bonjour à tous
je suis en train de lire le désastre de Pavie (Giono)
allusion à un fait d'armes de 1914
Les lanciers du Bengale, organisés en "lances de Guido Baglioni" chargèrent et détruisirent devant Cassel, les avants-gardes allemandes qui déferlaient vers Dunkerque après la défaite du Kemmel.
Chaque lancier était accompagné de deux Gurkhas armés de sabres d'abattis .
Les Gurkhas, la main au pommeau de la selle, couraient à côté du cheval, montant à l'étrier quand le galop se précipitait.
Dès que la charge avait pénétré les formations de l'adversaire, les deux couteliers se battaient à pied à l'arme blanche.
Cette vieille méthode du XVIeme siècle fit merveille sur les avants-gardes dispersées dans la plaine et emporta même tous les nids de mitrailleuses, autour desquels, une fois la surprise passée, l'infanterie allemande s'était regroupée.
les lanciers du Bengale dans les Flandres
les lanciers du Bengale dans les Flandres
"Il pleuvait en cette nuit de Noël 1914, où les Rois Mages portaient des Minenwerfer."
- kglbayrRIR2
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Re: les lanciers du Bengale dans les Flandres
Bonne journée,
histoire intéressante.
Peut-on préciser la chronologie de cette bataille ? Elle semble avoir eu lieu bien en avant de la ligne de front. Malheureusement, je ne trouve actuellement aucune unité allemande susceptible d'y avoir participé. En principe, la cavalerie bengalie était connue de l'armée allemande depuis les colonies.
Cordialement
Joseph
histoire intéressante.
Peut-on préciser la chronologie de cette bataille ? Elle semble avoir eu lieu bien en avant de la ligne de front. Malheureusement, je ne trouve actuellement aucune unité allemande susceptible d'y avoir participé. En principe, la cavalerie bengalie était connue de l'armée allemande depuis les colonies.
Cordialement
Joseph
.. Les officiers français étaient impuissants. Aucune persuasion n'a aidé, pas même l'avertissement de suivre l'exemple des courageuses troupes bavaroises. ..
Histoire rgtaire du RI Bavarois n°8 : Retraite de Russie (1813); p.380.
Histoire rgtaire du RI Bavarois n°8 : Retraite de Russie (1813); p.380.
Re: les lanciers du Bengale dans les Flandres
Bonjour,
Fascinante, cette histoire de Lanciers du Bengale ! C’est un beau texte, merci de l’avoir partagé.
Quelques éléments pour espérer en cerner le contexte.
Le régiment de Jean Giono, le 140ᵉ RI, a été engagé aux côtés des troupes britanniques fin avril 1918 dans la bataille du Kemmel. Les troupes françaises, belges, britanniques et portugaises tentent alors d’empêcher la prise de ce verrou vers Ypres. Giono y est gazé. Cet épisode apparaît ailleurs dans l’œuvre de Giono, avec ce même détail. Ainsi, dans Le Grand Troupeau (1931), il mentionne :
"Des lanciers à turban et à écharpes flottantes galopent dans un claquement d’étoffe."
Dans Refus d'obéissance en 1937, témoignage de Giono, le 26 avril, avec son unité débordée, "au beau milieu des Anglais", dans la plaine au nord du mont Kemmel :
Le jour est venu tout d'un coup. On a dormi dans la boue. Là-bas, devant, le mont Kemmel fume comme un volcan crevé. On est le long d'une route de saules. Une terre neuve avec des arbres, de l'herbe, des saules déjà touchés de printemps en cet avril. Les balles claquent dans les branches.
Des vols d'obus passent, s'abattent, sautent, arrachent des branches, rugissent sous la terre, se vautrent lourdement dans la boue, puis tournent comme des toupies et restent là... On est au beau milieu des Anglais... Des Français bardés de bidons et de boules de pain passent en courant contre les abris... La tempête des canons s'enrage...
La poussière de terre et de fer dépasse le bord du vallon et monte. Le Kemmel n'est plus là-haut dans le ciel qu'un petit croissant de terre séparé du monde. Le tir de barrage s'allonge : Ils viennent !
Un soldat français, déséquipé, capote ballante, sans casque, sort en courant de la fumée.
— Les Boches !
Oui, ils sont là à deux cents mètres. La ligne d'hommes gris avance dans les herbes. Ils ont l'air fatigués. Ils portent le fusil à bout de bras. Ils ne courent plus, ils marchent.
Il a fallu traverser le tir de barrage, dans le hurlement de toute cette terre en transe qui bout comme une eau de marmite. Une odeur pointue de soufre et de terre brûlée déchire le fond des gorges...
Quatre avions à croix noire sortent des nuages. Ils volent comme des hirondelles. Ils viennent presque raser la terre avec leur ventre. Ils tirent à la mitrailleuse ! Les nuages coulent lentement, paisiblement... La paix !
Jean Giono, Refus d'obéissance, 1937.
Historique du 140ᵉ RI, après la prise du mont Kemmel en avril 1918, et que ce régiment "a défendu âprement." Disponible sur le site BnF / Gallica :
"Le 29 au matin, le régiment est alerté à 9 heures et, à 11 heures, se met en route pour se porter à hauteur de la ferme de Haute-Rome, le long de la route Steenworde - Cassel. Il bivouaque sur place le reste de la journée et le lendemain. La canonnade est toujours violente. Steenworde reçoit des obus de gros calibre. Un bataillon anglais relevé vient bivouaquer à Haute-Rome et à son arrivée nous assistons à son défilé accompagné par sa musique qui ne rappelle en rien la nôtre, et cette chose imprévue nous surprend et nous amuse."
Les unités de Gurkhas ont quitté la France en 1915. Le 1st Battalion 1st King George’s Own Gurkha Rifles réembarque à Marseille fin 1915, tout comme le 2nd Battalion 2nd King Edward’s Own Gurkha Rifles, le 2nd Battalion 3rd Queen Alexandra’s Own Gurkha Rifles, le 1st Battalion 4th Gurkha Rifles, le 2nd Battalion 8th Gurkha Rifles et le 1st Battalion 9th Gurkha Rifles.
Structure des divisions de cavalerie indienne en France
Les six brigades de cavalerie de l’Indian Expeditionary Force furent intégrées au Corps de cavalerie indien, sous le commandement du général Rimington. On notera que seules certaines de ces unités sont à strictement parler d'authentiques "Bengal Lancers", certaines sont armées de sabres, ou recrutées au Pendjab.
Trois d’entre elles formèrent la 1ʳᵉ division de cavalerie indienne, sous le commandement de Hew Fanshawe (armée britannique) :
1. Brigade de Sialkot – Commandant : Henry Leader (armée britannique). 17ᵉ lanciers (britanniques), 6ᵉ cavalerie (indienne), 19ᵉ Fane’s Horse.
2. Brigade d’Ambala – Commandant : Charles Pirie (armée indienne). 8ᵉ hussards, 9ᵉ Hodson’s Horse, 30ᵉ lanciers (indiens).
3. Brigade de Lucknow – Commandant : William Fasken (armée indienne). 1ᵉʳ Dragoon Guards, 29ᵉ lanciers (indiens), 36ᵉ Jacob’s Horse.
Les trois autres brigades de cavalerie indienne furent intégrées à la 2ᵉ division de cavalerie indienne, sous le commandement de George Cookson (armée indienne) :
1. Brigade de Mhow – Commandant : George Barrow (armée indienne). 6ᵉ dragons, 2ᵉ lanciers (indiens), 38ᵉ Central India Horse.
2. Brigade de Meerut – Commandant : Fitz-James Edwards (armée indienne). 13ᵉ hussards, 3ᵉ Skinner’s Horse, 18ᵉ lanciers (indiens).
3. Brigade de Secunderabad – Commandant : Frederick Wadeson (armée indienne). 7ᵉ Dragoon Guards, 20ᵉ Deccan Horse, 34ᵉ Poona Horse.
La brigade comptait également les Jodhpur Lancers, commandés par Pratap Singh, prince régent de Jodhpur.
(Source : George Morton-Jack, Cambridge University Press).
La 1st Indian Cavalry Division et la 2nd Indian Cavalry Division quittent la France en mars 1918. Ces unités indiennes sont ensuite redéployées au Proche-Orient. Elles laissent derrière elles quatre régiments de cavalerie britanniques : le 8ᵉ Hussars, le 7ᵉ Dragoon Guards, le 6ᵉ Dragons et le 17ᵉ Lanciers, ainsi que deux unités du Royal Horse Artillery (RHA).
