Bonjour à tous
Ce post pourrait figurer dans d'autres rubriques, mais je préfère autant que le maximum de personnes le lise.
Comme le dit le titre, j'ai une colle entre emploi et affectation, je m'explique : le caporal dont la fiche suit est mort de ses blessures et déclaré affecté à la 15° S.I.M. Bien, jusque-là, rien d'anormal.
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... 3185944694
Le soucis, c'est le suivant : ce matin j'ai rencontré presque inopinément le mari de la nièce de ce caporal. Ce monsieur d'un certain âge mais à l'esprit clair m'a dit la chose suivante que je vous transcris à quelques mots près : Il était chimiste et il récupérait les obus allemands pour voir comment ils étaient fabriqués, c'est comme ça qu'il est mort, y'en a un qui a explosé.
Cette expression qui peut paraître alambiquée, je pense qu'elle signifie que le caporal est mort suite à l'explosion d'un obus qu'il tentait de désamorcer ou qu'il manipulait pour en effet l'inspecter.
Les chimistes bien sûr, je les situais dans des formations d'artillerie ou encore du génie, fabriquant des gaz à l'arrière et etc.. Un chimiste dans une S.I.M, là par contre je sèche, alors j'ai trois hypothèses :
1) Le caporal était bien dans la S.I.M, avait des connaissances en chimie ou en tant qu'artificier et a tenté de désamorcer un obus qui lui a explosé à la figure. Blessé, il est mort à Remiremont.
2) La fiche du caporal est erronée, il n'était pas dans une S.I.M mais est mort dans la formation sanitaire à Remiremont à la date indiquée, et confusion fut faite sur son affectation d'origine...un peu tordu quand même..
3) La fiche ne se trompe pas et tout en étant affecté à la S.I.M en question, notre caporal avait un emploi particulier qui ferait de lui un chimiste dans une formation sanitaire, mais là ça me semble peu probable.
4) Le récit de ce monsieur qui à n'en pas douter est de bonne foi, a été altéré par le temps et le bouche à oreille et il n'y a point de caporal chimiste au sens professionnel du terme, ce qui tendrait à rejoindre et corroborer la première des hypothèses. Toutefois, peu de gens parmi les non passionnés auraient parlé de "chimiste" en évoquant la Grande Guerre. L'emploi spontané du terme par ce monsieur très sympathique me donne envie de penser que ce n'est pas sans fondement.
Pour moi, la première hypothèse est celle qui reprendrait au mieux les données tant officielles que familiales. J'ajoute que les AD étant trop loin, je ne peux pas consulter son dossier militaire qui me donnerait une réponse totalement fiable.
Qu'en pensez-vous ? Je suis preneur de toute suggestion !
Bien cordialement
Yannis
chimiste dans une S.I.M ???
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- Messages : 1547
- Inscription : mer. nov. 10, 2004 1:00 am
Re: chimiste dans une S.I.M ???
bonjour,
Autre possibilité: ce Monsieur, pas un tout jeune homme, était peut-être chimiste dans le civil, et s'est fait tuer, comme beaucoup d'autres, en désamorçant un obus.
J'ajoute que "blessé de guerre" sans autre explication, il n'entre pas dans ce qu'on appelle les N M P F, par suite de la complaisance du scribe rédacteur de la fiche.
Cordialement CC
Autre possibilité: ce Monsieur, pas un tout jeune homme, était peut-être chimiste dans le civil, et s'est fait tuer, comme beaucoup d'autres, en désamorçant un obus.
J'ajoute que "blessé de guerre" sans autre explication, il n'entre pas dans ce qu'on appelle les N M P F, par suite de la complaisance du scribe rédacteur de la fiche.
Cordialement CC
Re: chimiste dans une S.I.M ???
Bonjour,
Revoir les livres du Dr. Voivenel, des chimistes étaient affectés aux ambulances spécialisées dans les gazés (détermination des gaz utilisés, lutte contre leurs effets, etc…).
