettelat et Segond du 69ème R.I exécutent la mission de sacrifice qui leur est demandée. Le commandant Segond est tué.


On peut avancer l'idée que si l'ordre a été lancé à 7 h 15 et que le détachement Aime fait une résistance désespérée c'est qu'il n'est pas dans une action de contre-attaque comme on le lui a demandé, (il a probablement tenté d'attaquer sur ordre du 20ème Ca mais a été immédiatement bloqué) il n'est donc pas dans une mission de sacrifice, il lutte héroïquement pour sa propre survie!
De fait, il y a là une assez grosse entorse à la vérité, faite par le général Colin. Le JMO de la 11ème DI dit, de façon on ne peut plus claire, que l'ordre de prendre une attitude défensive est arrivé, venant du Ca, à 8h45 ( il y a 7 km entre la division et l'unité! Ce qui correspond à une demi-heure de cheval!)

Pendant ce temps le 3ème bataillon du 26ème R.I, flanc-garde de droite, en recherchant la liaison avec le 15ème Ca dans la forêt de Bride tombe dans le flanc d'une force ennemie et s'empare de 17 voitures de munitions avec leurs attelages, des bagages du 130ème régiment allemand et fait cent quinze prisonniers dont trois officiers.

Ceci est tout a fait possible et même probable . Nous n'avons pu repérer aucune source, dans les JMO, qui permet de confirmer cet épisode glorieux qui aurait du y laisser des traces! ( il se peut que nous ayons laissé passer l’information)

JMO du 37ème RI.

20 août à 3 heures du matin, les 2ème et 10ème compagnies vont réoccuper la crête à l'est de Pévange.
A 4 heures l'infanterie allemande soutenue par une nombreuse artillerie attaque concentriquement le village de Conthil.
A 5 heures les 2ème et 10ème compagnies sous les ordres du commandant de Fontainieu sont également attaquées par une infanterie nombreuse venant de Morange et se trouve en butte aux coups de l'artillerie établie au sud-ouest de Morange et au sud de Marthyl.
Le village de Metzing est mis en état de défense par les 9ème et 12ème compagnies tandis que le 2ème bataillon est appelé d'Haboudange au sud de Metzing.
Les 7ème, 8ème et 5ème compagnies sont successivement envoyées pour renforcer les 10ème et 2ème compagnie.
Le feu d'infanterie et d'artillerie est excessivement violent. Des fantassins allemands tirent des fenêtres de la caserne de Morange. Les capitaines Humbert et Bruguières, le lieutenant Vandey sont tués. Les capitaines Sérot, Rumpler, Chasles, les lieutenants Bertrand, le lieutenant de réserve Imhaus sont blessés. Les compagnies sont décimées. Le commandant de Fontainieu malgré sa blessure conserve le commandement de son bataillon pendant 3 heures.


Il est noté en marge :

d'après des renseignements obtenus ultérieurement concernant les officiers, il résulte que le lieutenant Bertrand porté ci-contre comme blessé fut tué ainsi que le capitaine de Fabry et les lieutenants Toussaint et Laffitte, non portés. Furent également blessés, les lieutenants Pieri, Paitro, Lienhard.

A 11 heures, le colonel donne l'ordre aux compagnies de 1ère ligne établies à l'est de Pévange de se replier sur les hauteurs au sud de Riche. Le mouvement est protégé par les 9ème et 12ème compagnies établies à Metzing et par la 6ème compagnie qui va tenir Riche et les hauteurs au sud de Riche.
Pendant ce temps les éléments qui défendaient Conthil avaient été obligé de l'évacuer et s'étaient reformés sur la croupe nord de Lidrequin.


On a là une vision moins héroïque des événements. Le 37ème essaie de tenir en appelant, en vain, tous les renforts possibles. Il est contraint de quitter Conthil sous la pression et les balles venant des casernes de Morhange sur lesquelles l'artillerie, en retard, tire tardivement. Le régiment se replie, en se couvrant habilement, fraction par fraction. Dans cet extrait, l'épisode de "la dernière cartouche" est un peu écorné sauf à dire que le JMO est faussé (ce que nous ne croyons pas... il n'y a aucune raison à cela). Cependant, nous ne pouvons pas ignorer qu'un document photographique allemand disponible à la Mairie de Conthil et daté d'août 14 montre une maison ravagée par les impacts de balles.
On peut préciser encore avec le Journal de marche de la 3ème batterie du 8ème régiment d'artillerie.