(Source : Order of Battle, part 4, Major Becke, His Majesty’s Stationery Office, Londres, 1945)
https://www.longlongtrail.co.uk/army/or ... -division/
https://www.longlongtrail.co.uk/army/or ... -division/
Je n’ai pas trouvé de trace, dans les sources anglaises, de cet engagement impliquant une unité indienne, ce qui ne prouve pas qu'il n'a pas eu lieu. Voici quand même la conclusion d’un article sur la cavalerie britannique en mars-avril 1918 :
Mounted Action. There were only two instances of shock action, namely the charge of the 6th Cavalry Brigade composite squadron near Villeselve on 24th March, and that of a squadron of Lord Strathcona’s Horse at Moreuil Wood on the 30th. Both these charges were delivered at short notice, without any covering fire, against infantry with rifles and machine guns, and it is important to note that although severe losses were sustained, in each case the charge was driven home, inflicting even heavier casualties on the enemy and stopping his advance for a considerable period, apart from the moral effect. It was shown that opportunities for shock action could still occur in a modern battle, though they might be few. The best formation was in waves at least 100 yards apart, and the men well extended, say 100 yards per troop.
Lieutenant-Colonel Preston (Yorkshire Hussars Yeomanry), article “The Cavalry in France, March–April 1918” in The Cavalry Journal, 1933.
Traduction en français :
Action montée. Il n’y eut que deux exemples d’action de choc, à savoir la charge de l’escadron composite de la 6ᵉ brigade de cavalerie près de Villeselve, le 24 mars, et celle d’un escadron du Lord Strathcona’s Horse au bois de Moreuil, le 30. Ces deux charges furent menées à bref délai, sans aucun tir de couverture, contre de l’infanterie armée de fusils et de mitrailleuses, et il est important de noter que, bien que de lourdes pertes aient été subies, dans chaque cas la charge fut menée à bien, infligeant à l’ennemi des pertes encore plus sévères et stoppant son avance pendant une période considérable, sans compter l’effet moral. Il fut démontré que des occasions d’action de choc pouvaient encore se présenter dans une bataille moderne, bien qu’elles pussent être rares. La meilleure formation était en vagues espacées d’au moins 100 mètres, les hommes étant bien étendus, disons 100 mètres par troupe.
Lieutenant-colonel Preston (Yorkshire Hussars Yeomanry), article "The Cavalry in France, March–April 1918" dans The Cavalry Journal, 1933.
Concernant les unités de cavalerie indienne, l’épisode le plus connu semble être Neuve-Chapelle en mars 1915. Pour la spectaculaire et mémorable charge du 20th Deccan Horse à Bazentin le 14 juillet 1916, dont le terrain avait été minutieusement préparé en amont, on dispose de témoignages directs fiables, comme :
"Alors que chaque escadron franchissait le défilé, il se mettait en ligne et avançait au galop dans la direction prise par l’avant-garde, qui traversait une large bande de blé sur pied, dans laquelle de petits groupes ennemis étaient dissimulés. Des Allemands isolés commencèrent alors à surgir de toutes parts, levant les bras et criant : “Kamarad”, et plusieurs, manifestement persuadés qu’aucune pitié ne leur serait accordée, passèrent leurs bras autour de l’encolure des chevaux et implorèrent grâce — tout cela ralentissant la progression."
Lt.-Col Tennant, The Royal Deccan Horse in the Great War, 1939.
Transcription :
As each squadron cleared the defile, it formed line and advanced at a gallop in the direction taken by the advanced guard, which lay through a broad belt of standing corn, in which small parties of the enemy lay concealed. Individual Germans now commenced popping up on all sides, throwing up their arms and shouting "Kamerad," and not a few, evidently under the impression that no quarter would be given, flung their arms around the horses’ necks and begged for mercy — all of which impeded the advance.
Lt.-Col Tennant, The Royal Deccan Horse in the Great War, 1939.
Le 20th Deccan Horse y eut trois morts, deux officiers indiens blessés, 50 blessés parmi les sous-officiers et hommes du rang, 18 chevaux tués ou manquants, 52 chevaux blessés.
Si Giono insiste sur la similitude de tactique avec les guerres d’Italie quatre siècles plus tôt, on peut au contraire penser que les Britanniques ont cherché à adapter l’emploi de la cavalerie à la guerre moderne, en témoigne cette note de l’état-major britannique en 1917 :
NOTE SUR LES RÉCENTS COMBATS DE CAVALERIE JUSQU’AU 7 AVRIL 1917
Publiée par l’État-Major Général — Avril 1917
Les déductions suivantes sont tirées de l’expérience récente de la cavalerie opérant sur le front de l’avance en terrain découvert :
(a) Une reconnaissance très minutieuse du terrain ainsi que de la position ennemie avant l’attaque est essentielle. La reconnaissance aérienne ne suffit pas. Les patrouilles doivent être largement employées, généralement à cheval de jour et à pied de nuit.
(b) Lorsque la localité à attaquer se trouve dans une dépression, il est souvent conseillé de fixer les objectifs sur les hauteurs situées au-delà. Cela augmente les chances de couper la retraite de l’ennemi et réduit les pertes, notamment parmi les chevaux tenus à la main, causées par le bombardement ennemi dirigé sur la localité après sa capture.
(c) De courts et violents bombardements immédiatement avant l’attaque (après un réglage préalable effectué discrètement) ont donné de bons résultats. Une observation très attentive est nécessaire pour permettre un relèvement du tir au bon moment. La cavalerie ne disposera rarement, voire jamais, d’assez de canons pour établir un barrage régulier ; mais, avec une bonne organisation de l’observation et une avance rapide et audacieuse de l’artillerie en cas de succès, il devrait être possible d’assurer une certaine couverture à l’avance, de bombarder l’ennemi en retraite, de rechercher les probables postes d’observation ennemis et de contrer une contre-attaque.
(d) Les avances sur terrain découvert ont été menées avec succès au galop, en ordre dispersé.
(e) La combinaison de manœuvres de débordement rapides avec des attaques frontales et un tir de couverture (pour fixer l’attention de l’ennemi) a donné de bons résultats. Les véhicules blindés se sont révélés très utiles lors des attaques frontales et semblaient attirer la majorité des tirs ennemis.
(f) Lors d’une attaque, l’ouverture soudaine d’un feu de mitrailleuse ou de fusil ennemi venant d’un flanc peut être contrée en détachant une troupe ou un escadron pour charger le canon ou les tireurs, pendant que le gros continue son avance.
(g) La rapidité d’exécution est essentielle. Toute hésitation après qu’une décision a été prise est fatale. Les manœuvres cherchant à obtenir du terrain ou un couvert visuel pendant l’avance, si elles entraînent un retard, donneront rarement des résultats suffisants pour compenser la perte de temps occasionnée.
(h) Lors de l’attaque d’une localité, il est conseillé de désigner à l’avance les détachements de poursuite. Ils doivent suivre l’attaque de près. Une limite doit généralement être fixée au-delà de laquelle la poursuite ne doit pas aller. À l’intérieur de cette limite, les détachements de poursuite doivent agir avec la plus grande audace.
Quartier général — 10 avril 1917 (Réf. PRO : WO33/816)
Alors, Jean Giono a-t-il été témoin d’une charge de cavalerie indienne devant Cassel ? Est-ce une rumeur sur le champ de bataille ? Une hyperbole narrative ? L'influence de Gary Cooper et d'Hollywood ? Un texte intriguant. En espérant faire avancer cette réflexion ...
Bonne lecture !
Bien cordialement.
Eric
Fascinante, cette histoire de Lanciers du Bengale ! C’est un beau texte, merci de l’avoir partagé.
Quelques éléments pour espérer en cerner le contexte.
Le régiment de Jean Giono, le 140ᵉ RI, a été engagé aux côtés des troupes britanniques fin avril 1918 dans la bataille du Kemmel. Les troupes françaises, belges, britanniques et portugaises tentent alors d’empêcher la prise de ce verrou vers Ypres. Giono y est gazé. Cet épisode apparaît ailleurs dans l’œuvre de Giono, avec ce même détail. Ainsi, dans Le Grand Troupeau (1931), il mentionne :
"Des lanciers à turban et à écharpes flottantes galopent dans un claquement d’étoffe."
