Bonjour
Je n'ai pas connaissance de bateaux vétérinaires, ni d' hôpital vétérinaire important à Abbeville
Mais peut être s'agit-il de DCM (Depot de Chevaux Malades) au sein d'un régiment de Cavalerie, d'Artillerie ou autres. A mon avis c'est par la qu'il faut chercher
Un livre tres complet de Claude Milhaud " 1914-1918 L'autre hécatombe " chez Belin peut être intéressant à lire
Il peut être téléchargé via Kindle chez Amazon pour 8€
Bon courage dans vos recherches
Cordialement
Hôpitaux vétérinaires pour chevaux- Croix bleue- Croix violette
Re: Hôpitaux vétérinaires pour chevaux- Croix bleue- Croix violette
Dernière modification par Phil7713 le ven. avr. 12, 2019 1:49 am, modifié 1 fois.
Re: Hôpitaux vétérinaires pour chevaux- Croix bleue- Croix violette
De retour après des ennuis de santé je vous remercie beaucoup, belle soirée
Re: Hôpitaux vétérinaires pour chevaux- Croix bleue- Croix violette
Pour répondre à Phil : En Seine et Marne, il existait également l'hôpital vétérinaires de Cesson. Je l'ai étudié à partir d'un dossier militaire de mon arrière grand-père, Gaston Sandoz, qui en a été le premier commandant et, toujours aux archives de Vincennes, dans la série N, qui comporte à la rubrique « hôpitaux vétérinaires 3 références :
-cartons 7N453 et 7N456 « dépôts des chevaux malades » NB dépôts des chevaux malades et hôpitaux vétérinaires ne sont pas synonymes
-carton 7N457 « hôpitaux vétérinaires » 1917-1919
-carton 16N2341 « historique des hôpitaux vétérinaires 1917-1918 »
J'ai fait une notice que j'ai envoyée aux archives départementales de Seine et Marne et à une société d'histoire locale de Cesson. Je peux vous la faire parvenir sur ce forum elle ne comporte que 7 pages.
-cartons 7N453 et 7N456 « dépôts des chevaux malades » NB dépôts des chevaux malades et hôpitaux vétérinaires ne sont pas synonymes
-carton 7N457 « hôpitaux vétérinaires » 1917-1919
-carton 16N2341 « historique des hôpitaux vétérinaires 1917-1918 »
J'ai fait une notice que j'ai envoyée aux archives départementales de Seine et Marne et à une société d'histoire locale de Cesson. Je peux vous la faire parvenir sur ce forum elle ne comporte que 7 pages.
NORBERT
Re: Hôpitaux vétérinaires pour chevaux- Croix bleue- Croix violette
Bonjour Norbert
Merci de vos precisions
Bien entendu je serais ravi si vous pouviez me faire parvenir votre notice sur l'hôpital vétérinaire de Cesson sur ce forum
Je vous en remercie par avance
Cordialement
Merci de vos precisions
Bien entendu je serais ravi si vous pouviez me faire parvenir votre notice sur l'hôpital vétérinaire de Cesson sur ce forum
Je vous en remercie par avance
Cordialement
Re: Hôpitaux vétérinaires pour chevaux- Croix bleue- Croix violette
Bonjour
Vous pouvez vous procurer, comme moi, une photocopie du texte de Norbert Guillot de 7 pages sur "L'hôpital Vétérinaire de Cesson 1917-1918" auprès des Archives Départementales de Seine et Marne
Le document est archivé sous la cote 100J836 et couvre la période du 04/08/1914 au 11/11/18
Bonne lecture
Vous pouvez vous procurer, comme moi, une photocopie du texte de Norbert Guillot de 7 pages sur "L'hôpital Vétérinaire de Cesson 1917-1918" auprès des Archives Départementales de Seine et Marne
Le document est archivé sous la cote 100J836 et couvre la période du 04/08/1914 au 11/11/18
Bonne lecture
Re: Hôpitaux vétérinaires pour chevaux- Croix bleue- Croix violette
Bonjour,
Quelques éléments sur l'action de la Blue Cross / Croix Bleue concernant les soins vétérinaires aux chevaux et aux chiens en France pendant la Première Guerre mondiale. Ces informations, d'origine britannique, pourront peut-être compléter ou recouper ce que l'on connaît du côté français ?
L'organisation caritative britannique Blue Cross avait proposé ses services vétérinaires à l'armée britannique dès le début du conflit, mais essuya initialement un refus poli. En revanche, les Français acceptèrent cette aide avec enthousiasme, par l'intermédiaire de leur ministre de la Guerre, Alexandre Millerand. En témoigne sa lettre à la Croix-Bleue :
Vous avez bien voulu me faire connaître que la Société Anglaise de la Croix-Bleue offrait de se mettre à la disposition de mon département avec son personnel et un important matériel vétérinaire pour donner ses soins aux chevaux malades ou blessés de l'armée française.
Je m'empresse de reconnaître la Croix-Bleue comme société de secours aux chevaux blessés.
J'ajoute que des instructions vont être adressées pour faire donner à cette société toutes facilités pour l'organisation, en arrière des armées, de dépôts où les chevaux seront confiés à ses soins. Ces instructions vous seront communiquées très prochainement.
Je vous prie de vouloir bien, en portant ces dispositions à la connaissance de la Société de la Croix-Bleue, lui exprimer la très vive gratitude du gouvernement français pour l'offre de sa précieuse collaboration dans l'œuvre entreprise, en vue de poursuivre la guérison de chevaux qui ont déjà rendu de grands services, et reconstituer un matériel qui représente un des principaux éléments de force des armées. Signé : A. MILLERAND
En 1915, la Blue Cross disposait de quatre groupements d'hôpitaux pour chevaux en France :
- Moret-les-Sablons (4 hôpitaux, 15 services, 200 chevaux)
- Saint-Mammès (1 grand hôpital, 5 services, 200 chevaux)
- Provins (4 hôpitaux, 7 services, 180 chevaux)
- Troyes (3 hôpitaux, 4 services, 125 chevaux).
Troyes ferma en septembre 1915, ses activités étant transférées à Saint-Mammès. Serqueux, jugé mal situé, avait déjà cessé ses activités auparavant.
Chaque service était spécialisé (chevaux malades, blessés, contaminés, atteints de parasites, éclopés, exténués, etc.).
Un témoignage oculaire des problèmes rencontrés dans les hôpitaux nous est fourni par M. John Ashton, vétérinaire assistant dans l'un des dépôts hospitaliers. Il écrit :
"Sans m'étendre sur les aspects techniques du sujet, je pourrais dire que presque toutes les maladies et blessures connues en médecine vétérinaire se sont présentées dans ces hôpitaux. Les blessures par éclats d'obus (principalement dans le dos et la croupe) étaient nombreuses. Les blessures par balle dans diverses parties du corps étaient fréquentes ; beaucoup de chevaux avaient un œil crevé sans autre blessure. On rencontrait occasionnellement des blessures par baïonnette et par fléchettes lancées par les aviateurs. D'horribles blessures aux membres étaient souvent constatées. Ces blessures faisaient réfléchir au grand nombre de chevaux tués sur le coup, ou si gravement blessés que l'aide humaine ne pouvait rien pour eux.
Cependant, la mortalité était en moyenne très faible. Le plus grand nombre de décès survint après la retraite de Belgique et la bataille de la Marne. Oh ! quels pauvres squelettes j'ai vus à Serqueux ! Certaines de ces pauvres bêtes avaient été forcées à galoper pendant des jours et des jours sans presque rien à manger ni à boire.
Plus tard, lorsque la guerre de tranchées commença, il y eut une grande diminution de ces cas extrêmes d'anémie et d'épuisement.
Tous les types et races de chevaux d'Europe occidentale passèrent entre nos mains ; les troupes coloniales françaises amenèrent aussi des chevaux d'Afrique du Nord, comme des Barbes et des Arabes - de magnifiques petits chevaux. J'ai vu beaucoup de juments et hongres percherons, ainsi que des Nivernais, Ardennais et Boulonnais. Occasionnellement, nous recevions un Shire ou un hongre Clydesdale - des chevaux qui s'étaient échappés des Britanniques et avaient rejoint les lignes françaises. On voyait beaucoup de pur-sang réquisitionnés dans les écuries de course. Nous avions aussi quelques mules blessées, et parfois un cheval allemand. Mais les chevaux n'ont pas de nationalité ; un cheval est un cheval, et tous reçoivent les mêmes soins et la même attention.
Nous avons un bon nombre de chevaux américains et canadiens en traitement. Certains ne sont pas les patients les plus dociles, surtout chez le maréchal-ferrant. Beaucoup de chevaux arrivent si faibles qu'on peut presque tout leur faire, mais en reprenant des forces, ils deviennent souvent plus qu'intéressants par leur vivacité.
Tous les patients équins en convalescence sont régulièrement mis en liberté dans de grands pâturages pendant quelques heures chaque jour, si le temps le permet ; dans les autres cas, les chevaux sont promenés par groupes de quatre, sur deux ou trois miles de route.
Un registre de tous les animaux est soigneusement tenu dans chaque hôpital, indiquant le matricule militaire (marqué sur le sabot), le box, le numéro, l'âge, la couleur, la taille, les marques, et la nature de la blessure ou de la maladie, selon le cas. Dans certains cas, on a reconnu des chevaux ayant séjourné dans le même hôpital à deux ou trois reprises distinctes."
RAPPORT DE 1916 SUR LES HÔPITAUX POUR CHEVAUX EN FRANCE
Un rapport pour l'année 1916 sur les hôpitaux pour chevaux en France accorde les plus grands éloges à la Croix Bleue pour sa bonne organisation, ses normes d'hygiène, ses soins médicaux, ainsi que pour l'alimentation et le pansage des chevaux. On y lit :
HÔPITAUX POUR CHEVAUX EN FRANCE
À côté des organisations officielles des Alliés, il existe un ensemble important d'efforts privés et collectifs, des Sociétés parfaitement organisées, qui ont rendu les services les plus remarquables ; parmi ces dernières, la Croix Bleue mérite une mention toute particulière ; il est nécessaire de poursuivre son œuvre et de la renforcer.
Le but recherché et atteint par cette Société est de la plus haute importance ; considérant l'utilité capitale des chevaux, son objectif était de réduire autant que possible les pertes subies par nos armées et de soulager les souffrances de ces précieux auxiliaires, en accueillant les chevaux malades ou blessés dans des hôpitaux créés et entretenus par cette Société. L'organisation matérielle des dépôts fait toujours l'objet de la plus grande attention, les règles présidant à leur installation étant d'abord d'ordre hygiénique, puis économique.
Les locaux, aménagés selon les besoins, comprennent des écuries confortables, bien éclairées et aérées, ces deux éléments étant indispensables à la santé et à une guérison rapide ; partout où le soleil et l'air pénètrent, les échanges nutritifs s'améliorent, la prolifération des germes morbides est stoppée et leur pouvoir mortifère atténué.
Le sol est aménagé de manière à rendre le nettoyage hygiénique facile et efficace ; il est légèrement incliné vers l'arrière pour permettre un écoulement rapide des liquides ; le sol est toujours recouvert d'une litière abondante, renouvelée deux fois par jour.
L'avoine et les autres aliments, d'excellente qualité, sont distribués dans des mangeoires en pierre ou en planches épaisses, placées suffisamment bas pour permettre au cheval de se nourrir dans la position horizontale normale de sa colonne vertébrale.
La plus grande attention est accordée au pansage et aux autres tâches de nettoyage, et les chevaux sont toujours traités avec douceur.
L'eau potable provient de ruisseaux coulant près des écuries ; sa bonne qualité a été confirmée par des analyses chimiques.
À proximité des dépôts se trouvent de vastes prairies naturelles, où les chevaux hospitalisés peuvent paître librement, bénéficiant à la fois de la verdure et d'un exercice salutaire en plein air.
