Bonsoir à tous,
Je me risque à lancer un fil sur le sujet des territoires occupés par l’armée allemande de 1914 à 1918, derrière la ligne de front, pour ce qui concerne l’administration et « les services publics ».
Dans ce domaine, la plupart des ouvrages sont là pour témoigner de la grande dureté de l’occupation, mais semblent laisser de côté le sujet de l’administration civile qui avait pu être maintenue. Bien sûr, dictature militaire de la zone des Étapes, mais quid de l’état-civil, des écoles (elles semblent être restées ouvertes, qui payait les maîtres ?), combien de bureaux de poste restés ouverts (il ne devait y en avoir que dans les villes d’un peu d’importance, comme la correspondance privée était interdite), et poste allemande bien sûr, mais poste militaire, ou poste civile ?
Les préfets et les sous-préfets n’étaient sans doute pas internés dans leurs préfectures et demeuraient en France libre, comment franchissaient-ils le front, par exemple pour aller défendre la parité des billets de fortune ? Les habitants étaient harassés de réquisitions et de taxes allemandes, l’impôt français n’a sans doute pas dû être prélevé. Seuls les maires sont restés à coup sûr, pour faire autant que possible tampon avec les Kommandantures…
Beaucoup de questions, les réponses doivent exister…
A bientôt,
Thierry
Administration civile des territoires occupés
- thierry767
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- thierry767
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Re: Administration civile des territoires occupés
Bonjour à tous,
Je remonte le sujet avec un document trouvé dans le B.O. du ministère de l’Intérieur. C’est la liste des localités de repli des préfectures et sous-préfectures des territoires occupés – pour Châlons, la confirmation de son maintien –, au milieu de 1918. En recherchant pour les autres années de guerre, je n’en ai pas trouvé d'autre.

C’est instructif pour de nombreuses raisons mais je ne comprends pas tout : ne sont présentes que les sous-préfectures qui ont été repliées, on peut se demander alors ce qu’il était advenu des autres. Je pense par exemple à Saint-Quentin, Cambrai et Douai. Avaient-elles arrêté leur fonctionnement ou fonctionnaient-elles encore malgré l'occupation ?
Bonne fin d’année,
Thierry
P.S. Je m'étonne aussi du Sainte-Périne (commune de Saint-Jean aux Bois, sans doute, mais quel bâtiment assez grand pour tout héberger ?)
Je remonte le sujet avec un document trouvé dans le B.O. du ministère de l’Intérieur. C’est la liste des localités de repli des préfectures et sous-préfectures des territoires occupés – pour Châlons, la confirmation de son maintien –, au milieu de 1918. En recherchant pour les autres années de guerre, je n’en ai pas trouvé d'autre.

C’est instructif pour de nombreuses raisons mais je ne comprends pas tout : ne sont présentes que les sous-préfectures qui ont été repliées, on peut se demander alors ce qu’il était advenu des autres. Je pense par exemple à Saint-Quentin, Cambrai et Douai. Avaient-elles arrêté leur fonctionnement ou fonctionnaient-elles encore malgré l'occupation ?
Bonne fin d’année,
Thierry
P.S. Je m'étonne aussi du Sainte-Périne (commune de Saint-Jean aux Bois, sans doute, mais quel bâtiment assez grand pour tout héberger ?)
Re: Administration civile des territoires occupés
Bonjour,
Vaste sujet en effet. Mais on peut dire que dès l'arrivée des troupes d'occupation tout passait sous leur contrôle... les mairies, les préfectures, les écoles...
Par exemple les écoles devaient s'organiser comme en Allemagne, quant aux horaires, aux matières enseignées... sans oublier la germanisation des noms de villes, de rues, même dans les écoles, le travail obligatoire, les déportationsde civils, les otages, je parle bien de 14-18 ...
J'ai dans mon 4ème livre "Les ténèbres de l'occupation" développé les différents problèmes pour les populations occupées imposés par les allemands.
J.Claude
Vaste sujet en effet. Mais on peut dire que dès l'arrivée des troupes d'occupation tout passait sous leur contrôle... les mairies, les préfectures, les écoles...
Par exemple les écoles devaient s'organiser comme en Allemagne, quant aux horaires, aux matières enseignées... sans oublier la germanisation des noms de villes, de rues, même dans les écoles, le travail obligatoire, les déportationsde civils, les otages, je parle bien de 14-18 ...
J'ai dans mon 4ème livre "Les ténèbres de l'occupation" développé les différents problèmes pour les populations occupées imposés par les allemands.
J.Claude
la vérité appartient à ceux qui la recherchent et non à ceux qui croient la détenir.
