Journaux de tranchées

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LABARBE Bernard
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Re: Journaux de tranchées

Message par LABARBE Bernard »

Bonjour à tous,
L'Echo des Guitounes (144°RI) dans son N°13 du 25 octobre 1915 signale: la parution de Tous les journaux du front. Le premier volume contenant des extraits, des reproductions, des fac-similés d'une vingtaine de gazettes, les précurseurs, les "ancêtres" comme dit la préface. En voici la liste: L'Echo de l'Argonne, le Petit Echo du 18ème Territorial, l'Echo des Tranchées, l'Echo des Marmites, Le Poilu (titre adopté par deux journaux différents), Le Petit Voisognard, Le Cri de Guerre, Marmita, L'Echo des Guitounes, l'Echo du Carrefour, Ah Bath ! , Le Poilu Enchainé, les Poilus de la 9ème, l'Echo du Ravin, l'Echo des Gourbis, Poilus et Marie-Louise (librairie Berger-Levrault à Nancy).
Et dans le N°38 du 1er novembre 1918 toute une liste de confrères qui suit un projet de monument aux journalistes français et alliés de la presse du front tombés au champ d'honneur. Liste trop longue, voir image.
Image
Je n'ai pas comparé avec les listes précédemment postées, mais sans doute de nouveaux titres.
Cordialement,
Bernard


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LABARBE Bernard
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Re: Journaux de tranchées

Message par LABARBE Bernard »

J'ajoute une précision concernant Le Poilu Saint-Emilionnais titre que je trouvais curieux pour le 18ème R.I. de Pau. Ce n'était pas un journal régimentaire mais une revue régionale destinée aux originaires de St-Emilion dispersés dans plusieurs corps (Source l'Echo des Guitounes).
Rutilius
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Re: Journaux de tranchées

Message par Rutilius »


Bonjour Bernard,
Bonjour à tous,

« Ce n'était pas un journal régimentaire mais une revue régionale destinée aux originaires de St-Emilion dispersés dans plusieurs corps (Source l'Echo des Guitounes). »

Certes, mais pas exclusivement. Et son directeur, l'abbé Bergey, curé de Saint-Émilion, devenu aumônier « de choc » du 18e Régiment d'infanterie, le rédigeait bien au hasard des refuges du front et non point à l'arrière.


Le Poilu Saint-Émilionnais


Notice consacrée par André Charpentier au Poilu Saint-Émilionnais dans le « Livre d’or des journaux du front. Feuilles bleu horizon. 1914-1918 » (p. 188 à 191) :

« L’abbé Bergey, curé de Saint-Émilion, fut le plus actif des journalistes du front ; il ne fonda pas moins de trois petite gazettes : Le Poilu Saint-Émilionnais, Le Rayon, Nos Filleuls, qui toutes trois avaient un but bien déterminé. Mais d’abord campons la silhouette de leur fondateur, une des figures les plus caractéristiques et des plus populaires parmi les combattants.
L’abbé Bergey, aumônier du 18e d’Infanterie, n’était pas un aumônier comme les autres, car il avait la manie de faire le coup de feu avec les camarades, bien que ce fût très défendu. Sous sa soutane, il avait la mauvaise habitude de porter un revolver, quelques grenades. Cela se savait et on lui avait dit souvent qu’il risquait de se faire fusiller, si jamais il était cueilli par l’ennemi.
Or, un jour, en exerçant son ministère près des blessés entre les lignes, l’ennemi, justement, le cueillit.

" Son affaire est faite ", pensèrent tout de suite ses camarades.
Or, il arriva ceci :
Aussitôt dans les lignes allemandes, l’aumônier est fouillé et l’on trouve le couteau de tranchée, le revolver et une grenade.
Simplement, il recommande son âme à Dieu et il attendait qu’on l’emmenât lui régler son compte, quand on le prévint que le colonel voulait lui parler.
L’officier allemand lui dit :