Cordialement
Jacques
Revoir les livres du Dr. Voivenel, des chimistes étaient affectés aux ambulances spécialisées dans les gazés (détermination des gaz utilisés, lutte contre leurs effets, etc…).
Cordialement
Jacques
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: chimiste dans une S.I.M ???
Bonjour à tous,
Bonjour Yannis,
En effet, à Remiremont existait un "laboratoire de l'officier chimiste où se trouvent de nombreux échantillons de projectiles ennemis non éclatés", où plusieurs accidents se sont produits. Je vais tenter de vous retrouver ça en fin d'après-midi.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Bonjour Yannis,
En effet, à Remiremont existait un "laboratoire de l'officier chimiste où se trouvent de nombreux échantillons de projectiles ennemis non éclatés", où plusieurs accidents se sont produits. Je vais tenter de vous retrouver ça en fin d'après-midi.
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
Re: chimiste dans une S.I.M ???
Bonjour à vous
Merci beaucoup pour vos réponses !
Eric, j'avoue que je reste sur le...derrière ! Si je suis bien, on peut considérer que ce laboratoire était "administrativement" rattaché à la S.I.M en question. Il est vrai que cela reprendrait correctement toutes les infos dont nous disposons ainsi que le récit du mari de la nièce. C'est très intéressant ! Avec un peu de chance, l'accident est répertorié. Merci pour vos recherches, j'ai hâte de savoir !
Cordialement
Yannisd
Merci beaucoup pour vos réponses !
Eric, j'avoue que je reste sur le...derrière ! Si je suis bien, on peut considérer que ce laboratoire était "administrativement" rattaché à la S.I.M en question. Il est vrai que cela reprendrait correctement toutes les infos dont nous disposons ainsi que le récit du mari de la nièce. C'est très intéressant ! Avec un peu de chance, l'accident est répertorié. Merci pour vos recherches, j'ai hâte de savoir !
Cordialement
Yannisd
Re: chimiste dans une S.I.M ???
Bonjour,
Une partie de la réponse à votre question apparaît dans un document officiel édité par le "Centre Médico-Légal" de Nancy intitulé "Planches représentant en vraie grandeur les ceintures des principaux obus allemands" (du 7,7 cm au 42 cm), l'auteur officier chimiste a dédié ce travail à l'officier-chimiste André Bombled et à son aide le caporal Foex du Centre Médico-Légal de Remiremont tués LE 3 JUIN 1916 DANS LEUR LABORATOIRE en "exécutant un travail analogue sur les fusées allemandes".
Le Centre Médico-Légal est un organisme situé au niveau du GROUPE D'ARMEES, il a comme correspondants dans chaque Armée l' "Officier Chimiste" qui dispose d'un laboratoire et est placé sous les ordres du Général, commandant l'artillerie de l'Armée.Ces officiers travaillent en liaison avec l'officier chimiste de l'Inspection Z d'Armée qui dispose des "officiers ZP" à chaque niveau intermédiaire ("Z"= Gaz, "P"= Protection) et des officiers spécialisés du Service de Santé.
Pour les analyses complexes, les échantillons sont envoyés à trois organismes de la région parisienne: au "Laboratoire Municipal de la Ville de Paris" (actuel laboratoire de la Préfecture de Police), à l'Inspection des Etudes et Expériences Chimiques (gaz) et à l'Inspection des Etudes et Expériences Techniques de l'Artillerie (fragments de projectiles inconnus).
Pour illustrer ce message je joins trois documents:

Notice évoquant la mort de l'officier-chimiste Bombled et du caporal Foex.


Officier-chimiste et ses assistants appartenant aux 8ème, 61ème et 62ème Régiments d'Artillerie devant leur laboratoire à Nancy avec un spécimen de bombe allemande d'avion de 300 kg non explosée lancée par un "Gotha" en 1918.
Cordialement,
Guy François.
