Journaux de tranchées

[Rutilius]

Bonsoir à tous,

LA CHÉCHIA

(1er régiment de zouaves de marche )

Notice consacrée par André Charpentier à la Chéchia dans son « Livre d’or des journaux du front. Feuilles bleu horizon. 1914-1918 » (André Charpentier, Paris, Déc. 1935, 400 p.) :

« La CHÉCHIA ― comme ce titre l’indique ― fut un journal de zouaves. Il fut lancé par un architecte parisien, René Clozier, le 23 mai 1915, date de la déclaration de guerre de l’Italie à l’Allemagne. Le 1er régiment de zouaves de marche se trouvait alors à Coxyde, secteur de la Grande Dune, en Belgique. La Chéchia eu soixante-treize numéros ; elle était polycopiée sur un primitif appareil cyclostyle. Elle paraissait sur 4 pages du format 20 x 28. Son tirage variait entre 800 et 1.000 exemplaires. Son rédacteur en chef ? Parbleu ! vous l’avez deviné : c’était Dache, le fameux perruquier des zouaves.
La Chéchia organisa de nombreuses représentations théâtrales sur le front et la renommée d’un de ses spectacles ― une revue intitulée Queq’ Chechia ?... ― parvint jusqu’à Paris, où Sarah Bernhardt accueillit les acteurs zouaves et leur œuvre dans son théâtre. Après avoir connu les feux de la tranchée, cette revue connut les feux de la rampe. [...]

La Chéchia, son directeur René Clozier et sa troupe dite du Chacal Hurlant donnèrent, de la mer du Nord au Rhin, des centaines de représentations, dont cinq œuvres pleines de sel. Les représentations au théâtre Sarah Bernhardt eurent lieu les 22 et 25 novembre 1917 avec ses personnage du front aux sobriquets pittoresques : l’Éternel Vacciné (1), le Torpillé, le Chasseur de Rats, le Gendarme belge, le Paysan du Front, le Terrassier, M. Prud’homme, le Père Cafard, la Mouquère, la Bague d’Aluminium. Les décors étaient peints sur toile de tente.
La plupart des scènes qui figuraient dans cette revue avaient paru dans la Chéchia. [...]

La Chéchia fut illustrée, du premier au dernier numéro, d’une façon très plaisante par Raoul Frippier. Les principaux rédacteurs furent Henri Cabanne, Henri Fiori, le député d’Alger, Marcel Graffin, le capitaine Paris, Saint-Antonin et le lieutenant Popinot, tué dans la Somme (2).
Le jour de la Pentecôte 1934 à Coxyde, dans ce secteur de Belgique où la Chéchia avait été fondée, un monument a été élevé à la mémoire des zouaves tombés sur la terre belge. Cette œuvre était due au directeur de ce vaillant petit journal du front, René Clozier. D’autre part, ce dernier a consacré à ses compagnons d’arme un de nos meilleurs romans de guerre, qu’il a intitulé Zouaves. » (op. cit., p. 258 et 259).
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(1) Titre d’une chanson due à « L’Écorché », dont les paroles furent publiées dans le n° 42, daté de Novembre 1916. « Respectueusement dédié à Mr le Major Lombardy », elle s'inspirait de l’ « Air : Ben Ali ».

(2) POPINOT Léon Louis, né le 13 mars 1882 à Reuilly (Indre), décédé le 8 novembre 1916 à l’hôpital d’évacuation n° 18 d’Hargicourt (Somme) des suites de blessures de guerre, Sous-lieutenant, 1er Régiment de zouaves, Classe 1902, n° 2.569 au recrutement de la Seine, 3e Bureau [Acte rectifié transcrit à Paris (VIIe Arr.), le 24 mars 1917, sous le n° 806/452 ― Inhumé au cimetière d’Hargicourt, tombe n° 144 B.].
_____________________________

Bien à vous,
Daniel.

[ACM]

Bonsoir ACM,

Malheureusement, André Charpentier, dans un chapitre : « Divers », n’a consacré que les lignes qui suivent au Canard du Père Hilarion :

« ... ; le Canard du Père Hilarion, " organe des poilus qui y sont ", directeur : Mennevée, qui fut gravement blessé ; c’était le journal de la 23e compagnie du 346e R.I. ; à partir du n° 4, s’intitule Le Canard des Poilus, afin d’éviter toute indication de lieu, le Père Hilarion étant un secteur du front bien connu ; ... » (op. cit., p. 278).

Bien à vous,
Daniel.