20 août départ du bivouac à 3 h du matin, mise en batterie au même emplacement que la veille, la batterie ouvre le feu dans le direction de Morange vers 9 h, le capitaine Berthoud et le brigadier Champion sont tués au poste de commandement, le lieutenant de Curières de Castelnau prend le commandement de la batterie. Vers 14 h, ordre de replier la batterie en passant par Château Voué.

Les Allemands ont attaqué à 5 heures
Il est 13heures, la 11ème division a tenu partout et elle aperçoit toujours de ses positions les rouges casernes de Morhange qui resteront pour elle comme un mirage !
On ne peut qu'être perplexe devant un tel texte. D'abord parce que la 11ème Di n'a pas pas tenu plus que les autres, ni beaucoup plus longtemps, par contre elle se replie très habilement. On peut aussi penser que les soldats qui se retirent ont certainement d'autres sentiments à propos de "rouges casernes de Morhange" qui les ont arrosés d'obus et de balles et ont tué beaucoup de leurs camarades.

En effet la situation ne fait qu'empirer au nord et surtout au sud, le 20ème Ca et la 11ème D.I en particulier sont complètement en flèches aussi l'ordre de retraite est-il donné. Le décrochage se fait vers 14heures, d'ailleurs sans difficulté, l'ennemi a appris à respecter la division de fer et pas un casque à pointe ne bouge.

On lit dans le JMO de la 7ème compagnie du 160ème RI:

Nos compagnies de premières lignes forcées de se replier sous le feu terrible des obusiers et de l'infanterie commencent leur mouvement de repli...

On sourirait de ce "cocorico de la division de fer" si la désinformation n'était pas aussi patente. Le décrochage a commencé avant 13 heures, vers 11 heures (voir JMO 37ème RI). Par ailleurs, les Allemands n'ont rien appris du tout, ils ont pris les Français à leur jeu d'orgueil et les ont amenés à cause de cet orgueil, 11ème DI comprise. Tous les JMO notent qu'ils poursuivent mollement.
Le résultat de ce discours de restaurant prononcé par un général ayant commandé l'unité est que tout un aréopage de militaires prend absolument à la lettre tout ce qu'il dit et retient le message subtilement glissé : c'est la faute au 15ème Ca.
Si nous essayons d'aller un peu plus loin dans la recherche des faits, nous revenons au Journal de marche de la 7ème compagnie du 160ème RI. ( Nous avons déjà dit combien ces journaux étaient précieux pour le chercheur car s'y cachent souvent des informations importantes)