Dans Refus d'obéissance en 1937, témoignage de Giono, le 26 avril, avec son unité débordée, "au beau milieu des Anglais", dans la plaine au nord du mont Kemmel :
Le jour est venu tout d'un coup. On a dormi dans la boue. Là-bas, devant, le mont Kemmel fume comme un volcan crevé. On est le long d'une route de saules. Une terre neuve avec des arbres, de l'herbe, des saules déjà touchés de printemps en cet avril. Les balles claquent dans les branches.
Des vols d'obus passent, s'abattent, sautent, arrachent des branches, rugissent sous la terre, se vautrent lourdement dans la boue, puis tournent comme des toupies et restent là... On est au beau milieu des Anglais... Des Français bardés de bidons et de boules de pain passent en courant contre les abris... La tempête des canons s'enrage...
La poussière de terre et de fer dépasse le bord du vallon et monte. Le Kemmel n'est plus là-haut dans le ciel qu'un petit croissant de terre séparé du monde. Le tir de barrage s'allonge : Ils viennent !
Un soldat français, déséquipé, capote ballante, sans casque, sort en courant de la fumée.
— Les Boches !
Oui, ils sont là à deux cents mètres. La ligne d'hommes gris avance dans les herbes. Ils ont l'air fatigués. Ils portent le fusil à bout de bras. Ils ne courent plus, ils marchent.
Il a fallu traverser le tir de barrage, dans le hurlement de toute cette terre en transe qui bout comme une eau de marmite. Une odeur pointue de soufre et de terre brûlée déchire le fond des gorges...
Quatre avions à croix noire sortent des nuages. Ils volent comme des hirondelles. Ils viennent presque raser la terre avec leur ventre. Ils tirent à la mitrailleuse ! Les nuages coulent lentement, paisiblement... La paix !
Jean Giono, Refus d'obéissance, 1937.
Historique du 140ᵉ RI, après la prise du mont Kemmel en avril 1918, et que ce régiment "a défendu âprement." Disponible sur le site BnF / Gallica :
"Le 29 au matin, le régiment est alerté à 9 heures et, à 11 heures, se met en route pour se porter à hauteur de la ferme de Haute-Rome, le long de la route Steenworde - Cassel. Il bivouaque sur place le reste de la journée et le lendemain. La canonnade est toujours violente. Steenworde reçoit des obus de gros calibre. Un bataillon anglais relevé vient bivouaquer à Haute-Rome et à son arrivée nous assistons à son défilé accompagné par sa musique qui ne rappelle en rien la nôtre, et cette chose imprévue nous surprend et nous amuse."
Les unités de Gurkhas ont quitté la France en 1915. Le 1st Battalion 1st King George’s Own Gurkha Rifles réembarque à Marseille fin 1915, tout comme le 2nd Battalion 2nd King Edward’s Own Gurkha Rifles, le 2nd Battalion 3rd Queen Alexandra’s Own Gurkha Rifles, le 1st Battalion 4th Gurkha Rifles, le 2nd Battalion 8th Gurkha Rifles et le 1st Battalion 9th Gurkha Rifles.
Structure des divisions de cavalerie indienne en France
Les six brigades de cavalerie de l’Indian Expeditionary Force furent intégrées au Corps de cavalerie indien, sous le commandement du général Rimington. On notera que seules certaines de ces unités sont à strictement parler d'authentiques "Bengal Lancers", certaines sont armées de sabres, ou recrutées au Pendjab.
Trois d’entre elles formèrent la 1ʳᵉ division de cavalerie indienne, sous le commandement de Hew Fanshawe (armée britannique) :
1. Brigade de Sialkot – Commandant : Henry Leader (armée britannique). 17ᵉ lanciers (britanniques), 6ᵉ cavalerie (indienne), 19ᵉ Fane’s Horse.
2. Brigade d’Ambala – Commandant : Charles Pirie (armée indienne). 8ᵉ hussards, 9ᵉ Hodson’s Horse, 30ᵉ lanciers (indiens).
3. Brigade de Lucknow – Commandant : William Fasken (armée indienne). 1ᵉʳ Dragoon Guards, 29ᵉ lanciers (indiens), 36ᵉ Jacob’s Horse.
Les trois autres brigades de cavalerie indienne furent intégrées à la 2ᵉ division de cavalerie indienne, sous le commandement de George Cookson (armée indienne) :
1. Brigade de Mhow – Commandant : George Barrow (armée indienne). 6ᵉ dragons, 2ᵉ lanciers (indiens), 38ᵉ Central India Horse.
2. Brigade de Meerut – Commandant : Fitz-James Edwards (armée indienne). 13ᵉ hussards, 3ᵉ Skinner’s Horse, 18ᵉ lanciers (indiens).
3. Brigade de Secunderabad – Commandant : Frederick Wadeson (armée indienne). 7ᵉ Dragoon Guards, 20ᵉ Deccan Horse, 34ᵉ Poona Horse.
La brigade comptait également les Jodhpur Lancers, commandés par Pratap Singh, prince régent de Jodhpur.
(Source : George Morton-Jack, Cambridge University Press).
La 1st Indian Cavalry Division et la 2nd Indian Cavalry Division quittent la France en mars 1918. Ces unités indiennes sont ensuite redéployées au Proche-Orient. Elles laissent derrière elles quatre régiments de cavalerie britanniques : le 8ᵉ Hussars, le 7ᵉ Dragoon Guards, le 6ᵉ Dragons et le 17ᵉ Lanciers, ainsi que deux unités du Royal Horse Artillery (RHA).
(Source : Order of Battle, part 4, Major Becke, His Majesty’s Stationery Office, Londres, 1945)
https://www.longlongtrail.co.uk/army/or ... -division/
https://www.longlongtrail.co.uk/army/or ... -division/
Je n’ai pas trouvé de trace, dans les sources anglaises, de cet engagement impliquant une unité indienne, ce qui ne prouve pas qu'il n'a pas eu lieu. Voici quand même la conclusion d’un article sur la cavalerie britannique en mars-avril 1918 :
Mounted Action. There were only two instances of shock action, namely the charge of the 6th Cavalry Brigade composite squadron near Villeselve on 24th March, and that of a squadron of Lord Strathcona’s Horse at Moreuil Wood on the 30th. Both these charges were delivered at short notice, without any covering fire, against infantry with rifles and machine guns, and it is important to note that although severe losses were sustained, in each case the charge was driven home, inflicting even heavier casualties on the enemy and stopping his advance for a considerable period, apart from the moral effect. It was shown that opportunities for shock action could still occur in a modern battle, though they might be few. The best formation was in waves at least 100 yards apart, and the men well extended, say 100 yards per troop.
Lieutenant-Colonel Preston (Yorkshire Hussars Yeomanry), article “The Cavalry in France, March–April 1918” in The Cavalry Journal, 1933.
Traduction en français :
Action montée. Il n’y eut que deux exemples d’action de choc, à savoir la charge de l’escadron composite de la 6ᵉ brigade de cavalerie près de Villeselve, le 24 mars, et celle d’un escadron du Lord Strathcona’s Horse au bois de Moreuil, le 30. Ces deux charges furent menées à bref délai, sans aucun tir de couverture, contre de l’infanterie armée de fusils et de mitrailleuses, et il est important de noter que, bien que de lourdes pertes aient été subies, dans chaque cas la charge fut menée à bien, infligeant à l’ennemi des pertes encore plus sévères et stoppant son avance pendant une période considérable, sans compter l’effet moral. Il fut démontré que des occasions d’action de choc pouvaient encore se présenter dans une bataille moderne, bien qu’elles pussent être rares. La meilleure formation était en vagues espacées d’au moins 100 mètres, les hommes étant bien étendus, disons 100 mètres par troupe.
Lieutenant-colonel Preston (Yorkshire Hussars Yeomanry), article "The Cavalry in France, March–April 1918" dans The Cavalry Journal, 1933.
Concernant les unités de cavalerie indienne, l’épisode le plus connu semble être Neuve-Chapelle en mars 1915. Pour la spectaculaire et mémorable charge du 20th Deccan Horse à Bazentin le 14 juillet 1916, dont le terrain avait été minutieusement préparé en amont, on dispose de témoignages directs fiables, comme :
"Alors que chaque escadron franchissait le défilé, il se mettait en ligne et avançait au galop dans la direction prise par l’avant-garde, qui traversait une large bande de blé sur pied, dans laquelle de petits groupes ennemis étaient dissimulés. Des Allemands isolés commencèrent alors à surgir de toutes parts, levant les bras et criant : “Kamarad”, et plusieurs, manifestement persuadés qu’aucune pitié ne leur serait accordée, passèrent leurs bras autour de l’encolure des chevaux et implorèrent grâce — tout cela ralentissant la progression."