Bonsoir Rutilius,

merci d'avoir pris la peine de rechercher la citation correspondante dans l'ouvrage d'André Charpentier
en matière de recherches historiques toute indication est la bienvenue comme source de nouvelles pistes

Cordialement

Alain

[mireille sauer]

Daniel,
je vous remercie de tout ce chapitre à propos de la Chéchia !
C'est TOUT ce qui me manquait -
Merci
Cordialement
Mireille

[DominiqueCamusso]

Bonjour,
pour apporter une feuille du génie au recensement
Le Camouflet "Organe littéraire, humoristique, satirique. Boyaucrate publiée par les sapeurs-poilus de la compagnie 15/7 du 7ème Génie"
Consultable sur le site de la BDIC pour la période juillet 15 -> mars 17
Bonne lecture

[christian baroin]

Bonjour à tous,
Sur Gallica : Nomenclature des journaux, revues, périodiques français : paraissant en France (1917).
Au début, une dizaine de pages de journaux de tranchées et camps de prisonniers, malheureusement beaucoup sans indication de régiments.
Cordialement
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56262669

[christophe lagrange]

Bonsoir,

Et le petit smiley qui s'est glissé dans l'adresse url....
Pour le 409è RI, voici un extrait du n° 1 de Poil de tranchées (l'autre journal de tranchée du régiment était la Musette, numérisé sur le site de la BDIC à Nanterre) :
Pour les savants

Histoire naturelle

Chevaux de frise

Tous ceux qui sont au front connaissent les chevaux de frise.
Les cavaliers, les artilleurs ont leurs chevaux. C'est évident. Eh bien ! Les chevaux de frise sont les chevaux des fantassins. Il ne faut pas croire que ce sont des chevaux d'une race spéciale, non ! Ce sont des appareils ainsi appelés parce qu'ils ont quatre pattes, comme un cheval (mais en bois) et du poil frisé en fil de fer barbelés. Ces appareils sont destinés à arrêter l'élan des troupes qui se ruent à l'assaut en formant une barrière infranchissable. Ils furent employés pour la première fois par un régiment de cuirassiers qui devait aller en tranchées, et à qui on avait retiré les chevaux pour leur apprendre l'anglais.
Cet appareil s'est généralisé petit à petit et est maintenant utilisé avec succès dans les hôpitaux du front. La pénurie de seringues aurait obligé les infirmiers à se servir des piquants pour faire des avants-trous pour grosses aiguilles, mais que ne dit-on pas d'une cagna à l'autre !!!

Faits divers

Aux environs de Cherbourg, un anarchiste Chinois déguisé en femme a tenté, en pleine nuit, de s'emparer d'un képi de fantassin, dans la matinée du 20 octobre, pour en vendre un modèle à l'Allemagne. Voyant ses projets déjoués grâce à deux agents de la Sureté, il se vengea sur la boutique d'un marchand de lampions qu'il fit sauter à l'aide d'une boîte à cirage explosive pleine de clous de girofles camouflés.
Les dégâts ne sont pas importants, mais le marchand de lampions va être fusillé et la population est inquiète. Aussi, le Maire s'est-il empressé de demander au Ministre des Sciences un contre-torpilleur qui surveillera les lampions et, en particulier, les lanternes et toutes les lumières suspectes.

Charade

On dit de mon premier qu'il cache Bonnot,
Mon second est dans l'alphabet le préféré des Boches.

Malheureusement, la suite de la charade manque, le numéro de l'Entr'aide (bulletin de l'Amicale des anciens du 409è) n'a pas été conservé dans son intégralité.
La rédaction de Poil de tranchées appartenait à la 6è Cie du 409è RI.

Lire d'autres extraits sur le blog du 409è :
http://409ri.canalblog.com/archives/201 ... 59511.html:

Cordialement,
Christophe

[Remi Hebert]

[quotemsg=78343,36,270]Bonsoir,

Et le petit smiley qui s'est glissé dans l'adresse url....
Pour le 409è RI, voici un extrait du n° 1 de Poil de tranchées (l'autre journal de tranchée du régiment était la Musette, numérisé sur le site de la BDIC à Nanterre) :
Pour les savants

Histoire naturelle

Chevaux de frise

Tous ceux qui sont au front connaissent les chevaux de frise.
Les cavaliers, les artilleurs ont leurs chevaux. C'est évident. Eh bien ! Les chevaux de frise sont les chevaux des fantassins. Il ne faut pas croire que ce sont des chevaux d'une race spéciale, non ! Ce sont des appareils ainsi appelés parce qu'ils ont quatre pattes, comme un cheval (mais en bois) et du poil frisé en fil de fer barbelés. Ces appareils sont destinés à arrêter l'élan des troupes qui se ruent à l'assaut en formant une barrière infranchissable. Ils furent employés pour la première fois par un régiment de cuirassiers qui devait aller en tranchées, et à qui on avait retiré les chevaux pour leur apprendre l'anglais.
Cet appareil s'est généralisé petit à petit et est maintenant utilisé avec succès dans les hôpitaux du front. La pénurie de seringues aurait obligé les infirmiers à se servir des piquants pour faire des avants-trous pour grosses aiguilles, mais que ne dit-on pas d'une cagna à l'autre !!!