Jusqu'au mois de janvier dernier, tous les dépôts formaient trois groupes centraux, à savoir Moret, Provins et Tournan ; à cette époque, les hôpitaux de Hartley-Wintney, Fleet et Philadelphia du dernier groupe ont été transférés à Ste. Colombe, dans le groupe de Provins.
Ce changement, motivé par les circonstances, présentait l'avantage évident de regrouper tous les services de la Croix Bleue dans le même groupe d'Armée et de nous donner également une seule direction militaire, condition très favorable pour un travail plus stable et plus méthodique.
À l'exception de St. Mammès, l'organisation de chaque dépôt est identique. Elle comprend une salle de chirurgie et une pharmacie, situées dans le plus grand hôpital, où sont regroupés tous les chevaux blessés nécessitant des opérations sérieuses et des soins constants.
Un deuxième hôpital est exclusivement réservé aux chevaux malades, et ceux-ci sont en nombre très limité.
Les animaux contagieux sont rigoureusement isolés dans des lieux spéciaux. Cette catégorie est principalement composée de chevaux galeux, les autres maladies contagieuses étant pratiquement inconnues, grâce aux mesures prophylactiques prises par les services vétérinaires militaires et par votre service technique.
Enfin, chaque dépôt dispose d'une simple maréchalerie, bien conçue et parfaitement suffisante.
Les maladies parasitaires, comme la gale, nous ont demandé des efforts considérables et ont considérablement retardé le rétablissement des chevaux malades, mais nous sommes restés maîtres de la situation, et pour l'instant, cette maladie a disparu de nos dépôts.
Quant aux maladies internes, on peut dire qu'elles n'existent pour ainsi dire pas, grâce à une bonne hygiène et à des soins dévoués.
En résumé, les résultats obtenus sont excellents ; ce fait, qui prouve la valeur de notre travail, est régulièrement constaté lors de chaque visite de nos inspecteurs.
Voici la note du directeur du Service Vétérinaire auquel appartient la Croix Bleue :
« ... des dépôts remarquablement bien tenus, des résultats excellents. Rien que des félicitations peuvent être adressées aux vétérinaires. À ce jour, cinq mille chevaux ont été pris en charge par la Croix Bleue en France et renvoyés à leurs missions. »
Si le sujet des chevaux pendant la Grande Guerre est bien documenté, celui des soins vétérinaires aux chiens militaires semble moins connu.
En 1917, la Croix Bleue / Blue Cross étendit son action en prenant en charge les soins vétérinaires des chiens de l'armée française. Un rapport interne au comité de direction de cette œuvre caritative animale permet d'entrevoir l'ampleur du travail accompli pour ces animaux.
Rapport du président du Fonds Croix Bleue, Sir Ernest Flower, et son trésorier, le général Sir Leslie Rundle, qui se sont rendus en France en mai 1919. II résume l'importante contribution de la Croix Bleue à l’effort de guerre :
« Le principal travail que votre Comité a entrepris au début de la guerre fut la création des hôpitaux de la Croix Bleue en France. Vous avez établi, équipé et entretenu six centres pour chevaux, répartis en dix hôpitaux, ainsi que trois hôpitaux pour chiens de guerre. Le personnel employé comprenait environ 80 vétérinaires et aides-soignants, auxquels s’ajoutaient les services d’environ 150 soldats français. Pour assurer le maintien de cette activité, des fonds étaient envoyés chaque mois en France. Je remarque que la dépense mensuelle la plus élevée s’est élevée à 3 800 livres sterling, tandis que ce mois-ci, nous avons dépensé 1 500 livres. Lors de la fermeture des hôpitaux, nous avons veillé à ce que la Croix Bleue ne laisse aucune dette derrière elle, et... nous avons pris soin de faire insérer dans les documents officiels, avant notre arrivée, une demande selon laquelle toute réclamation envers la Croix Bleue devait être soumise avant le 5 de ce mois. Il est satisfaisant de constater la rigueur avec laquelle nos finances ont été gérées, puisque seules environ 200 francs de dettes impayées ont été revendiquées. [Une somme supplémentaire de 1 500 livres a également été nécessaire pour réparer les dégâts causés aux bâtiments pendant leur utilisation comme hôpitaux.]
Le grand hôpital pour chiens se trouvait dans le Jardin d’Acclimatation, loué à la municipalité de Paris. Il offrait pratiquement une capacité d’accueil illimitée, et nous avons pu y aménager des cages séparées pour 400 chiens. Chaque cage était identifiée, comme dans un hôpital classique, par une fiche médicale. Des chiens de toutes races faisaient partie du service des chiens de l’armée française, et l’une d’eux, qui nous intéressait tout particulièrement, était une chienne allemande ayant erré jusque dans nos lignes. Depuis son séjour à l’hôpital, elle a donné naissance à deux chiots, et il sera intéressant, à l’avenir, de voir comment un juriste tranchera la question du statut international de ces deux adorables petits animaux.
Nous avons été particulièrement intéressés par l’examen d’une trousse de premiers secours utilisée au front. Elle contenait des bandages, des médicaments, etc. – 25 articles au total. La cuisine, élément central de l’hôpital, était d’une propreté irréprochable, avec un sol en béton. Les chiens allaient chercher leur nourriture eux-mêmes dans une petite charrette pour chiens, dans laquelle, nous a-t-on dit, Lady Smith-Dorrien [présidente de la Croix Bleue] aurait pris place pour une promenade. Le bloc opératoire disposait de deux tables, et tout le nécessaire pour administrer des anesthésiques au moyen d’un masque au chloroforme ou par injection de cocaïne. Les bains étaient admirablement aménagés avec un système d’air chaud permettant de sécher le soufre appliqué sur les chiens atteints de gale. Les chiens sont placés dans cette chambre à air chaud, le soufre sèche sur leur corps, puis est doucement brossé. L’approvisionnement en eau était excellent, et l’ensemble de l’hôpital avait l’allure d’un établissement moderne et bien tenu…
… L’hôpital pour chiens de la Croix Bleue à Guyancourt est maintenant fermé. Il a manifestement été d’une grande utilité et semblait parfaitement adapté à sa mission. Le nombre total de chiens traités à ce jour est de 10 169. Parmi eux, 8 586 ont été guéris, 673 ont été rendus à leurs propriétaires. Ces derniers étaient invités, lorsque leur chien avait été soigné pour blessures, à le récupérer s’ils le souhaitaient. 32 chiens ont été portés disparus et 879 sont morts.
Une branche très importante de votre action en faveur des chiens concernait le camp de dressage de Satory, où les chiens de guerre français sont entraînés. Nous y avons été accueillis par un concert de cors de chasse, assez bruyant pour exprimer la cordialité de nos hôtes, accompagné des aboiements des chiens. Tous les chiens malades ou blessés à Satory sont soignés par l’organisation de la Croix Bleue. Les chiens y sont entraînés pour le travail dans les tranchées, à agir comme sentinelles et chiens de garde, et à porter des messages. Dans les tranchées, ils transportent des charrettes là où il serait dangereux d’envoyer des chevaux ou des hommes, et apportent nourriture et pansements jusqu’aux premières lignes. Une charrette tirée par un chien peut transporter autant de munitions que huit hommes jusqu’à la ligne de feu. Les chiens sont spécialement formés pour tirer les blessés sur des brancards à travers les tranchées jusqu’aux postes de secours. En hiver, en Alsace, un traîneau tiré par six à huit chiens pouvait transporter une charge d’une tonne. Les chiens sont attelés aux charrettes sans rênes et dirigés par la voix. Les chiens de tête, sélectionnés pour leur intelligence, obéissent avec une parfaite précision aux ordres du conducteur, tandis qu’un frein puissant permet d’arrêter immédiatement le véhicule si nécessaire. Une autre particularité est la formation spéciale de chiens-guides pour les aveugles. L’assainissement du camp a été soigneusement pris en charge, et la santé des animaux régulièrement suivie par notre vétérinaire et nos aides. »
- On retrouvera l'original anglais de ces rapports ici :
https://www.bluecross.org.uk/sites/defa ... %20War.pdf
- Liens vers le site de l'ECPAD, reportages sur l'hôpital vétérinaire canin de la Blue Cross :
https://imagesdefense.gouv.fr/fr/catalo ... =SPA+163+B
et aussi :
https://imagesdefense.gouv.fr/fr/catalo ... e=SPA+78+E
et encore :
https://imagesdefense.gouv.fr/fr/catalo ... =SPA+102+D
- Dans les collections de l'Argonnaute, on pourra consulter une photographie de l'entrée de l'hôpital militaire canin de la Croix Bleue au Jardin d'acclimatation, au Bois de Boulogne, Paris 16 :
https://argonnaute.parisnanterre.fr/ark ... d6d00f5e1a
- Des photographies de la Présidente de la Croix Bleue, Lady Smith-Dorrien, en visite à Paris en juin 1918, dont celle-ci :
https://argonnaute.parisnanterre.fr/ark ... 1217c62e9f
- L'ECPAD propose un film Pathé de 1916 intitulé "À l'Armée d'Orient, l'œuvre de la Croix Bleue anglaise". Cliquer sur ce lien :
https://imagesdefense.gouv.fr/fr/a-l-ar ... laise.html
Cette organisation dynamique a fêté ses 125 ans en 2022, elle continue à aider les chiens, les chats, les chevaux grâce à ses cliniques vétérinaires gratuites ou à faible coût ; elle compte au Royaume-Uni des milliers de membres (humains) et s'enorgueillit de son action pendant les deux guerres mondiales.
Bien cordialement.
Eric
Quelques éléments sur l'action de la Blue Cross / Croix Bleue concernant les soins vétérinaires aux chevaux et aux chiens en France pendant la Première Guerre mondiale. Ces informations, d'origine britannique, pourront peut-être compléter ou recouper ce que l'on connaît du côté français ?
L'organisation caritative britannique Blue Cross avait proposé ses services vétérinaires à l'armée britannique dès le début du conflit, mais essuya initialement un refus poli. En revanche, les Français acceptèrent cette aide avec enthousiasme, par l'intermédiaire de leur ministre de la Guerre, Alexandre Millerand. En témoigne sa lettre à la Croix-Bleue :
Vous avez bien voulu me faire connaître que la Société Anglaise de la Croix-Bleue offrait de se mettre à la disposition de mon département avec son personnel et un important matériel vétérinaire pour donner ses soins aux chevaux malades ou blessés de l'armée française.
Je m'empresse de reconnaître la Croix-Bleue comme société de secours aux chevaux blessés.
J'ajoute que des instructions vont être adressées pour faire donner à cette société toutes facilités pour l'organisation, en arrière des armées, de dépôts où les chevaux seront confiés à ses soins. Ces instructions vous seront communiquées très prochainement.
Je vous prie de vouloir bien, en portant ces dispositions à la connaissance de la Société de la Croix-Bleue, lui exprimer la très vive gratitude du gouvernement français pour l'offre de sa précieuse collaboration dans l'œuvre entreprise, en vue de poursuivre la guérison de chevaux qui ont déjà rendu de grands services, et reconstituer un matériel qui représente un des principaux éléments de force des armées. Signé : A. MILLERAND
En 1915, la Blue Cross disposait de quatre groupements d'hôpitaux pour chevaux en France :
- Moret-les-Sablons (4 hôpitaux, 15 services, 200 chevaux)
- Saint-Mammès (1 grand hôpital, 5 services, 200 chevaux)
- Provins (4 hôpitaux, 7 services, 180 chevaux)
- Troyes (3 hôpitaux, 4 services, 125 chevaux).
Troyes ferma en septembre 1915, ses activités étant transférées à Saint-Mammès. Serqueux, jugé mal situé, avait déjà cessé ses activités auparavant.
Chaque service était spécialisé (chevaux malades, blessés, contaminés, atteints de parasites, éclopés, exténués, etc.).