Lt.-Col Tennant, The Royal Deccan Horse in the Great War, 1939.
Transcription :
As each squadron cleared the defile, it formed line and advanced at a gallop in the direction taken by the advanced guard, which lay through a broad belt of standing corn, in which small parties of the enemy lay concealed. Individual Germans now commenced popping up on all sides, throwing up their arms and shouting "Kamerad," and not a few, evidently under the impression that no quarter would be given, flung their arms around the horses’ necks and begged for mercy — all of which impeded the advance.
Lt.-Col Tennant, The Royal Deccan Horse in the Great War, 1939.
Le 20th Deccan Horse y eut trois morts, deux officiers indiens blessés, 50 blessés parmi les sous-officiers et hommes du rang, 18 chevaux tués ou manquants, 52 chevaux blessés.
Si Giono insiste sur la similitude de tactique avec les guerres d’Italie quatre siècles plus tôt, on peut au contraire penser que les Britanniques ont cherché à adapter l’emploi de la cavalerie à la guerre moderne, en témoigne cette note de l’état-major britannique en 1917 :
NOTE SUR LES RÉCENTS COMBATS DE CAVALERIE JUSQU’AU 7 AVRIL 1917
Publiée par l’État-Major Général — Avril 1917
Les déductions suivantes sont tirées de l’expérience récente de la cavalerie opérant sur le front de l’avance en terrain découvert :
(a) Une reconnaissance très minutieuse du terrain ainsi que de la position ennemie avant l’attaque est essentielle. La reconnaissance aérienne ne suffit pas. Les patrouilles doivent être largement employées, généralement à cheval de jour et à pied de nuit.
(b) Lorsque la localité à attaquer se trouve dans une dépression, il est souvent conseillé de fixer les objectifs sur les hauteurs situées au-delà. Cela augmente les chances de couper la retraite de l’ennemi et réduit les pertes, notamment parmi les chevaux tenus à la main, causées par le bombardement ennemi dirigé sur la localité après sa capture.
(c) De courts et violents bombardements immédiatement avant l’attaque (après un réglage préalable effectué discrètement) ont donné de bons résultats. Une observation très attentive est nécessaire pour permettre un relèvement du tir au bon moment. La cavalerie ne disposera rarement, voire jamais, d’assez de canons pour établir un barrage régulier ; mais, avec une bonne organisation de l’observation et une avance rapide et audacieuse de l’artillerie en cas de succès, il devrait être possible d’assurer une certaine couverture à l’avance, de bombarder l’ennemi en retraite, de rechercher les probables postes d’observation ennemis et de contrer une contre-attaque.
(d) Les avances sur terrain découvert ont été menées avec succès au galop, en ordre dispersé.
(e) La combinaison de manœuvres de débordement rapides avec des attaques frontales et un tir de couverture (pour fixer l’attention de l’ennemi) a donné de bons résultats. Les véhicules blindés se sont révélés très utiles lors des attaques frontales et semblaient attirer la majorité des tirs ennemis.
(f) Lors d’une attaque, l’ouverture soudaine d’un feu de mitrailleuse ou de fusil ennemi venant d’un flanc peut être contrée en détachant une troupe ou un escadron pour charger le canon ou les tireurs, pendant que le gros continue son avance.
(g) La rapidité d’exécution est essentielle. Toute hésitation après qu’une décision a été prise est fatale. Les manœuvres cherchant à obtenir du terrain ou un couvert visuel pendant l’avance, si elles entraînent un retard, donneront rarement des résultats suffisants pour compenser la perte de temps occasionnée.
(h) Lors de l’attaque d’une localité, il est conseillé de désigner à l’avance les détachements de poursuite. Ils doivent suivre l’attaque de près. Une limite doit généralement être fixée au-delà de laquelle la poursuite ne doit pas aller. À l’intérieur de cette limite, les détachements de poursuite doivent agir avec la plus grande audace.
Quartier général — 10 avril 1917 (Réf. PRO : WO33/816)
Alors, Jean Giono a-t-il été témoin d’une charge de cavalerie indienne devant Cassel ? Est-ce une rumeur sur le champ de bataille ? Une hyperbole narrative ? L'influence de Gary Cooper et d'Hollywood ? Un texte intriguant. En espérant faire avancer cette réflexion ...
Bonne lecture !
Bien cordialement.
Eric
- Pièces jointes
-
- Mémorial indien de Longueval (Somme).
- Monument_Hommage_aux_Combattants_Indiens_2 (1).jpg (642.26 Kio) Consulté 343 fois
Re: les lanciers du Bengale dans les Flandres
Bonjour,
Complément sur la cavalerie indienne en France. Charge du Hodson’s Horse en novembre 1917 à Villers-Guislain (Nord).
Traduction d'un extrait de Hodson’s Horse 1857 - 1922, par le Commandant Cardew, publié par William Blackwood & Sons, Édimbourg et Londres, 1928.
Le 30 novembre, le régiment reçut l’ordre d’aller occuper les tranchées à pied. En conséquence, dans la matinée de ce jour, toutes les dispositions furent prises pour un séjour dans les tranchées près de Le Verguier. Les selles furent retirées et rangées, les hommes équipés pour le service à pied, et les chevaux sortis pour l’exercice. Pendant ce temps, un bombardement continu et intense était entendu au nord. On l’attribua d’abord à un tir d’artillerie destiné à perturber les relèves périodiques allemandes, mais on ne fut guère surpris lorsque, à 8 h 30, des ordres urgents furent reçus pour que le régiment se rassemble monté et se rende au carrefour à l’est d’Estrées-en-Chaussée, le train de bagages devant suivre plus tard. Des messagers furent immédiatement envoyés pour rappeler les chevaux et annuler toutes les dispositions précédentes. Quel que soit le grade, tous les hommes rivalisèrent d’efforts pour exécuter les ordres avec le moins de retard possible, si bien qu’à 11 h le régiment était au point de ralliement, première unité de toute la division à y arriver. À 11 h 30, la brigade d’Ambala se mit en marche, suivie du reste de la division, progressant au trot rapide sans interruption sur dix-sept kilomètres, à travers Roisel et Villers-Faucon, jusqu’à un point situé à environ 1 200 mètres au nord-ouest d’Épehy, où elle fit halte plus d’une heure. C’est là que l’on obtint quelques informations sur les événements de la matinée.
Il semblait qu’une attaque soudaine et violente avait été déclenchée contre le VIIe Corps, vers Honnecourt et Gouzeaucourt. Le coup, totalement inattendu, avait été suivi avec tant d’énergie que les Allemands avaient submergé notre première ligne et atteint les bivouacs presque sans avertissement. Les troupes étaient dans toutes les situations d’impréparation possibles : en train de déjeuner, de se raser, etc. Pendant un moment, la retraite fut une véritable débandade. Des officiers supérieurs s’échappèrent dans toutes sortes de tenues, du pantalon civil au pyjama ; un officier, qui était dans son bain, évita la capture de justesse en s’enfuyant précipitamment, enveloppé d’une serviette.
Mais ces anecdotes ne furent recueillies que plus tard. Tout ce que l’on savait avec certitude, c’était que la ligne avait été enfoncée, que les Allemands avançaient toujours, que la division des Gardes avait été envoyée pour arrêter leur progression et qu’elle contre-attaquait à Gouzeaucourt.
Vers 13 h, le commandant de la division (Major-General MacAndrew) donna verbalement l’ordre à la brigade d’Ambala, les 8th Hussars en tête, de se porter sur le bois Gaucher et de prendre contact avec les Gardes sur la gauche. Le reste de la division, à son arrivée, devait prolonger la ligne vers la droite. Les 8th Hussars avancèrent aussitôt vers le bois Gaucher, mais furent arrêtés à la traversée de la voie ferrée, à "Chapel Crossing", par les barbelés de notre seconde ligne, et subirent de lourdes pertes sous le feu venant du nord-ouest de Villers-Guislain. Un de leurs escadrons parvint cependant à passer et à s’abriter dans un chemin creux à environ 400 mètres à l’ouest du bois Gaucher.
