3830 suicidés

Denis Rolland
Messages : 249
Inscription : mer. août 10, 2005 2:00 am

Re: 3830 suicidés

Message par Denis Rolland »

Bonjour,
Je rappelle mon article de 2004 "le suicide en 14-18, approche quantitative globale" publié dans les actes du colloque "La grande guerre pratiques et expériences" qui donne des résultats parfois très différents de ceux cités ici.
Cordialement
Denis Rolland
CD9362
Messages : 3131
Inscription : sam. mars 08, 2014 1:00 am

Re: 3830 suicidés

Message par CD9362 »

Bonjour,
Je rappelle mon article de 2004 "le suicide en 14-18, approche quantitative globale" publié dans les actes du colloque "La grande guerre pratiques et expériences" qui donne des résultats parfois très différents de ceux cités ici.
Cordialement
Denis Rolland
Bonjour
un lien vers votre article serait le bienvenu.
Cordialement
Denis Rolland
Messages : 249
Inscription : mer. août 10, 2005 2:00 am

Re: 3830 suicidés

Message par Denis Rolland »

Bonjour,
Sauf que l'ouvrage étant toujours en vente, l'article ne peut être mis en ligne. Toutefois, comme il a presque 10 ans, éventuellement, à titre privé, je peux le communiquer si vous me contactez par message privé.
Cordialement
Denis Rolland
evelyne josse
Messages : 20
Inscription : mar. juil. 15, 2014 2:00 am

Re: 3830 suicidés

Message par evelyne josse »

Un livre de 1930 qui parle des taux de suicide, et notamment de la guerre 14-18, ça peut peut-être vous aider... http://classiques.uqac.ca/classiques/Ha ... cide_1.pdf
Evelyne Josse
francis du vivarais
Messages : 155
Inscription : ven. déc. 14, 2007 1:00 am

Re: 3830 suicidés

Message par francis du vivarais »

Bonjour à toutes et tous

Qu'on me pardonne de mettre une interrogation qui avait terminée en bibliographie et pourtant elle me parait évidente si on veut comprendre la grande peur de nos soldats et les conséquences qui en ont découlé avec les désertions les suicides, les déprimes les voies de fait, etc...
On devrait tout simplement s'intéresser aux travaux du Pr Henri Laborit.

Voila ce que je disais dernièrement :
Je ne comprends pas que les historiens Français, ne se servent pas de travaux du Professeur Henri Laborit pour expliquer en 1914-15 la grande peur des poilus, sous un déluge d’artillerie auquel les va-t-en guerre ne les avaient pas préparés. Laborit a développé sa théorie dans les années 1980-2000 dans de nombreux bouquins dont les principaux sont L’ELOGE DE LA FUITE et LA NOUVELLE GRILLE et le cinéaste Albert Resnais à mis en scène Henri Laborit et son étude des phénomènes psychologiques dans MON ONCLE D’AMERIQUE.
Aujourd’hui pour le moindre incident de société, plusieurs Psy sont délégués auprès des victimes pour les entourer et les raccorder au temps normal. Pendant les 53 mois de guerre, nos anciens n’avaient que des Psy qui les encourageaient avec un révolver au bout du bras.
Norton-Cru a parlé de la peur, cette peur présente qui est indélébile. J’en sais quelque chose, car à 7 ans je me suis trouvé en 1944, sous un bombardement. Où se réfugier ?
Pas d’abri, à plat ventre sur le sol. J’ai eu là, le sentiment d’impuissance au dernier degré.. Seul le hasard peut faire que vous soyez mort ou vivant. J’ai fait des cauchemars jusqu’à la puberté.
Pour résumer ce que dit le professeur Laborit :
Confronté à une épreuve, l'homme ne dispose que de trois choix :
1) combattre ; 2) ne rien faire ; 3) fuir.
Il se produit un déclenchement de la réaction vasomotrice dont le but est de permettre la lutte ou la fuite (décharge d'adrénaline) et d'autre part un sentiment d'impuissance motrice. Lorsque le sujet est incapable de choisir entre l'affrontement et la dérobade, il se produit un phénomène d'inhibition qui peut conduire à des réactions " limites " comme le suicide."