" Vous n’ignorez pas à quoi vous exposent les armes qu’on a trouvées sous vos vêtements de prêtre. Mais on a trouvé aussi des lettres que vous écriviez manifestement à des mères, à des femmes, à des filles de soldats, pour les consoler, pour les remonter. J’ai lu ces lettres. Et je tiens à vous dire que je serais heureux qu’un pasteur allemand en écrive d’aussi belles à ma femme et à mes filles. Retournez parmi les Français. Vous êtes libre. Récrivez ces lettres, car je tiens à garder celles-ci."
Et c’est ainsi que le curé de Saint-Émilion, à l’ébahissement et à la joie de tous ses camarades, revint vers les lignes françaises.
Le Poilu Saint-Émilionnais qui naquit en 1915 dans une cagna misérable du plateau Vauclerc, fut le principal journal de l’aumônier du 18e R.I. Il n’était pas seulement l’organe de ce régiment, mais celui des combattants de toute une commune et de leurs familles ; en effet, il recevait des nouvelles de tous les poilus de Saint-Émilion disséminés sur tout le front. Le Rayon qui publiait des articles en langue d’oc, en béarnais, en basque, s’adressait plus particulièrement aux soldats du 18e R.I. Quant à Nos filleuls, son rôle était bien déterminé : trouver des marraines pour les combattants des régions envahies, leur procurer des foyers où passer leur permission et donner de l’argent aux jeunes soldats pauvres qui se mariaient.
L’abbé Bergey fut longtemps le seul rédacteur et dessinateur de ces journaux du front ; mais par la suite, il trouva deux collaborateur qui l’aidèrent dans sa tâche : les dessinateurs Frédus et J.-J. Rousseau qui lui envoyèrent des compositions. Les journaux de l’aumônier du 18e R.I. n’interrompirent leur publication à certaines époques de la guerre qu’à la suite de circonstances sérieuses : une fois, lorsque le directeur fut blessé ; une autre fois, lorsqu’il fut gazé ; un jour, en juin 1918, dans le village de Tronquais, région de Mondidier, la salle de rédaction du
Poilu Saint-Émilionnais installée dans un chai fut démolie par deux fois par un obus ; la première fois, l’abbé Bergey fut enseveli ; la seconde fois, il put sortir à temps, mais la copie y resta.
Le Poilu Saint-Émilionnais tirait à 2.000 exemplaires environ. Il était imprimé sur 12 et 16 pages du format 20 x 26. Certains numéros comportaient de nombreuses photographies de combattants tombés au champ d’honneur, pour la plupart originaire de Saint-Émilion.
[...]
Le Poilu Saint-Émilionnais eut vingt-cinq numéros jusqu’à l’armistice ; un dernier numéro ― le 26e ― parut daté de février-mars 1919, numéro de la Victoire. Ses frères, Le Rayon et Nos Filleuls disparurent avec lui. On sait que leur directeur fut élu après la guerre député de la Gironde. »
________________________

Bien à vous,
Daniel.
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LABARBE Bernard
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Re: Journaux de tranchées

Message par LABARBE Bernard »

Bonjour Daniel,
Et merci pour cette réponse on ne peut plus fouillée !
Cordialement,
Bernard
Remi Hebert
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Re: Journaux de tranchées

Message par Remi Hebert »

Bonsoir,

Ces sites sont effectivement très intéressants et fort bien documentés.

Malheureusement, depuis plusieurs années je cherche vainement les journaux de tranchées des 29° et 329° RI.

Le premier se serait appelé "La Gazette du Dauphin" (ou quelque chose d'approchant, en référence au nom du régiment, le régiment Dauphin), le second aurait eu comme nom "Le Feu".

Rien sur les sites, rien aux AD de Saône et Loire et de Seine Maritime, rien dans les services historiques et autres archives d'Autun ou du Havre.

Si quelqu'un a connaissance de ces journaux, merci d'avance de m'en faire part.

Amicalement

Bernard.




Bonsoir Bernard, bonsoir à tous,


Juste 2 observations : "La Gazette du Dauphin" illustre bien la difficulté de l'exercice du rattachement d'un journal de tranchées à une unité. En effet entre le 1er numéro et les suivants , le périmètre peut varier et/ou le rédacteur du journal peut être muté dans une autre unité gardant le titre de son canard dans sa nouvelle affectation.

Pour revenir à la "Gazette du Dauphin" , ce journal fut bien crée au 29° RI puis devint l'organe d'une division (la 169°) et du 8° Génie.

Quant au 329°, il n'est pas impossible que son journal se soit appelé le RATAPOIL (du nom du célèbre personnage de Daumier) mais je n'ai que des indices sans jamais avoir pu avoir ce titre entre les mains.
Ce "RATAPOIL" n'a rien à voir avec le "Rat à Poil " de la Cie 15/57 du 7 ème Génie créé le 15 novembre 15.


