Ephéméride - 25 janvier 1915

[vincent le calvez]

Bonjour à tous,

Le 25 janvier 1915, au 28e RI.

Le 23 janvier, le régiment a repris au 92e IR les tranchées perdues le 20. Des prisonniers sont faits.

Maurice Joly, caporal au 28e RI est l'instituteur de Saint-Léger-du-Bourg-Denis (Seine-Maritime)
Au front, l'instituteur a laissé sa classe à une jeune femme de 17 ans. Les enfants correspondent avec leur maître et lui envoient de l'argent pour Noël ou pour Pâques. Début février 1915, le caporal Joly écrit aux élèves :

"Depuis ma dernière lettre, le 28e qui se trouvait à Berry-au-Bac, a subi plusieurs attaques et contre-attaques sérieuses : une tranchée perdue par la 5e compagnie a été reprise en même temps que plusieurs autres tranchées ennemies. Nos 75 ont soutenu l’infanterie d’une façon merveilleuse. Il y a longtemps que j’avais entendu une pareille canonnade. Je puis vous assurer que les nouveaux obus chargés à la mélinite font de terribles dégâts. Je crois vous faire plaisir en vous disant que j’ai vu après ce petit succès 40 prisonniers allemands qui ne paraissent pas du tout mécontents de leur sort".
(Source : Trames, n°7).

Dans les annexes du JMO du 28e RI :
Les soldats allemands sont interrogés, voici un extrait intéressant :
"Ils n’ont plus le feu sacré, et se rendent compte qu’on les trompe. A chaque affaire projetée on leur annonce que c’est la dernière, que la paix va être signée, et la guerre ne prend pourtant pas fin.
Ils disent que si l’Armée Allemande était obligée de battre en retraite, la moitié serait faite prisonnière et l’Empereur serait pendu.
Ils paraissent heureux d’être prisonniers, mais redoutent d’être envoyés au Maroc, car on leur fait entrevoir un traitement analogue à celui que subissaient les légionnaires – marches forcées, privations, supplice de la soif, sales…etc., toute la gamme des tortures inventées lors de la campagne contre la Légion).
Il convient d’ajouter que le moral des sous-officiers et de certains hommes de troupe demeure élevé (ou du moins paraît l’être peut-être par amour propre national)."

Bonne journée !

Vincent