Dans cette situation, le 9th Hodson’s Horse reçut l’ordre de se porter à gauche des 8th Hussars, de combler l’intervalle avec la division des Gardes — qui avait alors repris Gouzeaucourt — et d’attaquer le bois Gaucher. Le régiment avança au trot jusqu’à la ferme de Revelon, où il fit une brève halte pour s’orienter, afin d’éviter d’être bloqué comme l’avaient été les 8e Hussars. Les deux escadrons de tête, C et D (commandés respectivement par le Commandant A. I. Fraser et le Capitaine M. D. Vigors), s’élancèrent rapidement, les deux autres et le quartier général restant encore quelques minutes à Revelon. Le terrain était difficile : l’ensemble de notre seconde ligne de tranchées avait été creusé depuis l’opération de Cambrai la semaine précédente et était largement protégé par des barbelés.
Après avoir parcouru une courte distance, on atteignit une tranchée occupée par un officier d’ordonnance et un groupe de secrétaires et d’ordonnances, qui tentaient de tenir la ligne et furent visiblement soulagés de voir arriver le régiment. Non loin, on trouva une ouverture dans les fils de fer, à l’endroit où ils croisaient une route allant vers le nord-est, en direction de Gouzeaucourt. Par cette ouverture, l’escadron C passa et, passant au galop, traversa à découvert plus d’un kilomètre de terrain jusqu’au chemin creux déjà tenu par un escadron des 8th Hussars.
Au moment même, l’infanterie allemande sortait du bois Gaucher pour se jeter dans ce chemin, mais à la vue de l’escadron du Commandant Fraser chargeant vers eux, ils se replièrent dans le bois, couverts par quelques mitrailleuses installées le long de la voie ferrée. L’avance de l’escadron C avait été si rapide que l’artillerie ennemie n’avait pas eu le temps de tirer sur eux ; mais lorsque l’escadron D, mené par le Capitaine Vigors, franchit à son tour le passage, il fut accueilli par un tir nourri. La troupe de tête fut presque anéantie par le feu concentré sur le passage étroit, mais le reste de l’escadron ne ralentit ni ne dévia. Avançant avec un calme parfait, les cavaliers se déployèrent en formation en losange, espacés de quarante mètres, puis, au galop, traversèrent le terrain découvert sous un feu intense pour rejoindre l’escadron de tête dans le chemin creux.
Cet épisode, observé avec admiration par les témoins, était digne de n’importe quelle armée au monde. Pour des troupes montées, avancer face aux armes modernes est toujours une entreprise exigeant un grand courage ; le faire en formation ordonnée, à travers un défilé étroit puis en terrain découvert sous le feu de l’artillerie et de l’infanterie, révèle non seulement de l’audace, mais aussi un sang-froid et une discipline remarquables. Ce n’était pas là une démonstration vaine : l’arrivée opportune du Hodson’s Horse, à un point où la défense était gravement compromise et alors que l’escadron isolé des 8th Hussars risquait d’être submergé, permit d’arrêter net l’avance allemande et contribua à maintenir la ligne.
Pour revenir au récit des événements. L’escadron C, ayant atteint la route en contrebas et mis pied à terre, vit sa progression stoppée par une mitrailleuse allemande sur la voie ferrée juste devant eux. Le Commandant Fraser, accompagné d’un autre officier et de quatre hommes, quitta aussitôt la protection de la route et, se précipitant en avant, tenta de s’emparer de l’arme, mais Fraser tomba, atteint d’une balle à la tête, et les autres, voyant l’attaque vouée à l’échec, revinrent à couvert, la plupart blessés. À ce moment-là, l’escadron D arriva et, mettant pied à terre un peu en arrière de la route, là où un pli du terrain offrait un abri aux chevaux, avança et prolongea la ligne sur la gauche de l’escadron C jusqu’à établir le contact avec le 20ᵉ Hussards de la 1ʳᵉ Division de cavalerie, qui étaient arrivés sur la droite de la Garde à Gouzeaucourt.
Pendant ce temps, l'état-major régimentaire et les deux autres escadrons avaient également avancé et, trouvant une autre ouverture dans les barbelés, parvinrent à éviter de nombreuses pertes, mais subirent la très grave perte du Commandant F. St J. Atkinson, mortellement blessé par un obus à la tête de l’escadron A. L’escadron B, commandé par le Commandant Dyce, prolongea alors la ligne vers la droite, et l’escadron A resta en réserve.
Après un certain temps, lorsque le barrage ennemi se calma, les chevaux tenus en main furent envoyés à la ferme de Revelon puis, plus tard, à Heudicourt. Ils furent évacués juste à temps, car la route en contrebas et le terrain en arrière furent lourdement bombardés par l’ennemi ; toutefois, la position tenue là était solide et peu de pertes furent à déplorer parmi les troupes. Le reste du 8ᵉ Hussards arriva sur la droite des Hodson’s Horse, le 20ᵉ Hussards étant à gauche, et la ligne le long de la route en contrebas fut tenue dans cet ordre toute la nuit, les hommes pouvant s’installer confortablement grâce au couchage, aux vivres, etc., laissées par notre infanterie lors de sa retraite précipitée ce matin-là. (...)
Les pertes du Hodson’s Horse durant ces deux journées furent : deux officiers britanniques (Commandant A. I. Fraser, D.S.O., et Commandant F. St J. Atkinson, D.S.O.) et huit sous-officiers et soldats tués ; deux officiers britanniques et trois indiens blessés (Capitaine Dudding, Lieutenant Murphy, Risaldar Harbant Singh, Jemadar Mir Alam et Jemadar Sardar Khan) ainsi que quarante-trois autres blessés, dont deux moururent par la suite et un fut porté disparu. Vingt-cinq des hommes mis hors de combat (tués et blessés) appartenaient à l’escadron D, presque tous touchés lors du passage de l’ouverture dans les barbelés près de Revelon. (...)
Parmi de nombreux actes de bravoure, il faut mentionner le travail remarquable du Capitaine Dutt, du service médical indien. Pendant toute l’action, sous le feu le plus intense, il remplit ses fonctions avec un calme et un dévouement exemplaires, ce qui lui valut la Military Cross. On rapporte qu’un colonel allemand, grièvement blessé et fait prisonnier, soigné par le Capitaine Dutt sous un violent bombardement, retira sa propre Croix de fer pour l’offrir à son bienfaiteur, avec des paroles de profonde gratitude.
Parmi les autres distinctions décernées à l’occasion de cette action : une agrafe à la Distinguished Service Order pour le Lieutenant-Colonel Beatty, la Military Cross pour le Capitaine et adjudant régimentaire Graham, la Première classe de l’Indian Order of Merit pour le Ressaidar Nur Ahmad Khan, la Deuxième classe du même ordre pour le Jemadar et Wordi Major Sardar Khan et pour trois autres soldats, ainsi que douze Indian Distinguished Service Medals et sept Indian Meritorious Service Medals.
Transcription original anglais:
Here orders were received by the regiment to go into the trenches dismounted on 30th November. Accordingly, on the morning of that day, all arrangements had been made for a spell of duty in the trenches about Le Verguier. The saddles were stripped and packed away, the men were equipped for dismounted work, and the horses were out at exercise. Meanwhile, continuous and heavy drum fire had been heard to the north, and although this was at first attributed to an artillery "strafe" arranged to interfere with the periodical German reliefs, yet little surprise was felt when, at 8.30 A.M., urgent orders were received for the regiment to fall in mounted and to rendezvous at the cross-roads east of Estrées-en-Chaussée, the transport being ordered to follow later.
Messengers were sent out immediately to call in the horses and to countermand all previous arrangements. Every effort was made by all ranks to carry out the orders with the least possible delay, and with such good success that at 11 A.M. the regiment was at the rendezvous, the first unit of the whole division to arrive there. At 11.30 the Ambala Brigade moved off, followed by the rest of the division, and proceeded at a rapid trot without a check for eleven miles through Roisel and Villers-Faucon to a point about three-quarters of a mile north-west of Épehy, where it halted for upwards of an hour.
Here, some sort of information was obtained of the events of the morning. It appeared that a sudden and heavy attack had been delivered against the Seventh Corps about Honnecourt and Gouzeaucourt. The blow was quite unexpected and had been so energetically followed up that the Germans had overwhelmed our front line and had reached the bivouacs almost before any warning had been given. The troops were in every stage of unpreparedness, getting their breakfasts, shaving, and the like. For a little while the retirement was a case of sauve qui peut. Senior commanders escaped in various sorts of undress from "slacks" to pyjamas, and one officer who was in his bath only avoided capture by retreating precipitately wrapped in a bath towel.
