Bonjour
On rencontre souvent une image du drapeau (faits d'armes) des 40e et 58e R.I., ainsi qu'inscrit dans la nomenclature des faits d'armes; «Monastir 1916». (J'aimerais bien voir une photographie des réels drapeaux). Les 40e et 58e R.I. sont pourtant en France en 1916. Faisant partie de la 30e D.I. ils ne passent à l'Armée d'Orient pour la Salonique qu'en 1917 et sont en Macédoine dans le secteur de Monastir (Bitola aujourd'hui, Serbie) que fin juillet 1917 et mi-septembre 1918. (La 30e D.I. à ce moment composé des 40, 58 et 61e R.I: http://sacarcheo.nuxit.net/regiment/30eDI.PDF). 1917 est devenu une guerre de position le long du front atteint là fin 1916. Monastir en l'occurrence, prise en novembre 1916, est une ville citée à l'Ordre de l'Armée avec attribution de la Croix de Guerre 1914-1918 (extrait); «« Vaillante cité qui, après avoir subi, de décembre 1915 à novembre 1916, les rigueurs de l'occupation ennemie, a été la première ville reconquise par les Armées d'Orient. Se trouvant après sa délivrance et jusqu'à la fin de septembre 1918 à proximité des lignes ennemies, a supporté avec abnégation les multiples et violents bombardements dont elle a été l'objet. Malgré les pertes élévées que ces bombardements lui ont causées, sa population n'a cessée de faire preuve de la plus grande vaillance de dNune foi inébranlable dans la victoire finale. Signé MAGINOT à Paris le 23 août 1923. »»
Voulait-on garder cet événement en mémoire tout simplement et malgré le fait que ces 2 régiments n'y participèrent pas? À quel moment ce fait d'armes à-t-il été souligné et inscrit au drapeau? Je trouve cela tout de même curieux (et intéressant) et cela me fait reposer une question que j'aurai déposée sur le forum et demeurée sans réponse jusqu'à ce jour; à savoir ce qui détermine l'inscription d'un fait d'armes au drapeau d'un régiment d'infanterie (puis: protocole, cérémonie, citation, décoration ajoutée, le vocabulaire correct à adopter, etc. ... enfin, un peu de tout sur le sujet des drapeaux)
Y aurait-il un endroit sur le forum on l'on précise, un site ou un document qui développe sur cette question?
forum2.php?config=pages1418.inc&cat=3&s ... w=0&nojs=0
Est-ce que quelqu'un pourrait m'aider, me corriger ou éclaircir mes propos.
Merci
cordialement
Michel
Autres infos:
Carte de la région (et Monastir):
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/ima ... orient.pdf
Torpillage/ de l'Amiral Magon coulé, et perte du drapeau du 40e R.I.:
http://40rigg.voila.net/pdf/Historique_40_RI_oo_1.pdf
Faits d'armes / 40e et 58e R.I.
Re: Faits d'armes / 40e et 58e R.I.
Salutations
Michel
Michel
- Eric de Fleurian
- Messages : 993
- Inscription : mar. déc. 30, 2008 1:00 am
Re: Faits d'armes / 40e et 58e R.I.
Bonsoir Michel
Le sujet concernant les inscriptions aux emblèmes, que vous abordez, est parfaitement réglementé mais je n'ai pas de références à vous donner seulement les grandes lignes.
Les quelques éléments ci-après sont extraits du "recueil d'historiques de l'infanterie française" rédigé par le général ANDOLENKO :
"Les noms de bataille à inscrire sont déterminés par décrets et figurent au BO (bulletin officiel). Aucune modification ne peut être apporté sans décret.
L'habitude d'inscrire sur les emblèmes les noms de batailles date de Bonaparte. C'est lui qui le premier fit inscrire sur les drapeaux de l'armée d’Égypte et ceux de l'armée d'Italie, les noms des batailles dans lesquelles les demi-brigades se sont particulièrement distinguées. Devenu Empereur, il étendit cette mesure à l'ensemble de l'armée, en limitant les batailles à celles où il a commandé en personne.