[...] 19 août : (mercredi)
6h30: départ de Vic
objectif Baronville. Marche pénible. Régiment avant-garde 1er et 3ème, 2ème bataillon en tête du gros avec 156°
13 heures:
A partir de Dalheim marche sous le feu de l'artillerie ennemie et amie, formation appropriée, pas de pertes, les Allemands tirent avec 105 explosifs plusieurs rafales tombant à 20 30 m des sections de la compagnie, bonne tenue des hommes.
16 heures:
Arrivée à Escher; les 1 et 3ème bataillon engagés sur tout le front ennemi. 2ème bataillon engagé: 6 et 8 à droite de la ligne, 5 et 7 restant disponibles dans le village. Les obus lourds pleuvent de part et d'autre du village Aucune perte pour la compagnie qui s'est abritée dans les maisons.
19 heures:
Garde des rues du village à partir de 22h fusillade sur le front, la compagnie prend les armes.
23 heures:
Vers 23 h, ordre d'aller faire une contre-attaque sur le front, 5 et 7 y vont. Arrivée à l'emplacement: contre-attaque inutile.
La compagnie bivouaque sur place et reste à la disposition du colonel, au cours de la nuit la fusillade reprend sur le front à plusieurs reprises.
20 aôut: jeudi.
Le combat reprend au lever du jour, la compagnie est toujours au même emplacement, de nombreuses balles sifflent sur nos têtes.
5 h 15:
Notre artillerie lourde s'entend à notre droite (11ème DI)
Position ennemie extrêmement forte devant nous, retranchements, blindages, pertes très sensibles, on voit défiler les blessés.
8 h 30:
Nos compagnies de premières lignes forcées de se replier sous le feu terrible des obusiers et de l'infanterie commencent leur mouvement de repli, la 7ème compagnie s'engage: mission , protéger la retraite, 3 sections en ligne pour le soutien. Feu ouvert sur l'ennemi à 600 m, tir bien conduit meurtrier pour les Allemands qui ne peuvent déboucher sur le front de la compagnie, par contre leur tir est mal ajusté et ne cause pour ainsi dire aucunes pertes. La compagnie se maintien 1 heure environ sur sa position.
Donc jusqu'à 9h30, pas plus!
Traversée du village d'Esher très meurtrière pour nous, toutes les voies du village sont enfilées par le feu ennemi chaque section laisse des blessés en arrière le lieutenant Colliette gagne l'ambulance
Débouché du village et repli vers le sud, c'est le moment le plus critique de la journée notre repli n'étant pas soutenu par le feu. A partir de la lisière du village il s'exécute en désordre presque individuellement. Le terrain a parcourir et une suite de petites cuvettes sont battues de flanc par le feu ennemi et les mitrailleuses et l'artillerie ennemie. Les Allemands nous infligent des pertes énormes.
Tentative de réorganisation. Quelques officiers de différents régiments ( 153, 156, 160 ) reforment en ordre 3 ou 4 groupes de 80 à 100 hommes et les font reposer à l'abri du feu. Chaque fois que des isolés arrivent à proximité des ces groupes le feu reprend et l'artillerie ennemi nous envoie des rafales meurtrières. Ayant reconnu des cheminements défilés des officiers emmènent les groupes ainsi reformés.
Rassemblement du régiment.
S'effectue successivement au village de Burliaucourt ou arrivent sans cesse de groupes plus ou moins forts qu'on reconstitue.
Marche en retraite vers Château Salins ce qui reste du régiment se rend au N de Château-Salins en vue d'une attaque possible de la cavalerie ennemie. Cette marche est suivie par l'artillerie qui tire à courte distance de l'arrière de la colonne. Encombrement de la route, sections de munitions, artillerie, ambulances, convois de blessés etc..) Ravitaillement en vivres impossible depuis le 19 août )
On est bien loin du tableau quasi idyllique de la retraite sur ordre d'unités bien organisées accrochées au terrain que nous livre le général Colin.....On est dans un climat de retraite parfaitement conduite, ce qui est déjà beaucoup.
On peut voir aussi le JMO du 69ème RI à la date du 20 août 1914.
[…] Le régiment prend part à la continuation de l'action offensive prescrite pour la journée du 19 au 20ème Ca dans les conditions suivantes:
les 1 et 2ème bataillons vont prendre d'abord une position d'attente sur la route de Hampon à Wuisse à l'E de Château-Voué. Ils font partie des troupes réservées à la disposition du commandant du Ca et sont commandés par le général commandant la 21ème Brigade.
A 9 h 15, l'ordre est donné par le général commandant la 21ème Brigade de faire attaquer immédiatement par ces deux bataillons dans la direction générale Lidrezing et ferme Sainte Suzanne, cote 330, ferme Dordal point qu'il ne devra pas dépasser. Les deux bataillons doivent être couverts à droite par un bataillon du 26ème qui se portera à la bifurcation de la route Lidrequin-Dieuze avec la Route Faitière de la forêt; en outre l'escadron divisionnaire se portera sur la ligne 330-630 pour couvrir sur son flanc droit l'attaque du 69ème RI.
En exécution de cet ordre les deux bataillons 4ème et 2ème se portent de Wuisse sur la lisière N de la forêt au sud du haut de Koeking, en suivant la route de Wuisse -Tuilerie de Koecking puis le chemin forestier orienté S E-N E au sud de laTuilerie
Vers 10h 30, les 2 bataillons sont rassemblés face au N au S de la ferme du Haut de Koecking en liaison avec l'artillerie qui doit appuyer son attaque et une partie du Bataillon du 79ème qui occupait déjà la lisière au S E de la ferme.
Le colonel apprend alors que la cote 343 est occupée par l'ennemi. Il se décide en conséquence à l'attaquer pour pour, de là, pousser sur Lidrezing en cherchant à éviter le plus possible le feu d'une batterie d'obusiers installée vers l'E de la cote 330 et au sud du bois de Renardvignes. Dans ce but le bataillon ( Pettelat) était amené face à son objectif et à la cote 343, la 5ème et 6ème Compagnies en 1éres lignes, 7ème en 2ème ligne, la 8ème compagnie déployée à l'est pour s'assurer du flanc droit de l'attaque du côté du bois.
Les 4 compagnies du 1er bataillon étaient destinées en arrière à soutenir le 2ème bataillon. Le commandant du groupe d'artillerie installé à Koeking était prévenu par écrit que l’attaque déboucherait à 11 h 40 après une préparation sérieuse par le feu de son artillerie. Après une préparation qui semble avoir été efficace, les 5ème et 6ème compagnies débouchaient des bois en lignes de tirailleurs, sections largement espacées dans les champs d'avoines aux tiges assez serrées. La 6ème était échelonnée à gauche et en arrière; la 5ème appuyée par la section de mitrailleuses installées à la lisière du bois en arrière de sa droite. A peine arrivée à la crête, les compagnies engagées tombaient sous un feu violent d'infanterie et de mitrailleuses. Le 6ème compagnie se trouvait en outre en butte au feu d'artillerie d'obusiers de 105 (sans doute). Ces feux terribles non contre-battues efficacement par notre artillerie qui n'avaient sans doute pas, et contrairement à ce que l'on croyait, bien effectué son réglage, clouaient au sol les sections déployées.
Le chef de bataillon engageait alors la 7ème à la droite de la 5ème. La 7ème tombaient à son tour sous les feux violents de mitrailleuses et d'infanterie et d'artillerie et était obligée de s'installer dans des tranchées construites la veille par la 79ème RI
Le colonel juge alors nécessaire de faire appuyer les 2 et 3ème bataillon par le premier ( Commandant Segond) et donne l'ordre d'engager les 4ème et 1ére compagnies, à la droite du 2ème bataillon en progressant d'abord par les bois pour se jeter ensuite sur le flanc gauche ennemi. Les 4ème et 1ére attaquent avec vigueur, mais tombent à leur tour, à leur sortie du bois sous le feu de mitrailleuse établies à la corne du Bois de Kerprich; la 1ére section de mitrailleuse essaie vainement de d'éteindre le feu de l'adversaire. Le colonel allait engager les deux dernières compagnies disponibles pour atteindre le but qui lui avait été fixé lorsque lui parvient l'ordre du général commandant la 21èmeBI de ne pas pousser l'attaque plus loin et de se replier sur Château-Voué sous la protection de replis installés par le 26èmeRI.

