De gare de l'Est à Monparnasse, les soldats marchaient-ils dans Paris

[Pierrrick]

Bonjour,
Les soldats de la première guerre ont souvent pris le train. Pour monter au front, pour rejoindre leurs familles en permission, pour repartir à la guerre. Comment se passait le changement à Paris ? Par exemple, ceux de l'ouest descendaient-ils à Montparnasse, pour traverser Paris (en métro ? à pied, vraisemblablement) et rejoindre la gare de l'Est ? Ou les trains contournaient-ils Paris pour rejoindre directement le front ?
Cela peut sembler un détail... je me demandais ce que ressentaient ces soldats en marchant dans Paris, en traversant la vie de cette ville, les cafés, les magasins, les Halles de Baltard... Il y a eu des dizaines de millions de ces trajets.
Est-ce que quelqu'un aurait une réponse ?
merci,
Pierrick

[gutenberg94]

Bonjour,

Les déplacements en métro à Paris de Paul LE REBOURG (pages 8 et 13)

http://www.pages14-18.com/B_PAGES_HISTO ... _336RI.pdf

mais c'était le 1er et le 3 août 1914 et déjà "la ligne N°2 ne marche plus par suite du départ de ses employés".

Cordialement,

Gutenberg94

[Yves Thoer]

Bonjour.

Les trains faisait le tour deParis en utilisant la ligne de la " petite ceinture", vous pouvez en voir le trajet sur le site http://www.petiteceinture.org/Voyage-vi ... etite.html

Cordialement.
Yves

[pierreth1]

Bonjour,
Il ne faut pas non plus oublier l'existence à cette époque d'un maillage ferroviaire bien plus dense, notamment par exemple la voie ferree nantes tours vierzon bourges qui permet de od'arsenaux sur son trajet, pour les trains "constitués" des transports militaires beaucoup donc evitaient paris paradoxalement on y revient avec les TGV...
Vu le volyume des transports par voie ferrees paris n'aurait pas pu "absorber tous ces trains"
Cordialement
Pierre

[garance.]

bonjour,

j'ai un vague souvenir de la 45ème DI défilant à Paris, de Denfert à la Gare de l'Est, début septembre 14 avant d'être expédiée sur l'Ourcq !

cdt

Garance

[MP 92]

Bonjour,
Les soldats de la première guerre ont souvent pris le train. Pour monter au front, pour rejoindre leurs familles en permission, pour repartir à la guerre. Comment se passait le changement à Paris ? Par exemple, ceux de l'ouest descendaient-ils à Montparnasse, pour traverser Paris (en métro ? à pied, vraisemblablement) et rejoindre la gare de l'Est ? Ou les trains contournaient-ils Paris pour rejoindre directement le front ?
Cela peut sembler un détail... je me demandais ce que ressentaient ces soldats en marchant dans Paris, en traversant la vie de cette ville, les cafés, les magasins, les Halles de Baltard... Il y a eu des dizaines de millions de ces trajets.
Est-ce que quelqu'un aurait une réponse ?
merci,
Pierrick

Bonjour Pierrick, bonjour à tous,

Je crois que dans votre question il y a lieu de séparer nettement le cas des soldats qui montaient au front en unité constituée (trains spéciaux de la mobilisation ou envois groupés de renforts ultérieurs) et le cas des "isolés" qui rejoignaient leur unité en ZA ou dans l'autre sens, les permissionnaires qui partaient de la ZA vers la ZI.
Dans le premier cas, plusieurs JMO ou historiques nous relatent des trains contournant PARIS ou s'arrêtant à des gares de banlieue avec transferts sur d'autres trains vers la ZA (avec éventuellement des marches de 10 ou 20 km pour rejoindre) au bout de quelques jours maximum (le temps que le commandement reçoivent les ordres). Dans ces cas, en général les soldats ne pouvaient s'échapper et aller se promener ou flâner en ville !
Dans le second cas, le transit via PARIS n'était théoriquement pas autorisé sauf obligation liée au trajet et pour les locaux dont les adresses étaient connues. De nombreuses notes du GQG rappellent aux Commandants d'unités, tous les inconvénients de délivrer des permissions sans regarder ou sans prendre en compte les adresses réelles des permissionnaires, de laisser prendre n'importe quel train au risque de les encombrer ou de créer des perturbations (ce qui s'est produit), etc. Ne pas oublier à ce sujet le rôle des Commissaires en gare et de la Prévôté qui contrôlaient à chaque instant les titres de permissions, les dates, etc, avec cachets à l'appui et le fait qu'à son arrivée sur son lieu de permission, le soldat devait se présenter immédiatement à la gendarmerie pour faire viser son titre.

Ce qui est parfaitement connu du commandement, c'est que la ville, la proximité des gares notamment sont considérés comme des "hauts lieux" de perdition (prostitution ...), l'occasion d'y contracter une maladie vénérienne (donc déperdition d'effectif), d'y faire toute sorte de rencontres de milieux dits intellectuels, voire subversifs ... Au retour de permission, un isolé qui voudrait jouer les prolongations et se perdre à PARIS, sera attendu de pied ferme à son unité avec sanction à la clé, ce qu'il ne peut pas ignorer.