- Arnaud Carobbi
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Re: Administration civile des territoires occupés
Bonjour Thierry,
Bonjour à tous,
La littérature sur les questions liées aux départements occupés n'est pas inexistante loin de là. On pourra citer l'ouvrage d'Annette Becker Oubliés de la Grande guerre : humanitaire et culture de guerre, 1914-1918 : populations occupées, déportés civils, prisonniers de guerre, Paris, Noêsis, 1998.
Pour une première approche, je vous invite à lire le résumé d'une conférence sur la question, par Philippe Nivet :
http://picardie.profs.hg.free.fr/region ... 4_1918.pdf
Bien cordialement,
Arnaud
Bonjour à tous,
La littérature sur les questions liées aux départements occupés n'est pas inexistante loin de là. On pourra citer l'ouvrage d'Annette Becker Oubliés de la Grande guerre : humanitaire et culture de guerre, 1914-1918 : populations occupées, déportés civils, prisonniers de guerre, Paris, Noêsis, 1998.
Pour une première approche, je vous invite à lire le résumé d'une conférence sur la question, par Philippe Nivet :
http://picardie.profs.hg.free.fr/region ... 4_1918.pdf
Bien cordialement,
Arnaud
Le site du Parcours du combattant de 14-18 : Trésor d’archives n°68 – En avant la musique ! Auxerre, 1908 : présentation et écoute d'une séance de musique militaire. 21/06/2025
- thierry767
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Re: Administration civile des territoires occupés
Bonsoir à tous,
Merci Arnaud pour ces propositions de lecture. En fait, en deux ans, je me suis documenté sur le sujet, je n’ai pas encore l’ouvrage d’Annette Becker, mais j’en ai lu d’autres, en particulier celui que Philippe Nivet vient de faire paraître « La France occupée 1914-1918 ». Je viens de poster sur le forum "Pages du bibliophile" une petite information sur cet ouvrage : pages1418/annonces-pages-bibliophile/oc ... 5056_1.htm
J’ai trouvé dans ces lectures suffisamment de réponses à mes interrogations, mais je voulais partager à propos de la question territoriale, c’est la raison de mon post d’avant-hier. Qu’on évacue les préfectures ou les sous-préfectures du côté resté français mais trop proches du front, c’est normal, mais que celle de Compiègne se retrouve ainsi au fin fond de la forêt, c’est plus étonnant…
Même chose pour les préfectures situées en zone occupée : qu’on les ait officiellement rapatriées, c’est encore très normal, mais il semble bien que – hormis le cas des Ardennes, totalement occupées – la liste ne se préoccupe pas du tout des sous-préfectures occupées. Voilà les sujets du jour…
Bien cordialement,
Thierry
[fixed] message édité pour donner le lien avec un fil se rapportant au même sujet.[/fixed]
Merci Arnaud pour ces propositions de lecture. En fait, en deux ans, je me suis documenté sur le sujet, je n’ai pas encore l’ouvrage d’Annette Becker, mais j’en ai lu d’autres, en particulier celui que Philippe Nivet vient de faire paraître « La France occupée 1914-1918 ». Je viens de poster sur le forum "Pages du bibliophile" une petite information sur cet ouvrage : pages1418/annonces-pages-bibliophile/oc ... 5056_1.htm
J’ai trouvé dans ces lectures suffisamment de réponses à mes interrogations, mais je voulais partager à propos de la question territoriale, c’est la raison de mon post d’avant-hier. Qu’on évacue les préfectures ou les sous-préfectures du côté resté français mais trop proches du front, c’est normal, mais que celle de Compiègne se retrouve ainsi au fin fond de la forêt, c’est plus étonnant…
Même chose pour les préfectures situées en zone occupée : qu’on les ait officiellement rapatriées, c’est encore très normal, mais il semble bien que – hormis le cas des Ardennes, totalement occupées – la liste ne se préoccupe pas du tout des sous-préfectures occupées. Voilà les sujets du jour…
Bien cordialement,
Thierry
[fixed] message édité pour donner le lien avec un fil se rapportant au même sujet.[/fixed]
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Re: Administration civile des territoires occupés
Bonjour.
