Le problème de la réunion des ressources nécessaires aux Armées

chanteloube
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Re: Le problème de la réunion des ressources nécessaires aux Armées

Message par chanteloube »

Bonjour,
Vos propos sont frappés au coin du bon sens....Il faut cependant garder en mémoire que les Nations en Armes n'ont pas d'autre recours pour faire face que la "nationalisation" de la production. L'exemple le plus emblématique est celui des USA qui pendant la seconde guerre mondiale y a eu recours -et on ne peut pas avancer que l'Amérique soit un pays socialiste-....Elle en est sortie...........trés vite à la fin du conflit.
On devrait s'en souvenir, à mon sens, quand les crises nous atteignent. Il me semble que trés récemment les "banquiers américains" ont été confrontés au problème.
Pour vos soucis personnels la pratique des flux tendus a considérablement compliqué la situation.


cordialement CC
pierreth1
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Re: Le problème de la réunion des ressources nécessaires aux Armées

Message par pierreth1 »

Bonjour,
En abordant les divisions de 90 c’était juste un exemple des limites de la logistique, mais ces exercices n’avaient pas pour thème le centre Europe et il s’agissait de coalitions multinationales donc en l’occurrence la disparition du pacte de Varsovie était bien intégrée.
Dans les années 90 en Yougoslavie (au début) il n’y avait pas assez de casques et de gilets pare balle pour tout le monde ! Et les véhicules log n’avaient pas de protection contre les munitions de petits calibres (d’où quelques morts.) Quand au chauffage (-10 en Hiver !) dans les véhicules TBU de dépannage celui-ci consistait en un réchaud à pétrole posé entre le conducteur et le chef de bord et tenu par celui-ci ainsi que par des couvertures sous la bâche de toit. Tout cela coutait trop cher...

Pour en revenir à 1914 Quelques chiffres les chemins de fer allemands c’est 350 000 travailleurs dont une grande partie mobilisable mais maintenus dans leurs emplois. Et l’augmentation du nombre de machines à vapeur 6000 implique (rien que pour la conduite) 12000 personnels de plus qui plus est qualifiés pour 6000 d’entre eux donc à potentiel de sous officier. 6000 machines de plus c’est « à la louche » 50 000 T de charbon de plus si elle ne roule qu’une fois par mois ! Ce charbon ne peut pas être pris sur l’industrie à moins de baisser le rendement (or ses besoins augmentent considérablement), la seule solution est de le prendre sur la « dotation » chauffage civil mais cela diminue la résistance physique des travailleurs déjà rationnés. (Sur ce plan là les mémoires de Goebbels sont intéressante en 1940 à plusieurs reprises il fait part des difficultés d’approvisionnement en charbon de chauffage de Berlin ce qui pose des problèmes au gauleiter qu’il est). Bien entendu on peut augmenter le rendement des mines en augmentant le nombre de travailleurs (et les heures de travail mais ce n’est pas extensible à l’infini) mais au détriment des effectifs militaires. (Je fais l’impasse sur les mines du nord occupées par les allemands) et qui dit plus de production dit plus de moyens de transport, plus de manutention donc plus de bras et moins de soldats, comme les mineurs et les manutentionnaires sont des travailleurs dits de force plus grande ration alimentaire ou sinon baisse de rendement.. etc. On peut diminuer à l'extrème les rations des civils mais les juenes civils sont les futurs soldats et donc on augmente le nombre d'inaptes et diminue la ressource humaine de soldats..

Les nations en guerre devaient donc en permanence trouver des réponses à ces problèmes d’où une intervention de l’état seule solution pour résoudre ceux-ci et surtout faire des choix et des (mots à la mode) arbitrages. Intervention démocratique (« limite » sur le plan démocratique malgré tout) dans les pays de l’entente, dictatoriale militaire en Allemagne (tandem Hindenburg/ Ludendorff)

France et Allemagne ont été en permanence confrontées aux problèmes d’effectifs et en même temps à la nécessité absolue de continuer à produire pour alimenter le front.