Faits divers

Aux environs de Cherbourg, un anarchiste Chinois déguisé en femme a tenté, en pleine nuit, de s'emparer d'un képi de fantassin, dans la matinée du 20 octobre, pour en vendre un modèle à l'Allemagne. Voyant ses projets déjoués grâce à deux agents de la Sureté, il se vengea sur la boutique d'un marchand de lampions qu'il fit sauter à l'aide d'une boîte à cirage explosive pleine de clous de girofles camouflés.
Les dégâts ne sont pas importants, mais le marchand de lampions va être fusillé et la population est inquiète. Aussi, le Maire s'est-il empressé de demander au Ministre des Sciences un contre-torpilleur qui surveillera les lampions et, en particulier, les lanternes et toutes les lumières suspectes.

Charade

On dit de mon premier qu'il cache Bonnot,
Mon second est dans l'alphabet le préféré des Boches.

Malheureusement, la suite de la charade manque, le numéro de l'Entr'aide (bulletin de l'Amicale des anciens du 409è) n'a pas été conservé dans son intégralité.
La rédaction de Poil de tranchées appartenait à la 6è Cie du 409è RI.

Lire d'autres extraits sur le blog du 409è :
http://409ri.canalblog.com/archives/201 ... 59511.html:

Cordialement,
Christophe[/quotems





Bonsoir Christophe, bonsoir à tous,



Le texte d'histoire naturelle concernant "Les chevaux de frise" est effectivement une retranscription (assez libre toutefois) d'un article écrit pour le N° 1 de "POIL de TRANCHéE" mais ne regrettez rien pour ce qui est de la charade tronquée car elle n'est pas issue de ce premier numéro de "Poil de Tranchée".

Peut être est-elle issue d'un des numéros suivants. Je regarderai à l'occasion si vous le désirez.



Cordialement



Remi/

[christophe lagrange]

Bonsoir Rémi,

Si vous le pouvez, j'en serais ravi.
Un correspondant, descendant d'un poilu du 409è m'a adressé des photos du Bulletin l'Entr'aide, dans lequel sont cités les n° 1 (extraits) et n° 2 de Poil de Tranchée.
C'était la première fois que je lisais des extraits de ce journal dont j'ai appris l'existence ici.
Si vous avez des éléments sur celui-ci merci de me les communiquer. Quand vous le pourrez.
Merci d'avance
Cordialement,
Christophe

[Remi Hebert]

Bonsoir Rémi,

Si vous le pouvez, j'en serais ravi.
Un correspondant, descendant d'un poilu du 409è m'a adressé des photos du Bulletin l'Entr'aide, dans lequel sont cités les n° 1 (extraits) et n° 2 de Poil de Tranchée.
C'était la première fois que je lisais des extraits de ce journal dont j'ai appris l'existence ici.
Si vous avez des éléments sur celui-ci merci de me les communiquer. Quand vous le pourrez.
Merci d'avance
Cordialement,
Christophe

Bonsoir Christophe, bonsoir à tous,


Oui, j'avais déjà été amené à faire état de cette bien sympathique gazette récompensée par une médaille en 1916 au concours des journaux de tranchée.

André Charpentier est très laconique à son propos . Il se contente en effet de le citer et de reproduire un petit bout du fac-similé de sa première page (p. 42) .


A mon sens , son rédacteur-fondateur est le sergent RILS-?-? de la 6° Cie ( je ne suis pas sûr des 2 dernières lettres de son nom qui me paraissent être a et c sur une correspondance en ma possession).

Je pense que "POIL DE TRANCHéE" disparut vers la fin de l'été 16 après son numéro 6.

Qu'est-il arrivé à son rédacteur à cette époque . Tué (mais je n'ai pas trouvé de fiche MpF) sur la Somme ? , blessé ? , muté ?,.... ?????

Peut être, compte tenu de votre connaissance intime du 409° pourrez-vous nous le dire?

En tous cas , je l'espère vivement


Bien cordialement



Remi

[christophe lagrange]

Bonsoir Rémi,

Merci pour ces éléments qui m'ont permis d'entrevoir effectivement le petit bout de fac-similé dans la réédition de Feuilles bleu horizon !
Ce la m'avait échappé, je n'avais vu que le nom indiqué dans la liste générale.
La correspondance en votre possession supporterait-elle une photo ou un scan ?
Si c'est le cas, pourriez-vous m'en adresser une copie par MP ?
Je vais voir si je peux trouver quelque chose de mon côté pour tenter d'identifier ce Sergent RILS...

Bien cordialement,
Christophe