Stories of this kind, however, were gathered later. Meanwhile, all that could be ascertained for certain was that the line had been forced back and that the Germans were still advancing, that the Guards Division had been brought up to stem the enemy's progress, and was making a counter-attack on Gouzeaucourt. About 1 P.M., the divisional commander (Major-General MacAndrew) gave orders verbally to the Ambala Brigade, with the 8th Hussars leading, to push on to Gauche Wood and to get into touch with the Guards on the left. The rest of the division, as it arrived, was to carry on the line to the right. Accordingly, the 8th Hussars at once moved forward towards Gauche Wood, but at Chapel Crossing on the railway line they were checked by the wire about our own second line trenches, and while passing this obstacle they came under heavy fire from the north-west of Villers-Guislain and suffered a good many casualties. For a time, their further progress was impossible, but one squadron had already managed to get through and had gained the shelter of a sunken road about 400 yards west of Gauche Wood. In this emergency, the 9th Hodson's Horse was ordered to go up on the left of the 8th Hussars, fill the gap between them and the Guards Division, who had by this time recaptured Gouzeaucourt, and attack Gauche Wood. The regiment trotted forward as far as Revelon Farm, where it halted for a few moments to make sure of the right direction, a precaution which was necessary in order to avoid being held up unexpectedly, as had already happened to the 8th Hussars. From here, the two leading squadrons (C and D, commanded respectively by Major A. I. Fraser and Captain M. D. Vigors) advanced rapidly, the other two and the headquarters remaining a few minutes more at Revelon. The country was difficult to traverse, as the whole of our second line trench system had been dug since the Cambrai operations of the previous week, and most of it had been wired. After proceeding a little distance, a trench was reached where an ordnance officer with a party of clerks and orderlies were found in possession, doing their best to hold the line intact, but visibly relieved at the appearance of the regiment. Near here, a gap was found in the wire, where it crossed a road running north-east to Gouzeaucourt. Through this gap, C Squadron passed, and breaking into a gallop made straight across the intervening stretch of perfectly open country to where, nearly a mile away, the sunken road, already occupied by the squadron of the 8th Hussars, ran north and south, just west of the railway line. At this moment, the German infantry were seen emerging from Gauche Wood and dropping into the sunken road, but when they saw Major Fraser's squadron galloping towards them, they ran back to the shelter of the wood, covered by a few machine-guns on the railway line.
The passage of C Squadron through the gap in the wire and their advance across the open ground beyond had been so rapid that the enemy's artillery had not had time to get on to the troops; but by the time that D Squadron under Captain Vigors began to pass through the defile, they met with a very different reception. The leading troop was almost blown to pieces by the concentrated fire on the narrow opening, but the remainder of the squadron never wavered, nor did they change their pace. Advancing with the utmost steadiness through the gap, the troops spread out in diamond formation, forty yards apart, and breaking into a gallop crossed the intervening open ground under heavy shell and machine-gun fire and joined the leading squadron in the hollow road.
This gallant episode, which was watched with admiration by onlookers, was one of which any army in the world might be proud. For mounted troops to advance in the face of modern firearms is in any circumstances an undertaking requiring the greatest pluck and daring. To make such an advance in orderly formation, first through a narrow defile and then across open ground exposed throughout to hostile artillery and infantry fire, betokens not only dash and gallantry but also coolness and nerve on the part of the leaders and steady discipline and morale of a very high order in all ranks. Nor was this merely a vain display of reckless bravery. The opportune arrival of Hodson's Horse at a point where the defence was very seriously weakened, and at a moment when the single squadron of the 8th Hussars that had established itself there was in danger of being overwhelmed, was successful in definitely checking the German advance and materially assisted in keeping the line unbroken.
To return to the narrative of events. C Squadron, having reached the sunk road and dismounted, found their further progress checked by a German machine-gun on the railway immediately in front. Major Fraser, with another officer and four men, immediately left the cover of the road and, dashing forward, endeavoured to rush the gun, but Fraser fell, shot through the head, and the others, seeing the attempt useless, got back under cover, most of them wounded. At this moment D Squadron came up and, dismounting a little behind the road, where a fold in the ground gave cover for the horses, advanced and prolonged the line to the left of C Squadron until they got into touch with the 20th Hussars from the 1st Cavalry Division, who had come up on the right of the Guards at Gouzeaucourt.
Meanwhile, the regimental headquarters and the two other squadrons had also advanced and, finding another gap in the wire, managed to escape many casualties, but suffered the very serious loss of Major F. St J. Atkinson, who was mortally wounded by a shell at the head of A Squadron. B Squadron, under Major Dyce, now prolonged the line to the right, and A was held in reserve. After a time, when the hostile barrage slackened, the led horses were sent back to Revelon Farm and later to Heudicourt. They were got away only just in time, for the sunk road and ground behind were heavily shelled by the enemy, but the position held there was a strong one and not many casualties occurred among the troops. The rest of the 8th Hussars came up on the right of Hodson’s Horse, the 20th Hussars being on the left, and the line of the sunk road was held in this order through the night, the men being able to make themselves comfortable with the bedding, food, &c., left behind by our infantry in their hurried retreat that morning. (...)
The losses in Hodson's Horse on these two memorable days were two British officers (Major A. I. Fraser, D.S.O., and Major F. St J. Atkinson, D.S.O.) and eight non-commissioned officers and men killed; two British and three Indian officers (Captain Dudding, Lieutenant Murphy, Risaldar Harbant Singh, Jemadar Mir Alam, and Jemadar Sardar Khan) and forty-three of other ranks wounded (of whom two afterwards died and one was missing). Of these losses, twenty-five killed and wounded were in D Squadron, and almost all of these were hit in the few minutes occupied in passing through the gap in the wire near Revelon. (...)
Among many deeds of devotion and gallantry, the splendid work of Captain Dutt of the Indian Medical Service is deserving of record here. Throughout the whole action, and under the heaviest fire, he carried on his duties coolly and indefatigably, and well earned the Military Cross with which his conduct was rewarded. It may be related that a German Colonel, severely wounded and a prisoner, whose wounds were dressed by Captain Dutt under heavy shell fire, pulled off his Iron Cross from his own breast and handed it to his benefactor with heartfelt expressions of gratitude.
Other rewards earned in this action were a bar to the Distinguished Service Order by Lieut.-Colonel Beatty, the Military Cross by Captain and Adjutant Graham, the First Class of the Indian Order of Merit by Ressaidar Nur Ahmad Khan, the Second Class of the same order by Jemadar and Wordi Major Sardar Khan and by three other ranks, besides twelve Indian Distinguished Service Medals and seven Indian Meritorious Service Medals.
Bien cordialement.
Eric
Complément sur la cavalerie indienne en France. Charge du Hodson’s Horse en novembre 1917 à Villers-Guislain (Nord).
Traduction d'un extrait de Hodson’s Horse 1857 - 1922, par le Commandant Cardew, publié par William Blackwood & Sons, Édimbourg et Londres, 1928.
Le 30 novembre, le régiment reçut l’ordre d’aller occuper les tranchées à pied. En conséquence, dans la matinée de ce jour, toutes les dispositions furent prises pour un séjour dans les tranchées près de Le Verguier. Les selles furent retirées et rangées, les hommes équipés pour le service à pied, et les chevaux sortis pour l’exercice. Pendant ce temps, un bombardement continu et intense était entendu au nord. On l’attribua d’abord à un tir d’artillerie destiné à perturber les relèves périodiques allemandes, mais on ne fut guère surpris lorsque, à 8 h 30, des ordres urgents furent reçus pour que le régiment se rassemble monté et se rende au carrefour à l’est d’Estrées-en-Chaussée, le train de bagages devant suivre plus tard. Des messagers furent immédiatement envoyés pour rappeler les chevaux et annuler toutes les dispositions précédentes. Quel que soit le grade, tous les hommes rivalisèrent d’efforts pour exécuter les ordres avec le moins de retard possible, si bien qu’à 11 h le régiment était au point de ralliement, première unité de toute la division à y arriver. À 11 h 30, la brigade d’Ambala se mit en marche, suivie du reste de la division, progressant au trot rapide sans interruption sur dix-sept kilomètres, à travers Roisel et Villers-Faucon, jusqu’à un point situé à environ 1 200 mètres au nord-ouest d’Épehy, où elle fit halte plus d’une heure. C’est là que l’on obtint quelques informations sur les événements de la matinée.