Sur ce plan l’Entente était favorisée car elle bénéficiait de ses colonies (viande de Madagascar du Sénégal, coton, laine des Do miniums etc. L’aide US avant leur entrée en guerre est importante, même si ce n’est pas encore « l’arsenal des démocraties » et même si son complexe militaro industriel est encore faible (la France fournira aux tommies chars, canons de 75 avions.) Les importations françaises passent de 848 Millions de francs en 1913 à 6776 Millions en 1916 (avant l’entrée en guerre) L’entente peut emprunter de l’ordre de 2,3 milliards de dollars (contre 26 millions pour l’ennemi) au début du conflit et au total plus de 10 milliards (jusqu’en 1920) ce qui permet d’acheter nourriture matières premières ; matériel de guerre et libère autant de bras. Et puissance navale instauratrice du blocus naval pouvait se servir dans le monde entier y compris en achetant les productions antérieurement destinées aux empires centraux.
Des états d’Amérique latine Argentine, Brésil, ( et même l'Inde et la Chine) décollent économiquement grâce à leurs ventes de vivres et matières premières.
Nos colonies outre l’apport de soldats nous ont fourni une masse de main d’œuvre non qualifiée qui a libéré autant de soldats.
La nécessité de produire et de faire vivre la nation explique pour une large part le nombre important d’embusqués certain peinards mais dont une très grande part était nécessaire à la vie de la nation.

Les empires centraux étaient eux très défavorisés et n’avaient pas les moyens de gagner une guerre longue statique, Très vite ils manquèrent de vivres et les importations de Hollande Danemark et Suède restaient marginales (bien que pour vendre notamment du lait la Suède ait instauré un rationnement de sa propre population !) les productions des pays occupés même pressurés ne suffisaient pas car il fallait aussi les nourrir (même un esclave doit manger) et les déportations de travailleurs (préfigurant en cela le STO) ne suffisaient pas à compenser les besoins en effectif du front.
L’Allemagne manquait cruellement de matières premières y compris de métaux d’où l’épisode très très mal vécu en Alsace (population encore très croyante à l’époque) de la récupération des cloches des temples et églises pour être fondue ! Pour certaines matières premières rares ils en arrivent à concevoir des cargos sous marins pour forcer le blocus et se ravitailler aux USA (avant leur entrée en guerre) en métaux rares etc.
Le rôle des USA « neutres » est pris en compte par les allemands d’où les sabotages du 1er février 1915 de la fonderie Roebling à Trenton (New Jersey) de l’explosion le 30 juillet 1916 du dépôt de munitions de Black Town Island à Jersey City 7 morts, 20 millions de dollars de l’époque et une déflagration qui détruit des vitres à une 30 de Kms de distance. Et de la destruction de la fabrique d’obus Canadian Car and Foundry du comté de Bergen Qui détruit 300 000 obus de 76 destinés à la Russie le 11 janvier 1917

A partir du moment où les empires centraux en arrivaient à de telles extrémités ils avaient perdu la guerre malgré une supériorité tactique évidente des allemands (sauf colossales bévues des alliés) Et lors des offensives de 1918 quand bien même ils auraient pu percer le front plus profondément ils n’auraient pas pu gagner car ils ne possédaient pas les moyens logistiques pour continuer à alimenter la bataille. Ni d’ailleurs les effectifs suffisant.
Les allemands ont raté le coche du char de combat, mais il y a fort à parier qu’à l’époque ils n’auraient pas eu les moyens de produire en plus des autres productions de guerre, l’équivalent de 3800 chars Renault et leur fournir les 30 litres d’essence au 100 kms dont ils avaient besoin et la logistique humaine et matériel pour la maintenance ; car les allemands ont étés au maximum de leurs possibilités( a moins que de mettre à la casse leur flotte et récupérer le métal, mais c’était courir le risque de mettre les cotes d’Allemagne à portée de canon des alliés et donc la nécessité de transférer des avions en défense côtière et/ou augmenter l’artillerie de défense côtière (cercle vicieux). Au total les alliés produisent plus de 6600 chars et à la fin du conflit 500 sortent chaque mois ce qui comble aisément les pertes.