Une partie de la réponse à votre question apparaît dans un document officiel édité par le "Centre Médico-Légal" de Nancy intitulé "Planches représentant en vraie grandeur les ceintures des principaux obus allemands" (du 7,7 cm au 42 cm), l'auteur officier chimiste a dédié ce travail à l'officier-chimiste André Bombled et à son aide le caporal Foex du Centre Médico-Légal de Remiremont tués LE 3 JUIN 1916 DANS LEUR LABORATOIRE en "exécutant un travail analogue sur les fusées allemandes".
Le Centre Médico-Légal est un organisme situé au niveau du GROUPE D'ARMEES, il a comme correspondants dans chaque Armée l' "Officier Chimiste" qui dispose d'un laboratoire et est placé sous les ordres du Général, commandant l'artillerie de l'Armée.Ces officiers travaillent en liaison avec l'officier chimiste de l'Inspection Z d'Armée qui dispose des "officiers ZP" à chaque niveau intermédiaire ("Z"= Gaz, "P"= Protection) et des officiers spécialisés du Service de Santé.
Pour les analyses complexes, les échantillons sont envoyés à trois organismes de la région parisienne: au "Laboratoire Municipal de la Ville de Paris" (actuel laboratoire de la Préfecture de Police), à l'Inspection des Etudes et Expériences Chimiques (gaz) et à l'Inspection des Etudes et Expériences Techniques de l'Artillerie (fragments de projectiles inconnus).
Pour illustrer ce message je joins trois documents:

Notice évoquant la mort de l'officier-chimiste Bombled et du caporal Foex.


Officier-chimiste et ses assistants appartenant aux 8ème, 61ème et 62ème Régiments d'Artillerie devant leur laboratoire à Nancy avec un spécimen de bombe allemande d'avion de 300 kg non explosée lancée par un "Gotha" en 1918.
Cordialement,
Guy François.
-
- Messages : 1547
- Inscription : mer. nov. 10, 2004 1:00 am
Re: chimiste dans une S.I.M ???
bonjour,
Je ne sais pas ce qu'en pense maintenant notre ami yans83 mais je reste, moi aussi, "baba" devant tant de capacités de réponse.
La mention MPF du caporal FOEX est donc bien "normale"
Cordialement CC
Je ne sais pas ce qu'en pense maintenant notre ami yans83 mais je reste, moi aussi, "baba" devant tant de capacités de réponse.
La mention MPF du caporal FOEX est donc bien "normale"
Cordialement CC
- Jean RIOTTE
- Messages : 5774
- Inscription : sam. nov. 05, 2005 1:00 am
Re: chimiste dans une S.I.M ???
Bonjour à toutes et à tous,
... et merci à Guy de faire découvrir à beaucoup d' entre nous (à commencer par moi !) un aspect méconnu, voire totalement inconnu, de cette Grande Guerre.
Comme chanteloube, en dépit de mon "ancienneté" sur le Forum je suis toujours ébahi par les capacités de réponse des intervenant(e)s.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
... et merci à Guy de faire découvrir à beaucoup d' entre nous (à commencer par moi !) un aspect méconnu, voire totalement inconnu, de cette Grande Guerre.
Comme chanteloube, en dépit de mon "ancienneté" sur le Forum je suis toujours ébahi par les capacités de réponse des intervenant(e)s.
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Re: chimiste dans une S.I.M ???
Bonsoir chers membres du forum
Franchement, je suis sidéré ! Sidéré, baba, ou comme le dit l'expression " comme deux ronds de frite". Merci Guy pour cette réponse ultra précise. Je suis bien content que ma question ait permis d'aborder un thème méconnu. Quant à notre caporal FOEX, je vais très probablement rencontrer sa nièce ce dimanche à venir ainsi que revoir son mari, je lui communiquerai nos échanges et bien sûr, je vous tiendrai au courant de la suite. J'espère notamment pouvoir mettre un visage sur ce nom ce même dimanche et vous en faire part.