Dans l’enfer de feu et de fer qui leur tombait sur la tête, les soldats étaient tous confrontés à ce choix délicat entre leur vie, et leur devoir. Se servir des travaux de Laborit, permettrait de comprendre bien des situations : désertions, suicides, mutilations, abus de boissons, voies de faits etc…

Cordialement à tous.
Francis
evelyne josse
Messages : 20
Inscription : mar. juil. 15, 2014 2:00 am

Re: 3830 suicidés

Message par evelyne josse »

Oui, voir aussi les travaux de Voivenel sur la peur morbide, mais il est loin d'être le seul. C'est le cas aussi de Régis. Plus la guerre a avancé, plus on a reconnu les effets de la peur. Voir aussi les travaux de Ferenczi, Abraham, Simmel...
J'écris un bouquin sur les traumatismes psychiques de la grande guerre et je suis donc intéressée par tous vos apports sur le sujet.
Voivenel P. (1918), « Sur la peur morbide acquise », Annales médico-psychologiques, mars 1918, n° 09, p.283-308, Masson, Paris, http://www2.biusante.parisdescartes.fr/ ... o=chapitre
Evelyne Josse
Denis Rolland
Messages : 249
Inscription : mer. août 10, 2005 2:00 am

Re: 3830 suicidés

Message par Denis Rolland »

Bonsoir,
Voivenel est passionnant car il a une véritable expérience de guerre. Il a publié plusieurs études avec son collègue médecin Louis Huot.
Je vous recommande particulièrement, de ces deux auteurs "Le cafard" (Grasset 1919) dont l'ébauche semble être un article du même nom publié dans le Mercure de France du 1/9/17 voir aussi Psychologie de la bataille dans le Mercure de France du 16/6/1917.
Cordialement
Denis Rolland
christian baroin
Messages : 349
Inscription : lun. juin 01, 2009 2:00 am

Re: 3830 suicidés

Message par christian baroin »

Bonjour à tous,

"Le cafard", Grasset 1918, sur Internet Archive :
https://archive.org/details/39002010600634.med.yale.edu

L'article du Mercure de France du 01-09-1917 :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2 ... nce.langFR

L'article du Mercure de France du 16-06-1917 :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2 ... nce.langFR

Cordialement,
Christian.
Christian Baroin
"Pourvu qu'ils me laissent le temps"
francis du vivarais
Messages : 155
Inscription : ven. déc. 14, 2007 1:00 am

Re: 3830 suicidés

Message par francis du vivarais »

Bonjour à toutes et tous,
Bonjour Eric

Merci à tous pour vos liens intéressants.
J’en conviens, ma phrase voulait être caricaturale tout en étant bien réelle car à Dieuze, les officiers faisaient barrage, pistolet au poing, à ceux qui reculaient sous le déluge de fer. J’ai de nombreux témoignages qui l’attestent. Vous m’aviez dit Eric, qu’on estimait à 500 ces victimes, et que vous en aviez recensé un peu plus de 80, qui entre parenthèse, sont considérées MplF, alors que leur camarades jugés pour les mêmes faits et fusillés, au lieu d’être abattus, sont NMplF. Félicitations Eric pour avoir entrepris ce travail de fourmi sur ce sujet, encore plus mystérieux. que celui des suicidés

Mais là n’est pas le sujet. Je m’étonne que l’on passe sous silence en ce centenaire où l’on devrait ouvrir tous les sujets tabous, maintenus cachés et ignorés un siècle durant, et que la fenêtre de La Guerre censurée que Frédéric Rousseau, avait entre-baillée, soit ouverte en grand..
A travers les programmes de cet évènement en ce qui concerne ma région L’Ardèche et La Drôme, on s’en tient aux mêmes thèmes aseptisés, cités et rabattus depuis un siècle.
Pas de trace dans les colloques sur les sujets, du suicide, de la peur, du traumatisme psychologique, et des témoignages de Voivenel, qui en avait l’expérience vécue, et des travaux de Laborit, de Régis et autres.
Je rends hommage et félicite Pouldhu de s’être attaqué au sujet, des suicidés caché au public et que seule les familles connaissaient au travers de l’étiquette infamante, attachée au disparu : NmplF. Je pense qu’Evelyne Josse se servira de ces travaux pour nous éclairer bientôt sur le désespoir de ces hommes. pour en arriver à cette extrémité.
Il devait être grand, et on le comprend à travers les témoignages effroyables cités, par les soldats. Pour ma part, j’ai entendu parler d’un ardéchois, Giry, suicidé par pendaison mais je n’ai jamais pu connaître son dossier faute d’éléments, dossier NmplF pas abordable ou archives ardéchoises absentes, sur le sujet