Sans négliger en rien les souffrances, l’abnégation et le courage des combattants la défaite allemande du fait de l’impossibilité de l’empire à pourvoir aux besoins de sa population et de ses combattants était inéluctable le conflit s’éternisant.

Un ouvrage intéressant à lire sur ce sujet est: "la guerre totale" de Ludendorff écrit au début des années 20 il préfigure la deuxième guerre mondiale et tire les leçons de la première.

Cordialement
Pierre
pierre
pierreth1
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Inscription : sam. déc. 30, 2006 1:00 am

Re: Le problème de la réunion des ressources nécessaires aux Armées

Message par pierreth1 »

Bonjour,
En abordant les divisions de 90 c’était juste un exemple des limites de la logistique, mais ces exercices n’avaient pas pour thème le centre Europe et il s’agissait de coalitions multinationales donc en l’occurrence la disparition du pacte de Varsovie était bien intégrée.
Dans les années 90 en Yougoslavie (au début) il n’y avait pas assez de casques et de gilets pare balle pour tout le monde ! Et les véhicules log n’avaient pas de protection contre les munitions de petits calibres (d’où quelques morts.) Quand au chauffage (-10 en Hiver !) dans les véhicules TBU de dépannage celui-ci consistait en un réchaud à pétrole posé entre le conducteur et le chef de bord et tenu par celui-ci ainsi que par des couvertures sous la bâche de toit. Tout cela coutait trop cher...

Pour en revenir à 1914 Quelques chiffres les chemins de fer allemands c’est 350 000 travailleurs dont une grande partie mobilisable mais maintenus dans leurs emplois. Et l’augmentation du nombre de machines à vapeur 6000 implique (rien que pour la conduite) 12000 personnels de plus qui plus est qualifiés pour 6000 d’entre eux donc à potentiel de sous officier. 6000 machines de plus c’est « à la louche » 50 000 T de charbon de plus si elle ne roule qu’une fois par mois ! Ce charbon ne peut pas être pris sur l’industrie à moins de baisser le rendement (or ses besoins augmentent considérablement), la seule solution est de le prendre sur la « dotation » chauffage civil mais cela diminue la résistance physique des travailleurs déjà rationnés. (Sur ce plan là les mémoires de Goebbels sont intéressante en 1940 à plusieurs reprises il fait part des difficultés d’approvisionnement en charbon de chauffage de Berlin ce qui pose des problèmes au gauleiter qu’il est). Bien entendu on peut augmenter le rendement des mines en augmentant le nombre de travailleurs (et les heures de travail mais ce n’est pas extensible à l’infini) mais au détriment des effectifs militaires. (Je fais l’impasse sur les mines du nord occupées par les allemands) et qui dit plus de production dit plus de moyens de transport, plus de manutention donc plus de bras et moins de soldats, comme les mineurs et les manutentionnaires sont des travailleurs dits de force plus grande ration alimentaire ou sinon baisse de rendement.. etc. On peut diminuer à l'extrème les rations des civils mais les juenes civils sont les futurs soldats et donc on augmente le nombre d'inaptes et diminue la ressource humaine de soldats..

Les nations en guerre devaient donc en permanence trouver des réponses à ces problèmes d’où une intervention de l’état seule solution pour résoudre ceux-ci et surtout faire des choix et des (mots à la mode) arbitrages. Intervention démocratique (« limite » sur le plan démocratique malgré tout) dans les pays de l’entente, dictatoriale militaire en Allemagne (tandem Hindenburg/ Ludendorff)

France et Allemagne ont été en permanence confrontées aux problèmes d’effectifs et en même temps à la nécessité absolue de continuer à produire pour alimenter le front.

