LIBERTE
Goélette de 250 tpl 166 tx JB
Ne figure pas dans la liste des voiliers caboteurs chez Lacroix. (Peut-être ancien terre-neuvier)
Armateur Jean COULON de Cette
Affréteur VIVIAN de Cardiff
Effectue une traversée Cardiff – Marseille avec un chargement de charbon destiné à Mr. Dubois, rue Sainte à Marseille.
Liste d'équipage
PELLARD Yves-François Capitaine Lannion (Capitaine au cabotage)
LE PINIC Second Paimpol
GEFFROY Matelot Paimpol
DONNART Jean Matelot Audierne
LE TALLEC Matelot Inscrit provisoire
BRUAL Novice Bordeaux
SAVARY Mousse Bordeaux
La perte de LIBERTE
La goélette suit les ordres de l'Amirauté britannique qui lui prescrivent de donner 150 milles de tour à l'entrée de la Manche et jusqu'aux côtes du Portugal. Mais en raison du très gros temps, elle doit louvoyer et passe près des côtes d'Espagne, apercevant même Villano.
Le 4 Janvier 1917 elle se trouve par 35°49 N et 03°50 W (cette longitude donnée à partir du méridien de Paris la met à environ 75 milles dans le NW du cap Spartel), et fait route au S 85 E à 3 nœuds.
Beau temps. Vent de SE. Petit clapotis.
L'équipage voit alors un sous-marin couler un vapeur anglais. Ce vapeur coule en quinze minutes.
(nota : il s'agit du WRAGBY, 3641 t, qui allait de Barry Dock à Gibraltar.) Le sous-marin met le cap sur la goélette, tire un coup de canon de semonce et s'arrête à 100 m.
Le commandant crie « Quelle est votre nationalité ? » en agitant un petit pavillon allemand. Le capitaine Pellard répond « Français » en agitant à son tour un petit pavillon français. L'Allemand dit alors : « Il faut évacuer ».
Deux canots sont mis à l'eau. Celui du capitaine vient accoster le sous-marin, Mais quand celui-ci s'apprête à monter à bord, le commandant fait signe que non et demande seulement les papiers. C'est un maître qui les examine, puis les passe au commandant en disant « Oui, oui... ». Le commandant les regarde à peine et pose des questions d'arraisonnement en mauvais anglais, émaillé de mots français. Le capitaine ne comprenant pas, il lui dit alors « Partez. ».
Le sous-marin tire alors deux coups de canon à la flottaison arrière de LIBERTE, puis s'éloigne vers le SW en surface.
Les deux canots de LIBERTE, ainsi que les deux canots du vapeur anglais font alors route sur Saint Vincent. Le capitaine anglais a demandé au capitaine Pellard quelle était la position exacte. Ils font routes parallèles, mais les Anglais se tiennent plus au nord.
A 23h00, les naufragés de LIBERTE sont recueillis par le vapeur charbonnier anglais HAMPTON, qui effectue une traversée Gênes – Newcastle sur lest, avec arraisonnement à Gibraltar. Ils sont très bien reçus à bord. Ils recherchent alors les canots du vapeur anglais, mais ne les trouvent pas. Le capitaine Pellard pense qu'ils ont été recueillis par un autre vapeur.
Le 7 Janvier 1917 à 11h00, par 43°39 N et 12°23 W (Paris), dans les parages de Villano, ils voient un grand sous-marin en train de couler un vapeur norvégien. (Nota : ce pourrait être le BORNHOLM, 3641 t, coulé ce jour-là par l'U 48 du KL Berndt BUSS à 75 milles au large de Finisterre).
HAMPTON, qui possède un canon à l'arrière, se prépare au combat et fait route au SW à 13 nœuds jusqu'à la nuit. Puis il vient à l'ouest, tous feux masqués. Le sous-marin a été perdu de vue dès midi.
Le 14 Janvier, les naufragés sont débarqués à Dunes, puis dirigés d'abord sur Folkestone, ensuite sur Southampton. Ils prennent la malle du Havre le 16 Janvier.
Description du sous-marin
45 à 50 m de long pour 4 de large
Avant très bas sur l'eau
Rambardes au dessus du kiosque, faisant passerelle de navigation
1 canon de 80 ou 90 mm sur l'avant du kiosque
1 Périscope
Peinture grise en haut, noire en dessous.
Voici la silhouette du sous-marin

Commandant
Entre 25 et 28 ans. Grand, maigre, blond avec des yeux bleus. Rasé. Bouche et nez assez grands.
L'air assez dur. Paraissait très fatigué. Il avait les traits tirés et la voix couverte. Sa parole était peu facile. Il est resté assis sur une sangle pendant toute l'opération.
Il portait une combinaison de cuir noire et une casquette
Vu quelques hommes d'équipage qui, eux, ne paraissaient pas fatigués.
Le sous-marin attaquant
C'était l'UC 37 de l'OL Otto LAUNBURG
La description qui est faite de Launburg correspond tout à fait à un cliché existant de lui, à l'époque où il était embarqué sur U 35, et où on le voit assis sur une rambarde.
Note complémentaire sur LIBERTE
LIBERTE, alors commandée par le capitaine MALANDIN, avait déjà rencontré un sous-marin le 5 Octobre 1916 à 10 milles dans le SW d'Ouessant, alors que la goélette faisait route de Bordeaux sur Newport. Le sous-marin avait soudain émergé à 200 m sur son arrière et fait route sur elle. Mais, apercevant alors deux gros vapeurs, il avait délaissé le voilier. C'était, selon l'équipage, un sous-marin d'environ 50 m de long.
(nota : il pourrait s'agir de l'UC 26 du KL Mathias Graf von Schmettow, qui coula ce jour-là le vapeur anglais ISLE OF HASTINGS , 1575 t, justement à 10 milles dans le SW d'Ouessant.)
Cdlt