J'ai travaillé un peu sur les camps de prisonniers sur le département de Saône-et-Loire, où l'on trouve 2 camps, que l'on nomme plutôt dépôts :
- Cuisery : on y faisait venir des prisonniers allemands et austro-hongrois des autres dépôts en vue de leur rapatriement en Allemagne par la Suisse, ou leur internement en Suisse. Au début, ça ressemblait à des mesures d'expulsion du territoire français (troubles de l'ordre public, espionnage supposé, sentiments anti-français). En 1918, c'était souvent à la demande des prisonniers, on pratiquait l'échange de prisonniers avec les français détenus en Allemagne. Ils restaient au minimum un mois au camp, le temps d'étudier leur dossier. Bien entendu, on se gardait bien d'expulser les hommes jeunes susceptibles de servir l'armée allemande. J'ai vu de nombreux cas de femmes nées en France, de parents également nés en France, n'ayant jamais quitté la France, et qui pourtant ont été rapatriées en Allemagne par la Suisse, n'y ayant pourtant jamais mis les pieds, sous prétexte qu'elles avaient épousé un allemand, elles étaient considérées comme étant de nationalité allemande. Les enfants des couples suivaient bien évidemment leurs parents, y compris dans les camps. Les personnes rapatriées en Allemagne par la Suisse étaient interdites de territoire français jusqu'à la fin des hostilités. La Suisse ayant fermé sa frontière au début de 1918 pendant plusieurs mois, les réclamations des prisonniers du camp de Cuisery étaient nombreuses.
- Blanzy : quelques alsaciens-lorrains sont passés par ce camp, notamment lorsqu'ils avaient obtenu la carte tricolore et par la même la résidence libre. On y trouve aussi beaucoup de prisonniers plutôt francophiles, venus pour travailler, notamment à la construction du sanatorium de la Guiche et qui rentraient au camp pour la nuit. Il semble que peu de problèmes sont apparus dans ce dépôt.
Globalement, je n'ai pas lu de choses trop horribles pour ces 2 camps, en comparaison à mes lectures concernant les camps de prisonniers en Allemagne. En tout cas, jamais de réclamations concernant l'alimentation, contrairement aux camps en Allemagne où cet argument est sans cesse évoqué. Bien entendu, il y avait sans doute d'autres camps plus rigoureux et répressifs en France. D'autre part, la plupart des prisonniers ayant fréquenté ces 2 dépôts étaient déjà en France au moment de la déclaration de la guerre, ce sont des civils essentiellement, que l'on avait souhaité éloigner le plus possible des zones de combats, il y aurait donc lieu de comparer plutôt avec un camp de prisonniers civils, comme le camp d'Holzminden en Allemagne :
http://holzminden.free.fr
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Fred HIERNAUX