Bonjour,
Non je peux affirmer qu'il n'y a pas de confusion de ma part, la morphine (et son injection) est connue à l'epoque:
la morphine aurait été découverte en 1804 ou 1806 par Charles Seguin, pharmacien des armées de Napoléon. comme il n'a pas publié toutes ses recherches il a été doublé par Sertürner.
C’est la raison pourlaquelle de nos jours on attribue la découverte de la morphine à Friedrich Wilhelm Adam Sertürner (1783- 1841). Il solubilisa l’opium dans de l’acide, puis neutralisa la solution obtenue par de l’ammoniaque pour obtenir un précipité qu’il purifia encore (Sertürner, 1805).
A partir de 1817 on est conscient de l'interet de ce produit; Sertürner nomme ce produit Morphium du dieu grec Morphée (1817).
Quelques années plus tard, le chimiste français Louis Joseph Gay-Lussac (1778-1850) transforma le nom de la substance isolée en Morphinum, dont dérive directement le nom actuel de morphine.
En 1827, la compagnie allemande E. Merck débute sa fabrication industrielle elle est vendue sous forme liquide ou en pillules.
Mais l’utilisation de la morphine ne devient réellement possible qu’avec l’invention de la seringue hypodermique en 1853 qui permet d’injecter ce produit en sous-cutané à l’aide d’une aiguille (c’est toujours la voie actuelle pour les doses de morphines attribuees aux combattants dans leur trousse individuelle). Le médecin ecossais Wood (inventeur avec le français Parvaz de seringues avec aiguilles) injecte d ela morphine à sa femme qui soufrrait d ecoliques néphrétiques, ce sera la premieremorphinomane suite à des injections
La première utilisation massive de la morphine eut lieu sur les champs de bataille (chirurgie de guerre) pendant la guerre de Sécession aux Etats-Unis entre 1861 et 1865 (on estime que 45 000 soldats morphinomanes retournent chez eux) .
Elle a aussi été utilisée durant la guerre franco-prussienne de 1870 pour le traitement des blessés : on utilisait des doses massives pour effectuer des amputations, et on ignorait alors la la dépendance. Des cas de morphinomanie furent d’abord signalés en Allemagne, puis un peu partout en France dès 1880
La vogue de la morphine se répandit surtout dans les milieux mondains de l’Europe et des Etats-Unis
Alphonse Daudet souffrant de syphilis mal qui devait l'emporter) etait traite avec des piqures de morphines (2 par jour et du chloral pour dormir) il decrit parfaitement cela dans son livre "la doulou" Alphonse Daudet est mort en 1897
la diacétyl-morphine obtenue par réaction de la morphine avec l’anhydride acétique. Elle est synthetisée pour la première fois à Londres en 1874. En 1898, la firme pharmaceutique allemande Bayer, la commercialise notamment pour le traitement de la toux et des douleurs. Ce produit est tellement efficace pour calmer les douleurs des grands tuberculeux incurables qu’on le considère comme « heroisch » d’où son nom d’héroïne (en 1900 il y a 500 000 heroinomanes aux USA!!!). ON donnait de l'héroine aux blesses de 1870 addict à la morphine.
Concernant la toxicomanie à la morphine à la fin du XIX siecle:
Lire "les possédés de la morphine" de maurice Talmeyr publie en 1892 ! il y est écrit : "Une petite fiole, une aiguille, et toutes ses tortures disparaissent. Une piqûre, et elle voit peut-être, dans une extase, son mari à côté d'elle, revenu dans la maison, lui parlant, lui souriant, lui prenant les mains, bon, tendre, fidèle"…..
on peut lire cet ouvrage sur le site Gallica :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62841g.pdf
Lire aussi « la morphinée » de jean jacque Isorel vous pouvez lire son analyse sur le site:
http://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018 ... _56_1_1851
vous pouvez aussi lire: Les morphinomanes et leur seringue au XIX ième siècle – Zoé DUBUS sur le site:
http://jjctelemme.hypotheses.org/1081
Dans le livre: "Morphine", éditions Dentu, 1891, Jean-Louis Dubut de Laforest livre interessant car il traite de la dependance (dans la bonne societe) de personnages classiques, grands bourgeois, officiers, danseuses etc. il y est aussi fait pour la premiere fois à une intraveineuse d emorphine, il y est traite du trafic (pharmaciens complices, prteparateurs d epharmacie volant des doses pour els revendre, manque etc.