Un témoignage oculaire des problèmes rencontrés dans les hôpitaux nous est fourni par M. John Ashton, vétérinaire assistant dans l'un des dépôts hospitaliers. Il écrit :
"Sans m'étendre sur les aspects techniques du sujet, je pourrais dire que presque toutes les maladies et blessures connues en médecine vétérinaire se sont présentées dans ces hôpitaux. Les blessures par éclats d'obus (principalement dans le dos et la croupe) étaient nombreuses. Les blessures par balle dans diverses parties du corps étaient fréquentes ; beaucoup de chevaux avaient un œil crevé sans autre blessure. On rencontrait occasionnellement des blessures par baïonnette et par fléchettes lancées par les aviateurs. D'horribles blessures aux membres étaient souvent constatées. Ces blessures faisaient réfléchir au grand nombre de chevaux tués sur le coup, ou si gravement blessés que l'aide humaine ne pouvait rien pour eux.
Cependant, la mortalité était en moyenne très faible. Le plus grand nombre de décès survint après la retraite de Belgique et la bataille de la Marne. Oh ! quels pauvres squelettes j'ai vus à Serqueux ! Certaines de ces pauvres bêtes avaient été forcées à galoper pendant des jours et des jours sans presque rien à manger ni à boire.
Plus tard, lorsque la guerre de tranchées commença, il y eut une grande diminution de ces cas extrêmes d'anémie et d'épuisement.
Tous les types et races de chevaux d'Europe occidentale passèrent entre nos mains ; les troupes coloniales françaises amenèrent aussi des chevaux d'Afrique du Nord, comme des Barbes et des Arabes - de magnifiques petits chevaux. J'ai vu beaucoup de juments et hongres percherons, ainsi que des Nivernais, Ardennais et Boulonnais. Occasionnellement, nous recevions un Shire ou un hongre Clydesdale - des chevaux qui s'étaient échappés des Britanniques et avaient rejoint les lignes françaises. On voyait beaucoup de pur-sang réquisitionnés dans les écuries de course. Nous avions aussi quelques mules blessées, et parfois un cheval allemand. Mais les chevaux n'ont pas de nationalité ; un cheval est un cheval, et tous reçoivent les mêmes soins et la même attention.
Nous avons un bon nombre de chevaux américains et canadiens en traitement. Certains ne sont pas les patients les plus dociles, surtout chez le maréchal-ferrant. Beaucoup de chevaux arrivent si faibles qu'on peut presque tout leur faire, mais en reprenant des forces, ils deviennent souvent plus qu'intéressants par leur vivacité.
Tous les patients équins en convalescence sont régulièrement mis en liberté dans de grands pâturages pendant quelques heures chaque jour, si le temps le permet ; dans les autres cas, les chevaux sont promenés par groupes de quatre, sur deux ou trois miles de route.
Un registre de tous les animaux est soigneusement tenu dans chaque hôpital, indiquant le matricule militaire (marqué sur le sabot), le box, le numéro, l'âge, la couleur, la taille, les marques, et la nature de la blessure ou de la maladie, selon le cas. Dans certains cas, on a reconnu des chevaux ayant séjourné dans le même hôpital à deux ou trois reprises distinctes."
RAPPORT DE 1916 SUR LES HÔPITAUX POUR CHEVAUX EN FRANCE
Un rapport pour l'année 1916 sur les hôpitaux pour chevaux en France accorde les plus grands éloges à la Croix Bleue pour sa bonne organisation, ses normes d'hygiène, ses soins médicaux, ainsi que pour l'alimentation et le pansage des chevaux. On y lit :
HÔPITAUX POUR CHEVAUX EN FRANCE
À côté des organisations officielles des Alliés, il existe un ensemble important d'efforts privés et collectifs, des Sociétés parfaitement organisées, qui ont rendu les services les plus remarquables ; parmi ces dernières, la Croix Bleue mérite une mention toute particulière ; il est nécessaire de poursuivre son œuvre et de la renforcer.
Le but recherché et atteint par cette Société est de la plus haute importance ; considérant l'utilité capitale des chevaux, son objectif était de réduire autant que possible les pertes subies par nos armées et de soulager les souffrances de ces précieux auxiliaires, en accueillant les chevaux malades ou blessés dans des hôpitaux créés et entretenus par cette Société. L'organisation matérielle des dépôts fait toujours l'objet de la plus grande attention, les règles présidant à leur installation étant d'abord d'ordre hygiénique, puis économique.
Les locaux, aménagés selon les besoins, comprennent des écuries confortables, bien éclairées et aérées, ces deux éléments étant indispensables à la santé et à une guérison rapide ; partout où le soleil et l'air pénètrent, les échanges nutritifs s'améliorent, la prolifération des germes morbides est stoppée et leur pouvoir mortifère atténué.
Le sol est aménagé de manière à rendre le nettoyage hygiénique facile et efficace ; il est légèrement incliné vers l'arrière pour permettre un écoulement rapide des liquides ; le sol est toujours recouvert d'une litière abondante, renouvelée deux fois par jour.
L'avoine et les autres aliments, d'excellente qualité, sont distribués dans des mangeoires en pierre ou en planches épaisses, placées suffisamment bas pour permettre au cheval de se nourrir dans la position horizontale normale de sa colonne vertébrale.
La plus grande attention est accordée au pansage et aux autres tâches de nettoyage, et les chevaux sont toujours traités avec douceur.
L'eau potable provient de ruisseaux coulant près des écuries ; sa bonne qualité a été confirmée par des analyses chimiques.
À proximité des dépôts se trouvent de vastes prairies naturelles, où les chevaux hospitalisés peuvent paître librement, bénéficiant à la fois de la verdure et d'un exercice salutaire en plein air.
Jusqu'au mois de janvier dernier, tous les dépôts formaient trois groupes centraux, à savoir Moret, Provins et Tournan ; à cette époque, les hôpitaux de Hartley-Wintney, Fleet et Philadelphia du dernier groupe ont été transférés à Ste. Colombe, dans le groupe de Provins.
Ce changement, motivé par les circonstances, présentait l'avantage évident de regrouper tous les services de la Croix Bleue dans le même groupe d'Armée et de nous donner également une seule direction militaire, condition très favorable pour un travail plus stable et plus méthodique.
À l'exception de St. Mammès, l'organisation de chaque dépôt est identique. Elle comprend une salle de chirurgie et une pharmacie, situées dans le plus grand hôpital, où sont regroupés tous les chevaux blessés nécessitant des opérations sérieuses et des soins constants.
Un deuxième hôpital est exclusivement réservé aux chevaux malades, et ceux-ci sont en nombre très limité.
Les animaux contagieux sont rigoureusement isolés dans des lieux spéciaux. Cette catégorie est principalement composée de chevaux galeux, les autres maladies contagieuses étant pratiquement inconnues, grâce aux mesures prophylactiques prises par les services vétérinaires militaires et par votre service technique.
Enfin, chaque dépôt dispose d'une simple maréchalerie, bien conçue et parfaitement suffisante.
Les maladies parasitaires, comme la gale, nous ont demandé des efforts considérables et ont considérablement retardé le rétablissement des chevaux malades, mais nous sommes restés maîtres de la situation, et pour l'instant, cette maladie a disparu de nos dépôts.
Quant aux maladies internes, on peut dire qu'elles n'existent pour ainsi dire pas, grâce à une bonne hygiène et à des soins dévoués.
En résumé, les résultats obtenus sont excellents ; ce fait, qui prouve la valeur de notre travail, est régulièrement constaté lors de chaque visite de nos inspecteurs.
Voici la note du directeur du Service Vétérinaire auquel appartient la Croix Bleue :
« ... des dépôts remarquablement bien tenus, des résultats excellents. Rien que des félicitations peuvent être adressées aux vétérinaires. À ce jour, cinq mille chevaux ont été pris en charge par la Croix Bleue en France et renvoyés à leurs missions. »
Si le sujet des chevaux pendant la Grande Guerre est bien documenté, celui des soins vétérinaires aux chiens militaires semble moins connu.
En 1917, la Croix Bleue / Blue Cross étendit son action en prenant en charge les soins vétérinaires des chiens de l'armée française. Un rapport interne au comité de direction de cette œuvre caritative animale permet d'entrevoir l'ampleur du travail accompli pour ces animaux.
Rapport du président du Fonds Croix Bleue, Sir Ernest Flower, et son trésorier, le général Sir Leslie Rundle, qui se sont rendus en France en mai 1919. II résume l'importante contribution de la Croix Bleue à l’effort de guerre :
« Le principal travail que votre Comité a entrepris au début de la guerre fut la création des hôpitaux de la Croix Bleue en France. Vous avez établi, équipé et entretenu six centres pour chevaux, répartis en dix hôpitaux, ainsi que trois hôpitaux pour chiens de guerre. Le personnel employé comprenait environ 80 vétérinaires et aides-soignants, auxquels s’ajoutaient les services d’environ 150 soldats français. Pour assurer le maintien de cette activité, des fonds étaient envoyés chaque mois en France. Je remarque que la dépense mensuelle la plus élevée s’est élevée à 3 800 livres sterling, tandis que ce mois-ci, nous avons dépensé 1 500 livres. Lors de la fermeture des hôpitaux, nous avons veillé à ce que la Croix Bleue ne laisse aucune dette derrière elle, et... nous avons pris soin de faire insérer dans les documents officiels, avant notre arrivée, une demande selon laquelle toute réclamation envers la Croix Bleue devait être soumise avant le 5 de ce mois. Il est satisfaisant de constater la rigueur avec laquelle nos finances ont été gérées, puisque seules environ 200 francs de dettes impayées ont été revendiquées. [Une somme supplémentaire de 1 500 livres a également été nécessaire pour réparer les dégâts causés aux bâtiments pendant leur utilisation comme hôpitaux.]
Le grand hôpital pour chiens se trouvait dans le Jardin d’Acclimatation, loué à la municipalité de Paris. Il offrait pratiquement une capacité d’accueil illimitée, et nous avons pu y aménager des cages séparées pour 400 chiens. Chaque cage était identifiée, comme dans un hôpital classique, par une fiche médicale. Des chiens de toutes races faisaient partie du service des chiens de l’armée française, et l’une d’eux, qui nous intéressait tout particulièrement, était une chienne allemande ayant erré jusque dans nos lignes. Depuis son séjour à l’hôpital, elle a donné naissance à deux chiots, et il sera intéressant, à l’avenir, de voir comment un juriste tranchera la question du statut international de ces deux adorables petits animaux.
Nous avons été particulièrement intéressés par l’examen d’une trousse de premiers secours utilisée au front. Elle contenait des bandages, des médicaments, etc. – 25 articles au total. La cuisine, élément central de l’hôpital, était d’une propreté irréprochable, avec un sol en béton. Les chiens allaient chercher leur nourriture eux-mêmes dans une petite charrette pour chiens, dans laquelle, nous a-t-on dit, Lady Smith-Dorrien [présidente de la Croix Bleue] aurait pris place pour une promenade. Le bloc opératoire disposait de deux tables, et tout le nécessaire pour administrer des anesthésiques au moyen d’un masque au chloroforme ou par injection de cocaïne. Les bains étaient admirablement aménagés avec un système d’air chaud permettant de sécher le soufre appliqué sur les chiens atteints de gale. Les chiens sont placés dans cette chambre à air chaud, le soufre sèche sur leur corps, puis est doucement brossé. L’approvisionnement en eau était excellent, et l’ensemble de l’hôpital avait l’allure d’un établissement moderne et bien tenu…
… L’hôpital pour chiens de la Croix Bleue à Guyancourt est maintenant fermé. Il a manifestement été d’une grande utilité et semblait parfaitement adapté à sa mission. Le nombre total de chiens traités à ce jour est de 10 169. Parmi eux, 8 586 ont été guéris, 673 ont été rendus à leurs propriétaires. Ces derniers étaient invités, lorsque leur chien avait été soigné pour blessures, à le récupérer s’ils le souhaitaient. 32 chiens ont été portés disparus et 879 sont morts.