Cet usage a été repris en 1852. A cette époque le nombre des noms ne devait pas dépasser cinq. Les campagnes du Second Empire virent cependant paraître de nouvelles inscriptions. En 1880, elles ont été réduites à quatre. Décision qui entraînait la suppression de nombreuses inscriptions anciennes.
Après la guerre de 1814-1918 le nombre maximum de batailles a été porté à huit et après celle de 1939-1945 à douze, dont quatre pouvaient figurer sur les parties bleue et rouge de l'étamine. Toutefois, certains régiments ont reçu, 13, 14 et même 15 inscriptions.
Les batailles inscrites sur les drapeaux sont toutes postérieures à la Révolution, rien ne rappelle sur les emblèmes les siècles de la période royale de l'histoire des régiments d'infanterie."
Depuis la fin de la guerre d'Indochine, deux nouvelles inscriptions ont pu être ajoutés sur certains emblèmes concernés :
- AFN 1952-1962 (décret de 2004)
- KOWEIT 1990-1991 (décret de 2011)
Pour la guerre 1914-1918, le choix des inscriptions à retenir a été établi par le service historique des armées et la liste aurait paru dans un BO de 1934.
Toutefois, vous trouverez dans le document ci-après (pages 627 à 632) la liste des batailles retenues, dont les noms se retrouvent sur les drapeaux :
http://www.servicehistorique.sga.defens ... 8_0004.pdf
Les inscriptions retenues pour chaque régiment sont généralement liées à l'attribution d'une citation à l'ordre de l'armée.
Concernant donc l'inscription "MONASTIR 1916" sur les drapeaux des 40e et 58e RI, il s'agit sans nul doute d'une erreur de millésime, la bonne inscription devant y figurer aurait du être "MONASTIR 1917".
L'inscription MONASTIR se retrouve sur 14 drapeaux de régiment d'infanterie :
- les 40e, 58e et 242e RI, le 2e bis RMZ (régiment de marche de zouaves) et le 44e RIC avec le millésime 1916.
- les 227e, 260e, 371e et 372e RI, le 1er RMA (régiment de marche d'Afrique), les 34e et 35e RIC avec le millésime 1917.
- les 8e et 38e RIC avec le millésime 1918.
Les erreurs dans les inscriptions au drapeau sont nombreuses. A titre indicatif, une étude exhaustive sur 17 régiments de tirailleurs (13 régiments de marche, dont 2 marocains, et 4 régiments mixtes de zouaves et tirailleurs) montre 10 erreurs : soit de millésime ou de lieu, soit parce qu'elle présente une ambiguïté dans leur rattachement à une action héroïque du régiment.
Concernant le protocole, il n'en existe pas de particulier sauf lorsque le drapeau reçoit une décoration accrochée à sa cravate (Légion d'Honneur, Médaille Militaire, croix de guerre, fourragère), la remise de cette distinction est alors incluse dans une prise d'armes.
Par ailleurs il est de tradition, encore actuellement, de présenter le drapeau du régiment aux jeunes recrues. Cette présentation fait aussi l'objet d'une prise d'armes au cours de laquelle le chef de corps rappelle les hauts faits du régiment, notamment ceux qui ont fait l'objet d'une inscription au drapeau.
Les déroulements et règles protocolaires des prises d'armes sont régis par différents règlements dont les références pourront utilement vous être donnés par des membres du forum plus compétents que moi sur ces sujets.
Cordialement
Eric
Le sujet concernant les inscriptions aux emblèmes, que vous abordez, est parfaitement réglementé mais je n'ai pas de références à vous donner seulement les grandes lignes.
Les quelques éléments ci-après sont extraits du "recueil d'historiques de l'infanterie française" rédigé par le général ANDOLENKO :
"Les noms de bataille à inscrire sont déterminés par décrets et figurent au BO (bulletin officiel). Aucune modification ne peut être apporté sans décret.
L'habitude d'inscrire sur les emblèmes les noms de batailles date de Bonaparte. C'est lui qui le premier fit inscrire sur les drapeaux de l'armée d’Égypte et ceux de l'armée d'Italie, les noms des batailles dans lesquelles les demi-brigades se sont particulièrement distinguées. Devenu Empereur, il étendit cette mesure à l'ensemble de l'armée, en limitant les batailles à celles où il a commandé en personne.