Il semblait qu’une attaque soudaine et violente avait été déclenchée contre le VIIe Corps, vers Honnecourt et Gouzeaucourt. Le coup, totalement inattendu, avait été suivi avec tant d’énergie que les Allemands avaient submergé notre première ligne et atteint les bivouacs presque sans avertissement. Les troupes étaient dans toutes les situations d’impréparation possibles : en train de déjeuner, de se raser, etc. Pendant un moment, la retraite fut une véritable débandade. Des officiers supérieurs s’échappèrent dans toutes sortes de tenues, du pantalon civil au pyjama ; un officier, qui était dans son bain, évita la capture de justesse en s’enfuyant précipitamment, enveloppé d’une serviette.
Mais ces anecdotes ne furent recueillies que plus tard. Tout ce que l’on savait avec certitude, c’était que la ligne avait été enfoncée, que les Allemands avançaient toujours, que la division des Gardes avait été envoyée pour arrêter leur progression et qu’elle contre-attaquait à Gouzeaucourt.
Vers 13 h, le commandant de la division (Major-General MacAndrew) donna verbalement l’ordre à la brigade d’Ambala, les 8th Hussars en tête, de se porter sur le bois Gaucher et de prendre contact avec les Gardes sur la gauche. Le reste de la division, à son arrivée, devait prolonger la ligne vers la droite. Les 8th Hussars avancèrent aussitôt vers le bois Gaucher, mais furent arrêtés à la traversée de la voie ferrée, à "Chapel Crossing", par les barbelés de notre seconde ligne, et subirent de lourdes pertes sous le feu venant du nord-ouest de Villers-Guislain. Un de leurs escadrons parvint cependant à passer et à s’abriter dans un chemin creux à environ 400 mètres à l’ouest du bois Gaucher.
Dans cette situation, le 9th Hodson’s Horse reçut l’ordre de se porter à gauche des 8th Hussars, de combler l’intervalle avec la division des Gardes — qui avait alors repris Gouzeaucourt — et d’attaquer le bois Gaucher. Le régiment avança au trot jusqu’à la ferme de Revelon, où il fit une brève halte pour s’orienter, afin d’éviter d’être bloqué comme l’avaient été les 8e Hussars. Les deux escadrons de tête, C et D (commandés respectivement par le Commandant A. I. Fraser et le Capitaine M. D. Vigors), s’élancèrent rapidement, les deux autres et le quartier général restant encore quelques minutes à Revelon. Le terrain était difficile : l’ensemble de notre seconde ligne de tranchées avait été creusé depuis l’opération de Cambrai la semaine précédente et était largement protégé par des barbelés.
Après avoir parcouru une courte distance, on atteignit une tranchée occupée par un officier d’ordonnance et un groupe de secrétaires et d’ordonnances, qui tentaient de tenir la ligne et furent visiblement soulagés de voir arriver le régiment. Non loin, on trouva une ouverture dans les fils de fer, à l’endroit où ils croisaient une route allant vers le nord-est, en direction de Gouzeaucourt. Par cette ouverture, l’escadron C passa et, passant au galop, traversa à découvert plus d’un kilomètre de terrain jusqu’au chemin creux déjà tenu par un escadron des 8th Hussars.
Au moment même, l’infanterie allemande sortait du bois Gaucher pour se jeter dans ce chemin, mais à la vue de l’escadron du Commandant Fraser chargeant vers eux, ils se replièrent dans le bois, couverts par quelques mitrailleuses installées le long de la voie ferrée. L’avance de l’escadron C avait été si rapide que l’artillerie ennemie n’avait pas eu le temps de tirer sur eux ; mais lorsque l’escadron D, mené par le Capitaine Vigors, franchit à son tour le passage, il fut accueilli par un tir nourri. La troupe de tête fut presque anéantie par le feu concentré sur le passage étroit, mais le reste de l’escadron ne ralentit ni ne dévia. Avançant avec un calme parfait, les cavaliers se déployèrent en formation en losange, espacés de quarante mètres, puis, au galop, traversèrent le terrain découvert sous un feu intense pour rejoindre l’escadron de tête dans le chemin creux.
Cet épisode, observé avec admiration par les témoins, était digne de n’importe quelle armée au monde. Pour des troupes montées, avancer face aux armes modernes est toujours une entreprise exigeant un grand courage ; le faire en formation ordonnée, à travers un défilé étroit puis en terrain découvert sous le feu de l’artillerie et de l’infanterie, révèle non seulement de l’audace, mais aussi un sang-froid et une discipline remarquables. Ce n’était pas là une démonstration vaine : l’arrivée opportune du Hodson’s Horse, à un point où la défense était gravement compromise et alors que l’escadron isolé des 8th Hussars risquait d’être submergé, permit d’arrêter net l’avance allemande et contribua à maintenir la ligne.
Pour revenir au récit des événements. L’escadron C, ayant atteint la route en contrebas et mis pied à terre, vit sa progression stoppée par une mitrailleuse allemande sur la voie ferrée juste devant eux. Le Commandant Fraser, accompagné d’un autre officier et de quatre hommes, quitta aussitôt la protection de la route et, se précipitant en avant, tenta de s’emparer de l’arme, mais Fraser tomba, atteint d’une balle à la tête, et les autres, voyant l’attaque vouée à l’échec, revinrent à couvert, la plupart blessés. À ce moment-là, l’escadron D arriva et, mettant pied à terre un peu en arrière de la route, là où un pli du terrain offrait un abri aux chevaux, avança et prolongea la ligne sur la gauche de l’escadron C jusqu’à établir le contact avec le 20ᵉ Hussards de la 1ʳᵉ Division de cavalerie, qui étaient arrivés sur la droite de la Garde à Gouzeaucourt.
Pendant ce temps, l'état-major régimentaire et les deux autres escadrons avaient également avancé et, trouvant une autre ouverture dans les barbelés, parvinrent à éviter de nombreuses pertes, mais subirent la très grave perte du Commandant F. St J. Atkinson, mortellement blessé par un obus à la tête de l’escadron A. L’escadron B, commandé par le Commandant Dyce, prolongea alors la ligne vers la droite, et l’escadron A resta en réserve.
Après un certain temps, lorsque le barrage ennemi se calma, les chevaux tenus en main furent envoyés à la ferme de Revelon puis, plus tard, à Heudicourt. Ils furent évacués juste à temps, car la route en contrebas et le terrain en arrière furent lourdement bombardés par l’ennemi ; toutefois, la position tenue là était solide et peu de pertes furent à déplorer parmi les troupes. Le reste du 8ᵉ Hussards arriva sur la droite des Hodson’s Horse, le 20ᵉ Hussards étant à gauche, et la ligne le long de la route en contrebas fut tenue dans cet ordre toute la nuit, les hommes pouvant s’installer confortablement grâce au couchage, aux vivres, etc., laissées par notre infanterie lors de sa retraite précipitée ce matin-là. (...)
Les pertes du Hodson’s Horse durant ces deux journées furent : deux officiers britanniques (Commandant A. I. Fraser, D.S.O., et Commandant F. St J. Atkinson, D.S.O.) et huit sous-officiers et soldats tués ; deux officiers britanniques et trois indiens blessés (Capitaine Dudding, Lieutenant Murphy, Risaldar Harbant Singh, Jemadar Mir Alam et Jemadar Sardar Khan) ainsi que quarante-trois autres blessés, dont deux moururent par la suite et un fut porté disparu. Vingt-cinq des hommes mis hors de combat (tués et blessés) appartenaient à l’escadron D, presque tous touchés lors du passage de l’ouverture dans les barbelés près de Revelon. (...)
Parmi de nombreux actes de bravoure, il faut mentionner le travail remarquable du Capitaine Dutt, du service médical indien. Pendant toute l’action, sous le feu le plus intense, il remplit ses fonctions avec un calme et un dévouement exemplaires, ce qui lui valut la Military Cross. On rapporte qu’un colonel allemand, grièvement blessé et fait prisonnier, soigné par le Capitaine Dutt sous un violent bombardement, retira sa propre Croix de fer pour l’offrir à son bienfaiteur, avec des paroles de profonde gratitude.
Parmi les autres distinctions décernées à l’occasion de cette action : une agrafe à la Distinguished Service Order pour le Lieutenant-Colonel Beatty, la Military Cross pour le Capitaine et adjudant régimentaire Graham, la Première classe de l’Indian Order of Merit pour le Ressaidar Nur Ahmad Khan, la Deuxième classe du même ordre pour le Jemadar et Wordi Major Sardar Khan et pour trois autres soldats, ainsi que douze Indian Distinguished Service Medals et sept Indian Meritorious Service Medals.