Une branche très importante de votre action en faveur des chiens concernait le camp de dressage de Satory, où les chiens de guerre français sont entraînés. Nous y avons été accueillis par un concert de cors de chasse, assez bruyant pour exprimer la cordialité de nos hôtes, accompagné des aboiements des chiens. Tous les chiens malades ou blessés à Satory sont soignés par l’organisation de la Croix Bleue. Les chiens y sont entraînés pour le travail dans les tranchées, à agir comme sentinelles et chiens de garde, et à porter des messages. Dans les tranchées, ils transportent des charrettes là où il serait dangereux d’envoyer des chevaux ou des hommes, et apportent nourriture et pansements jusqu’aux premières lignes. Une charrette tirée par un chien peut transporter autant de munitions que huit hommes jusqu’à la ligne de feu. Les chiens sont spécialement formés pour tirer les blessés sur des brancards à travers les tranchées jusqu’aux postes de secours. En hiver, en Alsace, un traîneau tiré par six à huit chiens pouvait transporter une charge d’une tonne. Les chiens sont attelés aux charrettes sans rênes et dirigés par la voix. Les chiens de tête, sélectionnés pour leur intelligence, obéissent avec une parfaite précision aux ordres du conducteur, tandis qu’un frein puissant permet d’arrêter immédiatement le véhicule si nécessaire. Une autre particularité est la formation spéciale de chiens-guides pour les aveugles. L’assainissement du camp a été soigneusement pris en charge, et la santé des animaux régulièrement suivie par notre vétérinaire et nos aides. »
- On retrouvera l'original anglais de ces rapports ici :
https://www.bluecross.org.uk/sites/defa ... %20War.pdf
- Liens vers le site de l'ECPAD, reportages sur l'hôpital vétérinaire canin de la Blue Cross :
https://imagesdefense.gouv.fr/fr/catalo ... =SPA+163+B
et aussi :
https://imagesdefense.gouv.fr/fr/catalo ... e=SPA+78+E
et encore :
https://imagesdefense.gouv.fr/fr/catalo ... =SPA+102+D
- Dans les collections de l'Argonnaute, on pourra consulter une photographie de l'entrée de l'hôpital militaire canin de la Croix Bleue au Jardin d'acclimatation, au Bois de Boulogne, Paris 16 :
https://argonnaute.parisnanterre.fr/ark ... d6d00f5e1a
- Des photographies de la Présidente de la Croix Bleue, Lady Smith-Dorrien, en visite à Paris en juin 1918, dont celle-ci :
https://argonnaute.parisnanterre.fr/ark ... 1217c62e9f
- L'ECPAD propose un film Pathé de 1916 intitulé "À l'Armée d'Orient, l'œuvre de la Croix Bleue anglaise". Cliquer sur ce lien :
https://imagesdefense.gouv.fr/fr/a-l-ar ... laise.html
Cette organisation dynamique a fêté ses 125 ans en 2022, elle continue à aider les chiens, les chats, les chevaux grâce à ses cliniques vétérinaires gratuites ou à faible coût ; elle compte au Royaume-Uni des milliers de membres (humains) et s'enorgueillit de son action pendant les deux guerres mondiales.
Bien cordialement.
Eric
Dernière modification par Ingouf le mer. mai 28, 2025 6:38 pm, modifié 2 fois.
Re: Hôpitaux vétérinaires pour chevaux- Croix bleue- Croix violette
Bonjour,
Croix Violette / Purple Cross Service, hôpitaux pour chevaux.
Quelques documents sur une autre œuvre de bienfaisance britannique opérant en France pendant cette guerre. Des articles français, un américain, des extraits d'une publication de cette organisation caritative vétérinaire.
Premier article de presse :
Les secours aux chevaux de guerre blessés
La Croix-Violette est le nom de la section française d'une œuvre intéressante, fondée à Londres par Miss Lind af Hageby, pour secourir les chevaux de guerre blessés. Les sommes importantes recueillies en Angleterre par la Croix-Violette lui permettent d'offrir à la nation amie une partie de ces dons, sans faire un nouvel appel aux adhérents français.
Le comité français de la Croix-Violette, en voie de formation, compte parmi ses premiers membres Lady Eléonore French et Miss French, femme et fille du maréchal commandant l'armée britannique ; Mrs Henniker, femme du général Henniker, et la duchesse d'Uzès.
Son siège est à Paris, 8, rue Édouard VII.
Le Petit Journal, 14 novembre 1914, source BnF / Gallica.
Second article :
Si cette guerre a été le déchaînement des instincts les plus sauvages, les plus atroces, chez les Boches, elle a permis à d'autres de montrer jusqu'où peut aller la pitié. Elle s'est étendue aux bêtes, innocentes victimes, et voici comment Miss Lind-af-Hageby, secrétaire générale de la Croix-Violette, raconte ce que fit pour les chevaux de guerre "The Animal Defence and Anti-Vivisection Society", dont la Croix-Violette est une section :
« Nous avons entretenu, dit Miss Lind-af-Hageby, des hôpitaux à Bordeaux, à Foulain, près de Chaumont, et à Vesoul. C'est en février 1915 que nous avons inauguré notre hôpital à Vesoul, et après dix-sept mois, il reçoit encore toutes les semaines des chevaux blessés venant du front. Quoique les arrangements pour les soins donnés aux chevaux par l'armée elle-même se soient beaucoup améliorés depuis les premiers jours de la guerre, alors que j'effectuais mes enquêtes préliminaires en France, je suis heureuse de penser que nous avons pu faire un travail bienfaisant et utile. »
Telle est l'œuvre de la Croix-Violette, à laquelle six mille personnes ont contribué, et qui a réuni douze mille livres sterling de souscriptions, provenant surtout de la Grande-Bretagne, mais aussi du Canada, de l'Australie, d'Amérique, de la Suède, de la Norvège et du Danemark.
Cyrano (de Paris)
Le Petit Bleu de Paris, 4 août 1916, source RetroNews / Bibliothèque nationale de France.
Troisième article :
LA CROIX VIOLETTE
Au premier rang des auxiliaires les plus précieux de l'homme pendant la guerre se place le cheval. Au début des présentes hostilités, alors que, chez nous, par suite de l'imprévoyance coutumière, l'organe des transports automobiles était tout entier à créer, les chevaux eurent à supporter des fatigues inouïes. Sans parler de la cavalerie qui, depuis Charleroi jusqu'à la Marne, fut décimée, plus peut-être par un surmenage intensif que par le feu de l'ennemi, les voitures régimentaires de munitions, d'approvisionnements et du service sanitaire roulèrent presque sans discontinuer, le jour sous un soleil implacable, la nuit sur des routes rendues impraticables par l'encombrement d'une retraite précipitée.
Dans quel état se trouvèrent les malheureuses bêtes après de semblables randonnées, ceux-là seuls qui les ont vues tomber une à une à bout de forces pourront le dire quelque jour ! Après la Marne, le premier soin du général en chef fut de vider les dépôts de remonte, qui n'avaient plus grand-chose à offrir, et, enfin, il fallut bien se décider à aller chercher outre-mer les animaux nécessaires à l'armée. Nous pourrons dire, plus tard, quel chiffre étonnant a atteint ce recrutement d'un genre spécial qui, malgré son abondance, suffit à peine à combler les vides.
Entre-temps s'organisait le service automobile. Des milliers et des milliers de voitures, légères et robustes, apparurent soudain, qui ne tardèrent pas à rendre les plus grands services aux troupes de première ligne comme aux formations de l'arrière. On sait que le général Joffre a tenu, après la première alerte de Verdun, à féliciter le corps des automobiles. Le fameux circuit que les braves conducteurs parcoururent incessamment sous une terrible mitraille, apportant hommes et matériel jusqu'aux tranchées, jusqu'à la gueule des canons, restera l'un des épisodes les plus palpitants de l'immense bataille, dont nous attendons, depuis six mois, avec anxiété, le dénouement. La Voie Sacrée continue d'être parcourue nuit et jour par les glorieux camions.
Mais, tandis que les automobiles couraient le long des routes torpillées et marmitées, les chevaux, les bons chevaux du train des équipages, ne restaient pas inactifs. Ceux-là non plus n'étaient pas des embusqués. Leurs pertes en morts et blessés atteignent à ce jour, et rien que pour la bataille de Verdun, des proportions considérables. Les amis des bêtes n'avaient pas attendu — il faut le dire à leur louange — ces carnages affreux pour songer à adoucir autant que possible les souffrances du noble animal qui partage les fatigues et les dangers du combattant humain.
La Croix Violette, Société de secours aux chevaux de guerre, était fondée, et, sous l'impulsion de hautes personnalités anglaises et françaises, telles que miss Lind-af-Hageby, lady French, la duchesse d'Uzès douairière, Countess of Plymouth, et autres grandes dames, ne tardait pas à organiser des services appropriés. Après avoir reçu l'autorisation nécessaire du commandement, la société s'est mise à l'œuvre et, à la fin de la première année de guerre, elle possédait déjà trois grands hôpitaux à Vesoul, à Foulain et à Bordeaux.
Nul besoin d'insister sur le mérite d'une telle initiative : il saute aux yeux. Beaucoup de chevaux blessés, soit dans le long transport à travers l'Océan, soit sur le champ de bataille, ont été recueillis, soignés, sauvés, rendus à la défense nationale. Nous ne pouvons que louer, en la signalant aux amis des animaux, une œuvre qui, en somme, honore l’humanité, et qui doit être encouragée par la presse et par le public.
Louis COUDURIER
La Dépêche de Brest, lundi 28 août 1916.
Article américain :
UNE FEMME, ENNEMIE DE LA VIVISECTION, DIRIGE UNE AIDE AUX CHEVAUX DE GUERRE
Par Hayden Talbot, correspondant spécial, International News Service
LONDRES, 4 janvier – Si jamais la biographie d’un cheval de guerre devait être écrite, cette tâche reviendrait à Mlle Lind de Hageby, mieux connue aux États-Unis comme l’infatigable ennemie anglaise de la vivisection, et depuis le début de la guerre, organisatrice et dirigeante active du Service de la Croix Violette.
Bien que le gouvernement britannique dépense encore plus de 250 000 dollars par an pour la vivisection, Mlle Lind admet qu’elle et sa société ont renoncé à tenter d’empêcher cette pratique, pour des raisons de pragmatisme. « Tout le reste a dû être subordonné à la victoire dans la guerre », a-t-elle expliqué.
Mlle Lind a rapidement trouvé une façon plus appropriée d'employer son énergie dans l’organisation du Service de la Croix Violette. « Trois mois après la déclaration de guerre, » a-t-elle poursuivi, « nous comptions déjà 5 000 membres dans le monde entier. Notre principal soutien financier, depuis le début, provient des États-Unis et du Canada.
« Dès que nous avons été correctement organisés et prêts à mettre en œuvre nos plans, nous avons proposé au ministère de la Guerre d’aller sur le terrain, d’installer des hôpitaux de campagne et de base, et de fournir le personnel vétérinaire qualifié nécessaire pour soigner les chevaux blessés ou autrement inaptes. Mais le ministère britannique a refusé notre offre. Il a été expliqué que les besoins de l’armée en la matière étaient largement couverts par la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA). Comme dans bien d’autres cas, ils ont refusé ce dont ils allaient ensuite se rendre compte qu’ils avaient cruellement besoin. »
150 000 $ RÉCOLTÉS
Il est vérifié que six mois plus tard, le ministère britannique de la Guerre a officiellement reconnu la Croix Bleue, une organisation identique à celle de Mlle Lind, qui, depuis, accomplit un travail inestimable sur le front pour soigner les chevaux blessés de l’armée britannique.
« Sans doute, » a poursuivi Mlle Lind, « le fait que la Croix Violette était en quelque sorte associée à la Ligue Anti-Vivisection, bien qu’il s’agisse en réalité d’une organisation distincte, a joué un rôle dans le refus du gouvernement de nous permettre de concrétiser notre proposition. »
Ayant été rejetée par le gouvernement anglais, l’offre a été répétée à la France. Elle a été acceptée immédiatement et sans réserve. Le premier appel à souscription a permis de récolter plus de 50 000 dollars — un montant depuis presque triplé. Une grande partie de cet argent a été recueillie par Mlle Lind elle-même, qui a diffusé des documents imprimés basés sur ce qu’elle avait vu dans les zones de combat durant les premiers mois de la guerre.
