Au Quartier général le 14 octobre 1917
Le Général de Division Franchet d’Esperey, commandant le groupe d’armées du Nord au Général commandant en chef.
Par votre lettre 14. 033 du 12 octobre, vous me faites connaître que “les effectifs des corps coloniaux ne permettent pas de renvoyer hiverner 55 gradés ou soldats par compagnie sénégalaise à former sur le type proposé par le Général Mazillier.”
Il y aurait en effet de graves inconvénients à renvoyer dans le midi, sans dispositions spéciales, les cadres européens de Bataillons sénégalais.
Un certain nombre de Blancs des Bataillons sénégalais ont seulement 4 ou 5 mois de présence au front. Leur renvoi à l’arrière produit un très mauvais effet sur leurs camarades des Bataillons blancs qui comptent 37 mois de campagne active et je crois qu’il faut tenir compte de cet état d’esprit à l’heure où un certain découragement semble se manifester dans les troupes coloniales.
D’autre part, et c’est l’avis de plusieurs officiers généraux du 1er C.A.C. que j’ai vus hier, il semble bien que les cadres blancs des Bataillons sénégalais, attirés par la perspective de passer l’hiver sur la côte d’Azur, n’emploient pas toute leur énergie à soutenir le moral de leurs hommes, de façon à permettre leur utilisation aussi longtemps que possible à proximité du front. Cette tendance, si on ne réagissait pas, pourrait être de nature à provoquer un renvoi prématuré des Bataillons sénégalais dans le Midi, et à priver les armées des services qu’ils peuvent rendre pendant quelque temps encore, comme travailleurs.
En tout état de cause, le moral des cadres officiers est peu élevé. Sur tous les officiers des trois Bataillons sénégalais d’une division, un seul s’est présenté comme volontaire pour rester au front.
Dans ces conditions, j’estime qu’il y a lieu de modifier, avant leur départ, l’encadrement du Bataillon sénégalais, tout en prenant les précautions que comporte la mentalité spéciale des troupes indigènes.
Je vous propose en conséquence les mesures suivantes :
I) Ne toucher qu’avec une extrême réserve aux chefs de Bataillon, et surtout aux bons capitaines qui, pour les noirs, incarnent l’autorité, la famille, la patrie.
II) Prononcer de nombreuses mutations dans les cadres subalternes en réduisant ceux-ci à deux chefs de section, deux comptables et quatre sergents par compagnie, pris parmi les gradés fatigués des Bataillons blancs, susceptibles, par leur connaissance des troupes sénégalaises, d’assurer un très bon encadrement.
Pour l’hiver, compléter les cadres par des gradés inaptes à faire campagne.
III) Conserver, en les versant aux C.I.D., les officiers et sous-officiers retirés des Bataillons sénégalais, ainsi que tous les caporaux et soldats blancs, à l’exception des chefs de pièces et des tireurs des compagnies de mitrailleuses nécessaires pour l’instruction.
IV) Compléter, à la date du 1er mars 1918, les cadres blancs des Unités sénégalaises conformément aux propositions du Général Mazillier, de manière à réaliser l’amalgame de ces éléments pour le 15 avril, époque à laquelle le retour au front de ces unités peut être envisagé.
Signé : Franchet d’Esperey.
Entre les lignes...
- vincent le calvez
- Messages : 1335
- Inscription : mer. nov. 10, 2004 1:00 am
Re: Entre les lignes...
Bonjour et merci Alain pour cette perle !!
Bien à toi
Vincent
Bien à toi
Vincent
Site Internet : Adolphe Orange du 28e RI http://vlecalvez.free.fr
En ce moment : le 28e RI à Sissonne en octobre 1918 http://vlecalvez.free.fr/nouveaute.html
En ce moment : le 28e RI à Sissonne en octobre 1918 http://vlecalvez.free.fr/nouveaute.html
Re: Entre les lignes...
Bonjour,
Et merci pour ce texte, qui m'intéresse particulièrement, puisqu'il concerne les coloniaux, et évoque le général Mazillier, notamment défenseur de Reims en l'été 1918 (voir Musée de la Pompelle...).
De même, celui-ci:
pages1418/forum-pages-histoire/Generali ... htm#t80353
m'intéressait beaucoup.
Malheureusement, je n'en vois pas la source /cote... Vous seriez bien aimable de la préciser, svp.
Bien à vous,
[:achache:1]
Et merci pour ce texte, qui m'intéresse particulièrement, puisqu'il concerne les coloniaux, et évoque le général Mazillier, notamment défenseur de Reims en l'été 1918 (voir Musée de la Pompelle...).
De même, celui-ci:
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m'intéressait beaucoup.
Malheureusement, je n'en vois pas la source /cote... Vous seriez bien aimable de la préciser, svp.

Bien à vous,
[:achache:1]
Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
Un funèbre charnier, hanté par des fantômes.
M. BOIGEY/LAMBERT, La Forêt d'Argonne, 1915
- drachenhohle
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- Inscription : dim. juin 27, 2010 2:00 am
Re: Entre les lignes...
Mon cher Vincent. Comment vas-tu ? Merci pour ce message d’encouragement. Et merci aussi pour la CP de la côte. Je vais t’envoyer quelques photos prises là haut. Nous avions pensé, Stéphan et moi, faire une sortie au CDD en ta compagnie. As-tu des vacances en fin d’année ? Bien amicalement. Alain
Bonjour Achache. Le texte de la semaine dernière est conservé sous la côte 19N909. Cordialement.
Bonjour Achache. Le texte de la semaine dernière est conservé sous la côte 19N909. Cordialement.