Lire aussi du docteur Ernest Chambard: les morphinomanes Rueff & cie Paris 1890 on peut lire cet ouvrage sur gallica:
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76751p/f1.image
voir aussi la peinture: La morphine, par Georges Moreau de Tours, 1886 exposée au salon de 1886 et la chromolithographie "La morphinomane", d'Eugène Grasset,1897 qui représente une jeune femme en deshabillé se faisant une injection en sous cutanée sur la face antérieure de sa cuisse gauche.
L'Angleterre exportait 132 tonnes de morphine vers la Chine en 1909 alors que l'estimation usuelle des besoins médicaux en 1930 etait de l'ordre de 10 tonnes et que l'on consommait en 1998 16 tonnes par ans (dans le cadre médical!)
Dans le livre "du front à l'asile" de stephane Tison Herve Guillemain (Alma éditeur 2013) il est écrit "d'autres tiendront par la consommation de drogues. les morphinomanes sont nombreux dans la troupe comme l'indiquent les médecins appelés à prendre les soldats en manque"
Autrement dit en 1914 cela fait déjà quelques décennies que la toxicomanie à la morphine, à l’heroine et a la cocaine a touche nos sociétés.
Par ailleurs produire de la morphine ou de l'héroine est très facile pour qui a la matière première l'opium ainsi que quelques notions rudimentaires de chimie, et les procédés ne sont pas très onéreux, aussi en 1900 produire de la morphine ne présente aucun obstacle insurmontable, je me garderait de décrire la méthode histoire d ene pas donner d'idées, mais le plus dur est de se procurer l'opium ce qui n'est pas un problème à l'époque
Et je confirme que l'on peut trouver des seringues plaquées or ou argent pour morphinomanes de la haute société, on en voit parfois chez des brocanteurs qui ne sachant pas ce que c'est les vendent à des prix assez faibles, et on peut encore parfois chiner de splendides nécessaires à injection "mondaine" dans de superbes boites de la fin du XIXème debut du XX ème siecle (le docteur Ernest Chambard en parle dans son ouvrage de 1890)
Par ailleurs la morphine est absorbable bien entendu par voie veineuse, sous cutanee, mais aussi cutanee, rectale (suppositoires) digestive, muqueuse autrement dit il y a 1000 et 1 manieres de se "droguer" si l'envie nous en prend.
Concernant l'opium, L'armée des indes fournissait de l'opium à ses troupes pour éviter les syndromes de manque de ses soldats dépendants ainsi en 1914, le directeur des approvisionnements du corps expéditionnaire britannique fut informé qu'il devait fournir une ration journalière de drogue (surnommée par euphémisme «mélasse indienne») à 6 000 sikhs nouvellement débarqués en France
Toujours, concernant l'opium lire l'enquete du "Petit Journal" du 5 juillet 1903, voir aussi l'affaire Ullmo enseigne de vaisseau opiomane qui met sa trahison sur sa toxicomanie à l'opium ce qui conduit à la premiere loi restreignnat l'opium en métropole en 1908. En 1914 d'apres certains il y aurait de l'ordre de 1000 fumeries d'opium plus ou moins clandestines à Paris!
concernant la cocaine, il suffit de lire Conan Doyle , Sherlock Holmes, le plus célèbre détective consultant en littérature, utilisait occasionnellement de la cocaïne et de la morphine pour échapper à la «routine terne de l'existence». Ce n'était pas inhabituel à l'époque victorienne car la vente d'opium, de laudanum, de cocaïne et de morphine etait légale; et dans le signe des quatre il est écrit: "Sherlock Holmes a pris sa bouteille du coin de la cheminée et sa seringue hypodermique" Par ailleurs, dans les années 1880, le célèbre neurologue et ancien chirurgien-général William A. Hammond affirmait que les habitudes de consommation de la cocaïne n'étaient pas différentes de celles du thé ou du café . En 1900, les Américains pouvaient entrer dans n'importe quelle pharmacie et acheter un gramme de cocaïne pure pour 25 cents. La cocaïne était l'un des cinq produits pharmaceutiques les plus vendus aux USA cette année-là.