« Je ne place pas les chevaux avant les hommes, » a-t-elle expliqué. « Mais là où les hommes blessés doivent attendre peut-être quelques heures pour être secourus, les chevaux blessés doivent attendre des jours. À ceux qui me disent que ce n’est pas le moment de s’occuper des animaux, je réponds que les principes d’humanité ne sont pas suspendus par la guerre, et que, si nous déplorons avec passion les souffrances humaines, il reste tout de même de la place pour la pitié et l’aide envers les fidèles compagnons dont dépend en grande partie le succès ou l’échec d’une campagne.
« Des milliers de chevaux le long du front meurent dans des conditions horribles, certains, grièvement blessés, agonisent cinq jours avant de mourir. »
LES EXPÉDITIONS AMÉRICAINES EN CAUSE
« Des chevaux moins grièvement blessés ont été retrouvés errant dans les champs. Ils sont souvent récupérés par des paysans et emmenés dans leurs fermes. Le paysan est libre de les utiliser ou de les abattre. On imagine aisément les traitements subis par ces malheureux animaux.
« Après ma première visite au front, la Croix Violette a établi des hôpitaux à Vesoul, Foulain près de Chaumont, et à Bordeaux. Dans ces hôpitaux, nous traitons en moyenne 150 cas graves par semaine, tandis qu’un certain nombre de chevaux convalescents ou atteints de blessures moins graves sont gardés dans des champs adjacents. Des chevaux avec des plaies très étendues, avec des jambes terriblement enflées et douloureuses, couverts d’abcès et d’ulcères, amaigris et affaiblis par la fatigue et l’exposition — voilà les cas que nous devons gérer.
« À Foulain et à Vesoul, les chevaux nous sont envoyés directement de la ligne de front par les autorités militaires françaises. Les cas à Bordeaux proviennent des transports de chevaux venus des États-Unis et d’Amérique du Sud — et sont souvent dans un état encore plus grave que ceux blessés au combat.
« En fait, l’état des chevaux débarqués par milliers chaque semaine à Bordeaux est au-delà de toute description. Au moins vingt chevaux sur chaque millier débarqué sur le quai meurent sur place. Ce chiffre serait bien plus élevé sans une pratique pernicieuse des fournisseurs de chevaux, dont le paiement dépend du fait que l’animal soit encore vivant vingt-quatre heures après son arrivée. Pour cela, on injecte à ces pauvres bêtes des stimulants violents, et aucun moyen n’est épargné pour maintenir leur souffle de vie jusqu’à la fin du délai d’un jour.
« Nos vétérinaires ont rencontré une forte opposition, comme on peut s’y attendre, dans leurs efforts caritatifs pour mettre fin sans douleur à la vie d’animaux qui ne peuvent plus être sauvés. Lors du débarquement à Bordeaux, nos agents les examinent, et généralement, maintenant, ils parviennent à obtenir l’autorisation d’abréger les souffrances de ceux à l’agonie, atteints de pneumonie ou d’autres maladies. Les autres chevaux, que l’on peut encore sauver par des soins médicaux rapides et un bon traitement, sont emmenés dans nos propres ambulances jusqu’à notre hôpital, où ils reçoivent les meilleurs soins possibles. »
The San Francisco Call and Post, 4 janvier 1916.
Source University of California, Riverside (UCR), California Digital Newspaper Collection.
Transcription :
WOMAN, VIVISECTION'S FOE, LEADS WAR HORSES HELP
By Hayden Talbot, Staff Correspondent, International News Service
LONDON, Jan. 4 – If ever the biography of a war horse is to be written, the task belongs to Miss Lind of Hageby, best known in the United States as England's indefatigable foe of vivisection, and since the war's beginning, organizer and active leader of the Purple Cross Service.
Although there is still being spent by the British government more than $250,000 a year on vivisection, Miss Lind admits that she and her society have abandoned attempts to prevent the practice on the grounds of expediency. "Everything else has had to be subordinated in favor of a successful issue of the war," she explained.
Miss Lind quickly found a more appropriate outlet for her energies in the organisation of the Purple Cross Service. "Within three months after war was declared," she went on, "we had obtained a membership of 5,000 men and women in all parts of the world. Our chief financial support from the beginning has come from the United States and Canada.
"As soon as we were properly organized and ready to carry our plans into effect, an offer was made to the War Office for us to go into the field, put up field and base hospitals, and furnish the necessary staffs of skilled veterinaries and assistants for the care of wounded and otherwise disabled war horses. But the War Office declined to accept the offer. An explanation was forthcoming that the army’s needs in this respect were amply provided for by the Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals. As in many other instances, they refused what later they discovered they had great need of."
$150,000 RAISED
It is a fact that six months later, the British War Office recognized officially the Blue Cross, an organization identical with Miss Lind's, which has since been doing invaluable work at the front caring for wounded horses of the British army.
"Doubtless," continued Miss Lind, "the fact that the Purple Cross was in a way identified with the Anti-Vivisection League, although in fact it is a distinctly separate organization, had something to do with the government's refusal to allow us to make good our offer."
Thwarted by the English government, the offer was repeated to the French. It was accepted immediately and without reserve. The first call for subscriptions brought in upward of $50,000—an amount which has since been almost trebled. A large part of this money was raised by Miss Lind herself, who sent broadcast printed documents based on what she had seen in the battle area during the first few months of the war.
"I do not put horses before men," she explained. "But where wounded men have to wait perhaps a few hours for help, wounded horses must wait days. To those who tell me that this is no time to bother about animals, I reply that the principles of humanity are not suspended by war, and that however passionately we deplore the sufferings of men, there is still room left for pity and assistance for the faithful friends upon which the success or failure of a campaign so largely depends.
"Thousands of horses all along the front die horrible deaths, sometimes severely wounded animals living five days before they expire."
U.S. SHIPMENTS BAD
"Less severely wounded horses have been found straying in the fields. They are often picked up by peasants and taken to their farms. The peasant is free to work the horse or slaughter it. The treatment which these unfortunate animals have to undergo may be imagined.
"Following my first visit to the front, the Purple Cross has since established hospitals at Vesoul, Foulain near Chaumont, and at Bordeaux. In these hospitals we treat on average 150 serious cases a week, while a number of convalescent horses and less serious cases are kept in adjoining fields. Horses with wounds not to be measured in inches but in feet, with terribly swollen and painful legs, horses covered with abscesses and sores, emaciated and weak through strain and exposure—such are the cases we have to handle.
"To Foulain and Vesoul, horses are sent straight from the battle line by the French military authorities. The cases at Bordeaux are received from horse transports from the United States and South America—and are frequently even more serious than battle-wounded horses.
"In fact, the condition of horses landed by the thousands every week at Bordeaux is pitiful beyond description. In no case fewer than twenty horses out of every thousand landed on the quay die there. It would be much higher in all cases if it were not for a pernicious custom of horse contractors, whose payment depends on the horse's being alive twenty-four hours after its arrival. To accomplish this, poor animals are inoculated with vicious stimulants, and no means overlooked to keep the dying beast breathing until the one-day time limit has expired.
"Our vets have encountered powerful resistance, as might be expected, to their humane endeavors to put a painless end to animals beyond all hope. As the horses are landed at Bordeaux, our agents examine them and generally, now, are able to obtain permission to dispatch those in the last throes of pneumonia and other diseases. Other horses which it is possible to save by prompt medical attention and nursing are taken in our own ambulances to our hospital and there receive the best of care."
The San Francisco Call and Post, 4 January 1916.
Emilia Augusta Louise, dite "Lizzy" Lind-af-Hageby (1878–1963), aristocrate suédoise naturalisée britannique, fut une figure centrale du mouvement anti-vivisection au début du XXe siècle. Militante infatigable, elle cofonda l’Animal Defence and Anti-Vivisection Society (ADAVS) et mena toute sa vie un combat acharné contre l’expérimentation animale.
Elle se fit particulièrement remarquer lors de l’affaire du Brown Dog, en 1903, un procès très médiatisé qui cristallisa les tensions autour de la vivisection au Royaume-Uni. Ce scandale, mêlant éthique scientifique, droits des animaux et féminisme, marqua durablement l’opinion publique britannique.
À sa mort, Lind-af-Hageby légua l’essentiel de sa fortune à la cause animale. Son héritage perdure aujourd’hui à travers l’organisation caritative britannique The Animal Defence Trust, engagée dans l’amélioration du bien-être animal — notamment les conditions de transport en Europe — et dans la lutte contre les pratiques jugées cruelles.
Évaluation des autorités militaires françaises sur le travail du Service de la Croix Violette. Extrait d'une lettre du GÉNÉRAL BARRIER, vétérinaire inspecteur de l’Armée française :
« Les rapports qui me sont parvenus du Vétérinaire principal chef du Service à Bordeaux m'autorisent à écrire que l’Hôpital de la Croix Violette est très bien établi, qu’il se compose d’un nombre suffisant d’écuries, divisées pour la plupart en boxes individuels, et que sa gestion donne entière satisfaction aux autorités militaires.
Le vétérinaire major Groslambert m'informe que l’Hôpital de Vesoul est installé dans d’excellentes conditions, et qu’il remplit toutes les conditions d’hygiène souhaitables pour le traitement des chevaux de l’armée française blessés à la guerre.
Je suis heureux de vous exprimer à nouveau ma gratitude pour la coopération prompte et généreuse du Service de la Croix Violette, qui envisage de la poursuivre pour le traitement de nos chevaux militaires malades ou blessés.»
20 février 1915
Extrait d'une lettre du CHEF D’ESCADRON DE NEGRONI, Commandant du Dépôt militaire pour chevaux blessés à Vesoul :
« J’ai visité aujourd’hui les locaux dans lesquels vous avez établi un hôpital pour chevaux blessés.
J’ai le grand plaisir de déclarer que cet établissement remplit toutes les conditions d’hygiène nécessaires au bien-être des animaux malades. Tous les détails ont été soigneusement pensés, et l’organisation ne laisse rien à désirer. »
18 février 1915
SERVICE DE LA CROIX VIOLETTE. OBJECTIFS :
1. Atténuer les souffrances des chevaux en temps de guerre par la création d’hôpitaux vétérinaires de base et de campagne.
2. Maintenir un corps de vétérinaires qualifiés pour les services de premiers secours, de transport et d’hospitalisation.
3. Fournir des ambulances pour chevaux afin d’assurer le transport des chevaux malades et blessés.
4. Fournir des instruments chirurgicaux et du matériel vétérinaire à l’usage des autorités militaires et des autres personnes s’occupant de chevaux blessés ou invalides.
5. Obtenir des autorités l’autorisation pour un corps d’hommes dûment qualifiés du Service de la Croix Violette d’abattre les chevaux grièvement blessés laissés sur les champs de bataille.
6. Maintenir un certain nombre d’inspecteurs chargés de rechercher les chevaux abandonnés ou invalides, et d’assister les fermiers et autres personnes qui en ont la charge.
7. Obtenir une extension des termes de la Convention de Genève afin d’assurer au Service de la Croix Violette une protection internationale similaire à celle actuellement accordée à la Croix-Rouge.
VESOUL : Lien vers un livret de la Croix Violette / Purple Cross de 1915, avec des photographies de l'hôpital de Vesoul :
https://dn790006.ca.archive.org/0/items ... 00purp.pdf
FOULAIN :
HÔPITAL DE LA CROIX VIOLETTE – FOULAIN
En passant à Foulain, sur la grande route de Chaumont à Langres, on remarque un bâtiment de ferme spacieux, décoré d'une grande croix violette sur fond blanc. Des chevaux blessés sont dans les écuries ou bien dans les herbages attenants.