Bonne soirée
Yannis
Franchement, je suis sidéré ! Sidéré, baba, ou comme le dit l'expression " comme deux ronds de frite". Merci Guy pour cette réponse ultra précise. Je suis bien content que ma question ait permis d'aborder un thème méconnu. Quant à notre caporal FOEX, je vais très probablement rencontrer sa nièce ce dimanche à venir ainsi que revoir son mari, je lui communiquerai nos échanges et bien sûr, je vous tiendrai au courant de la suite. J'espère notamment pouvoir mettre un visage sur ce nom ce même dimanche et vous en faire part.
Bonne soirée
Yannis
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: chimiste dans une S.I.M ???
Bonsoir à tous,
Bonsoir Yannis,
Avec un peu de retard, et comme prévu, ce que j'ai dans mes notes sur le sujet :
"Un accident est survenu à 5 h 00 du soir, qui a coûté la vie à un officier et au caporal qui le secondait dans sa périlleuse mission dans l'ancienne maison Perrin.
Un laboratoire qui servait au lieutenant Bombled pour déterminer la nature et la densité des matières renfermées dans les obus ennemis non éclatés et recueillis par lui-même.
On ne connaît pas exactement la cause de l'explosion. Le lieutenant, ainsi que le caporal Foex ont succombé à leurs blessures presque immédiatement."
Bombled, lieutenant d’artillerie, chimiste du centre médico-légal de la VIIème Armée : « Officier d’un très grand sang-froid, chimiste distingué, a accompli, depuis cinq mois, pour assurer son service spécial, de nombreuses missions périlleuses dans les tranchées de première ligne. Tué le 3 juin, en procédant dans son laboratoire d’analyses et en exécution de la mission qui lui était confiée au désamorçage d’une fusée d’un projectile allemand non éclaté qu’il avait recueilli à la suite d’une attaque ennemie dans un secteur de l’Armée. Est tombé à son poste de combat. »
Foex, caporal à la 15ème S.I.M., adjoint à l’officier chimiste : « Caporal très courageux ; en exécution de la mission qui lui avait été confiée, aide depuis cinq mois avec compétence l’officier chimiste du centre médico-légal, dans ses manipulations techniques dangereuses. Blessé mortellement le 3 juin en même temps que son chef au cours d’une de ces manipulations. Est tombé à son poste de combat. »
Bien cordialement,
Eric Mansuy
Bonsoir Yannis,
Avec un peu de retard, et comme prévu, ce que j'ai dans mes notes sur le sujet :
"Un accident est survenu à 5 h 00 du soir, qui a coûté la vie à un officier et au caporal qui le secondait dans sa périlleuse mission dans l'ancienne maison Perrin.
Un laboratoire qui servait au lieutenant Bombled pour déterminer la nature et la densité des matières renfermées dans les obus ennemis non éclatés et recueillis par lui-même.
On ne connaît pas exactement la cause de l'explosion. Le lieutenant, ainsi que le caporal Foex ont succombé à leurs blessures presque immédiatement."
Bombled, lieutenant d’artillerie, chimiste du centre médico-légal de la VIIème Armée : « Officier d’un très grand sang-froid, chimiste distingué, a accompli, depuis cinq mois, pour assurer son service spécial, de nombreuses missions périlleuses dans les tranchées de première ligne. Tué le 3 juin, en procédant dans son laboratoire d’analyses et en exécution de la mission qui lui était confiée au désamorçage d’une fusée d’un projectile allemand non éclaté qu’il avait recueilli à la suite d’une attaque ennemie dans un secteur de l’Armée. Est tombé à son poste de combat. »
Foex, caporal à la 15ème S.I.M., adjoint à l’officier chimiste : « Caporal très courageux ; en exécution de la mission qui lui avait été confiée, aide depuis cinq mois avec compétence l’officier chimiste du centre médico-légal, dans ses manipulations techniques dangereuses. Blessé mortellement le 3 juin en même temps que son chef au cours d’une de ces manipulations. Est tombé à son poste de combat. »
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.