Pour toutes ces raisons, je vois mal des défilés systématiques de troupe ou des engorgements du métro ... Comme en toutes choses, il peut y avoir eu bien sûr des exceptions que j'ignore, mais à mon sens, celles-ci n'étaient pas pour autant ce que j'appelle une règle habituelle. De ce fait, je ne peux donc pas imaginer ce que pouvaient ressentir ces éventuels soldats ... et je ne vois pas non plus très bien quelle est votre préoccupation profonde !

Enfin dans cette affaire, je mets de côté le cas des officiers isolés qui, de par leur statut, avaient d'autres possibilités.

Cordialement,

[pierreth1]

Bonjour,
Je vous conseille le site:
http://rubio.eric.pagesperso-orange.fr/ ... 201921.jpg vous y trouvez une carte (1914/1930) du reseau ferre francais laquelle montre tres bien les possibilites de contournement et d'evitement de paris.
Il ne faut pas oublier non plus que l'axe direct en logistique n'est pas forcemment le plus court, il faut tenir compte de son encombrement etc.
Personnellement tous les memoires que j'ai pu lire faisaient etat de transports lents avec des distances nettement superieures au trajet direct passant par une multitude de gares, je ne peux pas en tirezr une regle generale absolue
par ailleurs Paris (75) compte en 1901 3600000 habitants pour une france à 38228000 donc grosso modo 10% on peut donc estimer que les gares de l'est et du nord sont deja suffisament prises par le volume des parisiens et banlieusards qui rejoignent ou reviennent du front, auquel s'ajoute les blesses...
Cordialement
Pierre

[Bruno Tardy]

Bonjour,
Effectivement les quelques exemples que j'ai dans les lettres de mon père montrent bien que les trains contournaient plutot Paris.
Trajet de Vannes le Chatel (Lorraine) à Crèvecoeur le Grand (Oise) avec sa Compagnie, en unité constituée. Lettre du 16/8/1916 :

J'ai reçu hier soir la lettre de Maman N° 33 du 11 à Crèvecoeur le Grand ( Oise ) car comme je vous l'ai écris nous avons quitté le 14 à 15 h le beau pays de Vannes le Chatel, et à 19h nous partions de la Lorraine avec destination inconnue. Nous avons successivement passé à Barisey la Côte, Neufchateau, Chaumont, Bar sur Aube puis nous avons pris la grande ceinture et avons fait le tour par Versailles, Poissy. Nous avons admiré le château du roi soleil, l'aqueduc de Marly, la tour Eiffel, Montmartre, etc..ainsi que les hangars de dirigeables.
Comme c'était le 15 août les environs de Paris étaient bondés de promeneurs qui, aux passages à niveau et aux gares, nous donnaient fleurs, cigarettes et adresses. Le temps était beau, d'autre part nous n'étions que 14 dans chaque wagon de marchandises, aussi avons-nous fait très bon voyage. Vers 20 h hier nous sommes arrivés avec un peu de pluie à Crèvecoeur le Grand, petite ville de 2.600 h.

Retour de permission dans un train de permissionnaire le 26/3/1917 en venant de Valence, le train passe par Dijon, Le Bourget pour arriver à Creil. Il a donc évité Paris.
Lettre du 27/3/1917

Un peu serrés jusqu'à Dijon nous avons été à l'aise dans les wagons chauffés jusqu'au Bourget et nous sommes arrivés avec la pluie vers 11 h. Là après un tampon de plus sur la permission on nous a dit d'aller à Creil. Nous sommes donc partis à 23h et avons débarqué à Creil à 2h ce matin.

Retour de permission de Valence pour rejoindre son régiment dans l'Oise. Il passe par Paris mais précise bien qu'il n'a pas pu prendre le train de permissionnaires, celui ci devait donc probablement contourner Paris.
Lettre du 8/7/1918 :

Je pense que vous avez reçu ma carte de Paris où j'ai passé une journée. En effet à Lyon samedi soir, le train des permissionnaires était plein, de sorte que j'ai pris l'express civil qui m'a débarqué vers 8 h à la gare de Lyon, au lieu de repartir de suite j'ai été me promener dans Paris, j'y ai dîné et ai visité ce que je ne connaissais pas, notamment le Trocadero, Montmartre, Sacré Coeur etc... et j'ai constaté qu'il y avait encore un monde fou à Paris. J'ai repris à 5 h le train à la gare du Nord et me suis rendu au centre de ralliement à Apremont.

Cordialement
Bruno

[Pierrrick]

Un grand merci à tous pour ces messages denses, précis, argumentés. Pour répondre à Michel Pineau, qui s'interroge à juste titre sur ma "préoccupation profonde", je prépare un sujet sur mon grand-père, artilleur au 231e RAC, et je m'interroge sur ce qu'il a pu ressentir dans différentes circonstances, dont celle du provincial du traverse Paris pour la première fois. Bien sûr, avec la plus grande rigueur historique possible, d'où mon appel à ce forum. Merci encore à tous ! Pierrick Bourgault