Des "lads" anglais à la tenue correcte circulent, vont de l'un à l'autre. On se croirait à Chantilly ou à Maisons-Laffitte, chez un entraîneur, dans une écurie dont tous les chevaux, au saut des obstacles, auraient fait panache et se seraient relevés cruellement endommagés.
C'est un hôpital pour chevaux de guerre, organisé et entretenu par l'œuvre de la Croix Violette, qui s'est donné pour mission de venir en aide à la plus noble conquête de l'homme, son fidèle auxiliaire au combat.
Le Petit Champenois, 30 août 1915
Source BnF / Gallica.
BORDEAUX :
À la Croix-Violette de Bordeaux
Toutes les nécessités d'humanité que crée la guerre me pénètrent et m'émeuvent, même celles qui me sont le plus étrangères. L'une des plus modestes, mais non l'une des moins touchantes, est l'ambulance qu'abrite une écurie de Bordeaux et que dirige avec une si délicate compétence Mister J.-S. Mayterman. Je suis allé hier m'en rendre compte. Poète qui ne hante habituellement que les vivantes forêts et les palais écroulés, je ne suis pas habitué à d'aussi réelles visites.
Avec un peu de répugnance, je pénétrai dans la salle, où me saisissait une violente exhalaison d'ammoniaque. Mais je ne regrettai pas d'être venu. Au bout de quelques instants, j'avais compris, par mes regards, des misères que je ne connaissais pas et des délicatesses non imaginées.
Les blessés étaient là, chacun derrière sa grille : c'étaient des chevaux. Ils n'avaient pas été au front, mais depuis l'Amérique du Sud, qui nous les envoie, ils avaient subi des choses bien pénibles et les épreuves d'une traversée cruellement organisée. Les affreuses écorchures, les entailles profondes qui montraient une chair de boucherie, témoignaient de ce qu'avait pu être leur voyage. D'autres étaient des malades ; ceux-là, plus nombreux encore, avaient mal supporté le brusque changement de climat, qui s'était traduit pour eux par des pneumonies.
Ce qui me frappa chez ces mobilisés en traitement, c'était un aspect de résignation que semblaient trahir leurs prunelles animales. Il y a quelques jours seulement, on les avait transportés du bateau à leur hôpital, tout saignants et farouches. Mais telle avait été l'ingéniosité des méthodes, et surtout telle l'aménité des soins prodigués, que déjà ils s'étaient soumis, devinaient leurs infirmiers et les laissaient toucher même à la vive douleur de leurs plaies. Patience récompensée, humble labeur de guérison devenu commun entre l'homme et la bête, que la souffrance fait un peu fraternels.
Notre époque est bien le miroir de tous les contrastes, et la guerre une source qui laisse jaillir toutes les énergies, les plus malfaisantes comme les meilleures. Jamais lutte de peuples fût-elle plus sauvage ? Mais autant, par la force des engins nouveaux et la flamme des haines réveillées, la cruauté semble s'être élargie autour des champs de bataille, autant, là où l'on soigne, semble s'être multipliée la douceur des guérisons. Dans les palais qui se transforment et dans les foyers qui s'ouvrent, les blessés ne sont pas seulement pansés, ils sont choyés. La parenté de tous s'affirme par tant de mains délicates posées sur de rudes poitrines trouées. Et, pour la première fois, une juste pitié s'étend jusqu'à ceux des combattants que l'homme brutal de naguère ne songeait pas à associer à l'immense effort de charité qui veille l'inexprimable carnage. Par l'initiative anglaise, la Croix-Violette s'est fondée, et nos alliés l'ont installée à leurs frais jusque sur le continent. Ils soignent, par leurs propres moyens, ces blessés auxquels nous n'avions pas songé.
Je sortais de la salle aux muettes souffrances, encore poursuivi par le misérable spectacle et par une odeur difficile à supporter. L'aimable médecin des bêtes, le docteur Homes, voulut encore me montrer, dans un bâtiment contigu, son petit cabinet de chirurgie. Je regardai, en hésitant à prolonger mon écœurement, les fioles diverses et les instruments ; mais soudain, entre lui et son lad assistant, sur la table suspecte, j'aperçus un vase plein des plus suaves corolles de mai. Il me sembla que le bouquet était issu du cœur de ces hommes qui se vouaient volontairement à de répugnantes besognes et révélaient pourtant, par un geste, leur goût de beauté ; et je ne m'étonnai pas que le manteau de la charité entr'ouvert laissât transparaître une fois de plus le miracle des roses.
André Germain
Le Gaulois, 7 juin 1915
Source BnF / Gallica.
Lien vers deux photographies de l'hôpital de la Croix-Violette à Bordeaux, en une de La Petite Gironde du 21 janvier 1915 :
"L'hôpital organisé par la Croix-Violette, réservé exclusivement aux chevaux de l’armée française, est ouvert à Bordeaux, 70 rue Prunier. Photographie d'une des voitures destinées au transport des chevaux malades ou blessés..."
Cliquer ici :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k43651803
Autre activité philanthropique : un sanatorium à Carqueiranne, dans le Var, pour soigner les soldats français et serbes.
Extrait du "Livre d'Or de l'Assistance aux Convalescents Militaires" (XVe région, 1916). On pourra consulter le document et trouver un plan de ce sanatorium sur le site BnF / Gallica en suivant ce lien :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... texteImage
Incessamment doit s’ouvrir, à Carqueiranne, l’Établissement modèle pour prétuberculeux avancés, spécialement édifié pour être mis à la disposition de l’A. C. M. par Miss Lind af HAGEBY, dont on ne saurait trop louer le geste généreux et les sentiments de haute philanthropie.
Cet Établissement, construit selon les principes mêmes des sanatoriums pour tuberculeux, comprend un immense corps de bâtiment de 54 mètres de façade, exclusivement réservé aux militaires en traitement. Le dortoir, immense, peut être divisé en plusieurs parties par des cloisons mobiles, ainsi que le réfectoire, et une galerie vitrée a été aménagée en plein midi pour faciliter les cures de soleil en toute saison.
La salle de billard, le salon des jeux, les cabinets de lecture et de correspondance sont établis de telle sorte qu’ils peuvent être réunis pour former une grande salle de fêtes. Salle de bains, douches, chauffage central, éclairage et ventilation électriques, appareils de production d’eau distillée : rien ne manque à l’établissement du confort moderne.
L’Administration et le service de lingerie sont installés dans un bâtiment séparé, mais voisin. Ces constructions ont été élevées sur la pente sud de la colline boisée de pins, qui domine la plage de Beau-Rivage, dans le golfe de Giens. La nature a ménagé, sur le flanc de cette colline, à une altitude de plus de cent mètres, une dépression formant terrasse, qui est bien abritée contre les vents du Nord et d’où la vue découvre un panorama splendide sur la rade et les îles d’Hyères.
L’emplacement du sanatorium "Beausoleil" — car tel est le nom de cet établissement modèle — paraît donc avoir été marqué par la nature, dans un site splendide, avec un cadre incomparable. Il pourra recevoir 30 pensionnaires, qui y seront l’objet des soins les plus assidus, parfaitement appropriés à leur état : les heures de repos leur paraîtront bien courtes, au spectacle toujours changeant de la grande bleue, dont le flot vient se briser, tantôt mourant, tantôt plaintif, sur les rochers de Giens.
Ce sanatorium a ensuite accueilli, à partir de 1920, des enfants rachitiques ou présumés tuberculeux, indigents ou victimes de la guerre (pupilles de la Nation, enfants des régions dévastées, désignés par le ministre des Pensions).
On a trace de courriers de Mademoiselle Lind-af-Hageby dénonçant les corridas dans les arènes de Fréjus.
Bien cordialement.
Eric
Croix Violette / Purple Cross Service, hôpitaux pour chevaux.
Quelques documents sur une autre œuvre de bienfaisance britannique opérant en France pendant cette guerre. Des articles français, un américain, des extraits d'une publication de cette organisation caritative vétérinaire.
Premier article de presse :
Les secours aux chevaux de guerre blessés
La Croix-Violette est le nom de la section française d'une œuvre intéressante, fondée à Londres par Miss Lind af Hageby, pour secourir les chevaux de guerre blessés. Les sommes importantes recueillies en Angleterre par la Croix-Violette lui permettent d'offrir à la nation amie une partie de ces dons, sans faire un nouvel appel aux adhérents français.
Le comité français de la Croix-Violette, en voie de formation, compte parmi ses premiers membres Lady Eléonore French et Miss French, femme et fille du maréchal commandant l'armée britannique ; Mrs Henniker, femme du général Henniker, et la duchesse d'Uzès.
Son siège est à Paris, 8, rue Édouard VII.
Le Petit Journal, 14 novembre 1914, source BnF / Gallica.
Second article :
Si cette guerre a été le déchaînement des instincts les plus sauvages, les plus atroces, chez les Boches, elle a permis à d'autres de montrer jusqu'où peut aller la pitié. Elle s'est étendue aux bêtes, innocentes victimes, et voici comment Miss Lind-af-Hageby, secrétaire générale de la Croix-Violette, raconte ce que fit pour les chevaux de guerre "The Animal Defence and Anti-Vivisection Society", dont la Croix-Violette est une section :
« Nous avons entretenu, dit Miss Lind-af-Hageby, des hôpitaux à Bordeaux, à Foulain, près de Chaumont, et à Vesoul. C'est en février 1915 que nous avons inauguré notre hôpital à Vesoul, et après dix-sept mois, il reçoit encore toutes les semaines des chevaux blessés venant du front. Quoique les arrangements pour les soins donnés aux chevaux par l'armée elle-même se soient beaucoup améliorés depuis les premiers jours de la guerre, alors que j'effectuais mes enquêtes préliminaires en France, je suis heureuse de penser que nous avons pu faire un travail bienfaisant et utile. »
Telle est l'œuvre de la Croix-Violette, à laquelle six mille personnes ont contribué, et qui a réuni douze mille livres sterling de souscriptions, provenant surtout de la Grande-Bretagne, mais aussi du Canada, de l'Australie, d'Amérique, de la Suède, de la Norvège et du Danemark.
Cyrano (de Paris)
Le Petit Bleu de Paris, 4 août 1916, source RetroNews / Bibliothèque nationale de France.
Troisième article :
LA CROIX VIOLETTE
Au premier rang des auxiliaires les plus précieux de l'homme pendant la guerre se place le cheval. Au début des présentes hostilités, alors que, chez nous, par suite de l'imprévoyance coutumière, l'organe des transports automobiles était tout entier à créer, les chevaux eurent à supporter des fatigues inouïes. Sans parler de la cavalerie qui, depuis Charleroi jusqu'à la Marne, fut décimée, plus peut-être par un surmenage intensif que par le feu de l'ennemi, les voitures régimentaires de munitions, d'approvisionnements et du service sanitaire roulèrent presque sans discontinuer, le jour sous un soleil implacable, la nuit sur des routes rendues impraticables par l'encombrement d'une retraite précipitée.
Dans quel état se trouvèrent les malheureuses bêtes après de semblables randonnées, ceux-là seuls qui les ont vues tomber une à une à bout de forces pourront le dire quelque jour ! Après la Marne, le premier soin du général en chef fut de vider les dépôts de remonte, qui n'avaient plus grand-chose à offrir, et, enfin, il fallut bien se décider à aller chercher outre-mer les animaux nécessaires à l'armée. Nous pourrons dire, plus tard, quel chiffre étonnant a atteint ce recrutement d'un genre spécial qui, malgré son abondance, suffit à peine à combler les vides.
Entre-temps s'organisait le service automobile. Des milliers et des milliers de voitures, légères et robustes, apparurent soudain, qui ne tardèrent pas à rendre les plus grands services aux troupes de première ligne comme aux formations de l'arrière. On sait que le général Joffre a tenu, après la première alerte de Verdun, à féliciter le corps des automobiles. Le fameux circuit que les braves conducteurs parcoururent incessamment sous une terrible mitraille, apportant hommes et matériel jusqu'aux tranchées, jusqu'à la gueule des canons, restera l'un des épisodes les plus palpitants de l'immense bataille, dont nous attendons, depuis six mois, avec anxiété, le dénouement. La Voie Sacrée continue d'être parcourue nuit et jour par les glorieux camions.