Sur ce plan l’Entente était favorisée car elle bénéficiait de ses colonies (viande de Madagascar du Sénégal, coton, laine des Do miniums etc. L’aide US avant leur entrée en guerre est importante, même si ce n’est pas encore « l’arsenal des démocraties » et même si son complexe militaro industriel est encore faible (la France fournira aux tommies chars, canons de 75 avions.) Les importations françaises passent de 848 Millions de francs en 1913 à 6776 Millions en 1916 (avant l’entrée en guerre) L’entente peut emprunter de l’ordre de 2,3 milliards de dollars (contre 26 millions pour l’ennemi) au début du conflit et au total plus de 10 milliards (jusqu’en 1920) ce qui permet d’acheter nourriture matières premières ; matériel de guerre et libère autant de bras. Et puissance navale instauratrice du blocus naval pouvait se servir dans le monde entier y compris en achetant les productions antérieurement destinées aux empires centraux.
Des états d’Amérique latine Argentine, Brésil, ( et même l'Inde et la Chine) décollent économiquement grâce à leurs ventes de vivres et matières premières.
Nos colonies outre l’apport de soldats nous ont fourni une masse de main d’œuvre non qualifiée qui a libéré autant de soldats.
La nécessité de produire et de faire vivre la nation explique pour une large part le nombre important d’embusqués certain peinards mais dont une très grande part était nécessaire à la vie de la nation.

Les empires centraux étaient eux très défavorisés et n’avaient pas les moyens de gagner une guerre longue statique, Très vite ils manquèrent de vivres et les importations de Hollande Danemark et Suède restaient marginales (bien que pour vendre notamment du lait la Suède ait instauré un rationnement de sa propre population !) les productions des pays occupés même pressurés ne suffisaient pas car il fallait aussi les nourrir (même un esclave doit manger) et les déportations de travailleurs (préfigurant en cela le STO) ne suffisaient pas à compenser les besoins en effectif du front.
L’Allemagne manquait cruellement de matières premières y compris de métaux d’où l’épisode très très mal vécu en Alsace (population encore très croyante à l’époque) de la récupération des cloches des temples et églises pour être fondue ! Pour certaines matières premières rares ils en arrivent à concevoir des cargos sous marins pour forcer le blocus et se ravitailler aux USA (avant leur entrée en guerre) en métaux rares etc.
Le rôle des USA « neutres » est pris en compte par les allemands d’où les sabotages du 1er février 1915 de la fonderie Roebling à Trenton (New Jersey) de l’explosion le 30 juillet 1916 du dépôt de munitions de Black Town Island à Jersey City 7 morts, 20 millions de dollars de l’époque et une déflagration qui détruit des vitres à une 30 de Kms de distance. Et de la destruction de la fabrique d’obus Canadian Car and Foundry du comté de Bergen Qui détruit 300 000 obus de 76 destinés à la Russie le 11 janvier 1917

A partir du moment où les empires centraux en arrivaient à de telles extrémités ils avaient perdu la guerre malgré une supériorité tactique évidente des allemands (sauf colossales bévues des alliés) Et lors des offensives de 1918 quand bien même ils auraient pu percer le front plus profondément ils n’auraient pas pu gagner car ils ne possédaient pas les moyens logistiques pour continuer à alimenter la bataille. Ni d’ailleurs les effectifs suffisant.
Les allemands ont raté le coche du char de combat, mais il y a fort à parier qu’à l’époque ils n’auraient pas eu les moyens de produire en plus des autres productions de guerre, l’équivalent de 3800 chars Renault et leur fournir les 30 litres d’essence au 100 kms dont ils avaient besoin et la logistique humaine et matériel pour la maintenance ; car les allemands ont étés au maximum de leurs possibilités( a moins que de mettre à la casse leur flotte et récupérer le métal, mais c’était courir le risque de mettre les cotes d’Allemagne à portée de canon des alliés et donc la nécessité de transférer des avions en défense côtière et/ou augmenter l’artillerie de défense côtière (cercle vicieux). Au total les alliés produisent plus de 6600 chars et à la fin du conflit 500 sortent chaque mois ce qui comble aisément les pertes.

Sans négliger en rien les souffrances, l’abnégation et le courage des combattants la défaite allemande du fait de l’impossibilité de l’empire à pourvoir aux besoins de sa population et de ses combattants était inéluctable le conflit s’éternisant.

Un ouvrage intéressant à lire sur ce sujet est: "la guerre totale" de Ludendorff écrit au début des années 20 il préfigure la deuxième guerre mondiale et tire les leçons de la première.

Cordialement
Pierre
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