Les fans de cocaïne se l'injectaient et la fumaient (il existait des cigares à la cocaine).
Beaucoup de grands esprits de l'époque étaient des inconditionnels du "Vin Mariani", un médicament breveté composé de vin de Bordeaux et de feuilles de coca. Une once liquide de la concoction contenait six milligrammes de cocaïne, et il est vite devenu un remède populaire pour quiconque avait besoin d'un coup de pouce. Certains des plus grands noms de l'époque ont acheté ces produits, y compris Thomas Edison, Jules Verne et à la Maison Blanche McKinley. le vin Mariani (du nom de son créateur un corse nommé Angelo mariani 1838/1914) sera célébré par le pape Léon XIII (qui lui décerne un emédaille. ce "vin" inventé en 1877 serait à l'origine du Coca cola: en 1885, John Pemberton pharmacien à Atlanta , s'inspire du vin Mariani y ajoute des noix de kola, créant le "French Wine Coca13", ancêtre du Coca-Cola à cause de la prohibition de 1886 dans l'État de Géorgie il remplace l'alcool par du soda et le coca cola est né la cocaine en disparait en 1906.
Sur le plan médical le docteur August BIER a été le premier en 1898 a faire des injections de cocaine pour faire des blocs rachidiens dans le cadre d'opérations chirurgicales en 1884 on faisait deja des blocs alveolaires avec d ela cocaine à 4% pour arracher de sdents autrement dit on avait déja des aiguilles assez fine pour cela.
En 1900 Le catalogue de la compagnie Sears-Roebuck offre, pour 1,50$, un kit de cocaïne de Parke-Davis avec sa propre seringue hypodermique. on peut voir une photo du kit sur le site:
http://cocaine.org/parkedavis-works.htm A noter que Parke-davis est actuellement une branche du laboratoire Pfizer!
Il y eut durant la guerre une "panique de la cocaine " à Folkestone: La panique s'ensuivit principalement à cause des soldats canadiens stationnés temporairement en attente d'être déployés sur le front occidental. (En 1914-1915, entre 200 000 et 250 000 Canadiens sont passés par Londre)s. En janvier 1916, un major canadien basé près de Folkestone, dans le Kent, découvrit la source de l'approvisionnement en cocaïne de ses unités. Il fit ce que l'on appelle aujourd'hui une «opération d'infiltration» en achetant un paquet de cocaïne à un homme nommé Horace Dennis Kingsley et à une prostituée londonienne appelée Rose Edwards. Tous deux admirent avoir obtenu la drogue dans un pub du West End auprès d'un homme qui fournissait les femmes de petite vertu locales. Kingsley et Edwards ont été condamnés à six mois de travaux forcés pour avoir «vendu de la poudre à des membres des forces armées britanniques, dans l'intention de les rendre moins aptes à remplir leurs fonctions.» On découvrit alors qu'une quarantaine d'hommes dans le camp avait développé une dépendance à la drogue.