Mais, tandis que les automobiles couraient le long des routes torpillées et marmitées, les chevaux, les bons chevaux du train des équipages, ne restaient pas inactifs. Ceux-là non plus n'étaient pas des embusqués. Leurs pertes en morts et blessés atteignent à ce jour, et rien que pour la bataille de Verdun, des proportions considérables. Les amis des bêtes n'avaient pas attendu — il faut le dire à leur louange — ces carnages affreux pour songer à adoucir autant que possible les souffrances du noble animal qui partage les fatigues et les dangers du combattant humain.
La Croix Violette, Société de secours aux chevaux de guerre, était fondée, et, sous l'impulsion de hautes personnalités anglaises et françaises, telles que miss Lind-af-Hageby, lady French, la duchesse d'Uzès douairière, Countess of Plymouth, et autres grandes dames, ne tardait pas à organiser des services appropriés. Après avoir reçu l'autorisation nécessaire du commandement, la société s'est mise à l'œuvre et, à la fin de la première année de guerre, elle possédait déjà trois grands hôpitaux à Vesoul, à Foulain et à Bordeaux.
Nul besoin d'insister sur le mérite d'une telle initiative : il saute aux yeux. Beaucoup de chevaux blessés, soit dans le long transport à travers l'Océan, soit sur le champ de bataille, ont été recueillis, soignés, sauvés, rendus à la défense nationale. Nous ne pouvons que louer, en la signalant aux amis des animaux, une œuvre qui, en somme, honore l’humanité, et qui doit être encouragée par la presse et par le public.
Louis COUDURIER
La Dépêche de Brest, lundi 28 août 1916.
Article américain :
UNE FEMME, ENNEMIE DE LA VIVISECTION, DIRIGE UNE AIDE AUX CHEVAUX DE GUERRE
Par Hayden Talbot, correspondant spécial, International News Service
LONDRES, 4 janvier – Si jamais la biographie d’un cheval de guerre devait être écrite, cette tâche reviendrait à Mlle Lind de Hageby, mieux connue aux États-Unis comme l’infatigable ennemie anglaise de la vivisection, et depuis le début de la guerre, organisatrice et dirigeante active du Service de la Croix Violette.
Bien que le gouvernement britannique dépense encore plus de 250 000 dollars par an pour la vivisection, Mlle Lind admet qu’elle et sa société ont renoncé à tenter d’empêcher cette pratique, pour des raisons de pragmatisme. « Tout le reste a dû être subordonné à la victoire dans la guerre », a-t-elle expliqué.
Mlle Lind a rapidement trouvé une façon plus appropriée d'employer son énergie dans l’organisation du Service de la Croix Violette. « Trois mois après la déclaration de guerre, » a-t-elle poursuivi, « nous comptions déjà 5 000 membres dans le monde entier. Notre principal soutien financier, depuis le début, provient des États-Unis et du Canada.
« Dès que nous avons été correctement organisés et prêts à mettre en œuvre nos plans, nous avons proposé au ministère de la Guerre d’aller sur le terrain, d’installer des hôpitaux de campagne et de base, et de fournir le personnel vétérinaire qualifié nécessaire pour soigner les chevaux blessés ou autrement inaptes. Mais le ministère britannique a refusé notre offre. Il a été expliqué que les besoins de l’armée en la matière étaient largement couverts par la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA). Comme dans bien d’autres cas, ils ont refusé ce dont ils allaient ensuite se rendre compte qu’ils avaient cruellement besoin. »
150 000 $ RÉCOLTÉS
Il est vérifié que six mois plus tard, le ministère britannique de la Guerre a officiellement reconnu la Croix Bleue, une organisation identique à celle de Mlle Lind, qui, depuis, accomplit un travail inestimable sur le front pour soigner les chevaux blessés de l’armée britannique.
« Sans doute, » a poursuivi Mlle Lind, « le fait que la Croix Violette était en quelque sorte associée à la Ligue Anti-Vivisection, bien qu’il s’agisse en réalité d’une organisation distincte, a joué un rôle dans le refus du gouvernement de nous permettre de concrétiser notre proposition. »
Ayant été rejetée par le gouvernement anglais, l’offre a été répétée à la France. Elle a été acceptée immédiatement et sans réserve. Le premier appel à souscription a permis de récolter plus de 50 000 dollars — un montant depuis presque triplé. Une grande partie de cet argent a été recueillie par Mlle Lind elle-même, qui a diffusé des documents imprimés basés sur ce qu’elle avait vu dans les zones de combat durant les premiers mois de la guerre.
« Je ne place pas les chevaux avant les hommes, » a-t-elle expliqué. « Mais là où les hommes blessés doivent attendre peut-être quelques heures pour être secourus, les chevaux blessés doivent attendre des jours. À ceux qui me disent que ce n’est pas le moment de s’occuper des animaux, je réponds que les principes d’humanité ne sont pas suspendus par la guerre, et que, si nous déplorons avec passion les souffrances humaines, il reste tout de même de la place pour la pitié et l’aide envers les fidèles compagnons dont dépend en grande partie le succès ou l’échec d’une campagne.
« Des milliers de chevaux le long du front meurent dans des conditions horribles, certains, grièvement blessés, agonisent cinq jours avant de mourir. »
LES EXPÉDITIONS AMÉRICAINES EN CAUSE
« Des chevaux moins grièvement blessés ont été retrouvés errant dans les champs. Ils sont souvent récupérés par des paysans et emmenés dans leurs fermes. Le paysan est libre de les utiliser ou de les abattre. On imagine aisément les traitements subis par ces malheureux animaux.
« Après ma première visite au front, la Croix Violette a établi des hôpitaux à Vesoul, Foulain près de Chaumont, et à Bordeaux. Dans ces hôpitaux, nous traitons en moyenne 150 cas graves par semaine, tandis qu’un certain nombre de chevaux convalescents ou atteints de blessures moins graves sont gardés dans des champs adjacents. Des chevaux avec des plaies très étendues, avec des jambes terriblement enflées et douloureuses, couverts d’abcès et d’ulcères, amaigris et affaiblis par la fatigue et l’exposition — voilà les cas que nous devons gérer.
« À Foulain et à Vesoul, les chevaux nous sont envoyés directement de la ligne de front par les autorités militaires françaises. Les cas à Bordeaux proviennent des transports de chevaux venus des États-Unis et d’Amérique du Sud — et sont souvent dans un état encore plus grave que ceux blessés au combat.
« En fait, l’état des chevaux débarqués par milliers chaque semaine à Bordeaux est au-delà de toute description. Au moins vingt chevaux sur chaque millier débarqué sur le quai meurent sur place. Ce chiffre serait bien plus élevé sans une pratique pernicieuse des fournisseurs de chevaux, dont le paiement dépend du fait que l’animal soit encore vivant vingt-quatre heures après son arrivée. Pour cela, on injecte à ces pauvres bêtes des stimulants violents, et aucun moyen n’est épargné pour maintenir leur souffle de vie jusqu’à la fin du délai d’un jour.
« Nos vétérinaires ont rencontré une forte opposition, comme on peut s’y attendre, dans leurs efforts caritatifs pour mettre fin sans douleur à la vie d’animaux qui ne peuvent plus être sauvés. Lors du débarquement à Bordeaux, nos agents les examinent, et généralement, maintenant, ils parviennent à obtenir l’autorisation d’abréger les souffrances de ceux à l’agonie, atteints de pneumonie ou d’autres maladies. Les autres chevaux, que l’on peut encore sauver par des soins médicaux rapides et un bon traitement, sont emmenés dans nos propres ambulances jusqu’à notre hôpital, où ils reçoivent les meilleurs soins possibles. »
The San Francisco Call and Post, 4 janvier 1916.
Source University of California, Riverside (UCR), California Digital Newspaper Collection.
Transcription :
WOMAN, VIVISECTION'S FOE, LEADS WAR HORSES HELP
By Hayden Talbot, Staff Correspondent, International News Service
LONDON, Jan. 4 – If ever the biography of a war horse is to be written, the task belongs to Miss Lind of Hageby, best known in the United States as England's indefatigable foe of vivisection, and since the war's beginning, organizer and active leader of the Purple Cross Service.
Although there is still being spent by the British government more than $250,000 a year on vivisection, Miss Lind admits that she and her society have abandoned attempts to prevent the practice on the grounds of expediency. "Everything else has had to be subordinated in favor of a successful issue of the war," she explained.
Miss Lind quickly found a more appropriate outlet for her energies in the organisation of the Purple Cross Service. "Within three months after war was declared," she went on, "we had obtained a membership of 5,000 men and women in all parts of the world. Our chief financial support from the beginning has come from the United States and Canada.
"As soon as we were properly organized and ready to carry our plans into effect, an offer was made to the War Office for us to go into the field, put up field and base hospitals, and furnish the necessary staffs of skilled veterinaries and assistants for the care of wounded and otherwise disabled war horses. But the War Office declined to accept the offer. An explanation was forthcoming that the army’s needs in this respect were amply provided for by the Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals. As in many other instances, they refused what later they discovered they had great need of."
$150,000 RAISED
It is a fact that six months later, the British War Office recognized officially the Blue Cross, an organization identical with Miss Lind's, which has since been doing invaluable work at the front caring for wounded horses of the British army.
"Doubtless," continued Miss Lind, "the fact that the Purple Cross was in a way identified with the Anti-Vivisection League, although in fact it is a distinctly separate organization, had something to do with the government's refusal to allow us to make good our offer."
Thwarted by the English government, the offer was repeated to the French. It was accepted immediately and without reserve. The first call for subscriptions brought in upward of $50,000—an amount which has since been almost trebled. A large part of this money was raised by Miss Lind herself, who sent broadcast printed documents based on what she had seen in the battle area during the first few months of the war.
"I do not put horses before men," she explained. "But where wounded men have to wait perhaps a few hours for help, wounded horses must wait days. To those who tell me that this is no time to bother about animals, I reply that the principles of humanity are not suspended by war, and that however passionately we deplore the sufferings of men, there is still room left for pity and assistance for the faithful friends upon which the success or failure of a campaign so largely depends.
"Thousands of horses all along the front die horrible deaths, sometimes severely wounded animals living five days before they expire."
U.S. SHIPMENTS BAD
"Less severely wounded horses have been found straying in the fields. They are often picked up by peasants and taken to their farms. The peasant is free to work the horse or slaughter it. The treatment which these unfortunate animals have to undergo may be imagined.
"Following my first visit to the front, the Purple Cross has since established hospitals at Vesoul, Foulain near Chaumont, and at Bordeaux. In these hospitals we treat on average 150 serious cases a week, while a number of convalescent horses and less serious cases are kept in adjoining fields. Horses with wounds not to be measured in inches but in feet, with terribly swollen and painful legs, horses covered with abscesses and sores, emaciated and weak through strain and exposure—such are the cases we have to handle.
"To Foulain and Vesoul, horses are sent straight from the battle line by the French military authorities. The cases at Bordeaux are received from horse transports from the United States and South America—and are frequently even more serious than battle-wounded horses.
"In fact, the condition of horses landed by the thousands every week at Bordeaux is pitiful beyond description. In no case fewer than twenty horses out of every thousand landed on the quay die there. It would be much higher in all cases if it were not for a pernicious custom of horse contractors, whose payment depends on the horse's being alive twenty-four hours after its arrival. To accomplish this, poor animals are inoculated with vicious stimulants, and no means overlooked to keep the dying beast breathing until the one-day time limit has expired.
"Our vets have encountered powerful resistance, as might be expected, to their humane endeavors to put a painless end to animals beyond all hope. As the horses are landed at Bordeaux, our agents examine them and generally, now, are able to obtain permission to dispatch those in the last throes of pneumonia and other diseases. Other horses which it is possible to save by prompt medical attention and nursing are taken in our own ambulances to our hospital and there receive the best of care."