Transcription original anglais:
Here orders were received by the regiment to go into the trenches dismounted on 30th November. Accordingly, on the morning of that day, all arrangements had been made for a spell of duty in the trenches about Le Verguier. The saddles were stripped and packed away, the men were equipped for dismounted work, and the horses were out at exercise. Meanwhile, continuous and heavy drum fire had been heard to the north, and although this was at first attributed to an artillery "strafe" arranged to interfere with the periodical German reliefs, yet little surprise was felt when, at 8.30 A.M., urgent orders were received for the regiment to fall in mounted and to rendezvous at the cross-roads east of Estrées-en-Chaussée, the transport being ordered to follow later.
Messengers were sent out immediately to call in the horses and to countermand all previous arrangements. Every effort was made by all ranks to carry out the orders with the least possible delay, and with such good success that at 11 A.M. the regiment was at the rendezvous, the first unit of the whole division to arrive there. At 11.30 the Ambala Brigade moved off, followed by the rest of the division, and proceeded at a rapid trot without a check for eleven miles through Roisel and Villers-Faucon to a point about three-quarters of a mile north-west of Épehy, where it halted for upwards of an hour.
Here, some sort of information was obtained of the events of the morning. It appeared that a sudden and heavy attack had been delivered against the Seventh Corps about Honnecourt and Gouzeaucourt. The blow was quite unexpected and had been so energetically followed up that the Germans had overwhelmed our front line and had reached the bivouacs almost before any warning had been given. The troops were in every stage of unpreparedness, getting their breakfasts, shaving, and the like. For a little while the retirement was a case of sauve qui peut. Senior commanders escaped in various sorts of undress from "slacks" to pyjamas, and one officer who was in his bath only avoided capture by retreating precipitately wrapped in a bath towel.
Stories of this kind, however, were gathered later. Meanwhile, all that could be ascertained for certain was that the line had been forced back and that the Germans were still advancing, that the Guards Division had been brought up to stem the enemy's progress, and was making a counter-attack on Gouzeaucourt. About 1 P.M., the divisional commander (Major-General MacAndrew) gave orders verbally to the Ambala Brigade, with the 8th Hussars leading, to push on to Gauche Wood and to get into touch with the Guards on the left. The rest of the division, as it arrived, was to carry on the line to the right. Accordingly, the 8th Hussars at once moved forward towards Gauche Wood, but at Chapel Crossing on the railway line they were checked by the wire about our own second line trenches, and while passing this obstacle they came under heavy fire from the north-west of Villers-Guislain and suffered a good many casualties. For a time, their further progress was impossible, but one squadron had already managed to get through and had gained the shelter of a sunken road about 400 yards west of Gauche Wood. In this emergency, the 9th Hodson's Horse was ordered to go up on the left of the 8th Hussars, fill the gap between them and the Guards Division, who had by this time recaptured Gouzeaucourt, and attack Gauche Wood. The regiment trotted forward as far as Revelon Farm, where it halted for a few moments to make sure of the right direction, a precaution which was necessary in order to avoid being held up unexpectedly, as had already happened to the 8th Hussars. From here, the two leading squadrons (C and D, commanded respectively by Major A. I. Fraser and Captain M. D. Vigors) advanced rapidly, the other two and the headquarters remaining a few minutes more at Revelon. The country was difficult to traverse, as the whole of our second line trench system had been dug since the Cambrai operations of the previous week, and most of it had been wired. After proceeding a little distance, a trench was reached where an ordnance officer with a party of clerks and orderlies were found in possession, doing their best to hold the line intact, but visibly relieved at the appearance of the regiment. Near here, a gap was found in the wire, where it crossed a road running north-east to Gouzeaucourt. Through this gap, C Squadron passed, and breaking into a gallop made straight across the intervening stretch of perfectly open country to where, nearly a mile away, the sunken road, already occupied by the squadron of the 8th Hussars, ran north and south, just west of the railway line. At this moment, the German infantry were seen emerging from Gauche Wood and dropping into the sunken road, but when they saw Major Fraser's squadron galloping towards them, they ran back to the shelter of the wood, covered by a few machine-guns on the railway line.
The passage of C Squadron through the gap in the wire and their advance across the open ground beyond had been so rapid that the enemy's artillery had not had time to get on to the troops; but by the time that D Squadron under Captain Vigors began to pass through the defile, they met with a very different reception. The leading troop was almost blown to pieces by the concentrated fire on the narrow opening, but the remainder of the squadron never wavered, nor did they change their pace. Advancing with the utmost steadiness through the gap, the troops spread out in diamond formation, forty yards apart, and breaking into a gallop crossed the intervening open ground under heavy shell and machine-gun fire and joined the leading squadron in the hollow road.
This gallant episode, which was watched with admiration by onlookers, was one of which any army in the world might be proud. For mounted troops to advance in the face of modern firearms is in any circumstances an undertaking requiring the greatest pluck and daring. To make such an advance in orderly formation, first through a narrow defile and then across open ground exposed throughout to hostile artillery and infantry fire, betokens not only dash and gallantry but also coolness and nerve on the part of the leaders and steady discipline and morale of a very high order in all ranks. Nor was this merely a vain display of reckless bravery. The opportune arrival of Hodson's Horse at a point where the defence was very seriously weakened, and at a moment when the single squadron of the 8th Hussars that had established itself there was in danger of being overwhelmed, was successful in definitely checking the German advance and materially assisted in keeping the line unbroken.
To return to the narrative of events. C Squadron, having reached the sunk road and dismounted, found their further progress checked by a German machine-gun on the railway immediately in front. Major Fraser, with another officer and four men, immediately left the cover of the road and, dashing forward, endeavoured to rush the gun, but Fraser fell, shot through the head, and the others, seeing the attempt useless, got back under cover, most of them wounded. At this moment D Squadron came up and, dismounting a little behind the road, where a fold in the ground gave cover for the horses, advanced and prolonged the line to the left of C Squadron until they got into touch with the 20th Hussars from the 1st Cavalry Division, who had come up on the right of the Guards at Gouzeaucourt.
Meanwhile, the regimental headquarters and the two other squadrons had also advanced and, finding another gap in the wire, managed to escape many casualties, but suffered the very serious loss of Major F. St J. Atkinson, who was mortally wounded by a shell at the head of A Squadron. B Squadron, under Major Dyce, now prolonged the line to the right, and A was held in reserve. After a time, when the hostile barrage slackened, the led horses were sent back to Revelon Farm and later to Heudicourt. They were got away only just in time, for the sunk road and ground behind were heavily shelled by the enemy, but the position held there was a strong one and not many casualties occurred among the troops. The rest of the 8th Hussars came up on the right of Hodson’s Horse, the 20th Hussars being on the left, and the line of the sunk road was held in this order through the night, the men being able to make themselves comfortable with the bedding, food, &c., left behind by our infantry in their hurried retreat that morning. (...)
The losses in Hodson's Horse on these two memorable days were two British officers (Major A. I. Fraser, D.S.O., and Major F. St J. Atkinson, D.S.O.) and eight non-commissioned officers and men killed; two British and three Indian officers (Captain Dudding, Lieutenant Murphy, Risaldar Harbant Singh, Jemadar Mir Alam, and Jemadar Sardar Khan) and forty-three of other ranks wounded (of whom two afterwards died and one was missing). Of these losses, twenty-five killed and wounded were in D Squadron, and almost all of these were hit in the few minutes occupied in passing through the gap in the wire near Revelon. (...)
Among many deeds of devotion and gallantry, the splendid work of Captain Dutt of the Indian Medical Service is deserving of record here. Throughout the whole action, and under the heaviest fire, he carried on his duties coolly and indefatigably, and well earned the Military Cross with which his conduct was rewarded. It may be related that a German Colonel, severely wounded and a prisoner, whose wounds were dressed by Captain Dutt under heavy shell fire, pulled off his Iron Cross from his own breast and handed it to his benefactor with heartfelt expressions of gratitude.
Other rewards earned in this action were a bar to the Distinguished Service Order by Lieut.-Colonel Beatty, the Military Cross by Captain and Adjutant Graham, the First Class of the Indian Order of Merit by Ressaidar Nur Ahmad Khan, the Second Class of the same order by Jemadar and Wordi Major Sardar Khan and by three other ranks, besides twelve Indian Distinguished Service Medals and seven Indian Meritorious Service Medals.
Bien cordialement.
Eric
- Pièces jointes
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- Cambrai 1917 in Ludendorff : My War Memories 1914 - 1918, volume 2, édition anglaise Hutchinson, page 495.
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- Chapel Crossing_20250814_140012_0000.png (1.01 Mio) Consulté 53 fois