Dans le tome 111 des mémoires de la société d'émulation de Cambrai, j'ai publié un article de 100 à 150 pages sur le conseil municipal de Cambrai de 1914 à 1918, d'après les carnets inédits de Georges Desjardins, alors conseiller municipal et futur maire de la ville. J'y parle souvent de la question administrative : il y avait des rapports intensifs avec la Kommandantur d'étape logée à l'étage du dessus, et une rivalité avec la chambre de commerce pour être le recours n°1 dans le secteur ; cela s'aggravait de mauvais rapports avec Jules Hélot le président de la chambre de commerce, qui fut nommé sous préfet par les Allemands. Il y a eu des coups tordus dans le ménage à quatre Hélot - mairie - préfet de Lille - inspection des étapes au moment de cette nomination. Pourtant Jules Hélot était un patriote et un administrateur hors-pair qui a beaucoup agi pour aider les petites communes dans leur désarroi administratif. Il le raconte dans son livre Cinquante mois sous le joug allemand. Ensuite cela n'a pas non plus été simple entre la mairie, Hélot et les Allemands : les deux premiers avaient des principes administratifs différents et la mairie traînait une aversion politicarde d'avant guerre, mais tous deux avaient des objectifs patriotiques communs, et réfléchirent ensemble dans certains cas.
Cordialement
Gérard Leducq
Dans le tome 111 des mémoires de la société d'émulation de Cambrai, j'ai publié un article de 100 à 150 pages sur le conseil municipal de Cambrai de 1914 à 1918, d'après les carnets inédits de Georges Desjardins, alors conseiller municipal et futur maire de la ville. J'y parle souvent de la question administrative : il y avait des rapports intensifs avec la Kommandantur d'étape logée à l'étage du dessus, et une rivalité avec la chambre de commerce pour être le recours n°1 dans le secteur ; cela s'aggravait de mauvais rapports avec Jules Hélot le président de la chambre de commerce, qui fut nommé sous préfet par les Allemands. Il y a eu des coups tordus dans le ménage à quatre Hélot - mairie - préfet de Lille - inspection des étapes au moment de cette nomination. Pourtant Jules Hélot était un patriote et un administrateur hors-pair qui a beaucoup agi pour aider les petites communes dans leur désarroi administratif. Il le raconte dans son livre Cinquante mois sous le joug allemand. Ensuite cela n'a pas non plus été simple entre la mairie, Hélot et les Allemands : les deux premiers avaient des principes administratifs différents et la mairie traînait une aversion politicarde d'avant guerre, mais tous deux avaient des objectifs patriotiques communs, et réfléchirent ensemble dans certains cas.
Cordialement
Gérard Leducq
- Alain Dubois-Choulik
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Re: Administration civile des territoires occupés
BonsoirDans le tome 111 des mémoires de la société d'émulation de Cambrai,
Zut ! Gallica s'arrête au n°87 !!!

Cordialement
Alain
PS : la fiche sur le site est désespérément vide .....
Les civils en zone occupée
Ma famille dans la grande guerre
Les Canadiens à Valenciennes
"Si on vous demande pourquoi nous sommes morts, répondez : parce que nos pères ont menti." R. Kipling
Ma famille dans la grande guerre
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"Si on vous demande pourquoi nous sommes morts, répondez : parce que nos pères ont menti." R. Kipling
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Re: Administration civile des territoires occupés
Bonjour,
dans les Ardennes occupées, ma grande-mère née en 1899 fut nommée institutrice de son village " Vaux-Champagne " . Voici le début du document officiel signée par la Kommandantur et le conseil municipal ; " Le Comité d'Alimentation du Nord de la France ayant exposé à l'Autorité Allemande, que l'école aux enfants était absolument nécessaire tant pour leur éducation que pour leur instruction, j'ai dû accepter les fonctions d'institutrice à Vaux-Champagne, étant désignée par la Commandanture du dit lieu. 20/07/1916-8/10/1917 ".
Ses fonctions furent stoppées lors de l'évacuation du village mi novembre 1917, les habitants étant envoyés vers Dom-le-Mesnil .
Dans mes archives, je posséde l'original de ce document émouvant pour le texte et pour les signatures .
Cordialement BB
dans les Ardennes occupées, ma grande-mère née en 1899 fut nommée institutrice de son village " Vaux-Champagne " . Voici le début du document officiel signée par la Kommandantur et le conseil municipal ; " Le Comité d'Alimentation du Nord de la France ayant exposé à l'Autorité Allemande, que l'école aux enfants était absolument nécessaire tant pour leur éducation que pour leur instruction, j'ai dû accepter les fonctions d'institutrice à Vaux-Champagne, étant désignée par la Commandanture du dit lieu. 20/07/1916-8/10/1917 ".
Ses fonctions furent stoppées lors de l'évacuation du village mi novembre 1917, les habitants étant envoyés vers Dom-le-Mesnil .
Dans mes archives, je posséde l'original de ce document émouvant pour le texte et pour les signatures .
Cordialement BB
- Août 1914 dans le département des Ardennes : du début août avec l'arrivée et le passage des troupes se concentrant en se dirigeant vers la Belgique, au repli de fin août vers la Marne en résistant sur la Semoy, La Chiers, la Meuse, l'Aisne, la Retourne.