The San Francisco Call and Post, 4 January 1916.
Emilia Augusta Louise, dite "Lizzy" Lind-af-Hageby (1878–1963), aristocrate suédoise naturalisée britannique, fut une figure centrale du mouvement anti-vivisection au début du XXe siècle. Militante infatigable, elle cofonda l’Animal Defence and Anti-Vivisection Society (ADAVS) et mena toute sa vie un combat acharné contre l’expérimentation animale.
Elle se fit particulièrement remarquer lors de l’affaire du Brown Dog, en 1903, un procès très médiatisé qui cristallisa les tensions autour de la vivisection au Royaume-Uni. Ce scandale, mêlant éthique scientifique, droits des animaux et féminisme, marqua durablement l’opinion publique britannique.
À sa mort, Lind-af-Hageby légua l’essentiel de sa fortune à la cause animale. Son héritage perdure aujourd’hui à travers l’organisation caritative britannique The Animal Defence Trust, engagée dans l’amélioration du bien-être animal — notamment les conditions de transport en Europe — et dans la lutte contre les pratiques jugées cruelles.
Évaluation des autorités militaires françaises sur le travail du Service de la Croix Violette. Extrait d'une lettre du GÉNÉRAL BARRIER, vétérinaire inspecteur de l’Armée française :
« Les rapports qui me sont parvenus du Vétérinaire principal chef du Service à Bordeaux m'autorisent à écrire que l’Hôpital de la Croix Violette est très bien établi, qu’il se compose d’un nombre suffisant d’écuries, divisées pour la plupart en boxes individuels, et que sa gestion donne entière satisfaction aux autorités militaires.
Le vétérinaire major Groslambert m'informe que l’Hôpital de Vesoul est installé dans d’excellentes conditions, et qu’il remplit toutes les conditions d’hygiène souhaitables pour le traitement des chevaux de l’armée française blessés à la guerre.
Je suis heureux de vous exprimer à nouveau ma gratitude pour la coopération prompte et généreuse du Service de la Croix Violette, qui envisage de la poursuivre pour le traitement de nos chevaux militaires malades ou blessés.»
20 février 1915
Extrait d'une lettre du CHEF D’ESCADRON DE NEGRONI, Commandant du Dépôt militaire pour chevaux blessés à Vesoul :
« J’ai visité aujourd’hui les locaux dans lesquels vous avez établi un hôpital pour chevaux blessés.
J’ai le grand plaisir de déclarer que cet établissement remplit toutes les conditions d’hygiène nécessaires au bien-être des animaux malades. Tous les détails ont été soigneusement pensés, et l’organisation ne laisse rien à désirer. »
18 février 1915
SERVICE DE LA CROIX VIOLETTE. OBJECTIFS :
1. Atténuer les souffrances des chevaux en temps de guerre par la création d’hôpitaux vétérinaires de base et de campagne.
2. Maintenir un corps de vétérinaires qualifiés pour les services de premiers secours, de transport et d’hospitalisation.
3. Fournir des ambulances pour chevaux afin d’assurer le transport des chevaux malades et blessés.
4. Fournir des instruments chirurgicaux et du matériel vétérinaire à l’usage des autorités militaires et des autres personnes s’occupant de chevaux blessés ou invalides.
5. Obtenir des autorités l’autorisation pour un corps d’hommes dûment qualifiés du Service de la Croix Violette d’abattre les chevaux grièvement blessés laissés sur les champs de bataille.
6. Maintenir un certain nombre d’inspecteurs chargés de rechercher les chevaux abandonnés ou invalides, et d’assister les fermiers et autres personnes qui en ont la charge.
7. Obtenir une extension des termes de la Convention de Genève afin d’assurer au Service de la Croix Violette une protection internationale similaire à celle actuellement accordée à la Croix-Rouge.
VESOUL : Lien vers un livret de la Croix Violette / Purple Cross de 1915, avec des photographies de l'hôpital de Vesoul :
https://dn790006.ca.archive.org/0/items ... 00purp.pdf
FOULAIN :
HÔPITAL DE LA CROIX VIOLETTE – FOULAIN
En passant à Foulain, sur la grande route de Chaumont à Langres, on remarque un bâtiment de ferme spacieux, décoré d'une grande croix violette sur fond blanc. Des chevaux blessés sont dans les écuries ou bien dans les herbages attenants.
Des "lads" anglais à la tenue correcte circulent, vont de l'un à l'autre. On se croirait à Chantilly ou à Maisons-Laffitte, chez un entraîneur, dans une écurie dont tous les chevaux, au saut des obstacles, auraient fait panache et se seraient relevés cruellement endommagés.
C'est un hôpital pour chevaux de guerre, organisé et entretenu par l'œuvre de la Croix Violette, qui s'est donné pour mission de venir en aide à la plus noble conquête de l'homme, son fidèle auxiliaire au combat.
Le Petit Champenois, 30 août 1915
Source BnF / Gallica.
BORDEAUX :
À la Croix-Violette de Bordeaux
Toutes les nécessités d'humanité que crée la guerre me pénètrent et m'émeuvent, même celles qui me sont le plus étrangères. L'une des plus modestes, mais non l'une des moins touchantes, est l'ambulance qu'abrite une écurie de Bordeaux et que dirige avec une si délicate compétence Mister J.-S. Mayterman. Je suis allé hier m'en rendre compte. Poète qui ne hante habituellement que les vivantes forêts et les palais écroulés, je ne suis pas habitué à d'aussi réelles visites.
Avec un peu de répugnance, je pénétrai dans la salle, où me saisissait une violente exhalaison d'ammoniaque. Mais je ne regrettai pas d'être venu. Au bout de quelques instants, j'avais compris, par mes regards, des misères que je ne connaissais pas et des délicatesses non imaginées.
Les blessés étaient là, chacun derrière sa grille : c'étaient des chevaux. Ils n'avaient pas été au front, mais depuis l'Amérique du Sud, qui nous les envoie, ils avaient subi des choses bien pénibles et les épreuves d'une traversée cruellement organisée. Les affreuses écorchures, les entailles profondes qui montraient une chair de boucherie, témoignaient de ce qu'avait pu être leur voyage. D'autres étaient des malades ; ceux-là, plus nombreux encore, avaient mal supporté le brusque changement de climat, qui s'était traduit pour eux par des pneumonies.
Ce qui me frappa chez ces mobilisés en traitement, c'était un aspect de résignation que semblaient trahir leurs prunelles animales. Il y a quelques jours seulement, on les avait transportés du bateau à leur hôpital, tout saignants et farouches. Mais telle avait été l'ingéniosité des méthodes, et surtout telle l'aménité des soins prodigués, que déjà ils s'étaient soumis, devinaient leurs infirmiers et les laissaient toucher même à la vive douleur de leurs plaies. Patience récompensée, humble labeur de guérison devenu commun entre l'homme et la bête, que la souffrance fait un peu fraternels.
Notre époque est bien le miroir de tous les contrastes, et la guerre une source qui laisse jaillir toutes les énergies, les plus malfaisantes comme les meilleures. Jamais lutte de peuples fût-elle plus sauvage ? Mais autant, par la force des engins nouveaux et la flamme des haines réveillées, la cruauté semble s'être élargie autour des champs de bataille, autant, là où l'on soigne, semble s'être multipliée la douceur des guérisons. Dans les palais qui se transforment et dans les foyers qui s'ouvrent, les blessés ne sont pas seulement pansés, ils sont choyés. La parenté de tous s'affirme par tant de mains délicates posées sur de rudes poitrines trouées. Et, pour la première fois, une juste pitié s'étend jusqu'à ceux des combattants que l'homme brutal de naguère ne songeait pas à associer à l'immense effort de charité qui veille l'inexprimable carnage. Par l'initiative anglaise, la Croix-Violette s'est fondée, et nos alliés l'ont installée à leurs frais jusque sur le continent. Ils soignent, par leurs propres moyens, ces blessés auxquels nous n'avions pas songé.
Je sortais de la salle aux muettes souffrances, encore poursuivi par le misérable spectacle et par une odeur difficile à supporter. L'aimable médecin des bêtes, le docteur Homes, voulut encore me montrer, dans un bâtiment contigu, son petit cabinet de chirurgie. Je regardai, en hésitant à prolonger mon écœurement, les fioles diverses et les instruments ; mais soudain, entre lui et son lad assistant, sur la table suspecte, j'aperçus un vase plein des plus suaves corolles de mai. Il me sembla que le bouquet était issu du cœur de ces hommes qui se vouaient volontairement à de répugnantes besognes et révélaient pourtant, par un geste, leur goût de beauté ; et je ne m'étonnai pas que le manteau de la charité entr'ouvert laissât transparaître une fois de plus le miracle des roses.
André Germain
Le Gaulois, 7 juin 1915
Source BnF / Gallica.
Lien vers deux photographies de l'hôpital de la Croix-Violette à Bordeaux, en une de La Petite Gironde du 21 janvier 1915 :
"L'hôpital organisé par la Croix-Violette, réservé exclusivement aux chevaux de l’armée française, est ouvert à Bordeaux, 70 rue Prunier. Photographie d'une des voitures destinées au transport des chevaux malades ou blessés..."
Cliquer ici :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k43651803
Autre activité philanthropique : un sanatorium à Carqueiranne, dans le Var, pour soigner les soldats français et serbes.
Extrait du "Livre d'Or de l'Assistance aux Convalescents Militaires" (XVe région, 1916). On pourra consulter le document et trouver un plan de ce sanatorium sur le site BnF / Gallica en suivant ce lien :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... texteImage
Incessamment doit s’ouvrir, à Carqueiranne, l’Établissement modèle pour prétuberculeux avancés, spécialement édifié pour être mis à la disposition de l’A. C. M. par Miss Lind af HAGEBY, dont on ne saurait trop louer le geste généreux et les sentiments de haute philanthropie.
Cet Établissement, construit selon les principes mêmes des sanatoriums pour tuberculeux, comprend un immense corps de bâtiment de 54 mètres de façade, exclusivement réservé aux militaires en traitement. Le dortoir, immense, peut être divisé en plusieurs parties par des cloisons mobiles, ainsi que le réfectoire, et une galerie vitrée a été aménagée en plein midi pour faciliter les cures de soleil en toute saison.
La salle de billard, le salon des jeux, les cabinets de lecture et de correspondance sont établis de telle sorte qu’ils peuvent être réunis pour former une grande salle de fêtes. Salle de bains, douches, chauffage central, éclairage et ventilation électriques, appareils de production d’eau distillée : rien ne manque à l’établissement du confort moderne.
L’Administration et le service de lingerie sont installés dans un bâtiment séparé, mais voisin. Ces constructions ont été élevées sur la pente sud de la colline boisée de pins, qui domine la plage de Beau-Rivage, dans le golfe de Giens. La nature a ménagé, sur le flanc de cette colline, à une altitude de plus de cent mètres, une dépression formant terrasse, qui est bien abritée contre les vents du Nord et d’où la vue découvre un panorama splendide sur la rade et les îles d’Hyères.
L’emplacement du sanatorium "Beausoleil" — car tel est le nom de cet établissement modèle — paraît donc avoir été marqué par la nature, dans un site splendide, avec un cadre incomparable. Il pourra recevoir 30 pensionnaires, qui y seront l’objet des soins les plus assidus, parfaitement appropriés à leur état : les heures de repos leur paraîtront bien courtes, au spectacle toujours changeant de la grande bleue, dont le flot vient se briser, tantôt mourant, tantôt plaintif, sur les rochers de Giens.
Ce sanatorium a ensuite accueilli, à partir de 1920, des enfants rachitiques ou présumés tuberculeux, indigents ou victimes de la guerre (pupilles de la Nation, enfants des régions dévastées, désignés par le ministre des Pensions).
On a trace de courriers de Mademoiselle Lind-af-Hageby dénonçant les corridas dans les arènes de Fréjus.
Bien cordialement.
Eric