Avec mon meilleur souvenir. Bien cordialement


Remi

:jap: :jap: :jap:


/


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bernard larquetou
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Re: Journaux de tranchées

Message par bernard larquetou »

Bonjour Rémi,

Merci pour ces précisions.

RATAPOIL était le nom du 129° RI, régiment d'active dont dépendait le 329° en tant que réserve.

Peut-être que l'ami François, spécialiste des régiments havrais, pourra nous en apprendre un peu plus.

Bien cordialement

Bernard.
cambraisis
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Re: Journaux de tranchées

Message par cambraisis »

Bonjour,
Un journal de tranchées édité: LE MOUCHOIR 1915-1918, par Joseph LESAGE, 144 pages.
Edité par Bernard GIOVANANGELI et vendu par VALMONDE, 3-5 Rue Saint-Georges à Paris 75009
au prix franco de port de 45 euros.

"avis aux mussipontains et lorrains"
cordialement
Cambraisis (040610)
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mireille sauer
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Re: Journaux de tranchées

Message par mireille sauer »

bonjour tout le monde,
Notre famille possède plusieurs exemplaires 1915 - 1918 de : "la Chéchia" journal des tranchées du 1er Régiment de Zouaves, ainsi que trois numéros spéciaux : programmes de représentations "théatrales" - je vais procéder à leur numérisation...
cordialement,
Mireille
http://1418sauer.fr
Nénette et Rintintin sont tous les deux mignons;ils dorment en ce moment, bien tranquillement au fond de ma poche, et je n’ose les déranger car ils doivent surement s’aimer comme deux fous. Henri 3RMZT 07/18
ACM
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Re: Journaux de tranchées

Message par ACM »

Bonsoir Jérôme,

J'ai entrepris d'établir cet index des titres de journaux du front, en utilisant un classement par unités, précisément parce que l'ouvrage d'André Charpentier en est dépourvu. Pour l'heure, n'y figurent cependant que les « feuilles » des seules unités de l'infanterie, entendue stricto sensu ; mais si le désir en est ici exprimé, je puis bien volontiers étendre l'exercice à d'autres armes... Et, avec la concours actif des uns et des autres, nous devrions être en mesure, sous le présent sujet, de parvenir à un inventaire de ces publications aussi complet qu'il se peut.

J'ai travaillé à partir de l'édition originale du Livre d’or des journaux du front, publiée en 1935. Mon exemplaire, dédicacé par André Charpentier à Gaston Picard, rédacteur en chef du Bulletin des Écrivains, provient de la bibliothèque de Pierre-Marcel Adéma, le biographe de Guillaume Apollinaire. S'y trouvent inclus quelques documents autographes de « directeurs » ou de collaborateurs de ces publications : lettre de Pierre Cabel (Jules Lafforgue), fondateur de l’Écho des Gourbis, à André Charpentier (14 juin 1920) ; lettre de Paul Reboux, fondateur de l'Écho des Tranchées ; lettres d'André Laphin, collaborateur de l'Horizon ; lettre du lieutenant A. Roux, collaborateur de Marmita... Ces pièces permettent d'éclairer d'un jour inédit la génèse et la vie de ces journaux.

Pour l'heure, je me bornerai à conférer la liste que tu as établie avec la mienne...

Bien amicalement,
Daniel.
Bonsoir,

Je note dans votre liste des journaux de tranchée "le canard du Pére Hilarion" devenu le "Canard des Poilus" organe de la 23e Cie du 346e RI.
Menant actuellement des recherches sur le bois le Prêtre, dont la maison forestière du Père Hilarion constitue l'un des secteurs, je serais inéterssé par toutes précisions sur cette publication si vous en disposez
Merci par avance
Cordialement

ACM
Rutilius
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Re: Journaux de tranchées

Message par Rutilius »


Bonsoir ACM,

Malheureusement, André Charpentier, dans un chapitre : « Divers », n’a consacré que les lignes qui suivent au Canard du Père Hilarion :

« ... ; le Canard du Père Hilarion, " organe des poilus qui y sont ", directeur : Mennevée, qui fut gravement blessé ; c’était le journal de la 23e compagnie du 346e R.I. ; à partir du n° 4, s’intitule Le Canard des Poilus, afin d’éviter toute indication de lieu, le Père Hilarion étant un secteur du front bien connu ; ... » (op. cit., p. 278).

Bien à vous,
Daniel.
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