Bonjour,
Pierre-Alexis Muenier évoque la crue lors de son trajet vers Verdun dans la nuit du 23 février 1916 dans son livre "L'angoisse de Verdun; notes d'un conducteur d'auto sanitaire", Hachette 1918 :
Le livre est en ligne :
http://www.ourstory.info/library/2-ww1/ ... 1.html#ch2
Extrait :
« Puis, c'est Belleray. La rue d'un hameau désert, endormi, plein de fantassins, à en juger par les sentinelles qui montent la garde çà et là. Nous atteignons l'entrée d'un pont singulièrement étroit, mais qui, en revanche, paraît long, démesurément long.
Et la Meuse, entr'aperçue tout à l'heure, ou plutôt devinée, s'étale devant nous, puis sous nos roues. Elle s'étale, vaste comme un lac ou comme un estuaire, large de huit cents mètres au moins, énorme, majestueuse, --- et, surtout, menaçante. Devant nous, à l'Est, au terme de la masse des eaux, se dresse une muraille de collines qui bouche toute vue, masse bleuâtre et sombre encore qu'ensevelie sous la neige, parce qu'elle échappe à la vague lumière de la lune. On dirait un glacier vu à contre-jour. Ce sont les Hauts-de-Meuse.
Oui, bien menaçant et redoutable, ce fleuve démesuré et d'autant plus qu'il dépasse ici au moins dix fois sa largeur normale. En pleine crue, il s'écoule à travers des prairies malheureusement trop plates, où son irruption ne rencontre aucune barrière.
Le pont qui traverse le lit véritable de la Meuse est bientôt franchi. Ensuite, la nappe de l'inondation est, par bonheur, dominée de haut par une levée rectiligne que suit la route.
Donc, aucun risque ici que les communications soient coupées par les eaux entre l'une et l'autre rive, --- en temps normal.
Mais en guerre, au cours d'un mouvement de retraite, avec une telle inondation, je n'ose pas y penser !... »
Cordialement