Vous me dites Eric que le traitement des traumatisés avait bien évolué dans la seconde partie de la guerre. Oui on avait inventé les électros-chocs. Je n’ai pas de jugement ni de connaissance particulière sur ce sujet mais j’ai connu une personne de ma famille qui en 1947, pour une déprime ordinaire a été traitée de la sorte. Le résultat a été pire que le mal. Je pense qu’il doit y avoir des électro-choqués qui se sont suicidés : plusieurs fois choqués les pauvres malheureux.
Pendant la guerre, ces traitements électriques expérimentaux avaient surtout la faculté de convertir miraculeusement les simulateurs en bons soldats guéris. Je caricature peut-être encore, mais comme tant d’autres sujets, tant qu’ils ne seront pas abordés au plus près, on en restera aux suppositions cent ans après, s’il n’y a pas d’archives et de statistiques d’époque.

Beaucoup de médecins comme Voivenel, dont j’ai apprécié, jadis, les articles signés La Selouze, et d’autres comme François Perrin, comme aussi celui cité par le MdL Sartel, qui pleure en lui racontant la fin du sergent fusillé pour avoir bu un coup de trop, avaient de l’humanité, lié à leur serment. Au cœur de la tragédie, ils pouvaient comprendre avec beaucoup d’indulgence. Mais les sanctions ne leur appartenaient pas.

Tout sujet débattu aujourd’hui, devrait faire référence aux témoignages de ceux qui ont VECU CETTE GUERRE. L’interprétation au premier degré n’est pas admissible. J’ai beaucoup râlé devant ma télévision et Apocalypse, quand dans la discussion, un Historien connu, a affirmé que les soldats ne se battaient pas souvent, qu’ils s’ennuyaient et qu’ils passaient leur temps à jouer aux cartes. J’ai eu une pensée très émue pour mon Grand-père maternel, Chasseur alpin, Cévenol ardéchois, qui participa à 17 combats, 10 avec le 46e BCP et 7 avec le 17e BCA. Le reste du temps il devait jouer aux cartes ! Je n’y avais pas songé.
Pauvre, et père de 3 enfants, il n’est venu en permission qu’en novembre 1917. Comme Barjavel, ma mère âgée de 5 ans et ses 2 petites sœurs, ont eu peur de ce barbu inconnu. Mais le chien berger, avait reconnu son maître 3 ans après.
51 mois ne première ligne, sanctionnés ni par une improbable légion d’honneur, ni par la médaille militaire, ni par la croix. Cité collectivement, il n'avait pas le droit au port de la croix. Ah j’oubliais il avait la médaille inter-alliée, hochet du régime, attribué en 1932. Encore fallait-il en faire la demande.
Je ne voudrais pas ouvrir un débat sur les différentes classes de soldats mais comme il serait intéressant de discourir sur la différence de traitement entre soldats, en ce qui concerne le logement, la nourriture, les permissions, les décorations, etc, selon que l’on soit, pauvre ou à l’aise, rural d’infanterie, poilu fils de bourgeois ou bourgeois, sous-officier, officier, ou officier supérieur, qui pouvait faire venir sa ou ses maitresses dans un château,derrière la ligne de feu. Je pense que cette perspective ne sera pas abordée dans les colloques du centenaire. Et pourtant les témoignages abondent dans ce domaine.
14-18 : Au travers de beaucoup d’injustice, il y eu une amorce de lutte des classes dans toutes les armées ce qui a allumé beaucoup de foyers révolutionnaires qui auraient pu, peu s’en ai fallu, submerger l’Europe.

Cordialement à tous.
Francis
francis du vivarais
Messages : 155
Inscription : ven. déc. 14, 2007 1:00 am

Re: 3830 suicidés

Message par francis du vivarais »

Rebonsoir Eric

Je vous présente mes excuses. Effectivement, ce n'est pas vous qui me l'avez dit, mais 2 personnes, ici même, sur le thème ouvert , Abattus pour l'exemple. Je pense que ce chiffre doit être plus élevé que cette estimation.
Quand à la mention, sans vouloir polémiquer, je crois qu'elle est quand même importante : 2 poids , 2 mesures, pour des soldats au comportement identique dans l'enfer.
Crdt et amitiés.
Francis.
Verrouillé

Revenir à « Sujets généraux »