En suivant Tezenas du Montcel sur le Chemin des Dames ( pages1418/qui-cherche-quoi/tezenas-mont ... 9778_1.htm) je me suis également intéressé aux combats des Anglais en septembre 14 devant la sucrerie de Cerny.
Les faits, que j'ai traduits et condensés de l'ouvrage du brigadier général Sir James Edmond (1933), trouvé en ligne sur l'excellent site 1914ancien.free.fr consacré aux batailles de la Marne :
Des reconnaissances dans la nuit du 13 au 14 septembre attestent que l'ennemi est établi autour de la sucrerie de Troyon. La 2e brigade avec 2 batteries de la xxv brigade RFA reçoit l'ordre de capturer le sommet du Chemin des Dames à Cerny.
A 3 heures du matin, sous une forte pluie et par un brouillard dense, la 2e brigade (K.R.R.C. suivi du Sussex) atteint Troyon.
Vers 4h45, la compagnie de tête est stoppée au sommet de la colline et ne peut avancer. La fusillade ne cesse d'enfler: il devient évident que les Allemands sont établis en force.
A 6h30 le Sussex est déployé à gauche, chaque bataillon couvrant environ 700 m. Le Northamptonshire est envoyé au ravin à l'est pour protéger le flanc.
Les deux compagnies du Sussex, trouvant que le feu vient de tranchées à 300 m au nord, glissent vers l'ouest pour prendre les défenseurs par le flanc. Après un violent échange de coups de fusil, un grand nombre d'Allemands se rendent. Alors que des hommes du Sussex conduisent les prisonniers, des tirs partent des positions allemandes, touchant indistinctement les amis comme les ennemis, néanmoins environ 300 prisonniers sont conduits à l'arrière.
Continuant le combat, la demi-compagnie de gauche du Sussex réussit à déborder le flanc ouest des Allemands qui, à cheval sur la route de Troyon à la sucrerie, s'opposent à la progression du K.R.R.C. Le feu des Anglais est si efficace que de nombreux Allemands se rendent. Deux batteries allemandes retranchées à l'est de la sucrerie ouvrent le feu sur leur camarades, qui, pris entre le feu des obus allemands et des balles anglaises venant du sud et de l'ouest, sont rapidement exterminés.
Des attelages apparaissent près de deux batteries, mais en très peu de temps chaque conducteur, cheval et canonnier est abattu, et les 12 canons restent silencieux sur le plateau.
Il est à peu près 7 heures. La tête de la 1e brigade atteint Vendresse et prolonge la ligne de la 2e brigade vers la gauche. Les deux batteries assignées à la 2e brigade ne sont toujours pas arrivées, et d'ailleurs rien ne dit que, dans le brouillard qui prévaut, elles puissent discerner un objectif.
Entre 8 et 9 heures, le combat s'intensifie encore. Le Loyal North Lancashire est envoyé pour épauler le K.R.R.C. et le Sussex dans leur attaque de la sucrerie. Les trois bataillons progressent, occupant les bâtiments avec les batteries abandonnées et se retranchent sur le plateau derrière la sucrerie. Ils sont alors bloqués par des mitrailleuses qui tirent du nord et de l'est, et doivent repousser des contre-attaques toutes la journée.
Le Coldstream combat à travers un épais bois dans la vallée de Vendresse et sur le coteau très abrupt qui conduit au sommet de la colline. En l'atteignant, il découvre que le Cameron Highlanders et le Black Watch, qui ont pris un chemin, sont déjà en position. Le Coldstream progresse alors jusqu'au Chemin des Dames. La route n'ayant ni talus ni fossé, forme une faible dépression, fournissant un faible couvert, et le feu de l'artillerie allemande provoque des dégâts. Le Colonel Ponsonby rassemble l'équivalent d'une compagnie et la conduit jusqu’au village de Cerny. La situation est si confuse que les Allemands prennent cette compagnie pour des leurs, et les Anglais inversement. Les Coldstream sont les premiers à réagir, et leur tir fait rapidement disparaître les Allemands qui sont à proximité (A la nuit, à l'aide d'une boussole, le colonel Ponsonby et 40 hommes réussissent à s'échapper).
Vers 10h30, une contre attaque allemande vers Vendresse se déclenche. A cet instant le brouillard se lève et les batteries, près de Moussy, ouvrent le feu et font des ravages, pendant que le Welch Regiment et South Wales Borderers les attaquent par le nord-ouest. La progression des Borderers est entravée par d'épais bois, mais les Welch, ayant un terrain dégagé, pressent leur assaut avec une grande détermination et emportent tout sur leur passage pour s'établir solidement sur le flanc sud-est du ravin de Beaulne.
A 1 heure, une contre-attaque générale allemande refoule la 2e brigade de la sucrerie à la position qu'elle avait en début de journée. Des mitrailleuses ouvrent aussitôt le feu sur le flanc droit des Cameron Highlanders, agrippés depuis le matin à la tête du ravin de Chivy.
Des contre-attaques allemandes vont continuer, de moins en moins fortes, jusqu'à leur arrêt total vers 15 heures.
Les ordres pour le 15 septembre sont de se retrancher. Le sol est fait de pierre sous la surface du sol et, jusqu'au premières gelée, les parois restent stables sans revêtement. Elles tiennent si bien qu'il est possible d'obtenir des abris supplémentaires en perçant les parois à la façon sud-africaine.
Dans les jours qui suivent, les bombardements quotidiens causent des pertes sensibles. Le 20 septembre, la pluie, qui s'abat depuis le 12, cesse de tomber. Les Allemands en profitent pour déclencher une attaque générale.
Le 27 septembre, des grenades à mains sont envoyées pour la première fois sur les tranchées anglaises, qui répliquent avec un bricolage à base de poudre à canon (gun-cotton).
Sur une carte du 110e RI (1916) cela donne grossièrement les trajets suivants :

Le récit fait état d'action de l'infanterie et la difficulté de faire intervenir l'artillerie. Or, dans les labours, devant la sucrerie (point violet sur la carte) j'ai repéré les débris suivants :

Trois croisillons, destinés à protéger les amorces de douilles, étaient marqués 18Pdr.
Voici ma première question :
Une batterie de 18Pdr a t-elle pu s'établir sur le plateau pour tirer sur le sucrerie, et quand ?
Voici la deuxième question :
Où se situe la "tranchée anglaise", mentionnée par R.G. Nobécourt ? S'agit-il de la future première ligne française que j'ai reprise en rouge sur la carte ?
Merci de vos réponses !