Au Royaume Uni la législation en vigueur empêchait les autorités d'interdire le commerce, et les vendeurs ne pouvaient être empêchés de vendre des drogues dangereuses à des soldats au motif qu'ils le faisaient sans tenir des registres appropriés pour la vente de poisons. Harrods fut condamné à une amende de 5 livres sterling pour cette infraction en février 1916. Comme le nota l'accusation, «c'était une chose extrêmement dangereuse qu'une drogue comme la morphine soit entre les mains d'hommes en service actif qui ne connaissaient rien à la médecine. Il pourrait avoir pour effet de les faire dormir en service ou d'autres résultats très graves (in The Times, 5 février 1916)
Le 11 mai 1916, l'Army Council promulga le règlement 40B, qui interdisait la vente de cocaïne, d'opium, de chanvre indien (cannabis) et d'autres drogues psychoactives aux troupes sans ordonnance (The London Gazette, 12th May 1916, p. 4697). Le même jour, cependant, un procès dans lequel un mr.Johnson, connu pour fournir de la cocaïne à des soldats via des prostituées était poursuivi tourna court car , ne pouvait pas être condamné en vertu de la législation existante un fait fortement condamné par le président du tribunal.( The Times, 12 mai 1916)
Concernant l'héroine, dans le "American Journal of the Medical Sciences" de 1900 on pouvait lire: "Hypodermatic injection of heroine hydrochloride cause no bad local effects if the usual precautions are observed. Injections were painless" autrement dit: L'injection hypodermique de chlorhydrate d'héroïne ne provoque pas de mauvais effets locaux si les précautions habituelles sont observées. Les injections sont indolores
Pour lutter contre la toxicomanie fut publié aux USA en 1914 le Harrison narcotic act
Je pense que l'on ne s'imagine pas de nos jours combien il était facile d'être "toxicomane" à cette époque (d'autant plus qu'à la fin du XIX ème siecle, la morphine coutait moins cher que l'alcool, ce qui n'est pas le cas actuellement des drogues dites "dures").
Dans le "bulletin des stupefiants" édité par l'UNODC (en francais Office des Nations Unies Contre la drogue et le Crime) volume LIX n°1&2 de 2007 Intitulé un siècle de lutte contre la drogue, il est écrit: "la première guerre mondiale se traduit par une hausse rapide du taux d'utilisation des drogues dans plusieurs pays et parmi les troupes alliées en france en 1915.... Dans de nombreux pays des médecins et des pharmaciens peu scrupuleux dispensaient impunément des quantités croissantes de substances engendrant la dépendance et le stransporteurs opéraient encore en l'absence l'absence de restrictions sur les importations et les exportations".
En 1867 le Pérou exportait 7 tonnes de feuilles de coca, en 1905 1490 tonnes! a cela s'ajoutait Java qui passait de 26 tonnes en 1904 à 1353 en 1914! ( à noter malgré tout que la production de Java permet aussi de compenser une baisse des exportations d'Amerique du sud) On parle d'épidémie de cocaïne aux USA au debut du siècle.
ceci étant Tout le monde n'etait pas toxicomane, loin de là d'autant plus qu'il y avait aussi l'alcool......la féé verte en France (qui s'oppose à la "fée grise" ainsi qu'est appelée la morphine à cette époque)
Voir aussi la convention internationale de l'opium de la Haye en 1912 (qui ne traite pas seulement de l'opium mais aussi de la cocaine, de la morphine et de l'heroine)
dès avant le conflit l'Italie essayait d'obtenir des restrictions sur le cannabis qui lui posait des problèmes dans ses colonies africaines (là rien de nouveau sous le soleil)
Déja à cette époque, pendant la convention l'Allemagne faisait par de ses réticences du fait que pour la cocaine Bolivie et Perou n'etaient pas representés à cette conférence, qu'en ce qui concerne l'opium Serbie avec les états balkaniques et la Turquie etaient absents, de même que la Suisse pour ses activités pharmaceutiques (autrement dit rien là aussi de nouveau sous le soleil) L'article 295 du traite de Versailles fait référence à la convention sur l'opium du 23 janvier de la Haye
A noter mais est ce un hasard que l'on commence a mettre des regles au commerce de la morphine de l'heroine alors que Bayer vient de sortir un antalgique "miracle" l'aspirine??? celui ci remplaçant efficacement opium et morphine pour les douleurs "légères"
Cordialement
Pierre
Cordialement,
Pierre