Cet usage a été repris en 1852. A cette époque le nombre des noms ne devait pas dépasser cinq. Les campagnes du Second Empire virent cependant paraître de nouvelles inscriptions. En 1880, elles ont été réduites à quatre. Décision qui entraînait la suppression de nombreuses inscriptions anciennes.
Après la guerre de 1814-1918 le nombre maximum de batailles a été porté à huit et après celle de 1939-1945 à douze, dont quatre pouvaient figurer sur les parties bleue et rouge de l'étamine. Toutefois, certains régiments ont reçu, 13, 14 et même 15 inscriptions.
Les batailles inscrites sur les drapeaux sont toutes postérieures à la Révolution, rien ne rappelle sur les emblèmes les siècles de la période royale de l'histoire des régiments d'infanterie."
Depuis la fin de la guerre d'Indochine, deux nouvelles inscriptions ont pu être ajoutés sur certains emblèmes concernés :
- AFN 1952-1962 (décret de 2004)
- KOWEIT 1990-1991 (décret de 2011)
Pour la guerre 1914-1918, le choix des inscriptions à retenir a été établi par le service historique des armées et la liste aurait paru dans un BO de 1934.
Toutefois, vous trouverez dans le document ci-après (pages 627 à 632) la liste des batailles retenues, dont les noms se retrouvent sur les drapeaux :
http://www.servicehistorique.sga.defens ... 8_0004.pdf
Les inscriptions retenues pour chaque régiment sont généralement liées à l'attribution d'une citation à l'ordre de l'armée.
Concernant donc l'inscription "MONASTIR 1916" sur les drapeaux des 40e et 58e RI, il s'agit sans nul doute d'une erreur de millésime, la bonne inscription devant y figurer aurait du être "MONASTIR 1917".
L'inscription MONASTIR se retrouve sur 14 drapeaux de régiment d'infanterie :
- les 40e, 58e et 242e RI, le 2e bis RMZ (régiment de marche de zouaves) et le 44e RIC avec le millésime 1916.
- les 227e, 260e, 371e et 372e RI, le 1er RMA (régiment de marche d'Afrique), les 34e et 35e RIC avec le millésime 1917.
- les 8e et 38e RIC avec le millésime 1918.
Les erreurs dans les inscriptions au drapeau sont nombreuses. A titre indicatif, une étude exhaustive sur 17 régiments de tirailleurs (13 régiments de marche, dont 2 marocains, et 4 régiments mixtes de zouaves et tirailleurs) montre 10 erreurs : soit de millésime ou de lieu, soit parce qu'elle présente une ambiguïté dans leur rattachement à une action héroïque du régiment.
Concernant le protocole, il n'en existe pas de particulier sauf lorsque le drapeau reçoit une décoration accrochée à sa cravate (Légion d'Honneur, Médaille Militaire, croix de guerre, fourragère), la remise de cette distinction est alors incluse dans une prise d'armes.
Par ailleurs il est de tradition, encore actuellement, de présenter le drapeau du régiment aux jeunes recrues. Cette présentation fait aussi l'objet d'une prise d'armes au cours de laquelle le chef de corps rappelle les hauts faits du régiment, notamment ceux qui ont fait l'objet d'une inscription au drapeau.
Les déroulements et règles protocolaires des prises d'armes sont régis par différents règlements dont les références pourront utilement vous être donnés par des membres du forum plus compétents que moi sur ces sujets.
Cordialement
Eric
Re: Faits d'armes / 40e et 58e R.I.
Bonjour Éric
Merci infiniment pour cette réponse ... et d'avoir pris le temps de développer. C’est franchement apprécié.
Je vais relire encore et m'abreuver de nouvelles sources ensuite.
cordialement
Michel
Merci infiniment pour cette réponse ... et d'avoir pris le temps de développer. C’est franchement apprécié.
Je vais relire encore et m'abreuver de nouvelles sources ensuite.
cordialement
Michel
Salutations
Michel
Michel