13h 5
Ordre était alors donné au Commandant Petellat et Segond de se replier à l'intérieur des bois couverts par la 3ème compagnie déployées à la lisière.
16 heures Les compagnies du 2ème bataillon étaient regroupées sur la route Wuisson Hampon et celles du 1er bataillon à Château-Voué dont la 2ème compagnie occupait la lisière E pour permettre aux éléments du 26ème Ri de se replier à leur tout;[…]
Suit une énumération des pertes où l'on retrouve le Commandant Segond du premier bataillon tué d'une balle en pleine poitrine "au moment où il entraînait ses hommes par son sang froid et son intrépidité..."
pertes notées: 695 hommes


Voila, encore une fois, un son bien différent de ce que le général Colin raconte aux convives du repas de la Sabretache. Il y a là tout au contraire l'exposé minutieux et même maniaque de ce qui a été fait pour obéir, dans le respect absolu des règles de l'art militaire, à un ordre d'attaque et un compte rendu tout aussi minutieux des dispositions prises pour limiter la casse pendant le repli.
Ajoutons que dans ce long extrait il n'est nullement question de soutenir le 15ème Ca mais de se conformer à l'ordre d'attaque de la veille.: Le régiment prend part à la continuation de l'action offensive prescrite pour la journée du 19 au 20ème Ca

Le travail d'analyse des sources militaires est ici compliqué par le fait que les JMO concernant la 11ème DI ne sont pas consultables ou ont disparu ou sont lacunaires. C'est assez troublant!
On conviendra quand même, après cet exemple, qu'il faut se méfier, un peu, des déclarations officielles, fussent-elles de généraux.
Nous renvoyons les lecteurs à un bon texte publié ici

http://documents.irevues.inist.fr/bitst ... 965_71.pdf?

A bientôt
CC

on trouvera bientôt l'analyse complète sur

provence14-18.org
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